vendredi 10 avril 2009

LA CONSCIENCE



(Saint Ignace Evêque du Caucase et de la Mer Noire)

La conscience est un sentiment de l’esprit, humain, subtil, lucide, qui distingue le bien du mal.
Ce sentiment distingue plus clairement le bien du mal que ne le fait l’intellect. Il est plus difficile de séduire l’intellect que la conscience. La conscience lutte longtemps avec l’intellect, car il est séduit et dominé par la volonté qui aime le péché.
La conscience est une loi naturelle (Saint Abba Dorothé, ens.3 sur la conscience).
Avant la loi écrite, la conscience guidait l’homme. L’humanité déchue, progressivement, a fait sienne l’injuste façon de penser à Dieu, au bien et au mal ; la fausse intelligence communiqua son irrégularité à la conscience. La loi écrite devint une nécessité absolue pour être guidé vers la vraie connaissance de Dieu et une activité qui Lui soit agréable.
L’enseignement du Christ, scellé par le saint baptême, guérit la conscience de la malignité par laquelle le péché l’a contaminée (Hebr.10/22) ; la juste action de la conscience qui nous a été rendue, est soutenue, élevée, lorsqu’on suit le Christ.
Un état sain et une action juste de la conscience ne sont possibles que dans le sein de l’Eglise parce que toute pensée injuste (ou fausse) acceptée, a une influence sur la conscience : elle détourne d’une action juste.
Les péchés volontaires enténèbrent, affaiblissent, étouffent, assoupissent la conscience. Tout péché qui n’a pas été purifié par le repentir, laisse une impression qui nuit à la conscience.
Une vie de péché constante et volontaire, met comme à mort la conscience mais il n’est pas possible de la détruire complètement. Elle accompagnera l’homme jusqu’au terrible tribunal du Christ : là elle dénoncera celui qui lui a désobéi.
Selon le commentaire des Saints Pères, « L’adversaire » de l’homme, mentionné dans l’Evangile, c’est la conscience (Matt.5/25). C’est exact, elle est l’adversaire ! Parce qu’elle résiste à toute action contraire à la loi.
Pendant ta vie terrestre, garde la paix avec cet adversaire sur ton chemin vers le ciel, afin qu’il ne devienne pas ton accusateur au moment où ton destin se décidera.
L’Ecriture dit : »Le témoin véridique délivre des âmes » (Prov.14/25) Un témoin véridique, c’est une conscience sans tâche : elle délivrera l’âme qui écoute ses conseils, des péchés avant la mort et des souffrances éternelles après la mort.
Ainsi que la lame du couteau est aiguisée par une pierre, de même notre conscience est aiguisée par le Christ ; elle s’instruit, elle est éclairée par l’enseignement et elle s’exerce par l’accomplissement des commandements évangéliques.
La conscience, éclairée et exercée par l’Evangile, montre à l’homme ses péchés, clairement et en détail, même les plus petits.
Ne fais pas violence à ton adversaire, ta conscience ! sinon tu seras privé de la liberté spirituelle, le péché t’emprisonnera et te liera. Le Prophète s’afflige au nom de Dieu, pour ceux qui ont piétiné la conscience, se sont attaqués à eux-mêmes. « Ephraïm est opprimé, brisé par le jugement, car il a suivi les préceptes qui lui plaisaient » (Osée.5 /11).
Le tranchant de la conscience est très tendre ; il faut le préserver. Il est préservé lorsque l’homme accomplit toutes les exigences de la conscience et lave, par les larmes du repentir, toute transgression d’une exigence quelconque, par faiblesse ou ayant été entraîné ou séduit.
Ne pense d’aucun péché qu’il a peu d’importance : tout péché est une transgression de la loi de Dieu, une action contraire à la volonté de Dieu - le mépris de la conscience.
D’une vétille de transgressions, à première vue insignifiantes, nous passons progressivement à de très grands péchés.
« Qu’est-ce-que ça veut dire cela ? Est-ce-que c’est un péché qui a de la valeur ? Qu’est-ce-qu’un péché ? Mais ce n’est pas un péché ? »
ainsi raisonne celui qui néglige son salut lorsqu’il goûte à la nourriture du péché, interdite par la loi de Dieu. Se basant sur un jugement aussi peu fondé, il méprise constamment sa conscience.
Son tranchant s’émousse, sa lumière s’affaiblit, dans l ‘âme se répandent les ténèbres et le froid de la négligence et de l’insensibilité. L’insensibilité devient à la fin un état habituel dans l’âme. Souvent elle en est satisfaite ; souvent elle le reconnaît comme un état agréable à Dieu - comme la tranquillité de la conscience -, tandis qu’il est la perte du sentiment d’une vie spirituelle dans la grâce, l’endormissement et l’aveuglement de la conscience.(St Jean Climaque.ch.18)
Lors d’un tel état, lors du terrible enténèbrement et de l’insensibilité, divers péchés entrent librement dans l’âme, ils y installent une tanière pour eux. S’étant endurcis dans l’âme, les péchés deviennent des habitudes aussi fortes que la nature et, parfois, plus fortes qu’elle. Les habitudes des péchés s’appellent les passions. L’homme ne s’en aperçoit pas, mais imperceptiblement, il devient enchaîné de partout par le péché, il en est captif, il est dans l’esclavage.
Celui qui méprise constamment les rappels de la conscience, qui s’est permis de tomber dans l’esclavage du péché, celui-là, uniquement avec l’aide particulière de Dieu, pourra briser les chaînes de cet esclavage et vaincre les passions qui se sont transformées en des propriétés naturelles.
Bien-aimé frère ! Garde ta conscience avec le plus d’attention possible et de soins. Garde ta conscience à l’égard de Dieu : accomplis tous les commandements de Dieu, tant ceux qui sont visibles pour tous, que ceux qui sont visibles pour personne, visibles et connus uniquement par Dieu et ta conscience.
Garde ta conscience à l’égard du prochain, ne te contente pas uniquement d’une bonne apparence de ton comportement avec le prochain ; cherche de ton côté que ta conscience elle-même soit satisfaite de ton comportement. Elle sera satisfaite lorsque non seulement tes actions, mais aussi ton cœur, auront le comportement commandé par l’Evangile.
Garde ta conscience à l’égard des objets évitant le superflu, le luxe, la négligence, et souviens toi que tous les objets que tu utilises sont des créations de Dieu, des dons de Dieu à l’homme.
Garde ta conscience à l’égard de toi-même. N’oublies pas que tu es l’image et la ressemblance de Dieu, que tu as l’obligation de présenter cette image, dans la pureté et la sainteté, à Dieu Lui-Même.
Malheur, malheur, si le Seigneur ne reconnaît pas Son image, s’Il n’y trouve aucune ressemblance avec Lui-Même. Il prononcera une sévère condamnation : « Je ne vous connais pas » (Matt.25/12). L’image indécente sera jetée dans le feu inextinguible de la géhenne.
Une joie infinie remplira l’âme si le Seigneur, l’ayant regardé, y reconnaît la ressemblance avec Lui-Même, voyant en elle la beauté que par Son infinie bonté, Il lui a attribuée lors de la création, la renouvelant et l’augmentant lors de la Rédemption, beauté que l’âme a acquise en accomplissant les commandements évangéliques, et en s’éloignant de tout péché. Amen

1 commentaire:

Perceval a dit…

La conscience est-elle un mouvement de l'âme..?
Mais avant: je cherche à bien comprendre dans la tradition chrétienne, ce que représentent: l'âme et l'esprit... Je les placerais au départ dans une définition de l'homme: corps(sauma) +âme( psyché) +esprit( pneuma)... Quel est le lien entre l'âme et l'esprit.?
Merci...