vendredi 2 octobre 2009

VIE DE SAINT PAUL


LAVIE, LES EXPLOITS ET LES SOUFFRANCES DU SAINT ET GLORIEUX APÔTRE PAUL,


DIGNE DE TOUTES LOUANGES


(Synaxaire de Saint Dimitri de Rostov - 29 juin)



Avant qu’il ne devînt Apôtre, Saint Paul s’appelait Saul. Né à Tarse en Cilicie, il était de race juive et appartenait à la tribu de Benjamin. Ses nobles parents vécurent d’abord à Rome et vinrent ensuite s’établir à Tarse, avec le titre honorifique de citoyens romains. C’est pourquoi par la suite, Paul reçut le qualificatif de romain. On peut ajouter ici que sa famille comptait le premier martyr Stéphane. Dans sa jeunesse, ses parents le placèrent à Jérusalem pour y faire l’apprentissage des livres saints et de la Loi de Moïse sous la direction du célèbre maître Gamaliel. Au cours de ses études, il avait à ses côtés son ami Barnabé qui devint lui aussi Apôtre du Christ. Ayant bien approfondi la Loi de ses pères, il montra pour elle un zèle ardent, et s’attacha aux pharisiens.


A cette époque, les saints Apôtres propageaient la Bonne Nouvelle du Christ à Jérusalem et dans les villes et contrées alentour, suscitant de grandes discussions avec les pharisiens, les sadducéens, les scribes et les docteurs de la Loi. Ces prédicateurs du Christianisme furent rapidement haïs et persécutés par tous ces juifs. Saul haïssait également les saints Apôtres, et ne voulait même pas les entendre prêcher le Christ. Il se disputait avec Barnabé, devenu Apôtre, et ne cessait de blasphémer la Vérité. Quand son parent, Saint Stéphane, vint à être lapidé par les juifs, non seulement il ne montra aucun regret en voyant versé le sang innocent de sa propre famille, mais il approuva le meurtre, et garda les vêtements des juifs qui frappaient le martyr. Ayant par la suite reçu pleins pouvoirs des sacrificateurs et des anciens, Saul persécuta l’Eglise du Christ, faisant irruption dans les maisons des fidèles, traînant hommes et femmes en prison.


Non content de persécuter les fidèles de Jérusalem, il se rendit à Damas avec des lettres du Sacrificateur. Respirant menace et carnage, il avait l’intention de débusquer les hommes et les femmes croyant au Christ, de s’emparer d’eux et de les conduire dans les liens à Jérusalem. Ceci se passait pendant le règne de l’empereur Tibère.


Alors que Saul s’approchait de Damas, une lumière venant du ciel brilla soudain autour de lui. Il tomba à terre et entendit une voix lui dire :


- Saul, Saul, pourquoi Me persécutes-tu ? Saisi d’effroi, il répondit :


- Qui es-Tu, Seigneur ?


- Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons ! Tremblant d’épouvante, Saul ajouta :


- Seigneur, que veux-Tu que je fasse ?


- Relève-toi, entre dans la ville et l’on te dira ce que tu dois faire !


Les soldats qui accompagnaient Saul furent effrayés d’entendre cette voix sans voir personne. Quand Saul se releva, il ne voyait plus rien. Ses yeux charnels étaient frappés de cécité, mais ses yeux spirituels commençaient à s’ouvrir. On le conduisit par la main à Damas où il demeura trois jours, constamment en prière, sans voir, ni manger, ni boire.


A Damas vivait le Saint Apôtre Ananie. Le Seigneur lui apparut dans une vision, lui ordonnant d’aller trouver Saul dans la maison d’un certain Judas, pour rendre la lumière à ses yeux charnels par l’imposition des mains, et à ses yeux spirituels par le baptême. Ananie répondit toutefois :


- Seigneur, j’ai entendu beaucoup de monde parler de cet homme et dire tout le mal qu’il a fait à Tes saints à Jérusalem. Il est ici avec pleins pouvoirs des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent Ton Nom !


- Va sans crainte, car il est le vase que j’ai choisi pour porter Mon Nom devant les nations païennes, les rois, et les fils d’Israël. Je lui dirai ce qu’il aura à souffrir pour Mon Nom !


Obéissant à l’ordre du Seigneur, Ananie s’en alla trouver Saul et lui imposa les mains. Des sortes d’écailles tombèrent de ses yeux. Baptisé sur-le-champ, il fut rempli de l’Esprit Saint qui le sanctifia pour le ministère apostolique. Son nom fut changé en Paul.


Paul prêcha aussitôt Jésus Fils de Dieu dans les synagogues. Tous ceux qui l’entendaient s’étonnaient : « N’est-ce pas celui qui, à Jérusalem, persécutait ceux qui invoquent le Nom de Jésus ? N’était-il pas venu ici pour les lier et les conduire devant les principaux sacrificateurs ? »


Avec le temps, Paul prenait de plus en plus d’assurance et troublait les juifs de Damas en leur démontrant que Jésus est le Christ. Au comble de la colère, ils se concertèrent pour le tuer et firent garder nuit et jour les portes de la ville afin qu’il ne pût leur échapper. Mais Ananie et les disciples de Damas eurent vent du complot. Ils le conduisirent de nuit sur les remparts de la ville et le firent descendre le long de la muraille dans une corbeille.


Paul quitta Damas pour l’Arabie, ainsi qu’il l’écrivit plus tard aux Galates : « Je ne consultai ni la chair, ni le sang, je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent Apôtres avant moi, mais je partis pour l’Arabie. Puis je revins encore à Damas. Trois ans plus tard, je remontai à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre ».


A Jérusalem, Paul souhaitait rencontrer les disciples du Seigneur, mais ceux-ci le craignaient, ne pouvant croire qu’il fût des leurs. Finalement, il rencontra le Saint Apôtre Barnabé qui comprit sa conversion, se réjouit de ce revirement, et le conduisit chez les Apôtres. Paul leur raconta comment il avait vu le Christ sur le chemin de Damas, ce qu’Il lui avait dit, et comment il s’était enhardi pour le Nom de Jésus. Son récit emplit les Apôtres d’une sainte joie et ils glorifièrent le Seigneur Christ.


A Jérusalem, Saint Paul engagea la controverse avec les juifs et les grecs. Un jour qu’il se tenait en prière dans le temple, il eut une extase et vit le Seigneur qui lui dit :


- Hâte-toi de sortir de Jérusalem car ils ne recevront pas ici ton témoignage sur Moi !


- Les juifs savent bien que je faisais mettre en prison ceux qui croyaient en Toi, et que je les faisais frapper dans les synagogues. Ils savent aussi que lorsqu’on répandait le sang de Stéphane Ton témoin, j’étais présent, j’approuvais le meurtre et je gardais les vêtements de ceux qui le tuaient !


- Va, Je t’enverrai au loin vers les nations !


Après cette vision, bien qu’il eût aimé rester encore quelques jours à Jérusalem pour jouir de la vue et de la conversation des Apôtres, Paul dut partir, car ceux avec qui il avait argumenté sur le Christ étaient furieux et cherchaient à le tuer. Les frères le conduisirent donc à Césarée d’où il partit pour Tarse.


Paul prêcha la Parole de Dieu dans cette ville jusqu’à l’arrivée de Barnabé qui le conduisit à Antioche. Il y resta une année entière à enseigner dans l’église, et convertit au Christ beaucoup de gens, à qui il donna le nom de chrétiens. Après cette année, Paul et Barnabé revinrent en Palestine pour annoncer aux Saints Apôtres que la grâce de Dieu agissait à Antioche, ce qui réjouit fort l’Eglise de Jérusalem. Ils ramenaient avec eux les nombreux dons des fidèles d’Antioche pour les frères pauvres ou infirmes de Judée. En effet, selon la prophétie de Saint Agabus, (un des Soixante-Dix) une grande famine s’était déclarée sous le règne de l’empereur Claude.


Par la suite, Paul et Barnabé quittèrent de nouveau Jérusalem pour Antioche où ils vécurent un certain temps dans le jeûne et la prière, célébrant la Divine Liturgie et prêchant la Parole de Dieu, jusqu’à ce que l’Esprit Saint les envoie prêcher aux nations. L’Esprit Saint déclara en effet aux anciens de l’Eglise d’Antioche : « Mettez-moi à part Barnabé et Saul pour l’oeuvre pour laquelle Je les ai appelés ! ». Après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent donc les mains et les laissèrent partir.


Poussés par l’Esprit Saint, ils descendirent à Séleucie et s’embarquèrent pour Chypre. A Salamine, ils annoncèrent l’Evangile dans les synagogues. Ayant traversé l’île jusqu’à Paphos, ils rencontrèrent un magicien et faux prophète juif dénommé Elymas ou Bar-Jésus, qui vivait aux côtés du proconsul Sergius Paulus, un homme avisé. Ce proconsul fit appeler Paul et Barnabé et manifesta son désir d’entendre la Parole de Dieu. Ayant écouté les Apôtres, il crut. Mais Elymas le magicien s’interposa et chercha à le détourner de la foi. Alors Paul, empli du Saint Esprit, regarda le magicien et dit : « Ô, homme plein de toutes espèces de ruse et de fraude ! Fils du diable ! Ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur ? Voici que maintenant la main du Seigneur est sur toi, tu seras aveugle, tu ne verras plus le soleil pour un temps ! ». Obscurité et ténèbres tombèrent sur le magicien qui chercha à tâtons quelqu’un pour le guider. Voyant cela, le proconsul fut frappé de l’enseignement du Seigneur. De nombreuses personnes crurent à sa suite et l’Eglise du Christ s’agrandit.


Paul et ses compagnons s’embarquèrent à Paphos pour Pergé de Pamphylie d’où ils partirent pour Antioche de Pisidie (qu’il ne faut par confondre avec Antioche-la-Grande de Syrie). Là ils prêchèrent le Christ. Comme de nombreuses personnes croyaient, les juifs envieux poussèrent les anciens de la ville (qui vivaient dans l’impiété grecque) à chasser sans égards les Saints Apôtres de la ville et de ses limites. Ces derniers, secouant la poussière de leurs pieds, se rendirent à Iconium où ils prêchèrent avec assurance, amenant à la foi une multitude de juifs et de grecs, non seulement par leurs paroles, mais aussi par les signes et miracles que leurs mains accomplissaient. C’est là qu’ils convertirent Sainte Thècle la vierge pour la fiancer au Christ. Les juifs incrédules incitèrent de nouveau les grecs et leurs chefs à rejeter les Apôtres et à les lapider. Cependant ces derniers eurent vent de l’affaire et purent s’enfuir en Lycaonie, à Lystres, à Derbé et leurs environs où ils prêchèrent.


Il y avait là un boiteux de naissance qui ne pouvait aucunement marcher. Par le Nom du Christ ils le mirent sur ses pieds et d’un bond, il marcha. Devant ce miracle le peuple proclama haut et fort en langue lycaonienne : « Les dieux sont descendus parmi nous sous forme humaine ! ». Ils appelèrent Barnabé Zeus et Paul Hermès, et des jeunes gens amenèrent taureaux et couronnes pour leur offrir un sacrifice. Voyant cela, Paul et Barnabé déchirèrent leurs vêtements et crièrent à la foule : « Pourquoi agissez-vous ainsi ? Nous sommes des hommes de la même nature que vous ! ». Et ils leur parlèrent du Dieu unique, Créateur de la terre et de la mer, qui offre les pluies du ciel et les saisons fertiles, qui donne la nourriture en abondance, et remplit de joie le coeur des hommes. Mais c’est à grand peine que ces paroles les empêchèrent de leur offrir un sacrifice.


Alors qu’ils demeuraient à Lystres, des juifs vinrent d’Iconium et d’Antioche pour inciter la foule à s’écarter des Apôtres en les accusant de mensonge. Ils firent si bien qu’ils poussèrent les habitants à un mal plus grand encore : ils lapidèrent Paul, qui détenait la Parole, et le laissèrent pour mort à l’extérieur de la ville. Il put cependant se relever, retourner dans la ville et retrouver Barnabé, avec lequel il partit le lendemain matin pour Derbé. Après y avoir prêché la Bonne Parole et instruit de nombreuses personnes, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie, fortifiant les âmes des disciples et les exhortant à demeurer fermes dans la foi. Priant et jeûnant, ils nommèrent des anciens pour chaque Eglise et les recommandèrent au Seigneur en Lequel ils avaient cru. Ensuite, ils traversèrent la Pisidie pour se rendre en Pamphylie, annoncèrent la Parole du Seigneur à Pergé, puis descendirent à Attalie. De là, ils s’embarquèrent pour Antioche de Syrie où l’Esprit les avait envoyés au début de leur ministère pour prêcher la Parole du Seigneur. A Antioche, ils rassemblèrent l’Eglise et racontèrent ce que Dieu avait fait d’eux et des païens qu’ils avaient convertis au Christ.


Peu de temps après, les juifs convertis et les grecs d’Antioche eurent une discussion sur la circoncision. Les uns disaient qu’il était impossible d’être sauvé sans être circoncis, les autres trouvaient la chose trop pénible. Paul se rendit à Jérusalem avec Barnabé pour traiter de cette question avec les Apôtres et les anciens, et leur annonça comment Dieu avait ouvert aux païens les portes de la foi, nouvelle qui réjouit beaucoup tous les frères de Jérusalem. Les Saints Apôtres et les anciens se réunirent donc et décidèrent d’abroger la circoncision de l’Ancien Testament, désormais inutile devant la grâce. Ils commandèrent de s’abstenir de la viande sacrifiée aux idoles et de l’impudicité, et de n’offenser en rien le prochain.


Après cela, ils renvoyèrent Paul et Barnabé à Antioche avec Jude et Silas, où ils demeurèrent assez longtemps avant de se séparer de nouveau pour aller vers les païens. Barnabé se rendit à Chypre avec Marc son parent. Quant à Paul, il choisit Silas et partit dans les villes de Syrie et de Cilicie pour y fortifier les Eglises. Parvenu à Derbé et à Lystres, il dut circoncire son disciple Timothée à cause des murmures des juifs. De là, il gagna la Phrygie et la Galatie, puis traversa la Mysie jusqu’à Troas, avec l’intention de gagner la Bithynie, ce que l’Esprit Saint ne lui permit pas de faire.


Alors que Paul se trouvait à Troas avec ses disciples, il eut une vision nocturne : un homme qui avait l’apparence d’un Macédonien se tint devant lui pour le prier de venir aider son pays. Paul comprit que le Seigneur l’y appelait à prêcher la Bonne Nouvelle.


Ayant quitté Troas avec ses disciples, Paul atteignit Samothrace, puis, au matin, Néapolis. Il atteignit ensuite la ville de Philippes, en Macédoine, où vivaient des romains. Il y baptisa une marchande de pourpre dénommée Lydie, après lui avoir enseigné la foi au Christ. Elle l’invita à demeurer dans sa maison avec ses disciples.


Un jour, alors que Paul se rendait à l’église avec ses disciples pour la prière, une jeune fille vint à leur rencontre. Cette jeune fille était possédée d’un esprit malin divinateur duquel ses maîtres tiraient grand profit. Suivant Paul et ses compagnons, elle criait sans relâche : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Tout-Puissant qui nous annoncent la voie du salut! » Elle harcela Paul de cette façon pendant de nombreux jours. Celui-ci, excédé, finit par se retourner et chasser l’esprit en invoquant le Nom du Christ. Les maîtres de la jeune fille, voyant s’évaporer la source de leurs gains, se saisirent de Paul et de Silas et les conduisirent devant les princes et les stratèges en disant : « Ces hommes troublent notre ville ! Ce sont des juifs qui enseignent des coutumes que pour nous, romains, il ne convient ni d’accepter ni de suivre ! » . Les stratèges arrachèrent leurs vêtements et les firent bastonner, leur occasionnant de nombreuses blessures, puis ils les firent jeter en prison. Vers minuit, alors qu’ils priaient, la prison trembla, ses portes s’ouvrirent et les liens des prisonniers furent rompus. Voyant cela, le geôlier crut au Christ et conduisit les prisonniers chez lui, lava leurs plaies, et se fit baptiser avec toute sa maisonnée. Ensuite, il leur prépara un repas, après quoi ils retournèrent tous dans la prison. Au matin, les stratèges se repentirent d’avoir fait battre des innocents et ils envoyèrent des hommes les libérer, leur donnant la possibilité de partir où ils le souhaitaient. Mais Paul leur dit : « Après nous avoir battu publiquement et sans jugement, nous qui sommes citoyens romains, ils nous ont jetés en prison ! Et voilà que maintenant, ils nous en font sortir secrètement ! Il n’en sera pas ainsi ! Qu’ils viennent eux-mêmes nous mettre en liberté ! » Les messagers s’en retournèrent auprès des stratèges pour leur rapporter les paroles de Paul. Ceux-ci eurent peur en apprenant que les prisonniers qu’ils avaient battus étaient des citoyens romains. Ils vinrent donc les supplier de quitter la ville. Quittant leur cellule, Paul et ses compagnons se rendirent à la maison de Lydie où ils avaient séjourné à leur arrivée : ils y consolèrent les frères qui y étaient rassemblés et les embrassèrent. Puis ils partirent pour Amphipolis et Apollonie.


Par la suite, ils parvinrent à Thessalonique où ils convertirent une grande multitude de gens en prêchant la Bonne Parole. Les juifs jaloux rassemblèrent quelques méchants hommes et attaquèrent la maison de Jason où habitaient les Apôtres. Ne les ayant pas trouvés, ils s’emparèrent de Jason et de quelques autres frères, et les traînèrent devant les magistrats. Ils les accusèrent de s’opposer à César en invoquant un autre Roi dénommé Jésus. Jason eut bien du mal à se libérer de cette calamité. De leur côté, les saints Apôtres s’étaient cachés en attendant de pouvoir quitter la ville de nuit pour se rendre à Bérée. Mais là aussi, la méchante jalousie des juifs ne laissa pas Paul en paix. En effet, les juifs de Thessalonique apprirent que Paul prêchait aussi la Parole de Dieu à Bérée, et ils vinrent y soulever le peuple contre lui. Le Saint Apôtre dut de nouveau prendre la fuite en direction de la mer, non qu’il eût peur de la mort, mais parce que les frères le priaient instamment de préserver sa vie pour le salut d’une multitude. Silas et Timothée restèrent à Bérée pour affermir la foi des prosélytes, car les juifs en voulaient uniquement à la tête de Paul.


Paul s’embarqua sur un navire en partance pour Athènes. Constatant que cette ville était pleine d’idoles, il fut irrité de voir tant d’âmes se perdre. Il se mit donc à débattre avec les juifs dans les synagogues, et avec les grecs et leurs philosophes sur les places publiques. Ces derniers le conduisirent à l’Aréopage (c’est ainsi qu’on appelait le lieu situé près du temple d’Arès où l’on prononçait les condamnations à mort). Certains avaient dans la tête d’entendre des nouveautés mais d’autres, comme l’a dit Saint Jean Chrysostome, attendaient l’occasion de le livrer au jugement, aux souffrances et à la mort, au cas où ils viendraient à entendre de sa bouche quelque chose qui méritât le châtiment. Il entama son discours par une allusion à un autel d’Athènes dédié à un Dieu inconnu, et leur parla du vrai Dieu qu’ils ne connaissaient pas en disant : « Le Dieu que vous révérez sans le connaître, c’est Celui-là que je vous annonce ! ». Et il leur présenta le Dieu qui avait créé le monde entier. Puis il aborda le sujet du repentir, du jugement et de la résurrection des morts. En entendant parler de résurrection des morts, certains se moquèrent, mais d’autres voulurent en savoir davantage... A l’issue de ce discours, Paul quitta l’Aréopage sans condamnation, et la Parole de Dieu s’appropria quelques âmes : quelques hommes s’attachèrent en effet à l’Apôtre, dont Denis l’Aréopagite, une femme honorable dénommée Damaris, et d’autres qui demandèrent à recevoir le baptême.


Paul quitta ensuite Athènes pour Corinthe où il demeura chez un juif dénommé Aquilas. Timothée et Silas vinrent de Macédoine le rejoindre et c’est ensemble qu’ils servirent la Parole. Aquilas et sa femme Priscilla étaient fabriquants de tentes. Paul apprit leur métier et put ainsi gagner sa nourriture et celle de ses compagnons par le travail de ses mains. Comme il le dira plus tard aux Thessaloniciens : « Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne. C’est dans le travail et la peine que nous avons été nuit et jour à l’oeuvre, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous » (2Thes.,3,8). Chaque samedi, il discutait avec les juifs dans les synagogues, démontrant que Jésus est véritablement le Christ, le Messie. Mais les juifs contestaient et l’injuriaient, si bien qu’il finit par secouer ses vêtements et dire : « Que votre sang retombe sur votre tête ! J’en suis pur ! A présent, je vais chez les païens ! » Comme il s’apprêtait à quitter Corinthe, le Seigneur lui apparut de nuit dans une vision et lui dit : « Ne crains point car Je suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal car J’ai un peuple nombreux dans cette ville ! ». C’est ainsi que Paul demeura un an et six mois à Corinthe et y enseigna la Parole de Dieu aux juifs et aux grecs. De nombreuses personnes se firent baptiser, notamment Crispus, le chef de la synagogue, qui crut au Seigneur avec toute sa famille. Mais certains juifs s’accordèrent pour attaquer Paul et le traîner au tribunal du frère du philosophe Sénèque, le proconsul Gallion, qui déclara : « S’il avait commis quelque injustice je l’aurais jugé, mais je ne veux pas prendre parti dans les controverses sur les paroles de votre loi ! ». Et il les chassa du tribunal sans juger Paul. Celui-ci demeura encore assez longtemps à Corinthe, puis il embrassa les frères et s’embarqua pour la Syrie avec ses compagnons. Aquilas et Priscilla le suivirent, et ils accostèrent à Ephèse.


Là, ils prêchèrent la Parole de Dieu. Paul accomplit de nombreux miracles, non seulement en imposant les mains aux malades, mais aussi par l’intermédiaire de linges imbibés de sa sueur. On appliquait ces derniers sur des malades qui étaient ainsi guéris de leurs maux ou bien délivrés des démons. Voyant ceci, quelques exorcistes juifs ambulants décidèrent d’invoquer à leur tour le Nom de Jésus pour délivrer une personne possédée par des esprits malins. Ils dirent : « Nous vous conjurons par ce Jésus que Paul prêche ! ». Mais les esprits malins répondirent : « Nous connaissons Jésus et nous savons qui est Paul, mais vous, qui êtes-vous ? » Et le possédé se jeta sur eux, les maîtrisa, les battit, et les blessa de telle manière qu’ils s’enfuirent nus. Cette anecdote fut connue de tout Ephèse, semant la peur chez les juifs, si bien que le Nom de Jésus fut magnifié et que de nombreuses personnes crurent en Lui. Il se trouva même un certain nombre de ceux qui avaient pratiqué l’art de la magie pour venir à la foi : ce faisant, ils rassemblèrent leurs livres de magie et les brûlèrent aux yeux de tous. Or, la valeur de ces livres fut estimée à cinquante mille pièces d’argent. Ainsi, la Parole de Dieu croissait en puissance.


Après cela, Paul conçut le projet de partir pour Jérusalem et précisa : « Quand je m’y serai rendu, il conviendra que je voie aussi Rome ! ». Il quitta donc Ephèse après un séjour de trois ans, qui se termina par d’importants désordres provoqués par les adorateurs d’Artémis. Puis il se rendit à Troas avec ses compagnons et y resta sept jours. Alors qu’ils étaient dans cette ville, les disciples se rassemblèrent le premier jour de la semaine pour rompre le pain, après quoi Paul entreprit avec eux un long entretien qui se prolongea jusqu’à minuit. La chambre dans laquelle avait lieu la réunion était fortement éclairée ; un jeune homme s’endormit sur le bord d’une fenêtre, tomba du troisième étage et mourut. Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit : « Ne vous troublez pas ! Son âme est en lui ! ». Il remonta dans la chambre et on ramena le jeune homme vivant. L’entretien se poursuivit jusqu’à l’aube et Paul partit après avoir embrassé les fidèles. Parvenu à Milet, il envoya chercher les anciens de l’Eglise à Ephèse, car il ne voulait pas y retourner lui-même pour ne pas retarder davantage son arrivée à Jérusalem. Comme les anciens arrivaient, il leur dit : « Prenez garde à vous-mêmes, veillez sur tout le troupeau sur lequel l’Esprit Saint vous a établi évêques, et paissez l’Eglise que le Seigneur s’est acquise par son propre sang ! ». Et il leur prédit que des loups cruels s’introduiraient parmi eux après son départ. Il leur parla également du voyage qu’il projetait d’entreprendre : « Je vais à Jérusalem, lié par l’Esprit Saint, sans savoir ce qui m’attend. L’Esprit Saint m’a seulement prévenu que des liens et des tribulations m’attendent. Je ne considère cependant pas ma vie comme précieuse, l’essentiel étant que j’accomplisse avec joie ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur ! » Et comme il ajoutait : « Maintenant, voici que je m’en vais et qu’aucun d’entre vous ne verra plus mon visage ! », tous fondirent en larmes, se jetèrent à son cou, l’embrassèrent, s’affligeant de ce qu’il avait dit qu’ils ne reverraient plus jamais son visage, et l’accompagnèrent jusqu’au navire. Il donna à chacun un dernier baiser et commença son voyage. Après avoir traversé de nombreuses villes et régions côtières et avoir mouillé dans plusieurs îles, il accosta à Ptolémaïs et parvint à Césarée. Il logea là chez le Saint Apôtre Philippe, l’un des sept diacres, où il reçut la visite d’un prophète dénommé Agabus. Ce dernier prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains et dit : « Ainsi parle l’Esprit Saint ! Les juifs de Jérusalem lieront ainsi l’homme auquel appartient cette ceinture ! Ils le livreront aux mains des païens ». En entendant cela, les frères en larmes prièrent Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais celui-ci répondit : « Qu’avez-vous à pleurer et me briser le coeur ? Non seulement je veux être lié, mais je suis prêt à mourir à Jérusalem pour le Nom du Seigneur Jésus ! » Les frères se turent, puis conclurent en disant : « Que la volonté de Dieu soit faite! ».


Sur ce, Paul monta à Jérusalem avec ses disciples, parmi lesquels se trouvait Trophime d’Ephèse, un grec converti au Christ. A Jérusalem, Paul fut reçu avec amour par le Saint Apôtre Jacques, frère du Seigneur, et par tous les fidèles de l’Eglise. Ces jours-là, des juifs d’Asie vinrent à Jérusalem pour la fête. Ils haïssaient Paul et s’étaient élevés partout contre lui en Asie. L’ayant aperçu en ville en compagnie de Trophime d’Ephèse, ils allèrent trouver les grands sacrificateurs, les scribes et les anciens, l’accusant de détruire la loi de Moïse en ordonnant de ne pas se faire circoncire et en prêchant partout le Christ crucifié. Ils s’excitèrent ainsi les uns les autres pour se saisir de lui. Le jour de la fête, les juifs d’Asie le virent dans le temple, l’accusèrent, soulevèrent le peuple contre lui et se saisirent de lui en criant : « Peuple israélite, au secours ! Voici celui qui prêche partout contre notre peuple, contre la loi, contre ce lieu, et qui blasphème ! Il a même profané ce lieu saint en y introduisant des grecs ! » Ils pensaient en effet que Paul était entré au temple avec Trophime. Toute la ville s’agita, les gens accoururent et se saisirent de Paul, le traînèrent hors du temple et fermèrent les portes derrière lui. Leur intention était de le mettre à mort à l’extérieur pour ne pas souiller le lieu saint. A ce moment-là, le tribun de la cohorte qui gardait la ville apprit que tout Jérusalem s’était soulevé. Il accourut avec ses soldats et les centurions. Voyant les soldats et le tribun, les gens cessèrent de frapper Paul. Le tribun ordonna qu’on se saisît de lui, le fit lier par deux chaînes de fer et lui demanda qui il était et quel mal il avait commis. Le peuple criait de le tuer. Le tumulte était tel que le tribun ne put comprendre la faute de Paul. Il fit donc conduire le prisonnier dans la forteresse. Les soldats s’exécutèrent, traversant cette multitude qui réclamait la mort. Alors qu’ils arrivaient sur une hauteur, Paul demanda au tribun l’autorisation de dire quelques mots au peuple, et le tribun la lui accorda. Paul s’adressa au peuple en langue hébraïque en disant : « Frères et pères ! Ecoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense !... ». Et il leur parla de son zèle de jadis pour la Loi de Moïse. Puis il raconta comment, sur le chemin de Damas, il fut illuminé par une lumière céleste et vit le Seigneur qui l’envoya vers les païens. Mais le peuple ne voulut pas écouter plus longtemps et cria au tribun : « Ote de la terre un tel homme ! Il n’est pas digne de vivre ! » Ils poussèrent des cris, jetèrent leurs vêtements, lancèrent de la poussière en l’air et exigèrent avec fureur la mort de Paul. Le tribun fit entrer ce dernier dans la forteresse et il lui fit donner le fouet pour savoir pour quel motif le peuple criait ainsi contre lui. Pendant qu’on le fouettait, Paul s’adressa au centurion qui se tenait à ses côtés :


- Vous est-il permis de battre ainsi de verges un citoyen romain qui n’est même pas condamné ?


A ces mots, le centurion s’approcha du tribun et lui dit :


- Regarde ce que tu vas faire ! Cet homme est citoyen romain !


Le tribun s’approcha de Paul et lui dit :


- Es-tu romain ?


- Oui !


- C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de citoyenneté !


- Moi, c’est de naissance !


Sur ce, le tribun fit délier Paul. Le lendemain matin, il convoqua les principaux sacrificateurs et les anciens et fit appeler le prisonnier. Fixant le sanhédrin du regard, Paul dit :


- Frères ! C’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu !


A ces mots, le souverain sacrificateur Ananie ordonna à ceux qui se tenaient près de Paul de le frapper sur la bouche. Alors Paul lui dit :


- Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger suivant la loi et tu violes la loi en ordonnant de frapper un innocent !


Paul comprit que cette assemblée était composée en partie de pharisiens et en partie de sadducéens, c’est pourquoi il s’écria devant le sanhédrin :


- Frères ! Je suis pharisien et fils de pharisien ! C’est à cause de l’espérance dans la résurrection des morts que je suis mis en jugement !


Lorsqu’il eut dit cela, une vive discussion s’éleva entre pharisiens et sadducéens et l’assemblée se divisa. Les sadducéens disaient qu’il n’y a pas de résurrection, pas plus que d’ange ni d’esprit, alors que les pharisiens affirmaient le contraire. Une grande clameur ne tarda pas à s’élever, car les pharisiens avouaient ne trouver aucun mal en cet homme alors que les sadducéens pensaient le contraire, et ce fut la discorde. Le tribun, craignant que Paul ne fut mis en pièces, ordonna de le faire sortir et de le conduire dans la forteresse. La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit : « Prends courage ! De même que tu as témoigné de Moi à Jérusalem, il faut que tu Me rendes témoignage à Rome ! ».


Le jour suivant, certains juifs ourdirent un complot et firent voeu de s’abstenir de nourriture et de boisson jusqu’à ce qu’ils aient tué Paul. Ils étaient en tout plus de quarante hommes. Ayant eu vent de l’affaire, le tribun envoya Paul sous bonne escorte à Césarée chez le gouverneur Félix. Les principaux sacrificateurs, aussitôt avertis, se rendirent à Césarée pour calomnier Paul devant le gouverneur. Pourtant, ils ne parvinrent pas à obtenir sa mort, car aucune faute justifiant une telle sentence ne pouvait lui être imputée. Toutefois, le gouverneur garda Paul en prison pour être agréable aux juifs. Deux ans s’écoulèrent ainsi, jusqu’à ce que Félix fût remplacé par Porcius Festus. Les principaux sacrificateurs demandèrent au nouveau gouverneur d’envoyer Paul à Jérusalem, en préparant un guet-apens pour le tuer en chemin. Festus demanda à Paul s’il voulait se rendre à Jérusalem pour y être jugé et celui-ci répondit : « Je me trouve ici devant le tribunal de César où je dois être jugé. Si j’ai commis quelque crime méritant la mort, je ne refuse pas de mourir. Mais si on ne trouve pas en moi ce qui a poussé ceux de Jérusalem à me calomnier, alors personne ne pourra me livrer à eux car j’en appelle à César ». Sur ce, Festus délibéra avec le conseil puis déclara à Paul : « Tu en as appelé à César, tu iras devant César ! ».


Quelques jours plus tard, le roi Agrippa arriva à Césarée et demanda à voir Paul. Une fois devant lui et Festus, Paul parla du Seigneur Christ, et leur raconta comment il avait été amené à la foi. Comme Agrippa lui disait : « Encore un peu et tu vas faire de moi un chrétien ! », Paul rétorqua : « Qu’il s’en faille de peu ou de beaucoup, plaise à Dieu que non seulement toi, mais tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui deviennent tels que je suis moi-même, à l’exception de ces chaînes ! ». Sur ces paroles, le roi, le gouverneur et leur suite se retirèrent en se disant les uns aux autres : « Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison ! ». Agrippa dit à Festus : « Cet homme aurait pu être relâché, s’il n’en avait pas appelé à César ! ». C’est ainsi qu’on décida d’envoyer Paul à Rome devant César et qu’il fut remis avec d’autres prisonniers entre les mains du centurion Julius de la cohorte Augusta. Ils embarquèrent sur un navire et le voyage commença.


La route ne fut pas sans difficultés, à cause des vents contraires. Parvenus en vue de la Crète et d’un lieu dénommé Bons-Ports, Paul devina l’avenir et suggéra de s’arrêter là pour passer l’hiver. Mais le centurion préféra écouter l’avis du timonier et de l’armateur, et ils continuèrent leur route. De nouveau en pleine mer, une tempête très violente s’éleva. On ne vit ni le soleil ni les étoiles pendant deux semaines, au point de perdre toute idée de l’endroit où l’on se trouvait. Malmenés par les vagues, désespérés, les voyageurs ne mangeaient rien, attendant la mort. Le navire comptait en tout deux cent soixante-seize âmes. Une nuit Paul les consola : « Mes amis, il aurait fallu m’écouter et ne pas quitter la Crète ! Toutefois, je vous exhorte à ne pas perdre courage car aucun de vous ne périra. Seul le navire sera perdu. Cette nuit, un ange de Dieu m’est apparu et m’a dit : Ne crains pas, Paul, il faut que tu comparaisses devant César et voici que Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi. C’est pourquoi, mes amis, rassurez-vous ! J’ai confiance en Dieu qu’il en sera ainsi ». Puis il les exhorta à prendre un peu de nourriture et ajouta : « Ne craignez pas, car pas un cheveu de vos têtes ne sera perdu ! ». Ayant dit cela, il prit du pain, rendit grâce à Dieu et mangea. Tous, réconfortés, prirent un peu de nourriture. Comme le jour se levait, ils aperçurent la terre sans toutefois savoir de quel lieu il s’agissait. Ils dirigèrent le navire vers la côte. Parvenu près du rivage, le navire s’échoua. La proue, prise sur un récif, s’immobilisa, tandis que la poupe se brisait sous la violence des vagues. Les soldats se concertèrent pour tuer les prisonniers afin qu’aucun d’eux ne s’enfuît, mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les empêcha d’exécuter leur dessein et ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter à l’eau les premiers pour gagner la terre. Les autres quittèrent le navire à leur suite, qui sur des planches, qui sur des débris flottants. Tous atteignirent vivants la terre. Ils apprirent que l’île sur laquelle ils avaient échoué s’appelait Malte. Les barbares qui peuplaient l’île leur témoignèrent beaucoup de bienveillance. Ils firent un grand feu à cause du froid et de la pluie qui tombait, pour permettre aux naufragés de se réchauffer. Comme Paul ramassait des broussailles pour alimenter le feu, une vipère, réveillée par la chaleur, se suspendit à sa main. Quand les barbares virent le serpent suspendu à la main de Paul, ils se dirent : « Assurément, cet homme est un meurtrier puisque la justice de Dieu n’a pas voulu le laisser vivre après qu’il eût été sauvé de la mer ! » Mais Paul secoua le serpent dans le feu sans subir aucun mal. Les gens pensaient le voir enfler et mourir sous l’effet du venin. Après avoir attendu longtemps sans que rien ne se produisît, ils changèrent d’avis et pensèrent qu’ils avaient affaire avec un dieu.


Le personnage principal de l’île, un certain Publius, reçut les naufragés et s’occupa d’eux pendant trois jours. Son père, souffrant des intestins et de la fièvre, était alité. Entrant chez lui, Paul pria le Seigneur, lui imposa les mains et le guérit. Là-dessus, les autres malades de l’île accoururent et furent tous guéris par Paul. Ils séjournèrent trois mois dans l’île, puis prirent un autre navire qui les conduisit à Syracuse, et de là à Rhegium (Reggio) et à Puteoli (Pouzzoles), après quoi ils atteignirent Rome.


Apprenant l’arrivée de Paul, les frères de Rome vinrent à sa rencontre jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois-Cavernes. Paul se réjouit en les voyant, et rendit grâce à Dieu. A Rome le centurion qui accompagnait les prisonniers depuis Jérusalem les remit au stratège, qui permit à Paul d’habiter seul, sous la garde d’un seul soldat. Paul résida ainsi à Rome deux ans, recevant tous ceux qui venaient lui rendre visite et prêchant le Royaume de Dieu et tout ce qui concerne notre Seigneur Jésus-Christ, sans obstacle et avec grande audace.


Tout ce que nous avons raconté jusqu’ici de la vie et des labeurs de Saint Paul nous vient des actes des Apôtres écrits par Saint Luc. Il parle lui-même de ses souffrances ultérieures dans l’épître aux Corinthiens : « Pour les travaux, bien plus, pour les coups bien plus, pour les emprisonnements, bien plus. Souvent en danger de mort; cinq fois j’ai reçu des juifs quarante coups moins uns, trois fois j’ai été battu de verges, une fois lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme, et souvent j’ai cheminé sur les routes ». De même qu’il avait arpenté la terre et la mer dans toutes ses dimensions au cours de ses voyages, il contempla l’Auteur Divin en étant ravi jusqu’au troisième ciel. Car le Seigneur, pour consoler son Apôtre des pénibles labeurs supportés en Son Nom, lui révéla les biens célestes que l’oeil n’a point vus, et lui fit entendre des paroles ineffables qu’il n’appartient pas à l’homme de rapporter.


Eusèbe de Pamphylie, évêque de Césarée de Palestine, a copié les actes de l’Eglise. Il nous a laissé le récit des derniers exploits du Saint Apôtre Paul. Il raconte qu’après avoir été incarcéré deux ans à Rome, il fut finalement déclaré innocent et libéré. Par la suite, il prêcha la Parole de Dieu tant à Rome que dans d’autres régions d’occident.


Saint Siméon Métaphraste rapporte qu’après son emprisonnement, Saint Paul resta encore quelques années à Rome pour y prêcher le Christ, puis quitta la capitale pour entreprendre des voyages en Gaule, en Espagne et en Italie, éclairant de la lumière de la foi les nombreux païens qu’il tirait du leurre des idoles. Alors qu’il était en Espagne, une femme noble et riche qui avait entendu parler de la prédication des Apôtres voulut le voir, et exhorta son mari Probus à inviter le saint chez eux. Alors que Saint Paul entrait dans leur demeure, cette femme, dénommée Xanthippe, vit sur le front de l’Apôtre cette inscription en lettres d’or : Paul, Apôtre du Christ. Ayant vu ce que personne d’autre ne put voir, elle se jeta avec crainte aux pieds de l’Apôtre, confessa le Christ comme seul vrai Dieu, et demanda le baptême. Elle le reçut donc, suivie de son mari Probus, de toute leur maison, du gouverneur de la ville, et de nombreuses autres personnes.


Après avoir visité ces pays occidentaux et les avoir éclairés de la lumière de la sainte Foi, Paul revint à Rome d’où il écrivit une lettre à son disciple Timothée en disant : « Je sers déjà de libation et le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais m’est réservée la couronne de justice que le Seigneur me donnera ce jour-là ! ».


Le supplice du Saint Apôtre est décrit de manières différentes par les divers auteurs ecclésiastiques. Nicéphore Kalliste dans son livre d’histoire écclésiastique, ch.56, écrit que Saint Paul souffrit la même année et le même jour que le Saint Apôtre Pierre en aidant ce dernier à vaincre le mage Simon. Saint Siméon Métaphraste rapporte, quant à lui, que Saint Paul souffrit plusieurs années après la mort de Simon le mage, pour avoir converti deux concubines de Néron à une vie pure. D’autres auteurs disent bien que les deux Apôtres souffrirent le même jour, un 29 juin, mais à un an d’intervalle, Paul l’année qui suivit celle où Pierre fut crucifié. On raconte aussi que Paul fut mis à mort pour avoir exhorté les femmes et les vierges à mener une vie chaste et pure.


Quoi qu’il en soit, comme Saint Paul et Saint Pierre vécurent plusieurs années ensemble à Rome et en occident, il est tout à fait possible que Paul soit venu aider Pierre à Rome dans son combat contre le mage Simon au cours de son premier séjour à Rome, puis, au cours d’un second séjour, l’ait de nouveau aidé dans son oeuvre de salut en enseignant aux hommes ainsi qu’aux femmes à mener une vie chaste et pure. Ces exhortations rendirent furieux l’empereur Néron, homme impie et mauvais, si bien qu’il fit rechercher les deux Apôtres pour les mettre à mort. Pierre, en tant qu’étranger, fut crucifié, et Paul, en tant que citoyen romain, fut condamné à avoir la tête tranchée, car il ne convenait pas qu’il mourût de manière honteuse. On ne sait pas s’ils moururent la même année, mais en tout cas, leurs morts eurent lieu toutes les deux un vingt-neuf juin.


Quand la sainte tête de Paul fut tranchée, il en coula du sang et du lait. Les fidèles prirent son saint corps pour le déposer au même endroit que celui de Saint Pierre. C’est ainsi que mourut le vase élu du Christ, le maître des païens, le prédicateur universel, le visionnaire des hauteurs célestes et des biens du Paradis, offrant aux anges et aux hommes un spectacle étonnant. Grand ascète et grand-souffrant, Paul porta dans son corps les marques de son Seigneur, lui le prince des Apôtres, et fut de nouveau placé, cette fois-ci sans son corps, au troisième ciel, pour y être présenté à la Lumière Trinitaire avec son collaborateur et ami, cet autre prince des Apôtres, le Saint Apôtre Pierre. Ils quittèrent ainsi l’Eglise qui crie vers Dieu pour l’Eglise victorieuse, et fêtèrent dans les acclamations et la joie du témoignage et de la glorification, le Père, le Fils et le Saint Esprit, Dieu Un dans la Trinité, auquel il convient que nous pécheurs, nous offrions honneur, gloire, adoration et gratitude, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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