Le Starets Joseph d’Optino
L’Esprit Saint qui vit et agit dans l’Eglise Orthodoxe s’est visiblement déposé sur le staretz et moine du Grand Schème Joseph, continuateur des traditions des ascètes russes du siècle passé, les moines du Grand Schème Lev (Léonide), Macaire et Ambroise d’Optino.
On appelle staretz un chrétien orthodoxe, le plus souvent moine et revêtu de la dignité de prêtre, qui a reçu de Dieu le charisme de conduire les gens vers le salut.
D’habitude le staretz possède:
le don de la prière
le don de discernement des esprits ou de la reconnaissance des pensées (logismos), pour voir s’ils viennent de Dieu et des saints anges, ou des esprits méchants
le don de prophétiser ou de clairvoyance, qui permet de prévoir l’état spirituel de celui qui s’adresse à lui, et les conséquences futures de tel ou tel de ses actes ou œuvres
4) le don d’enseignement ou de la parole, qui permet de faire parvenir jusqu’à la conscience ce que la personne a besoin d’entendre pour son salut
5) le don de guérison des maux spirituels et corporels.
Ces dons ne sont donnés qu’à ceux qui suivent la voie du repentir, en priant Dieu avec des larmes sur leurs péchés, de leur accorder le don d’accomplir Sa volonté; et qui mènent un combat incessant avec les passions et les esprits terrestres du mal.
Le staretz qui suit la voie spirituelle reçoit, par la grâce de Dieu, le charisme d’instruire ceux qui viennent à lui avec une telle puissance (ou: force) de l’Esprit, que devant elles la sagesse de ce monde n’est rien. Vers un tel staretz se précipitaient des gens de tous les coins de la Russie, de tous âges et de toutes conditions, pour connaître la volonté de Dieu les concernant, des gens qui voulaient être guidés et instruits, recevoir une bénédiction pour leurs œuvres et les décisions qu’ils avaient à prendre dans leur vie, un soutien dans les tentations et une consolation dans leurs peines, qui cherchaient le sens de la vie et des réponses aux questions qui les troublaient et qui ne pouvaient pas être résolues par la sagesse humaine.
Le moine du Grand Schème Joseph avait rencontré dans l’Ermitage: Dostoievsky, Constantin Leontiev, Lev Tolstoï.
Lev Tolstoï rendait visite au staretz Joseph et en 1910 il chercha à le rencontrer; poussé par son désir de repentir avant sa mort, c’est précisément lui qu’il avait convoqué par télégramme à partir de la station d’Astapovo.
Le grand staretz Ambroise avait prévu la grandeur spirituelle de son fidèle disciple, qui priait avec lui et qui, pendant trente ans, grandissait sous sa direction. Il disait: “ Voilà, je vous donne à boire du vin avec de l’eau, mais Père Joseph vous donnera à boire du vin pur ”.
Le moine du Grand Schème Joseph est un de ceux qui donnèrent leur vie et “ leur âme pour leurs amis ” (Jean 15, 13), qui ont pris sur eux les faiblesses et les charges de milliers de gens, les dirigeant sur la voie du Royaume de Dieu, et par les exploits ascétiques et par les prières desquels existaient le Monastère d’Optino Poustine, le Monastère dédiée à la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan à Chamordino fondé par le starets Ambroise; c’est par eux que, jusqu’à présent, existe le monde.
Le moine du Grand Schème Joseph, dans le monde Jean Evfimovitch Litovkine, est né le 2 novembre 1837 dans le village de Goroditché du district de Starobelsky dans le gouvernement de Kharkov’. Ses parents, Evfim Emilianovitch et Marie Vassilievna, étant des gens simples et pieux, étaient très charitables. Son père, maire du village, sa mère, issue du milieu ecclésiastique, allaient souvent prier à l’église, lisaient des livres spirituels, surtout la vie des saints. Il nommèrent leur deuxième fils Jean, en mémoire de Saint Jean le Miséricordieux. Aimant véritablement leurs enfants, ils ne se préoccupaient pas tant de leur donner les richesses du monde, que le trésor céleste, et c’est pourquoi ils les élevaient dans la crainte de Dieu, dans la piété et l’obéissance. La mère conduisait les enfants à l’église et les habituait à prier avec elle à la maison.
“Je me souviens comme ma mère me réveillait, parfois, pour aller aux Matines et à la Liturgie, et moi, je n’avais pas envie de me lever si tôt. Mais après, à l’église et toute la journée suivante, j’étais si bien et mon âme si joyeuse. ”
Le père mourut soudainement, lorsque le garçon avait quatre ans. A huit ans, Jean, jouant avec ses camarades, changea tout à coup de visage et tomba. Revenu à lui, il raconta avoir vu dans les airs la Reine des Cieux. “ Pourquoi penses-tu avoir vu la Reine? “ lui demanda-t-on. “ Parce qu’Elle avait une couronne avec une croix ”, répondit-il. Après cette vision, l’enfant devint réfléchi, évita les jeux, dans son cœur s’allumèrent une foi fervente et un amour pour la Mère de Dieu. Lorsqu’un incendie eut lieu, Jean tendit ses bras vers l’église de la Protection de la Toute Sainte Mère de Dieu et s’écria: “ Reine des Cieux ! Laisse nous notre petite maison, elle est toute neuve !”. La prière de l’enfant fut entendue; la maison des Litovkine resta intacte, tout l’alentour brûla.
En 1847, la mère conduisit sa fille Alexandra au monastère dédié à Saint Boris et à la Mère de Dieu de Tikhvine et l’y laissa, la confiant à la Reine des Cieux. Un an plus tard, le choléra se propagea au village et Jean perdit sa mère. Devenu orphelin, il subit l’épreuve du froid et de la faim, travailla pour divers maîtres. La prière, seul héritage laissé par ses parents pieux, fut sa fidèle compagne et l’église de Dieu, son seul lieu de consolation.
Enfin, Jean Evfimovitch échoua chez un riche commerçant nommé Rafaïloff à Taganrog. A cette époque, sa sœur, la moniale Léonida, envoya à son frère une lettre dans laquelle elle lui conseillait de prononcer ses vœux monastiques et d’entrer à l’Ermitage du monastère d’Optino, qui était célèbre par ses startzy expérimentés dans la vie spirituelle. A partir de ce moment, en lui s’éleva le désir de partir dans un monastère. “ C’est toujours ainsi ”, disait-il par la suite, dès que quelqu’un pense prendre le chemin du salut, apparaissent des obstacles et des tentations. ”. Le commerçant aimait son ouvrier pour sa piété et son humilité et il décida de lui donner sa fille en mariage. Lorsque Jean se disposa à aller en pèlerinage à Kiev, le marchand essaya de le persuader de rester et lui dévoila son désir, mais Jean, prisonnier de l’amour du Christ, réitéra, sans hésitation, sa demande de le laisser partir en paix.
Pendant son voyage, Jean rendit visite à sa sœur. La moniale Léonida exerçait son exploit ascétique de prière sous la direction de la moniale du Grand Schème Alipia, disciple des startzy Léonide et Macaire d’Optino. Déjà en 1860, la mère Léonida avait confié au staretz Macaire son souhait de voir son frère devenir moine et elle reçut cette réponse : “ Ne sois pas triste, il sera moine ”. Ayant vu l’adolescent, la moniale du Grand Schème Alipia lui dit “ Abandonne ton idée d’aller à Kiev et va à Optino chez les startzy. Le lendemain Jean se mit en route, mais non pas pour aller là où son cœur l’attirait, mais vers le lieu que l’obéissance lui indiquait. Arrivé à Belev, il entra dans le monastère situé là et les moniales qui se rendaient au monastère d’Optino le prirent avec elles.
Arrivées à Optino, les moniales allèrent chez le Père Ambroise et lui dirent : “ Batiouchka (Père), nous avons amené avec nous le frère Jean ”. Le staretz clairvoyant les regarda attentivement et dit : “ Ce frère Jean sera utile et pour nous et pour vous ”.
Le “ frère Jean ” se présenta avec crainte devant le staretz, lui raconta sa vie et lui demanda la bénédiction d’aller à Kiev, mais il entendit en réponse : “ Qu’as-tu besoin d’aller à Kiev? Reste ici. ” Jean accepta ces paroles comme la manifestation de la volonté de Dieu et dit : ”Bénissez! ” et pour toujours il se remit entre les mains du staretz Ambroise. Cela se passa le 1er Mars 1861, alors que le recteur d’alors était l’archimandrite Moïse. Dans l’Ermitage, Jean fut nommé aide du cuisinier; Pour le guider dans la vie monastique, il reçut le livre des enseignements du Saint Abbé Dorothée. Le jour précédent le début du carême des Saints Apôtres Pierre et Paul, le supérieur de l’Ermitage, Paphnos, demanda: “ Frère Jean, veux-tu aller chez le starets? ” Je fus déconcerté, racontait par la suite père Joseph, et au lieu de dire “ Bénissez ”, je dis: “ Je le veux ”. Le lendemain, il déménagea dans la maisonnette du staretz Ambroise et y vécut exactement 50 ans. A partir de ce moment, il fut l’inséparable servant (syncelle) du staretz et son aide, l’aimant sans limites et dévoué; chaque parole du staretz étant pour lui une loi.
Le servant principal était un homme sévère et dur et le novice passa par une école de patience dans sa pleine mesure. Cela lui servit à acquérir le don spirituel de l’humilité et de se faire des reproches à lui-même, traits distinctifs, par la suite, du staretz Joseph. Le hiéromoine Clément Zedergolme, fils d’un pasteur protestant allemand, qui fut reçu dans l’Orthodoxie à l’Hermitage d’Optino, disait: “ Père Joseph est le seul homme contre lequel je ne peux pas, je ne sais pas me fâcher“ .
En 1864, le servant prononça ses premiers vœux (promesses) et reçut le nom de Joseph, en l’honneur de Saint Joseph Pesnopissets (qui signifie: celui qui compose des chants). Le 9 décembre 1877, le moine Joseph fut ordonné hiérodiacre par l’evêque de Kalouga, Grégoire. Peu de temps après, le père Joseph tomba gravement malade et faillit mourir, mais le Seigneur le guérit par les prières du staretz Ambroise. Extérieurement la vie du Père Joseph ne changea pas, il dormait comme auparavant, dans la pièce de réception qui était occupée jusqu’à 11 heures du soir. Il pouvait s’allonger seulement vers minuit et, s’il était l’officiant de service à l’Ermitage, il devait y aller à 1 heure du matin pour les Matines.
En 1884, le 1er octobre, eut lieu l’inauguration solennelle du monastère dédié à l’icône de la Mère de Dieu de Kazan à Chamordino, fondé par le staretz Ambroise à 12 verstes d’Optino Poustyne.Pendant la Divine Liturgie, l’évêque de Kalouga, Vladimir, fit Père Joseph hiéromoine. A partir de ce moment, il célébra les Vigiles dans la cellule du staretz qui, en raison de son état de santé, ne pouvait pas aller à l’église, et il lui apportait les Saints Dons. Devenu le principal servant, le Père Joseph considérait comme son devoir de ménager le staretz. Il aimait l’ordre et la ponctualité (l’exactitude, la précision). Ayant écouté attentivement le visiteur, il ne disait rien de lui-même, mais s’inclinait et disait
“ je demanderai ”, ou “ je transmettrai au staretz ” et rapportait la réponse mot pour mot.
En dépit d’une obédience aussi pleine de soucis, le Père Joseph lisait beaucoup d’œuvres des Saints Pères, maîtres du monachisme. Il préférait les livres en slavon et lorsqu’on lui parlait de la difficulté de les comprendre, il répondait : “ Ce qui est difficile à acquérir, c’est cela qui est utile ”. Au sujet des nouveaux écrits, il disait qu’ils nourrissent l’intellect, “ mais le cœur reste vide , glacé ”.
Le moine du Grand Schème Ambroise prévoyait en son disciple son successeur et le préparait à devenir staretz. Dans les dernières années de sa vie, il bénissait les gens pour qu’ils confient leurs besoins spirituels au Père Joseph, qui avait hérité du charisme de son maître. Cela se manifestait d’une façon évidente dans les réponses données par Père Joseph, qui correspondaient toujours à celles données par le staretz à la même question.
L’ascète mangeait très peu et, à la question : “ Est-ce difficile d’atteindre un tel niveau d’abstinence? ”, il répondait: “ Si l’homme ne fait pas d’efforts, alors son ventre dira toujours: j’ai faim ”. Avec la communauté, il était toujours égal à lui-même, ne se liait pas et ne rendait visite à personne. Il ne se différenciait en rien des autres, faisait son travail avec modestie, observant le silence intérieur, tandis que dans son cœur rayonnait la douce lumière de la prière.Son amour pour le staretz Ambroise était doux et respectueux, mais il était prêt à donner sa vie pour lui.
En février 1888, le père Joseph tomba gravement malade et fut transporté à l’hôpital du monastère. Le 14 février, il reçut le Grand Schème. Un novice racontait: “ Un jour, je suis entré dans la salle et j’ai entendu quelqu’un dire derrière le paravent: “ Supporte encore un peu, mon élu (aimé), cela ne sera plus long ”. Croyant qu’il y avait quelqu’un, j’ai regardé derrière le paravent et fus saisi - il n’y avait personne; le père Joseph était étendu, les yeux fermés. ”Par la suite, le staretz Ambroise disait que, pendant sa maladie, le père Joseph avait été honoré de voir la Mère de Dieu. Après la guérison du père Joseph, l’archimandrite Isaac nomma officiellement le moine du Grand Schème Joseph comme aide du starets. Chaque été, le staretz Ambroise partait à Chamordino et le père Joseph était invariablement son compagnon. En juin 1890, le staretz ordonna au père Joseph d’emménager dans sa cellule et lui dit: “ Cette fois-ci, je ne te prends pas avec moi, tu dois rester ici, ici est ta place”. Ceci arrivait pour la première fois depuis 30 ans. En partant, le staretz, confiant son disciple et héritier, et avec lui, toute la communauté à la Mère de Dieu, demanda au père Joseph de placer Son icône à la tête du lit et de placer devant elle une veilleuse qu’il tiendrait allumée jour et nuit. Le staretz partit pour ne plus revenir. Le père Joseph allait le voir chaque mois. Le recteur archimandrite Isaac choisit père Joseph comme père spirituel.
En septembre 1891, lorsque le staretz Ambroise tomba malade, le père Joseph entendit, alors qu’il était éveillé et à trois reprises, ces paroles: “ Le staretz va mourir ”. Le 8 octobre le malade était au plus mal et on alla chercher le père Joseph. Le lendemain matin, il donna pour la dernière fois au staretz la Sainte Communion. Voyant que celui-ci était en train de mourir, père Joseph se dépêcha d’aller à la skyte afin de rapporter les vêtements préparés d’avance pour l’ensevelissement: la mantia avec laquelle le novice Alexandre Grenkov avait été revêtu lors de sa prise d’habit et avait reçu le nom d’Ambroise et la chemise de toile du staretz Macaire, accompagnée de l’inscription manuscrite du père Ambroise: “ A ma mort, m’en revêtir irrévocablement ”.
Le 10 octobre à 11 heures 30, le moine du Grand Schème Ambroise remit son âme au Seigneur…Il fut enterré le 15 octobre à côté des tombes des grands startzy Lev (Léonide) et Macaire, devant l’autel de la Présentation au Temple de la Mère de Dieu, dans la cathédrale Nicolsky.
Petit à petit, les membres de la communauté du monastère d’Optino commencèrent à s’adresser au moine du Grand Schème Joseph pour leurs besoins spirituels. S’occuper du monastère de Chamordino était un grand fardeau sur les épaules du staretz Joseph. Inachevé, ne sachant quel avenir lui était réservé, le monastère traversait des moments difficiles. A cause de lui, le staretz eut beaucoup d’afflictions, mais il surmonta tout par la patience et, avec l’aide de Dieu, réussit à maintenir des relations sincères et bonnes avec tous ceux qui lui avaient manifesté de l’inimitié. Il ne disait jamais de mal de personne et tout le monde finit par reconnaître ses exceptionnelles qualités spirituelles . Le staretz Joseph expliquait, qu’après la mort du staretz Ambroise, il avait ressenti pour le monastère de Chamordino un sentiment de compassion tout à fait inattendu. Les sœurs, avec à leur tête l’higoumènia Eufrosynia, commencèrent à demander conseil au père Joseph pour tout ce qu’elles avaient à entreprendre; dans le monastère, et comme par le passé, rien ne se faisait sans la volonté et la bénédiction du staretz.
Le staretz Joseph était sévère vis-à-vis de lui-même; il ne refusait jamais de célébrer. “ Nous vivons de cela, comment le refuser ?” Il n’omettait jamais la règle de prière dans sa cellule. Lorsque certains s’affligeaient de voir le staretz à bout de forces à cause de tout ce qu’il avait à faire, il citait l’exemple de Saint Théodore le Studite qui, emprisonné, réconfortait les clercs et continuait, malgré les souffrances de ses plaies, à dispenser son enseignement à ses enfants.
Il ne restait jamais inactif , ne cherchait les bonnes grâces de personne, ne donnait de préférence à personne. S’il recevait une grosse somme d’argent pour commémorer quelqu’un, ou si une femme du village apportait en cadeau un essuie-main, ses paroles de remerciement étaient toujours les mêmes: “ Que Dieu vous sauve ”, il donnait une prosphore, un petit livret d’enseignement spirituel, une petite icône en bénédiction, et une chaleureuse parole paternelle comme souhait de bon retour. Ses proches parents avaient le même accueil dans la salle de réception que les autres invités. Il n’invitait personne chez lui et ne refusait de voir personne. Accueillant tout le monde, le père Joseph répondait aux questions posées, mais ne parlait jamais le premier. Il disait: “ Celui auquel on pose des questions, ne doit pas parler de lui-même, mais uniquement répondre à celui qui le demande ”. Les brèves réponses et les enseignements du staretz étaient plus efficaces que de longues conversations. De lui émanait toujours un calme céleste. Les arguments d’amour-propre et d’autosatisfaction se brisaient contre cette unique parole: “ Que faire, il faut supporter! ”.
Les enseignements du père Joseph, héritier de l’expérience spirituelle du moine du Grand Schème Ambroise se différenciaient des enseignements de son maître dans la façon de les exprimer. Le staretz Ambroise était un homme instruit, il avait un caractère généreux et de ses paroles coulait une grâce particulièrement puissante. Elles attiraient par la luminosité de la pensée, le pittoresque, la vivacité et une gaieté “ intelligente ”, derrière laquelle se cachaient une profonde sagesse “ spirituelle ” et une connaissance de la vie. Le staretz Joseph était la concentration même, son discours était discret et empli uniquement des enseignements des Saints Pères. Le staretz Ambroise disait: “ Le père Joseph me sera supérieur ”, sous-entendant, vraisemblablement, son humilité.
En plus de l’ influence mystérieuse qu’il exerçait sur les âmes par sa parole remplie de la grâce de l’Esprit, le père Joseph avait reçu de Dieu le don de guérir les passions et les maladies corporelles ainsi que le charisme de la clairvoyance. Grande était la puissance des prières du staretz Joseph et ceux qui se remettaient avec foi à ses conseils passaient avec bonheur leur chemin terrestre.
En janvier 1894, le supérieur de l’ermitage remit son âme à Dieu ainsi que le père spirituel des moines, le moine du Grand Habit Anatole. Selon le désir des frères, le moine du Grand Schème Joseph fut confirmé Supérieur de l’Ermitage et père spirituel. Le staretz ne se démit jamais des préoccupations liées à sa fonction de Supérieur, il s’intéressait à tout, n’oubliant pas qu’il aurait à rendre compte à Dieu de l’œuvre qui lui avait été confiée.
Dans les affaires économiques, il faisait preuve de sens pratique et de prudence, il n’aimait pas les excès. Il ne changeait rien, sauf en cas de nécessité absolue, de ce qui avait été instauré par les précédents startzy et ses prédécesseurs à la tête de l’Ermitage. Vis-à-vis des frères, il se montrait ferme, sévère et exigeant. Il enseignait l’humilité, la patience, l’obéissance sans hypocrisie et de manière générale ce que doit être la vie monastique. Il savait apaiser, réconforter et conduire toutes les âmes vers l’obéissance, exigeant que la bénédiction soit demandée pour toute chose.
Parallèlement à ce mode de vie ascétique et son amour pour la simplicité et la discrétion, le staretz Joseph estimait beaucoup la science et l’activité publique.Tout se qui touchait le domaine public et la vie de l’église l’intéressait. Ayant de nombreuses relations dans ces milieux, il les exhortait à ne jamais fuir leurs devoirs. Il considérait que d’avoir autour de soi des gens actifs et bons était aussi indispensable que d’avoir de bons moines. Un novice de l’Ermitage entra à l’Académie Ecclesiastique et quelqu’un en exprima le regret: “ Il est plus difficile d’être un bon moine! “
“Non, répondit le starets, être un bon évêque est encore plus difficile et de tels évêques en ce moment sont nécessaires, - la vie passée dans l’Ermitage n’a pas été vaine, elle lui sera utile ”.
Le staretz Joseph rassemblait les lettres de son maître et les faisait éditer dans le journal intitulé: ”Lecture utile à l’âme ”. Dans le numéro de janvier 1898, ainsi que dans un tirage à part, avait été publié un extrait de la lettre du staretz Joseph à la rédaction du journal, sous le titre “ Gogol’, Kiriéevskii, Dostoievsky et Léontiev et les startzy du monastère d’Optino Poustine ”.
Dans le même journal, numéro du mois d’octobre 1901, dans l’article paru sous le titre “ Les chrétiens orthodoxes peuvent-ils prier pour les chrétiens non-orthodoxes? ”, avait été publiée la réponse du moine du Grand Schème Joseph à une lettre venant de l’étranger, écrite par une femme orthodoxe russe mariée à un protestant. Dans cette réponse est exposé l’enseignement orthodoxe concernant la prière pour les hétérodoxes, tant de l’Eglise qu’en privé.
Pendant douze ans, le moine du Grand Schème Joseph, qui avait pris sur lui l’exploit ascétique de la prière pour le monde entier, nourrissait son cœur par la prière incessante et confessait les moines et le supérieur de l’Ermitage. Arriva l’année 1905, riche en évènements tragiques. Le staretz fut souvent malade et il s’affaiblissait. A la suite de la maladie qu’il eut à surmonter en mai, il fut obligé de demander sa démission en tant que Supérieur de l’Ermitage et par la suite de ses fonctions de confesseur. Le moine du Grand Schème Joseph n’abandonna ni son ascèse et ni son rôle de staretz jusqu'à la fin de sa vie. L’archiprêtre Paul Levachev, qui eut la grâce de voir le staretz Joseph éclairé par la lumière du Thabor, certifie: ” J’ai visité le monastère d’Optino Poustyne pour la première fois en 1907. J’ai vu un vieillard d’âge avancé, fatigué par une ascèse incessante, le jeûne et qui avait du mal à se lever de sa couche. A cette époque, il était malade. Nous nous sommes salués. Quelques secondes plus tard, j’ai vu autour de sa tête une lumière extraordinaire à 1m50 du sol et un large rayon de lumière qui tombait sur lui d’en haut, comme si le plafond était ouvert. Le rayon venait du ciel et il était semblable à la lumière qui entourait sa tête; le visage du staretz était éclairé de la Grâce Divine et il souriait. Je ne pouvais détacher mon regard d’une vision aussi extraordinaire et j’ai dit au revoir au père au moins dix fois, continuant à regarder ce visage illuminé par la Grâce, rayonnant d‘un sourire angélique et de cette lumière d‘un autre monde. La lumière que je voyais au-dessus du staretz ne ressemblait à aucune lumière terrestre, comme celle du soleil, de la lune, du phosphore, de la lumière électrique,etc..autrement dit, dans la nature, je n‘ai rien vu de semblable. Je m‘explique cette vision par le fait que le staretz était plongé dans une profonde prière et que la Grâce de Dieu a du descendre sur son Elu…Je transmets tout ce qui précède, comme étant la vérité absolue; il n‘y a pas l‘ombre d’une exagération ou d‘invention, ce que je certifie par le Nom de Dieu et par ma conscience de prêtre“ .
En février 1911, la Supérieure du monastère de Chamordino, l’higouménia Catherine, remit son âme à Dieu. Les soucis du staretz augmentèrent et cela se répercuta sur sa santé; le 11 avril, son état empira. Le 20 avril, l’icône miraculeuse de la Toute Sainte Mère de Dieu dite “ Du Signe ” (Znamenie), qui était à l’ermitage, fut apportée dans la cellule du staretz et un office d’actions de grâce fut célébré. Du monastère furent apportées l’icône de la Toute Sainte Mère de Dieu de “ Kazan ” et la soutane de Saint Séraphin de Sarov. Deux jours plus tard, le staretz manifesta le désir de faire ses adieux aux moines de l’Ermitage, et, à leur suite, vinrent les moines du monastère, les moniales de Chamordino, de Belev, et les laïcs qui étaient ses enfants spirituels. Lorsque les moniales,en pleurs, demandèrent à celui qui s’éteignait devant leurs yeux à qui il les confiait, il répondit: ” A Dieu ”; Jusqu’à sa mort, le staretz resta tout à fait conscient.
Le 9 mai au soir, le visage de celui qui s’éteignait peu à peu s’éclaira d’une lumière d’un autre monde, une paix et une profonde sérénité s’y gravèrent, ses lèvres continuant à prier. A 22h45, le staretz remit son âme à Dieu. Cette nuit-là, plusieurs moines le virent en rêve, le visage éclairé et joyeux. Les jours suivants, il apparut à plusieurs personnes et à la question: ” Comment, père, est-ce possible, puisque vous êtes mort, ”, il répondit: ” Non, je ne suis pas mort, au contraire, à présent je suis tout à fait en bonne santé ”.
Le 12 mai furent solennellement célébrés les obsèques du staretz et moine du Grand Schème Joseph et son cercueil déposé au pied de celui du staretz Ambroise; au dessus de leur tombe fut élevée une croix devant laquelle brûlait une veilleuse à la flamme perpétuelle.
Depuis, par l’intercession du staretz et moine du Grand Schème Joseph, qui avait trouvé grâce auprès de Dieu, et qui était vénéré comme un saint, eurent lieu une multitude de miracles et de guérisons.
EXTRAITS DES INSTRUCTIONS DU STARETZ JOSEPH
En enseignant la patience, l’humilité et l’absence de méchanceté, le staretz Joseph donnait le premier l’exemple de l’accomplissement de ces vertus. Pendant le demi-siècle de sa vie monastique, il eut beaucoup d’afflictions et d’épreuves, qu’il supporta avec une telle sérénité et une telle tranquillité, que les personnes étrangères au monastère ne pouvaient même pas les soupçonner. Lorsqu’on lui relatait des actes qui pouvaient troubler, le staretz disait: ” Que faire, il faut supporter; cela ne nous fera pas de tort, au contraire, nous n’en tirerons que du profit si nous le supportons avec humilité ”. Si l’on se plaignait de quelqu’un ou le condamnait, il répondait: ” Ah, si nous étions meilleurs, tout irait mieux aussi pour nous ”. Lorsqu’on reconnaissait en confession condamner des personnes qui ne lui étaient pas favorables, il disait: ” Il ne faut pas condamner; car ce n’est pas eux, mais l’ennemi qui les trouble; il faut prier pour eux ”. Lorsqu’on voulait le persuader de s’adresser à des personnes qui avaient de l’admiration pour lui, parmi lesquelles se trouvaient des personnes influentes, il répondait: ” Pourquoi vais-je écrire et monter les gens du monde contre le monastère? ”. Le staretz Joseph aimait répéter et gardait toujours cette règle pleine de sagesse: “ Si cette œuvre ne vient pas de Dieu, elle se détruira (Actes 5,38).
Le staretz priait sans cesse et pratiquait la prière du cœur (l’œuvre intérieure de la vie spirituelle). Son servant (syncelle) le surprenait souvent en train de prononcer à voix basse, avec beaucoup de piété et de contrition, la prière de Jésus. Le staretz n’interrompait pas cette prière même en s’occupant des visiteurs; il pria jusqu’au dernier jour de sa vie terrestre, jusqu’à son dernier souffle. Il invitait chacun à pratiquer cette prière, il disait que la prière est la seule œuvre indispensable pour tout chrétien. Il enseignait de la prononcer clairement, sans se presser. Le diable habituellement souffle des pensées (logismos) pour détourner l’attention; alors, à ce moment, il faut, avec encore plus de ferveur, s’enfoncer dans la prière; les pensées, c’est-à-dire le diable, fuira, brûlé par le terrible (pour lui) Nom de Jésus. Pour réussir dans la prière de Jésus, il faut être humble en tout: dans le regard, dans la démarche, dans les vêtements. Le staretz avertissait sévèrement les impatients et les inexpérimentés de ne pas essayer même d’effleurer les hauts degrés de la prière. Il enseignait de suivre la voie de la prière graduellement, en commençant par la prière de Jésus prononcée à haute voix et, immanquablement avec le chapelet. Voici une de ses instructions écrites: ” Vous me demandez de vous donner des instructions pour cesser d’être distrait pendant la prière. Pour nous, pécheurs, il n’est pas possible de ne pas être distrait du tout .Mais il faut essayer quand même, autant que possible, de concentrer son intellect, en l’enfermant dans les paroles de la prière, c’est-à-dire, en comprenant le sens de chaque mot.
Il ne faut pas être troublé par la froideur et l’endurcissement du cœur, il faut continuer à se forcer à la prière, reconnaissant être indigne de consolation et d’attendrissement. Si la prière n’est pas fervente, il ne faut pas en déduire qu’elle n’est pas agréable à Dieu; parfois, une telle prière est même comptée à l’homme comme un exploit ascétique, si seulement l’homme s’humilie et se fait, de toutes les manières, des reproches devant Dieu ”.
Le staretz disait que la prière du cœur vient d’elle-même à mesure que l’on se purifie et que l’on prend l’habitude de la prière verbale, mais “même si tu n’as pas obtenu complètement les fruits et la perfection de la prière, et que tu meurs sur la voie qui mène vers elle, alors cela est bon”. Ne recherche pas ce qui est haut; tout est donné, selon si ce qui plaît à Dieu ”. Ayant acquis la patience, le starets conduisait également les autres par cette voie. “ Par votre persévérance, vous sauverez vos âmes (Luc 21,19)", étaient ses paroles préférées. “ Les consolations, même spirituelles, font plus de tort que de bien aux inexpérimentés“ , disait-il, “ par elles l’âme imperceptiblement s’enorgueillit et, ayant pris cette habitude, faiblit ”. A la question, quel est le vrai but que l’on doit avoir en priant, le staretz répondait: ” Le salut, demander d’être pardonné, et non la consolation; prier non par vanité, mais pour supporter avec reconnaissance toutes les afflictions qui adviennent. Si nous recevons quelques consolations dans la prière, nous devons nous considérer encore plus fautifs et redevables, les ayant reçues gratuitement ”
Toutes les instructions du staretz sont emplies de l’esprit des enseignements des Pères. Pour les moines, il considérait que l’obéissance et le fait de se faire des reproches à soi-même sont les plus hautes vertus, car elles font naître l’humilité, qui établit Dieu dans l’âme. Le staretz ne permettait à personne de refuser une obédience, en disant que celui qui jusqu’à la fin remplit l’obédience qui lui a été désignée, devient digne d’une fin bienheureuse. Lorsque quelqu’un se plaignait de la difficulté de son obédience et des afflictions qui y étaient liées, il répondait avec un tendre amour paternel: ” Et alors, pour la peine, vous serez martyrs ”, et essayait de faire comprendre que chaque homme doit avoir de la patience en tout, à la place qui lui est allouée et, ceci, jusqu’à la fin. “ Ce que tu as entrepris, disait-il, tu dois le garder et supporter tout ce qui advient; n’abandonne seulement pas le lieu où Dieu t'a placé et fais toi toujours des reproches; ainsi, tu trouveras le salut ”.
On disait au staretz: ” Voilà, à nouveau une mauvaise récolte ”. “ Oui, disait-il, il y a pénurie en tout, mais pas en péchés; Dieu envoie les mauvaises récoltes, parce qu’à présent on a cessé de respecter les jeûnes, même dans le peuple; alors ainsi, on est obligé de jeûner bon gré-mal gré”.
On demandait: ” Père, serons-nous avec vous dans l’autre monde? Nous aiderez-vous et, en général, allez-vous répondre pour nous? ”. “ Oui, répondait le staretz, mais avec moi ne seront que ceux et je ne répondrai que pour ceux qui m’ont obéi en tout sans discuter ”.
Quelqu’un disait: ” Il aurait été préférable pour moi que, dans le monde et pendant le carême, je mange une demi-livre de viande, plutôt que de me rassasier de pain ici au monastère ”. Le staretz objecta: ” Même si tu manges deux livres de pain, tu ne pèches pas contre l’Ordo de la Sainte Eglise ”.
Une personne voulait prouver que Dieu peut pardonner un suicide. Le staretz dit: ” Ce n’est pas notre affaire de discuter sur ce sujet; le Seigneur peut pardonner, mais à nous il appartient de faire ce que la Loi prescrit. Comme les juges doivent condamner les criminels aux châtiments, le Roi peut aussi grâcier ”.
Le staretz disait: ” Si on ne fait pas pousser un arbre, comment s’attendre à avoir des fruits? L’arbre sur lequel pousse le moine en son for intérieur est: -le carême, toutes formes d’abstinence, assister aux offices, le travail corporel,- alors il donnera des fruits.
Comme le rayon de soleil ne peut pénétrer à travers le brouillard, ainsi les discours (ou paroles) d’un homme uniquement instruit, mais qui n’a pas vaincu ses passions, ne peuvent agir sur l’âme. Celui qui lui-même a vaincu ses passions et a acquis l’intelligence spirituelle, celui-là, même sans instruction, a accès au cœur de chacun. “ Cherchez avant tout le Royaume de Dieu et Sa justice, et tout le reste vous sera donné de surcroît ” (Matth. 6,33). Les anciens moines agissaient dans cet esprit et le Seigneur leur fournissait l’indispensable et même davantage..Ils donnaient toutes leurs forces dans l’accomplissement des offices et de leurs obédiences, et le Seigneur pourvoyait à tous leurs besoins. Si, par contre, l’on entre dans un monastère et que l’on ne pense qu’aux habits et à la nourriture, le Seigneur n’envoie rien, à nous pécheurs. “ Il est bon pour nous d’être bousculés. L’arbre qui est balancé par le vent, fortifie ses racines, tandis que celui qui est à l’abri tombe rapidement ”. “ Faites une réserve de patience!. Il est dit “Par votre patience, vous sauverez vos âmes”. (Luc 21,19). Sans patience, même une maison provisoire ne peut être construite, d’autant plus la vie éternelle..Et nous, nous cherchons ce qui est le plus facile. Ce qui est facile pour le corps n’est pas bon pour l’âme, et ce qui est bon pour l’âme est difficile pour le corps..c’est ainsi qu’il faut par l’effort aller vers le Royaume Céleste ”. “ Les afflictions -c’est notre voie- nous suivront tant que nous ne parviendrons pas jusqu’à la patrie qui nous a été fixée, c'est-à-dire, l’éternité….Ce qui est triste, c’est que nous pensons peu à l’éternité et que nous ne pouvons donc pas supporter même un petit reproche verbal. Nous augmentons nous-mêmes nos peines, lorsque nous commençons à murmurer. Il faut de la patience et de la magnanimité en tout, comme une ancre l’est pour le navire, afin que lors d’une tempête, il ne se brise pas contre les rochers ”.
Le staretz écrivait à un prêtre: ” Vous écrivez que certains chez vous traitent, par les prières, les morsures de serpents. Il serait bon que vous regardiez ces prières. Car il y a des prières sans aucun sens, ou même avec un soupçon de blasphème. De telles prières ne peuvent que réjouir les démons, même s’il se peut qu’une certaine aide soit quand même apportée. Il faut prier à l’aide des prières utilisées et reconnues par la Sainte Eglise et, en plus, il convient mieux qu’elles soient lues par des prêtres de Dieu, et non par le simple peuple ”.
On demanda un jour au staretz : ”Il arrive qu’on rencontre un homme qui a tout l’air d’être clairvoyant, mais on a le sentiment que quelque chose n’est pas tout à fait juste. Comment savoir si sa clairvoyance vient de Dieu? ”. ”De telles personnes doivent être reconnues d’après leur humilité ” répondit le staretz, car l’ennemi peut donner à l’homme la clairvoyance, mais il ne donne jamais l’humilité, car elle le brûle.
Citons des extraits du journal d’un moine. “ Père, dis-je, je suis vaincu par la paresse; je sais que cela n’est pas bien mais je suis vaincu à nouveau ”. Le staretz dit à cela: ” Il est dit dans l’Evangile : “ Le Royaume de Dieu est conquis par ceux qui se font violence ” (Matth.11,12). Il faut donc se forcer en tout; les passions doivent être retranchées dès le début, lorsqu’elles sont jeunes, car à ce moment elles sont comme des petits chiots qui aboient - tu leur fais peur et ils se sauvent. Si on leur permet de se fortifier, elles vont, comme des lions, s’élever contre toi et tu ne pourras pas lutter avec elles. J’ai demandé: ” En quoi, mon père, faut-il davantage se forcer ou s’abstenir? ” Le staretz “ Dans le sommeil, la nourriture, la boisson, la parole; surtout, il ne faut pas parler à l’église ”.
“ Mon père! La pensée (logismos) me dit depuis longtemps: ” Ne possède rien, ainsi que l’enseignent les Saints Pères Le staretz répondit à cela: ” Possède ce dont tu as besoin et ce qui est indispensable, mais n’amasse rien de superflu, car si tu n’as rien et que tu en es affligé, à quoi bon? Maintiens-toi plutôt dans le juste milieu. On peut posséder, mais il ne faut surtout pas s’attacher à quoi que ce soit; il faut être comme celui qui n’a rien; ainsi étaient les Saints ”.
“ Père! Comme j’aurai voulu être toujours accompli dans mon état, dans l’exécution de mes promesses de moine et en général devant Dieu, dans toutes mes œuvres et mes actes. Parfois le cœur semble brûler pour Dieu et je suis prêt à accomplir Sa volonté, mais dès que la décision est prise de mener une vie attentive, l’ennemi immédiatement me dépossède; mon âme est affligée d’une telle négligence. Quand est-ce que je commencerai à vivre correctement? Le temps passe”.
Le staretz:” Que faire? Nous sommes fautifs devant Dieu; il faut prier pour cela. Tu sais ce qui est écrit chez Saint Macaire le Grand :” Il faut instamment crier vers Dieu, afin qu’Il nous prenne en pitié et nous vienne en aide Lui-même, car par ,nos propres forces, par nous-mêmes nous ne pouvons rien faire de bon. Si nous prions souvent Dieu, L’importunons, clamons notre peine avec beaucoup d’humilité, alors le Seigneur nous aidera ”
Un jour, le père me dit: ” Beaucoup pleurent, mais non pas sur ce qu‘il faudrait; il y en a beaucoup qui paraissent humbles, mais ne le sont pas vraiment ”.
Une fois, quelqu’un dit au staretz: ” Pourvu que vous viviez, père! ”.Le staretz répondit à cela: ” Nous vivrons encore. Tant qu’une nouvelle arme n’est pas préparée, le Seigneur ne reprend l’ancienne ”. Il faut nous efforcer nous-mêmes de vivre selon les commandements, sinon le Seigneur reprend les startzy et nous laisse orphelins.
FIN
15/09/2011
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire