mardi 9 décembre 2008

SUR LA PENITENCE


(Saint Éphrem le Syrien)

Frères, veillons à ce qu’aucun de nous ne puisse dire : « Parce que j’ai beaucoup péché, mes fautes ne me seront pas remises ». Ce langage, dans la bouche d’un chrétien, prouve qu’il ignore que Dieu est le Dieu de ceux qui se repentent, qu’Il vient pour punir ceux qui vivent dans le mal, et qu’Il a dit : « Il y a grande joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence », et ailleurs : « Je suis venu pour appeler non les justes, mais les pécheurs à la pénitence ». Et la véritable pénitence consiste à s’abstenir du péché, à le haïr, selon cette parole du prophète : « J’ai haï l’iniquité, et je l’ai eue en abomination » ; et encore : « J’ai juré, j’ai résolu fortement de garder les jugements de Ta justice ».C’est alors que Dieu accueille avec joie celui qui vient à Lui.
Que personne ne dise dans son fol orgueil : « Je n’ai point péché ! ». Parler ainsi, c’est être aveugle, c’est vouloir se tromper soi-même, c’est ne pas savoir comment le démon, tel un larron adroit, se glisse dans nos paroles, dans nos œuvres, entend par nos oreilles, voit par nos yeux, touche par nos mains et inspire nos pensées. Qui donc osera dire que son cœur est pur, et que ses sens ne l’ont pas égaré ? Nul n’est sans péché, nul n’est sans souillure, nul parmi les hommes n’est tout à fait innocent, si ce n’est pourtant Celui qui, de riche qu’Il était, s’est fait pauvre pour nous. Oui, Celui-là seul est sans péché qui est venu délier les péchés du monde, qui veut sauver tous les hommes, et qui ne veut pas la mort du pécheur ; Il aime les hommes, son cœur est un trésor de miséricorde ; Il est bon, propice, tout-puissant, rédempteur des hommes, père des orphelins, juge des veuves, le Dieu de ceux qui font pénitence ; le médecin des âmes et des corps, l’espérance des affligés, le port de ceux qui sont battus par la tempête, l’appui des infortunés que tous ont abandonnés, la voie de la vie enfin, qui nous appelle tous à la pénitence, et qui ne rejette pas les pécheurs repentants. Réfugions-nous dans Ses bras ; c’est en Lui que nous trouverons notre salut.
Ne désespérons pas de notre salut, mes frères ; avons-nous péché ? Faisons pénitence. Avons-nous péché mille fois ? Que mille fois aussi le repentir pénètre dans nos âmes. Toute bonne œuvre est agréable à Dieu ; mais c’est surtout un cœur repentant qu’Il aime : Il va tout entier à lui, Il lui tend une main secourable, Il l’appelle en disant : « Venez à Moi, vous tous qui êtes dans la peine » ; Je ne rejetterai point le pécheur qui vient à Moi ; « Venez à Moi, vous tous qui êtes chargés, Je vous soulagerai », dans la cité éternelle. C’est là que mes saints se reposent dans une douce joie. Venez boire à cette coupe de félicité inépuisable, dont les charmes ne peuvent se comparer à rien, que le langage est impuissant à expliquer ; venez vous rassasier des biens « après lesquels soupirent les anges » et l’assemblée des justes. Le sein d’Abraham s’ouvre à tous ceux qui, comme le pauvre Lazare, ont gémi dans les douleurs ; là sont étalés mes riches trésors ; là s’élève la Jérusalem céleste, heureuse patrie des premiers-nés de Mon Père ; là vous offre un abri la douce région des cœurs pacifiques : « Venez tous à Moi, et Je vous soulagerai » ; dans ces lieux charmants tout est repos et liberté, tout s’éclaire de la lumière de Dieu, il n’y a point d’esclave, point de tyran, point de péché, point de remords ; tout y brille d’un pur éclat, tout y est inondé d’ineffables délices. « Bienheureux ceux qui pleurent ». Laissez donc couler vos larmes, soyez repentants, convertissez-vous à Moi, et J’effacerai la trace de vos maux ; alors plus de chagrin, plus de pleurs amers, plus de soucis cuisants, plus de dévorantes inquiétudes, plus de plaintes. Convertissez-vous, fils des hommes ; et Je vous rendrai la tranquillité, Je ne ferai point de distinction entre l’homme et la femme ; le double empire du démon et de la mort sera détruit. Vous n’aurez plus de jeûnes à pratiquer, plus de tristesse pour vous percer le cœur, plus de haine jalouse et d’ardente rivalité ; mais partout et toujours, la joie, la paix, le repos et le bonheur. Convertissez-vous, et Je ferai couler pour vous des sources d’eau vive, J’étendrai sous vos pas les frais tapis de gazon, de Mes mains divines Je cultiverai la vigne de chacun de vous ; venez dans la contrée où habitent les cœurs humbles et doux ; c’est Moi qui suis la vraie vigne dont mon Père est le vigneron. « Venez, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous le joug, venez, et Je vous soulagerai. » Avec Moi est la vie, pure, inaltérable ; avec Moi tous les plaisirs vous attendent. Venez, il n’y a près de Moi rien que d’aimable, rien que du bonheur, rien que d’éternel ; avec Moi est la lumière, inextinguible, et Mon soleil ne s’éclipse jamais. « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de Moi que Je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes. » Ici se font entendre les sons joyeux des instruments de fête ; ici vous sont découverts enfin les trésors cachés de la sagesse et de la science ; venez tous à Moi, et Je vous soulagerai ; c’est ici que vous attendent une grande récompense, une joie incomparable, une félicité immuable, des concerts de louange sans fin, de perpétuelles actions de grâce, des entretiens dont Dieu seul est l’objet, un Royaume éternel, des richesses infinies, des siècles qui vont se déroulant sans cesse, un abîme de miséricorde, une mer de propitiation, tout ce qu’enfin ne saurait expliquer la parole imparfaite de l’homme, et dont on ne peut vous offrir qu’une image enveloppée d’un voile épais. Venez, et vous verrez près de Moi, les légions innombrables des anges, des premiers-nés, les trônes des Apôtres, les sièges des prophètes, les sceptres des patriarches, les couronnes des martyrs et le triomphe des justes. Ici tout reçoit le prix qu’il a su mériter ; ici chacun a un séjour tout préparé. Venez, vous tous qui avez faim et qui avez soif de la justice, Je vous rassasierai des biens que vous avez désirés et « que l’œil n’a point vus, que l’oreille n’a point entendus et qui ne sont jamais montés au cœur de l’homme ». C’est là que je les tiens en dépôt pour ceux qui ont déserté la voie du mal, pour les hommes miséricordieux, pour les pauvres d’esprit, pour ceux qui versent les larmes de la pénitence, pour les pacifiques, pour tous ceux qui ont souffert à cause de Moi la persécution et qui ont été en butte à la calomnie, à l’amère dérision.
Venez à Moi, vous tous qu’un poids pesant accable ; rejetez loin de vous le fardeau de vos péchés ; quiconque se réfugie dans Mes bras est soulagé. Renoncez donc à vos funestes pratiques, oubliez les artifices que vous a enseignés le démon, pour ne vous souvenir que des pieuses leçons que Je vous ai données. En s’approchant de Moi, les mages renoncèrent à leur art imposteur, et reçurent en retour la connaissance de Dieu. Les publicains ont abandonné leur comptoir pour Me suivre, et ils se sont rassemblés en Mon Nom. Les persécuteurs ont été désarmés, les bourreaux sont devenus victimes sans se plaindre. Les femmes débauchées ont déserté leurs immondes plaisirs pour embrasser une vie de continence. Le fer est tombé des mains de l’assassin, son cœur s’est rempli de foi, et, renonçant à son infâme métier, il s’est acquis une place dans le paradis. Venez donc à Moi, parce que « Je ne rejetterai point celui qui Me tendra les bras ».
Vous avez entendu, mes chers frères, les grandes et belles promesses, les douces paroles du Sauveur de nos âmes. Quel père fut jamais plus tendre ! Quel meilleur médecin ! Venez donc, adorons-Le, tombons à Ses pieds et faisons l’aveu de nos fautes. Gloire à Sa bonté ! Gloire à Sa patience, à Sa générosité, à Son indulgence ! Gloire au Dieu miséricordieux ! Gloire à Son règne éternel ! Gloire, honneur et adoration à Son Nom dans tous les siècles ! Amen.
Je vous le dis, mes frères, je ne cesserai pas de le répéter ; ne nous laissons point entraîner à la paresse, à la crainte ; ne cessons pas de crier vers Lui nuit et jour, ni de pleurer. Car Il est plein de miséricorde, Sa parole est sincère, et Sa vengeance sera désarmée en faveur de ceux qui s’adressent à Lui pendant le jour, où quand vient la nuit ; Il est le Dieu des cœurs pénitents, Père, Fils et Saint Esprit. À Lui gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen.

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