mercredi 28 janvier 2009

L'ICÔNE DE LA MERE DE DIEU :"JOIE DE TOUS LES AFFLIGES"


Que de consolations dans le nom de cette icône! A lui seul, il évoque, éveille et affermit la foi dans la Mère de Dieu, notre admirable Protectrice. C’est elle en effet qui se hâte vers tous les lieux où se font entendre les gémissements de la souffrance humaine, qui essuie les larmes de ceux qui pleurent, qui apporte soulagement et joie céleste à ceux qui vivent dans le chagrin. Réjouis-toi éternellement, Joie Céleste des affligés!
La foi dans la miséricorde de la Mère de Dieu pour le genre humain fit naître une représentation de la Souveraine Céleste qui s’harmonise parfaitement avec les paroles d’une très belle prière qui lui est adressée: «Ô, Toute-Sainte Souveraine et Mère de Dieu, toi qui surpasses les anges et les archanges, toi plus vénérable que toute créature, tu es l’Aide des offensés, l’Espérance des désespérés, la Protectrice des pauvres, la Nourriture les affamés, l’Habit de ceux qui sont nus, la Guérison des malades, le Salut des pécheurs, l’Aide et la Protectrice de tous les chrétiens!».
Sur cette icône, la Mère de Dieu est représentée en pied, parfois avec l’Enfant dans les bras (comme sur l’icône de Moscou), parfois sans l’Enfant (comme sur l’icône située près d’une verrerie de Saint Pétersbourg, icône dite aux pièces de monnaie). Elle est entourée de malheureux, nus, offensés ou affamés. Près de ces indigents sont souvent représentés les anges que la Souveraine envoie pour apaiser les souffrances. Ils se penchent sur ceux qui souffrent et leur montrent la Mère de Dieu en habits royaux et coiffée d’une couronne, ou bien encore portant de simples vêtements et un voile blanc.

L’icône de Moscou

On raconte qu’à Moscou, une icône portant le nom de la Mère de Dieu, Joie de tous les affligés fut glorifiée dans la première moitié du quinzième siècle. Le premier miracle eut lieu en
1648. Euphémie, la soeur du patriarche Joachim, vivait à l’époque à l’Ordinka. Elle souffrait cruellement d’une plaie au ventre si profonde qu’on pouvait voir ses intestins. La malade attendait la mort sans toutefois perdre espoir dans l’aide de Dieu. Un jour, après avoir reçu la communion, elle implora avec foi la Toute-Sainte Mère de Dieu : «Entends ma prière, Souveraine magnanime! Le monde entier te glorifie et tous boivent à la source inépuisable de tes bienfaits! Certes, je mérite d’être châtiée pour mes péchés, mais ne me reprends pas dans ta colère ! Vois la cruauté de mon mal et aie pitié de moi !». Après avoir prononcé ces mots, la malade entendit une voix:
- Euphémie, pourquoi, dans tes souffrances, ne pas faire appel à Celle qui guérit tout?
- Mais où puis-je donc La trouver?
- Dans l’Eglise de la Transfiguration de mon Fils se trouve mon icône, celle qu’on appelle Joie de tous les affligés. Elle est située sur le côté gauche, là où les femmes se tiennent habituellement. Fais venir le prêtre de cette église avec l’icône. Lorsqu’il aura célébré un office avec bénédiction des eaux, tu recevras la guérison. Mais garde-toi d’oublier ma miséricorde envers toi, et confesse-la par la glorification de mon Nom!
Quand Euphémie fut remise du trouble suscité par cette vision, elle apprit de ses proches que l’église de la Transfiguration de l’Ordinka contenait effectivement une icône de la Mère de Dieu dite Joie de tous les affligés. Elle fit venir le prêtre qui célébra un office et bénit les eaux, à la suite de quoi elle fut guérie. Depuis lors, on instaura une fête le 24 octobre en l’honneur de cette icône, car la guérison avait eu lieu à cette date.
Certains pensent que l’icône de Moscou fut transportée à Saint Pétersbourg par la princesse Nathalie Alexeïevna, et qu’il s’agit de l’icône située dans l’église des affligés à la Schpalernaïa. Mais il semble plus probable que l’icône d’origine est restée à Moscou.



L’icône de Saint Pétersbourg

Il y a, près de Saint Pétersbourg, un village dénommé Klotchki. Non loin de la verrerie du village se trouve une chapelle. Le marchand Matveïev lui fit don d’une icône de la Mère de Dieu, Joie de tous les affligés. Cette icône était propriété familiale de la famille de la mère de Matveïev, les marchands Kourakine. Une pieuse tradition rapporte que l’icône apparut jadis à un Kourakine poussée par les vagues de la Néva.
L’icône fut glorifiée pour la première fois le 23 juillet 1888. Un terrible orage éclata ce jour-là sur Saint Pétersbourg et ses environs. La foudre tomba sur la chapelle de la verrerie, brûla les murs intérieurs et les icônes, et brisa le tronc des pauvres. L’icône de notre Souveraine était suspendue par un cordon dans un coin de l’édifice. Sous l’effet de la foudre, elle tomba à terre, et le visage de la Mère de Dieu, noirci par le temps, s’éclaircit subitement, et se régénéra. Les douze pièces de monnaie de cuivre du tronc se retrouvèrent miraculeusement scellées en divers endroits de l’icône.
Le soir même, toute la capitale était au courant du miracle. Dès le lendemain matin, le peuple se pressait en masse devant la chapelle. A midi, le clergé de l’église des saints Boris et Gleb près du port Kalachnikov venait célébrer un office d’action de grâce avec la bénédiction du métropolite Isidore. La foule resta devant la chapelle jusque tard dans la nuit, s’étonnant de la miséricorde divine. Dans les jours qui suivirent, des pèlerins de plus en plus nombreux affluèrent de Saint Pétersbourg et des environs, rejoints bientôt par d’autres pèlerins venant de tous les coins de la Russie. La nouvelle s’était en effet propagée comme un feu de paille. La miséricorde divine ne tarda pas à glorifier l’icône de la Mère de Dieu par des miracles éclatants.
Le 6 octobre 1890, tous ceux qui priaient à l’église furent témoins de la guérison d’un adolescent de quatorze ans, Nicolas Griatchov, sujet depuis longtemps à des crises d’épilepsie et de paralysie des bras, que les médecins avaient déclaré incurable. Le jeune homme eut une apparition de la Mère de Dieu, de Saint Nicolas le Thaumaturge, et d’un hiérarque portant un klobouk blanc. La Toute-Sainte lui ordonna de se rendre à la chapelle pour recevoir la guérison. Nicolas s’y rendit promptement, vénéra l’icône, et fut complètement guéri.
Le 17 février 1891, une femme dénommée Véra Belonoguine fut également guérie après avoir prié devant l’icône. La malheureuse souffrait depuis six ans d’une maladie de poitrine, d’une tumeur, et d’une maladie de la gorge. Les médecins diagnostiquèrent une tuberculose incurable et lui annoncèrent qu’elle avait perdu la voix pour toujours. Dès lors, la malade plaça son espoir uniquement dans l’aide de Dieu. Connaissant les récits de la miséricorde de la Mère de Dieu dans la chapelle des affligés, elle décida d’aller vénérer la sainte icône. Elle y fit célébrer un office, puis revint à la maison et tomba dans un profond sommeil. Dans son sommeil, elle entendit clairement une voix mystérieuse lui dire: «Retourne à la chapelle, fais célébrer un office, prie avec un zèle encore plus grand, et ta voix reviendra!». Véra obéit et se rendit à la chapelle une seconde fois. Puis elle rentra chez elle et dit à son mari d’une voix forte : «Je suis en parfaite santé!».
Par la suite, l’icône des affligés fut vénérée par toute la Russie, attirant une multitude de pèlerins. Des télégrammes et des lettres arrivaient chaque jour pour demander la célébration d’offices d’intercession pour les offensés, les persécutés, les malades... L’icône était également vénérée par des chrétiens hétérodoxes et le clergé de l’endroit priait pour que le Seigneur accorde à chacun selon sa foi.
Le 13 mars 1893, la chapelle des affligés fut visitée par le Tsar Alexandre III. Le pieux empereur embrassa l’icône et fit don, en signe de reconnaissance, d’une parcelle de terre appartenant au cabinet de Sa Majesté, afin qu’on y édifiât une église en pierre. Les fondations furent posées la même année, et le 2 août 1898, on consacra la nouvelle église dédiée à la Mère de Dieu, Joie de tous les affligés. A droite de l’iconostase principale, là où on place souvent un deuxième autel, fut installé un grand présentoir pour l’icône miraculeuse. L’icône restait en temps normal dans la chapelle, et on la transportait dans le présentoir de l’église pour les offices.
La Toute-Sainte Vierge y est représentée en pied, les bras étendus, le visage légèrement incliné sur la gauche. Son manteau est bleu foncé, et sa tunique rouge foncé. Sa tête est coiffée d’un voile blanc et ornée d’un nimbe doré. Au-dessus d’elle, le Sauveur, dans les nuées, tient le Saint Evangile dans Sa main gauche, et bénit de la droite. De part et d’autre de la Mère de Dieu sont peints des anges et des malheureux. Des branches de verdure sont placées derrière la Toute-Pure. Les dimensions de l’icône sont environ de quarante centimètres de large sur soixante-dix de haut.
Nous n’avons fait mention ici que de deux icônes miraculeuses de la Mère de Dieu, Joie de tous les affligés. La plus célèbre est incontestablement l’icône aux pièces de monnaie. Il existait cependant à travers la Russie d’autres icônes de la Mère de Dieu, Joie de tous les affligés, qui s’étaient révélées miraculeuses, notamment à Tobolsk, aux grottes de Kiev, à Voronej, à Kirsanov, à l’église Bolche-Ochtinsnaïa de Saint Pétersbourg et à Nijni-Novgorod.
Par les prières de la Toute Sainte, Seigneur Jésus Christ aie pitié de nous et sauve nous. Amen.

Aucun commentaire: