Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.
Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.
On a dit plus haut que le péché mortel du chrétien orthodoxe non guéri par un repentir convenable l'expose à des souffrances éternelles. Il a été dit aussi que les païens, les musulmans, les adeptes de religions erronées, représentent dès à présent l'héritage de l'enfer et sont privés de tout espoir de salut, puisqu'ils ne considèrent pas le Christ comme l'unique moyen de salut. Les péchés mortels du chrétien sont les suivants : l'hérésie, le sectarisme, le blasphème, le reniement, la magie, le désespoir, le suicide, la fornication, l'adultère, les péchés de la chair contraires à la nature, l'inceste, l'ivrognerie, le sacrilège, le meurtre, le pillage, le vol, les offenses pénibles et inhumaines. Parmi tous ces péchés, seul le suicide ne peut pas être guéri par le repentir. Chacun d'eux met l'âme à mort et la rend inapte à acquérir la béatitude éternelle tant qu'elle ne s'est pas purifiée par un repentir satisfaisant. Si l'homme chute ne serait-ce qu'une fois dans un seul de ces péchés, son âme meurt : quiconque observe toute la loi mais pèche contre un seul commandement devient coupable de tous. En effet, Celui qui a di : tu ne commettras point d'adultère, a dit aussi: tu ne tueras point. Or si tu ne commets point d'adultère mais que tu commets un meurtre, tu deviens transgresser de la loi (Jac:2,1011).
Que celui qui a commis un péché mortel ne tombe pas dans le désespoir! Qu'il se guérisse par le repentir auquel il est appelé jusqu'à la dernière minute de sa vie par le Seigneur qui a dit dans le Saint Evangile: celui qui croit en Moi vivra, quand bien même il serait mort! (Jn.11,25) Cependant, c'est un malheur de demeurer dans un péché mortel, surtout quand ce péché devient une habitude. Aucune bonne œuvre ne peut racheter de l'enfer l'âme qui se sépare du corps sans s'être purifiée au préalable de ce péché mortel. Pendant le règne de l'empereur Léon, vivait à Constantinople un homme riche et très célèbre qui distribuait d'abondantes aumônes aux pauvres. Malheureusement, il se livrait à l'adultère, et il s'y livra jusqu'à sa vieillesse car avec le temps, cette méchante habitude s'était enracinée en lui. Tout en continuant à distribuer des aumônes, il n'en renonçait pas pour autant à l'adultère, et soudain, il mourut. Le Patriarche Gennade discuta beaucoup avec d'autres évêques de son destin éternel. Les uns disaient qu'il était sauvé, en citant les paroles de l'Ecriture : La richesse d'un homme sert de rançon pour sa vie (Prov.13,8).D'autres disaient qu'un serviteur de Dieu doit être irréprochable et sans péché parce qu'il est écrit : quiconque observe la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous (Jc.2,10) et aussi : Je vous jugerai chacun selon ses voies (Ez.33,20) et toute sa justice sera oubliée (Ez.33,13). Le patriarche donna l'ordre à tous les Moines et reclus de demander à Dieu de révéler le destin du défunt. Dieu le révéla effectivement à un reclus qui invita le patriarche chez lui et raconta devant tous : «La nuit dernière, j'étais en prière. Je vis un certain lieu : à sa droite duquel se trouvaient le Paradis et ses biens ineffables et à sa gauche un lac de feu dont les flammes atteignaient les nuages. Entre les deux se tenait le défunt, lié et gémissant terriblement. Il jetait de fréquents regards sur le Paradis. Je vis un ange s'approcher de lui et lui dire : homme Pourquoi gémir en vain ? Pour ta miséricorde tu évites les souffrances, mais pour n'avoir pas mis un terme à tes mauvais actes de fornication, tu es privé du bienheureux paradis ! ». Le patriarche et ses proches, entendant cela, furent saisis de crainte et dirent : l'Apôtre Paul a dit la vérité: Fuyez l'impudicité; quelqu'autre péché que l'homme commet est extérieur au corps. Mais celui qui se livre à l'impudicité pèche contre son propre corps (1Cor.6,18). Où sont ceux qui disent que s'ils tombent dans le péché d'adultère, ils seront sauvés par leurs aumônes ? Si l'homme est vraiment miséricordieux, il doit l'être pour lui-même et acquérir la pureté du corps sans laquelle personne ne verra Dieu. L'argent distribué par une main impure et une âme impénitente n'est d'aucune utilité.
Les chrétiens orthodoxes qui ont entretenu Une passion coupable sont privés du salut pour être entré en communication avec satan et avoir rompu la communion avec Dieu. Les passions sont les habitudes pécheresses de l'âme qui, avec le temps et l'habitude, se sont transformées en caractéristiques naturelles. Ces passions sont la gloutonnerie, l'ivrognerie, la volupté, la vie dissipée dans l'oubli de Dieu, la rancune, la cruauté, l'amour de l'argent, l'avarice, l'acédie, la paresse, l'hypocrisie, le mensonge, le vol, la présomption, l'orgueil et toutes les choses semblables. Chacune de ces passions, lorsqu'elle s'est transformée en une règle de vie, rend l'homme inapte à la jouissance spirituelle sur terre et au ciel, même si aucun péché mortel n'a été commis. Le Saint Apôtre Paul dit : Ne vous y trompez point, ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les dépravés, ni les gens de mœurs infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, les insulteurs ou les rapaces n'hériteront du Royaume des Cieux (1Cor.6,9-10). Or les œuvres de la chair manifestes sont: la fornication, l'impureté, la débauche, l'idolâtrie, la magie, l'inimitié, la discorde, la jalousie, la fureur, le fait de s'enflammer, les tentations, l'hérésie, l'envie, les meurtres, les cris indécents et les choses semblables. Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui font de telles choses n'hériteront point du Royaume des Cieux. Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises (Ga1.5,19-21&24).
Une passion exige d'être combattue méthodiquement par le repentir jusqu'à être déracinée en temps utile par la vertu contraire. Une passion ne se manifeste pas toujours par des actes. Elle peut vivre secrètement dans le cœur de l'homme, emprisonnant ses sentiments et ses pensées. La passion se reconnaît à ce que l'homme ne cesse d'imaginer le péché et de jouir de lui au cours de rêveries. Captivé par le péché, il n'a plus la force de résister à la puissance attirante des pensées et des images qui, par leur douceur mauvaise, engloutissent sa sagesse et sa fermeté. Le passionné ne cesse de commettre le péché en rêveries. Il maintient la communion avec les esprits ténébreux par les sentiments de son cœur et se soumet à ces esprits, ce qui aura pour conséquence sa perdition éternelle. Le Seigneur ordonne à son prophète: Crie à pleine gorge, ne te retiens pas ! Annonce à mon peuple ses péchés et à la maison de Jacob ses iniquités ! Tous les jours ils me cherchent et veulent connaître mes voies, comme une nation qui aurait pratiqué la justice et n'aurait pas abandonné la voie de son Dieu. Ils me demandent à présent un jugement équitable et désirent s'approcher du Seigneur en disant: que nous sert le jeûne si Tu ne le vois pas, de mortifier notre âme si Tu ne le vois pas ? Car c'est le jour de votre jeûne que vous accomplissez vos volontés (Is.58,1-3), c'est-à-dire vos pensées malignes ! Vous leur offrez des holocaustes comme à des idoles ! Vous assimilez vos pensées méchantes à des dieux auxquels vous offrez le plus grand de tous les sacrifices, celui de votre liberté, qu'il vous appartient de Me consacrer par vos bonnes actions et votre conscience pure (Cf homélie 53 de•Saint Isaac le Syrien).
L'espoir du salut ne couvre l'homme de son ombre que s'il est un vainqueur permanent dans le combat invisible. Cette pensée fut exprimée par le saint prophète David qui a dit: En cela j'ai connu que Tu m'as aimé, que l'ennemi ne s'est par réjoui à mon sujet (Ps.40,12). Pour parvenir à cet état bienheureux il priait en disant: de ceux qui sont cachés en moi, purifie-moi, et de ceux qui me sont étrangers, préserve Ton serviteur (Ps.18,13) (Cf Saint Macaire le Grand). S'ils ne l'emportent pas sur moi, alors je serai sans reproche et pur du grand péché (Ps.18,14). Rends-moi la joie de Ton salut et fortifie-moi par l'Esprit Souverain (Ps.50,13). Alors des paroles de ma bouche Te seront agréables et la méditation de mon cœur sera sans cesse devant Toi, Seigneur, mon Aide et mon Rédempteur (Ps.18,15). Il est clair que le grand péché caché dont parle David n'est autre que la passion. Il l'a appelée péché étranger car elle est faite de pensées démoniaques acceptées et adoptées par l'âme. Ces pensées sont bien étrangères à l'âme, elles la font souffrir, la rendent malade et la plongent dans un état contraire, à la nature. La pureté digne du Paradis apparaît quand toutes les passions ont été éradiquées du cœur. Seul l'Esprit-Saint peut purifier totalement l'homme de ses passions et lui rendre le pouvoir sur lui-même, pouvoir qui lui a été ravi par le diable. L'homme impassible parvient à l'amour pur ; sa pensée demeure en permanence auprès de Dieu et en Dieu. Se sentant couvert par l'ombre de l'Esprit, se voyant vainqueur des pensées et des rêveries pécheresses, l'âme ressent son salut avec une joie ineffable. Cette joie n'a rien de commun avec les joies humaines habituelles qui proviennent de la présomption, de l'autosuffisance, de la flatterie ou de la réussite terrestre. La joie spirituelle qui annonce le salut est emprunte d'humilité et de gratitude envers Dieu, elle est accompagnée de larmes incessantes et abondantes, de prières continuelles, de jugement et d'abaissement de soi, elle confesse Dieu et Le glorifie, elle se manifeste par la mort au le monde. Elle est l'antichambre de la vie éternelle. Connaissant Dieu de façon vivante, elle proclame mystérieusement: un cri d'allégresse et de salut a retenti sous les tentes des justes. La droite du Seigneur a fait des prodiges, la droite du Seigneur m 'a exalté, la droite du Seigneur a fait des prodiges. Je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur. Le Seigneur m'a châtié et châtié encore pour m 'éduquer, mais ne m'a pas livré à la mort. Ouvrez-moi les portes de la justice, j'y entrerai et je confesserai le Seigneur. C'est ici la porte du Seigneur, par elle les justes entreront. Je Te confesserai car Tu m'as exaucé et Tu t'es fait mon salut (Ps.117, 15-21).
Les portes du Seigneur, c'est l'humilité dans la grâce. Saint Jean Colobos dit à ce sujet : «Les portes de Dieu, c'est l'humilité. Nos pères sont entrés dans le temple de Dieu par la voie réjouissante de nombreuses humiliations. Lorsque les portes de la vérité divine s'ouvrent devant l'intellect, il cesse de juger le prochain, d'avoir de la rancœur à son égard, de l'accuser ou d'accuser les circonstances, de se justifier ; il reconnaît en tout ce qui advient l'inconcevable vérité divine et rejette sa propre vérité comme une abomination. C'est par ces portes que l'homme, lavé par les larmes de repentir et d'attendrissement, entre devant la face de Dieu par la prière pure et la vision spirituelle, confessant ses péchés innombrables et les incalculables bienfaits de Dieu ».
Fuyons le péché, notre meurtrier ! Fuyons non seulement les péchés mortels, mais aussi ceux qui sont pardonnables afin que par noire négligence, ils ne se transforment pas en une passion qui nous précipite en enfer de la même façon que le péché mortel !
Il y a des péchés pardonnables. Ainsi, quand il nous arrive de nous laisser entraîner par la gourmandise, par des pensées ou des regards de convoitise, par une parole méchante, un mensonge ou un vol insignifiant, par l'orgueil, la colère ou une brève tristesse, ou encore par quelque rancune pour le prochain, c'est que notre faiblesse humaine a été la cause du péché, et nous recevons facilement le pardon de Dieu si nous reconnaissons le mal et si nous nous repentons. Un péché pardonnable ne sépare pas le chrétien de la grâce divine et ne met pas son âme à mort comme le ferait un péché mortel. Toutefois ces péchés pardonnables sont pernicieux, et si nous ne nous repentons pas, ils multiplient leur poids. Selon la comparaison des saints pères, un homme peut être noyé par un sac de sable pendu à son coup de la même façon que par une lourde pierre. Un péché mortel peut nous entraîner dans l'abîme de l'enfer aussi facilement qu'une multitude de petits péchés pardonnables. Par exemple, qu'est-ce que le mauvais riche de l'Evangile avait fait de particulier en s'adonnant quotidiennement à des réjouissances, puisqu'il en avait les moyens ? L'Evangile propose comme unique cause de perdition sa vie distraite qui le mena à oublier complètement l'avenir éternel et la vertu. La distraction était devenue sa passion, il n'envisageait pas sa vie sans elle.
C'est un malheur que d'avoir le cœur blessé par les passions. Une circonstance tout à fait insignifiante peut provoquer une telle plaie. Un regard imprudent, vraisemblablement innocent, une parole inconsidérée, un attouchement léger, peuvent contaminer de façon incurable. Dans quel lourd péché pouvait bien tomber le reclus cité plus haut, lui qui était l'objet du respect particulier de ses concitoyens, lui qui ne sortait jamais de sa cellule, qui n'avait scandalisé personne, qui était une source d'édification pour beaucoup, et qui néanmoins périt pour sa communion invisible avec satan, empêchant ainsi l'Esprit Saint de reposer en lui ne fut-ce qu'une heure ?
Dans un couvent vivait jadis la nièce de l'higoumène, très belle de sa personne et d'une conduite irréprochable. Toutes les sœurs étaient édifiées par son apparence angélique et son extraordinaire modestie. Quand elle mourut, on l'enterra solennellement en étant persuadé que son âme pure s'était élevée vers les demeures du paradis. Chagrinée par sa disparition, l'higoumène se livra à une prière incessante, jointe au jeûne et aux veilles, et demanda au Seigneur de lui révéler de quelle gloire sa nièce avait été jugée digne dans le chœur des vierges. Une nuit, alors qu'elle priait, la terre s'ouvrit sous ses pieds et de la lave bouillonna devant elle. Saisie d'effroi, elle regarda dans l'abîme qui s'offrait à ses yeux. Dans les flammes, elle aperçut sa nièce.
- Mon Dieu, est-ce bien toi que je vois?
- Oui, prononça la défunte dans un terrible gémissement.
- Mais pourquoi? J'espérais te voir dans la gloire du Paradis, au sein du chœur angélique, parmi les pures brebis du Christ...Et toi... Pourquoi cela?
- Malheur à moi, maudite! Je suis moi-même la cause de ma mort éternelle dans cette flamme qui me brûle sans trêve, sans toutefois m'anéantir. Tu voulais me voir, et Dieu t'a révélé le secret de mon état.
- Mais pourquoi cela ?, demanda l'higoumène en larmes.
- Parce que devant vous je paraissais vierge, un ange sans péché, mais en réalité j'étais autre. Je ne me suis pas souillée par le péché charnel, mais mes pensées, mes rêveries coupables et mes désirs secrets m'ont fait' descendre dans la géhenne. Je n'ai pas su garder mon âme pure, ni mes pensées, ni les mouvements de mon cœur, malgré mon corps pur de jeune fille. C'est pour cela que je suis livrée à la souffrance. Par imprudence, je nourrissais en moi un sentiment d'attachement à l'égard d'un jeune homme, je jouissais en pensée de sa belle apparence, et je rêvais de m'unir à lui. Comprenant que c'était un péché, j'avais hâte de le confesser à mon père spirituel. La conséquence de ces jouissances coupables et de ses rêveries impures fut que les saints anges m'eurent en horreur après ma mort et me laissèrent entre les mains des démons. A présent, je brûle dans le feu de la géhenne, et je brûlerai éternellement sans être consumée, car il n'y a pas de fin aux tourments de ceux qui sont rejetés du ciel.
Ayant terminé ce discours, la malheureuse gémit, grinça des dents, puis fut happée par la lave brûlante et disparut des yeux de l'higoumène.
« Il faut garder son âme et veiller sur elle à tout prix afin qu'elle ne communie pas aux pensées mauvaises et méchantes. De même que le corps est contaminé par l'impureté s'il s'accouple avec un autre corps, l'âme se corrompt en s'unissant aux pensées mauvaises et méchantes et en leur donnant son accord » (Saint Macaire le Grand). Il faut concevoir ceci pas seulement pour un ou deux types de pensées pécheresses, mais pour toutes les mauvaises pensées en général : les pensées d'incroyance, de flatterie, de présomption, de colère, d'envie ou de jalousie. Le rejet de ces pensées conduit à la purification de toute souillure de la chair et de l'esprit (2Cor.7,1). Sache que dans le secret de l'âme s'accomplissent aussi sous l'effet des mauvaises pensées la corruption et l'égarement, selon les mots de l'Apôtre: Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira (1Cor.3,17). Par l'expression temple de Dieu, il faut entendre notre corps visible. Celui qui corrompt l'âme et l'esprit en s'unissant à la méchanceté est passible de châtiment. Il faut garder le corps du péché; il faut aussi garder l'âme, cette fiancée du Christ, des pensées mauvaises : Je vous ai fiancés à un seul Epoux pour vous présenter au Christ (2Cor.11,2). Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie (Prov.4,23). Apprenons des Saintes Ecritures que les pensées tortueuses éloignent de Dieu (Sagesse1,3).
Concernant les passions, Saint Nil de la Sora dit : « La passion est sujette, soit à un repentir approprié, soit aux souffrances futures. Il faut se repentir de ses passions et prier d'en être libéré. Ce n'est pas le combat intérieur contre les passions qui provoque les souffrances futures, mais l'absence de repentir. Comme dit Saint Pierre Damascène, si le combat était châtié par des souffrances éternelles, alors il n'y aurait pas de pardon des péchés sans une totale impassibilité. Pourtant, nombreux sont ceux qui ont reçu le pardon de leurs péchés. Les pères disent que celui qui est attaqué par quelque passion doit lui résister avec soin. Prenons l'exemple de l'adultère. Celui qui est attaqué par un désir pour une personne doit éviter à tout prix de converser avec elle, de demeurer avec elle, de toucher son vêtement ou même de le sentir. S'il ne se garde pas de tout cela, il accomplit sa passion et commet l'adultère dans son cœur par la pensée. Il attise lui-même le brasier de la passion et laisse les pensées malignes pénétrer dans son cœur comme des bêtes sauvages » (homélie 1).
Préparons-nous à J'éternité, à passer vers elle par la mort, et ceci pendant notre vie terrestre, qui n'est autre que l'antichambre de l'éternité. La vie terrestre n'est pas la vie à proprement parler mais un combat incessant entre la vie et la mort. Nous penchons tour à tour vers l'une ou l'autre, nous hésitons. Si nous appréciions avec justesse ce bref moment de notre passage sur la terre en le comparant à la grandiose éternité, nous ne trouverions qu'un seul moyen de l'employer : la préparation à l'éternité. C'est ainsi qu'en juge la parole de Dieu : Ne crains point petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume vendez ce que vous possédez- et donnez-le en aumônes Faites-vous des bourses qui ne s'usent point, un trésor inébranlable dans les cieux, où le voleur ne s'approche point et où la mite ne détruit point, car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera ; bienheureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera veillant. Je vous le dis en vérité, il se ceindra, le fera mettre à table et s'approchera pour le servir. Qu'il arrive à la deuxième ou à la troisième veille, bienheureux ce serviteur, s'il le trouve en train de veiller. Sachez-le bien, si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas. Quel est donc l'économe fidèle et sage que le maître établira sur ses gens pour leur donner la nourriture en temps convenable? Bienheureux ce serviteur que le maître trouvera faisant ainsi à son arrivée ! Je vous le dis en vérité, il l'établira sur tous ses biens. Mais si ce serviteur dit en lui-même: mon maître tarde à venir, s'il se met à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s'enivrer, le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas. Il le mettra en pièces et lui donnera sa part avec les infidèles (Luc12, 32-40, 42-46).
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