tag:blogger.com,1999:blog-38686233237905282042024-03-13T20:19:28.243-07:00Spiritualité orthodoxe et TraditionGloire à la Sainte Consubstantielle, Vivifiante et Indivisible Trinité. Amen.
L'objet de ce blog est de mettre en ligne les articles du "Journal Orthodoxe" qui fut publié il y a maintenant 20 ans par un comité d'orthodoxes de diverses nationalités; premièrement à sainte Genevieve des bois, dans la région parisienne et ensuite à Nice durant l'épiscopat de l'Evêque Paul de Tracheia.
Vous pouvez également visiter mon blog sur mes icônes : http://icones-orthodoxes.blogspot.com/Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.comBlogger89125tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-81624470320267259132012-01-26T12:00:00.001-08:002012-02-15T12:40:34.739-08:00PAROLE SUR LA MORT 9<a href="http://4.bp.blogspot.com/-tzflJBqbaz0/TyGxE_AZ3MI/AAAAAAAAA14/s0yvFGtUzBw/s1600/R%25C3%25A9surrection%2B1.JPG"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 226px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5702033302418480322" border="0" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/-tzflJBqbaz0/TyGxE_AZ3MI/AAAAAAAAA14/s0yvFGtUzBw/s320/R%25C3%25A9surrection%2B1.JPG" /></a><br /><br /><br /><br /><br /><br /><div align="justify"><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE IX : L’UTILITE DE LA PENSEE PERMANENTE DE LA MORT.<br /></span><span style="color:#000000;"><em></em></span></div><br /><br /><br /><div align="justify"><span style="color:#000000;"><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</em></span></div><br /><br /><div align="justify"><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.</em></div><br /><br /><br /><div align="justify"></div><br /><br /><br /><div align="justify">Le troupeau raisonnable des véritables chrétiens est petit et humble. Il est méprisé et persécuté par les fils orgueilleux de ce monde. Le Seigneur lui commande de ne pas faiblir dans les tribulations, de ne pas les craindre, de ne leur prêter aucune attention, et de se diriger vers le Royaume Céleste promis par la bienveillance de Dieu le Père. Il commande de transformer tous les biens terrestres en aumônes, c'est-à-dire en biens célestes, afin que le trésor même de l'homme, se trouvant au ciel, l'attire là-haut. Il ordonne d'organiser la vie de manière à être toujours prêt à la mort. Qualifiant de nuit la vie sur terre, Il rappelle qu'on ignore à quelle garde de cette nuit la mort viendra, pendant l'enfance, la jeunesse, l'âge mûr ou encore dans l'extrême vieillesse. Le Seigneur menace de mort soudaine celui qui, croyant la fin très éloignée, se permet d'abuser de la vie terrestre et des dons de Dieu.<br />Les véritables disciples du Christ accomplissent les commandements avec exactitude. L'Apôtre Paul dit de lui-même qu'il est chaque jour à la mort (1Cor.15,31). Celui qui est prêt chaque jour à mourir est chaque jour à la mort. Celui qui dédaigne tous les péchés et le désir même du péché, celui dont la pensée s'est transportée au ciel et y demeure, celui-là est chaque jour à la mort. Celui qui est chaque jour à la mort vit déjà d'une vie éternelle, véritable. (Cf -Saint Macaire le Grand)<br />« Bien peu de chrétiens, même parmi ceux qui vivent dans les saints monastères, atteignent une telle vie, et parviennent à garder leur pensée au ciel, se transférant quotidiennement dans l'éternité, alors que leur corps vit sur la terre. Toutefois, cet état spirituel est accessible aux chrétiens qui vivent dans le monde. Les soucis terrestres poussent les pensées vers le terrestre, attachent l'homme au temporel et au corruptible, lui ravissent le souvenir de l'éternité. Mais ceci ne doit pas abattre le chrétien. S'il ne peut pas demeurer constamment dans le domaine de l'éternel et du spirituel, il peut au moins se tourner vers lui fréquemment, et se préparer à la mort en se gardant de toute action, parole ou pensée interdite par les commandements du Christ. Il peut s'y préparer par une confession quotidienne (ou en tout cas aussi fréquente que possible) de ses péchés devant son père spirituel, et dans sa chambre intérieure devant Dieu, le seul scrutateur des cœurs. Il peut s'y préparer en s'abstenant des mets et des boissons, des bavardages, des plaisanteries, des rires, des distractions, des réjouissances et des jeux, du luxe exigé par la vanité de ce monde et de toute chose superflue qui rend la pensée de la mort étrangère à l'esprit, et qui présente la vie terrestre comme éternelle. Il peut s'y préparer par des prières venant d'un cœur broyé et humilié, par des larmes, des soupirs, des sanglots. Il peut s'y préparer par des aumônes abondantes, l'oubli des offenses, l'amour pour les ennemis, les bienfaits, la patience dans les tribulations et les tentations terrestres, par lesquelles sont rachetées les tribulations éternelles de l'enfer. Si la mort trouve le chrétien dans cet état spirituel, alors il sera ceint, prêt à accomplir le long parcours de la terre vers le ciel avec une lampe allumée, c'est-à-dire la raison et le comportement éclairés par la Vérité Divine.<br />Un des moyens de se préparer à la mort est de s’en souvenir et d'y réfléchir. Il est évident par les paroles du Seigneur citées plus haut qu'il s'agit d'un commandement du Seigneur. Souviens-toi de ta fin et tu ne pécheras jamais (Sirah7,36). Les saints moines cultivent avec le plus grand soin cet aspect de leur exploit spirituel. Chez eux, la réflexion sur la mort, couverte par l'ombre de la grâce, se transforme en une contemplation vivante du mystère de la mort, accompagnée d'une prière fervente, de larmes abondantes et de profonds gémissements du cœur. Sans un permanent souvenir de la mort et du jugement de Dieu, ils considèrent comme dangereux le plus haut exploit ascétique, qui pourrait conduire à la présomption.<br />Saint Antoine le Grand recommande à ses disciples de méditer sur la mort : « En examinant les incertitudes qui pèsent sur la vie humaine et l'obscurité qui entoure sa fin, nous nous éloignons du péché. Quand nous nous levons du sommeil, nous ignorons si nous atteindrons le soir. Quand nous nous apprêtons à accorder du repos à notre corps, nous ne savons pas plus si nous verrons la lumière du jour qui suit. En méditant ainsi sur notre vie incertaine et sur notre nature fragile, nous en arrivons à reconnaître que c'est la providence divine qui nous gouverne. C'est alors que nous cessons de pécher et de nous laisser entraîner par les circonstances vaines et corruptibles, de nous fâcher contre autrui, d'amasser des trésors terrestres. Nous dédaignons tout ce qui est corruptible par crainte du départ d'ici-bas qui peut survenir à tout moment, et par une constante réflexion sur la séparation de notre âme d'avec notre corps. Alors cesse l'amour pour le sexe féminin, le feu de l'adultère s'éteint, nous nous pardonnons mutuellement nos offenses, gardant en permanence sous les yeux la rétribution définitive. La peur du jugement et la crainte des souffrances anéantissent les trompeuses convoitises de la chair et l'âme se sent alors soutenue si elle incline vers la chute ».<br />Saint Isaac le Syrien dit: « Qui est digne d'être appelé raisonnable ? Celui qui, en comprenant que cette vie a un terme, peut mettre fin à ses péchés. La première pensée que Dieu envoie par amour pour l'homme, c'est la pensée du départ ; elle tombe dans son cœur et conduit l'âme vers la vie éternelle. Cette pensée est suivie tout naturellement du mépris du monde. Elle est le principe de tout bon mouvement qui instruit l'homme dans la connaissance de la vie. La puissance divine, qui cherche à aider l'homme en lui manifestant la vie, dépose en lui cette pensée comme fondement, comme nous l'avons dit. Si l'homme ne l'éteint pas par les soucis du monde et les vaines conversations, mais la cultive au contraire dans l'hésychia, en se concentrant sur lui-même, alors elle le conduira vers une vision profonde que la parole ne peut exprimer. Satan hait par-dessus tout cette pensée, et il met tout sa force à l'extirper de l'homme. Si cela était possible, il lui donnerait les royaumes du monde entier, uniquement pour le distraire de cette pensée. C'est avec plaisir qu'il le ferait ! Comme c'est insidieux ! Il sait que si la pensée de la mort s'enracine dans l'homme, son esprit quitte le pays du leurre et les ruses démoniaques ne s'approchent plus de lui. Ne croyez pas que nous parlons ici de la première pensée qui réveille en nous le souvenir de la mort : nous parlons de la chose dans toute son ampleur, qui a lieu lorsque le souvenir et la méditation de la mort nous affermissent et nous étonnent en permanence. La première pensée est charnelle, la seconde est une vision spirituelle et une grâce merveilleuse. Cette vision est revêtue de pensées lumineuses. Celui qui l'expérimente ne prête aucune attention au monde et ne se préoccupe pas de son corps (...) Quand tu t'approches de ta couche, dis-lui: ô, ma couche ! Ne deviendras-tu pas cette nuit mon cercueil? N'est-ce pas le sommeil éternel au lieu du sommeil temporel qui viendra vers moi ? Tant que tu as des jambes, cours vers l'action, avant qu'elles ne soient liées par des liens qu'on ne peut détacher Tant que tu as des doigts, étends-les pour la prière avant que la mort n'arrive ! Tant que tu as des yeux, remplis-les de larmes avant que la terre ne les recouvre ! La rose se fane dès que le vent souffle sur elle, et toi, tu meurs dès qu'un de tes organes est ébranlé. Ô, homme! Enracine dans ton cœur la pensée de ton départ et dis-toi constamment : le messager qui vient me chercher est à la porte. Pourquoi suis-je assis ? Le départ pour l'éternité est sans retour ».<br />Dans le sixième degré de l'Echelle Sainte, Saint Jean Climaque dit : « Comme le pain est le plus nécessaire de tous les aliments, la pensée de la mort est le plus nécessaire de tous les exercices. Le souvenir de la mort incite ceux qui vivent en communauté à s'appliquer aux labeurs, aux mortifications, et surtout aux humiliations. A ceux qui vivent loin du bruit, il procure le rejet de toute préoccupation, la prière continuelle et la garde de l'intellect. Mais ces trois choses sont à la fois les mères et les filles de la pensée de la mort. La pensée intense de la mort conduit à restreindre la nourriture et, quand la nourriture est restreinte avec humilité, les passions sont également retranchées. Les pères déclarent que l'amour parfait est exempt de toute chute; de même, je puis assurer que la parfaite conscience de la mort est exempte de toute crainte. On dit que la mer est insondable et on rappelle abîme sans fond. De même, la pensée de la mort amène la pureté et l'activité de l'âme à un état d'incorruptibilité. Il est impossible, tout à fait impossible de passer le jour présent dans la piété si nous ne le considérons pas comme le dernier de notre vie. Soyons pleinement assurés que la pensée de la mort est un don de Dieu qui vient s'ajouter à tous Ses autres bienfaits. Sinon, comment expliquer que nous restions souvent sans larmes et secs auprès des tombeaux, alors qu'il nous arrive souvent d'être touchés de componction loin de cette contemplation ? »<br />Barsanuphe le Grand affirme que l'homme qui retranche en tout sa volonté, en gardant le cœur humble et la mort constamment devant les yeux peut être sauvé par la grâce de Dieu. Où qu'il soit, la crainte ne s'emparera pas de lui. Une telle personne, oubliant ce qui est en arrière, se porte vers ce qui est en avant (Phil.3,13). « Que le souvenir de la venue de la mort dont l'heure n'est connue par aucun homme fortifie ta pensée. Efforçons-nous de faire le bien avant de partir de cette vie ! Nous ignorons quel jour nous serons appelés. Pourvu que nous ne demeurions pas sans préparation et ne nous retrouvions pas en dehors de la salle des noces avec les cinq vierges folles qui avaient pris leur lampe sans y avoir mis de l'huile ! ». « Comprends que le temps ne tarde pas et que lorsque l'heure arrive, le messager de la mort est impitoyable ! Qui se serait fait entendre de lui après l'avoir imploré ? Il est le vrai serviteur du véritable Maître dont il accomplit les ordres avec exactitude. Craignons ce jour et cette heure terrible où ne pourront nous défendre ni un frère, ni un parent, ni les autorités, ni le pouvoir, ni la richesse, ni la gloire. Seuls l'homme et son œuvre seront présents ». « Il est bon pour l'homme de se souvenir de la mort afin de bien savoir qu'il est mortel. Le mortel n'est pas éternel, il abandonnera obligatoirement ce siècle. Par le souvenir incessant de la mort, l'homme commence à faire le bien volontairement ».<br />Saint Philothée du Sinaï conseille à l'athlète du Christ de passer toute la matinée dans une longue prière vigilante puis, après avoir s'être quelque peu substanté de consacrer un certain temps au souvenir et à la réflexion sur la mort. Citant ce père, Saint Nil de la Sora recommande également de passer le temps qui Suit le repas à réfléchir sur la mort et le Jugement. L'enseignement des pères, issu de leur bienheureuse expérience, est utile et nécessaire pour tous ceux qui désirent se libérer de ce trompeur et séduisant état dans lequel l'homme croit qu'il est éternel sur la terre, et que la mort concerne seulement les autres. Quand l'athlète du Christ s'est quelque peu exercé au souvenir de la mort, le Seigneur miséricordieux lui envoie un sentiment vivant de la mort et lui vient en aide dans sa prière. Il l'entraîne par avance au terrible jugement du Christ et l'homme se met à supplier le Seigneur ami des hommes pour le pardon de ses péchés, pardon qu'il reçoit. C'est pourquoi Saint Jean Climaque dit : « la prière est la cour de justice, la salle du jugement et le tribunal du Seigneur avant le jugement futur » (28,1).<br />Saint Philothée du Sinaï témoigne du fait que la pensée de la mort (c'est ainsi que les pères qualifient le souvenir et la méditation sur la mort) purifie l'esprit et le corps : « Captivé en esprit et non par la vue, je voulais l'acquérir comme compagne pour toute la durée, de cette vie terrestre, étant devenu admirateur de sa beauté et de sa grandeur. Comme elle est humble, joyeusement triste, prudente ! Comme elle craint constamment la future et juste épreuve ! Comme elle craint de remettre jour après jour la vie vertueuse I Elle répand sur les yeux charnels une eau vivifiante et salutaire, et sur les yeux de l'âme une source d'où jaillissent les pensées les plus sages qui bondissent et régénèrent le jugement. Cette fille d'Adam, la pensée de la mort, comme j'avais soif de l'avoir comme compagne, de m'endormir avec elle, de m'entretenir avec elle pour explorer ce qui adviendra de moi après m'être séparé de mon corps I » « La pensée de la mort constante et vivante donne naissance à des pleurs unis à la joie et à la douceur, ainsi qu'à la vigilance de l'intellect ».<br />Saint Philothée dit encore : « Celui qui sait racheter sa vie avec sagesse, qui demeure constamment dans le souvenir de la mort, y réfléchissant sans trêve, et détournant ainsi avec grande<br />sagesse son esprit des passions, celui-là voit plus clairement la venue des pensées démoniaques que celui qui veut passer sa vie hors de la pensée de la mort et purifier son cœur par la raison seule, sans garder sa pensée par les pleurs et la tristesse. Celui qui prétend vaincre toutes les passions pernicieuses par l'ingéniosité de son intellect est lié sans le savoir par la pire d'entre elles et s'éloigne souvent de Dieu par la présomption. Cet homme doit être rigoureusement attentif à lui-même afin de ne pas s'enorgueillir et perdre la raison. ll est habituel aux âmes qui amassent des connaissances ici et là de se prévaloir devant ceux qui leur semblent être les plus petits. Il n'y a pas en eux la moindre étincelle d'amour instructif, me semble-t-il. Au contraire, celui qui possède la pensée de la mort voit plus clairement que les autres l'invasion des démons, et les chasse ».<br />Le même dit encore: « En vérité, la pensée vivante de la mort abrite en elle de nombreuses vertus : elle est la mère des pleurs, elle incite à s'abstenir de tout, elle est le souvenir de la géhenne, la mère de la prière et des larmes, elle anéantit la passion pour le corruptible en montrant sa précarité, elle est la source de l'ingéniosité unie à la sagesse. Leurs enfants sont la crainte de Dieu, la purification du cœur des pensées passionnelles, la mise en pratique des commandements ».<br />Saint Hésychius de Jérusalem considère le souvenir continuel de la mort comme un type particulier de vigilance. Il le compare au gardien des portes de l'âme qui empêche l'entrée des pensées malignes. Il dit qu'il faut si possible se souvenir constamment de la mort. Un tel souvenir conduit à déposer soucis et vanités, et engendre la garde de l'intellect et la prière incessante (homélie sur la vigilance).<br />Le souvenir permanent de la mort est une grâce merveilleuse, l'apanage des saints, et tout particulièrement de ceux qui se sont adonnés à un repentir scrupuleux lié à une hésychia inaltérable. Ce n'est que dans l'hésychia que mûrissent et fleurissent les plus hautes vertus, de même qu'il faut des serres pour cultiver les plantes les plus rares et les plus précieuses. Nous aussi, faibles et passionnels, nous devons nous forcer à nous souvenir de la mort, contraindre nos cœurs à y penser, même si une telle réflexion répugne à ceux qui aiment le péché et le monde. Pour mener à bien cet effort, les saints pères recommandent de se fixer chaque jour une heure précise, exempte de tout soucis, pour la consacrer au souvenir effrayant et salutaire de l'inévitable mort. Même si mourir est inévitable pour chaque homme, les débuts de cette ascèse sont difficiles et on peine pour n'obtenir qu'un froid souvenir de la mort (ce qui atteste au passage notre état de chute). La constante distraction des pensées et le ténébreux oubli ravissent perpétuellement le souvenir de la mort chez ceux qui se livrent à cet exercice. Plus tard, d'autres actions contraires font leur apparition : des affaires urgentes et des préoccupations surviennent justement à l'heure que nous avions fixée pour nous soucier de la vie éternelle, afin de nous voler cette heure et de nous dérober petit à petit le souvenir même de cette pratique des plus salutaires. Mais si nous comprenons l'astuce des pouvoirs aériens, si nous nous astreignons à cette ascèse, alors nous observerons en nous un autre combat : les pensées de doute sur l'efficacité et l'utilité de notre effort, des pensées de blasphème et de moquerie cherchant à le rendre étrange, stupide, risible, des pensées de fausse humilité qui nous suggèrent de nous démarquer des autres hommes dans notre comportement. Si, par la grande miséricorde de Dieu, nous sortons vainqueurs de ce combat, la crainte produite par le souvenir de la mort s'avérera extrêmement pénible pour notre « vieil homme », car elle nous montrera concrètement notre mort. L'esprit et l'imagination seront terrorisés. Un tremblement glacial traversera le corps, le secouera, l'affaiblira. Le cœur ressentira une insupportable angoisse mêlée de désespoir. Il ne faut pas rejeter cet état ni en redouter d'éventuelles conséquences pernicieuses. Saint Syméon le Nouveau Théologien dit : « Pour celui qui commence une vie en Dieu, la crainte des souffrances et les douleurs qu'elle fait naître sont utiles. Celui qui rêve de débuter son ascèse sans une telle douleur et sans entraves, non seulement bâtit son effort sur le sable, mais ressemble à celui qui veut bâtir dans l'air, sans fondation, ce qui est impossible. De cette douleur naît bientôt une joie plurielle; Par ces entraves sont déchirés les liens de tous les péchés et de toutes les passions. Le tyran devient la cause non de la mort mais de la vie éternelle. Celui qui acceptera la douleur qui naît de la crainte des souffrances éternelles, plutôt que de s'enfuir, s'en remettra à elle dans la volonté de son cœur et en assumera les liens. Il avancera plus vite et elle le présentera au Roi des rois. Quand cela sera accompli, l'athlète verra en partie la gloire de Dieu, ses liens seront immédiatement défaits, la crainte douloureuse s'éloignera, la douleur du cœur se transformera en joie, une source naîtra qui répandra des larmes sensibles coulant sans discontinuer comme une rivière. Dans l'âme apparaîtront le calme, la mansuétude, une douleur indicible, le courage qui tend librement et sans entraves vers l'obéissance aux commandements de Dieu ».<br />Il est clair qu'un tel changement se produit dans le cœur par la grâce d'un espoir de salut. Alors, dans cette réflexion sur la mort, la joie se mêle à la tristesse, les larmes amères s'adoucissent. L'homme qui pleurait en se souvenant de la mort comme d'un châtiment pleure maintenant en la voyant comme un retour à une inestimable patrie. Tel est le fruit de la pensée de la mort. Ayant compris l'importance de ce fruit, il faut avoir le courage de le cultiver et de surmonter les obstacles par un effort raisonnable et constant. Il faut croire que ce fruit sera donné en temps voulu par la grâce et la miséricorde de Dieu. Le souvenir de la mort et des craintes qui l'accompagnent et la suivent, uni à une prière fervente et aux pleurs sur soi-même, peut remplacer tous les exploits spirituels, embrasser toute la vie de l'homme, lui procurer la pureté du cœur, attirer en lui la grâce de l'Esprit Saint, et lui accorder la libre ascension vers le ciel, en évitant les pouvoirs aériens.<br />Avant d'atteindre ce bienheureux état de prière, avant que l'intellect ne contemple le trépas à venir et ne craigne la mort comme la créature doit craindre la menace accompagnant le commandement du Créateur, il est utile de susciter en soi-même le souvenir de la mort en visitant les cimetières et les malades, en assistant au décès ou à l'inhumation de ses proches. Il est bon d'examiner et de se remémorer fréquemment les morts récentes auxquelles nous avons assisté. Combien de nos connaissances qui aimaient cette vie terrestre et en goûtaient la prospérité, qui souhaitaient vivre longtemps, qui n'étaient nullement âgées, ont été brusquement fauchées par la mort ! Aucune d'elles n'a pu dire à la mort: Attends ! Eloigne-toi Je ne veux pas encore mourir !». Certains n'eurent même pas le temps de prendre des dispositions, ils furent ravis au milieu d'un joyeux festin, d'un repas somptueux. D'autres moururent en route ou se noyèrent, se donnèrent la mort ou furent tués. Quelques uns furent dévorés par des bêtes, d'autres se mirent au lit pour accorder à leur corps un bref repos et s'endormirent du sommeil éternel. Regardons autour de nous. Combien de proches, d'amis ou de connaissances quittèrent-notre société, pris par la mort ! Les gens célèbres laissèrent la gloire, le pouvoir et les honneurs, les riches abandonnèrent l'argent et les biens amassés avec peine et gardés avec grande parcimonie. La mort sépare les parents de leur famille, l'époux de l'épouse, l'ami de son ami. Elle frappe le génie dans ses grandes entreprises, elle prive la société de son membre le plus utile à un moment où elle en avait le plus besoin. Personne ne peut l'arrêter ou lui résister, personne ne peut lui demander des comptes sur ses desseins si inconciliables avec la raison humaine. Qu'est-ce qui n'est pas vain sur la terre. Qu'est-ce qui n'est pas instable, qu'est-ce qui a une quelconque constance ? En vérité, seule la vie en Christ se prolonge au-delà des frontières de la tombe et trouve son épanouissement et sa beauté lumineuse après la mort du corps. Tout le reste est plus faible que l'ombre, trompeur comme les rêves... Par la corruption la mort détruit en une heure, en un instant les travaux de toute une vie (Cf. la 7ème homélie de Saint Nil de la Sora)..<br />La mort soudaine ne frappe que ceux qui négligent leur salut. Ceci est annoncé par le Seigneur Lui-même (Luc12,46). « Dieu, dit Saint Barsanuphe le Grand à un moine qui redoutait une mort soudaine et prématurée, ne prendra pas l'âme de l'ascète qui combat les passions sans l'avoir d'abord conduit jusqu'au niveau de l'homme parfait ».<br />Ayant compris la brièveté de notre vie, la vanité des biens terrestres et des honneurs, ayant perçu l'avenir terrible de ceux qui ont dédaigné le Rédempteur et la Rédemption en s'offrant entièrement au péché et à la corruption, détournons les yeux de notre âme de la vision trompeuse et séduisante des beautés du monde, qui attirent les faibles cœurs humains dans leurs filets ! Contemplons le terrible et salutaire spectacle de la mort qui nous guette ! Pleurons d'avance sur nous-mêmes ! Lavons et purifions par les larmes et la confession les péchés inscrits dans les livres du prince de ce monde ! Acquerrons le sceau de la grâce de l'Esprit Saint, signe d'élection et de salut, indispensable pour cheminer sereinement dans les airs et pour accéder aux demeures célestes ! Employons la richesse injuste, comme dit l'Evangile, c'est-à-dire les richesses terrestres, à acquérir des trésors célestes par une distribution abondante d'aumônes. Employons ce grand don de Dieu qu'est notre vie terrestre à accomplir le dessein du Seigneur : la recherche de la connaissance de soi-même et de Dieu, et la préparation de notre destin éternel ! Ne perdons pas notre temps, employons-le efficacement ! Il ne nous sera pas accordé une seconde fois. Sa perte est irremplaçable. Nous sommes des exilés du Paradis ! Ce n'est pas pour des réjouissances, des solennités, ou des jeux que nous nous trouvons sur terre, mais pour tuer la mort qui nous a tués et, par la foi, le repentir et la croix, reconquérir le Paradis perdu.<br />Que le Seigneur miséricordieux accorde aux lecteurs de cette homélie et à son auteur le souvenir de la mort pendant leur vie terrestre ! Par la pensée de la mort et le renoncement à tout ce qui est vain, par une vie tendue vers l'éternité, qu'Il éloigne de nous, une fois l'heure venue, la férocité de la mort; que celle-ci nous fasse pénétrer dans une vie bienheureuse, éternelle et véritable ! Amen. (fin)</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-63159592866898532772012-01-25T11:48:00.000-08:002012-02-15T12:41:31.745-08:00PAROLE SUR LA MORT 8<div align="justify"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-0wEzkDDX_IA/TyBdUk0HZvI/AAAAAAAAA1s/90sDztb6y84/s1600/source%2Bvivifiante.JPG"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 287px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5701659736312080114" border="0" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/-0wEzkDDX_IA/TyBdUk0HZvI/AAAAAAAAA1s/90sDztb6y84/s320/source%2Bvivifiante.JPG" /></a> <span style="color:#cc33cc;"><strong>CHAPITRE VIII : LE PECHE MORTEL, CELUI QUI NE L’EST PAS ET LES PASSIONS QUI DETRUISENT L’HOMME.</strong></span><br /><em></em></div><br /><br /><br /><div align="justify"><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</em></div><br /><div align="justify"><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.</em></div><br /><br /><br /><div align="justify"><br />On a dit plus haut que le péché mortel du chrétien orthodoxe non guéri par un repentir convenable l'expose à des souffrances éternelles. Il a été dit aussi que les païens, les musulmans, les adeptes de religions erronées, représentent dès à présent l'héritage de l'enfer et sont privés de tout espoir de salut, puisqu'ils ne considèrent pas le Christ comme l'unique moyen de salut. Les péchés mortels du chrétien sont les suivants : l'hérésie, le sectarisme, le blasphème, le reniement, la magie, le désespoir, le suicide, la fornication, l'adultère, les péchés de la chair contraires à la nature, l'inceste, l'ivrognerie, le sacrilège, le meurtre, le pillage, le vol, les offenses pénibles et inhumaines. Parmi tous ces péchés, seul le suicide ne peut pas être guéri par le repentir. Chacun d'eux met l'âme à mort et la rend inapte à acquérir la béatitude éternelle tant qu'elle ne s'est pas purifiée par un repentir satisfaisant. Si l'homme chute ne serait-ce qu'une fois dans un seul de ces péchés, son âme meurt : quiconque observe toute la loi mais pèche contre un seul commandement devient coupable de tous. En effet, Celui qui a di : tu ne commettras point d'adultère, a dit aussi: tu ne tueras point. Or si tu ne commets point d'adultère mais que tu commets un meurtre, tu deviens transgresser de la loi (Jac:2,1011).<br />Que celui qui a commis un péché mortel ne tombe pas dans le désespoir! Qu'il se guérisse par le repentir auquel il est appelé jusqu'à la dernière minute de sa vie par le Seigneur qui a dit dans le Saint Evangile: celui qui croit en Moi vivra, quand bien même il serait mort! (Jn.11,25) Cependant, c'est un malheur de demeurer dans un péché mortel, surtout quand ce péché devient une habitude. Aucune bonne œuvre ne peut racheter de l'enfer l'âme qui se sépare du corps sans s'être purifiée au préalable de ce péché mortel. Pendant le règne de l'empereur Léon, vivait à Constantinople un homme riche et très célèbre qui distribuait d'abondantes aumônes aux pauvres. Malheureusement, il se livrait à l'adultère, et il s'y livra jusqu'à sa vieillesse car avec le temps, cette méchante habitude s'était enracinée en lui. Tout en continuant à distribuer des aumônes, il n'en renonçait pas pour autant à l'adultère, et soudain, il mourut. Le Patriarche Gennade discuta beaucoup avec d'autres évêques de son destin éternel. Les uns disaient qu'il était sauvé, en citant les paroles de l'Ecriture : La richesse d'un homme sert de rançon pour sa vie (Prov.13,8).D'autres disaient qu'un serviteur de Dieu doit être irréprochable et sans péché parce qu'il est écrit : quiconque observe la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous (Jc.2,10) et aussi : Je vous jugerai chacun selon ses voies (Ez.33,20) et toute sa justice sera oubliée (Ez.33,13). Le patriarche donna l'ordre à tous les Moines et reclus de demander à Dieu de révéler le destin du défunt. Dieu le révéla effectivement à un reclus qui invita le patriarche chez lui et raconta devant tous : «La nuit dernière, j'étais en prière. Je vis un certain lieu : à sa droite duquel se trouvaient le Paradis et ses biens ineffables et à sa gauche un lac de feu dont les flammes atteignaient les nuages. Entre les deux se tenait le défunt, lié et gémissant terriblement. Il jetait de fréquents regards sur le Paradis. Je vis un ange s'approcher de lui et lui dire : homme Pourquoi gémir en vain ? Pour ta miséricorde tu évites les souffrances, mais pour n'avoir pas mis un terme à tes mauvais actes de fornication, tu es privé du bienheureux paradis ! ». Le patriarche et ses proches, entendant cela, furent saisis de crainte et dirent : l'Apôtre Paul a dit la vérité: Fuyez l'impudicité; quelqu'autre péché que l'homme commet est extérieur au corps. Mais celui qui se livre à l'impudicité pèche contre son propre corps (1Cor.6,18). Où sont ceux qui disent que s'ils tombent dans le péché d'adultère, ils seront sauvés par leurs aumônes ? Si l'homme est vraiment miséricordieux, il doit l'être pour lui-même et acquérir la pureté du corps sans laquelle personne ne verra Dieu. L'argent distribué par une main impure et une âme impénitente n'est d'aucune utilité.<br />Les chrétiens orthodoxes qui ont entretenu Une passion coupable sont privés du salut pour être entré en communication avec satan et avoir rompu la communion avec Dieu. Les passions sont les habitudes pécheresses de l'âme qui, avec le temps et l'habitude, se sont transformées en caractéristiques naturelles. Ces passions sont la gloutonnerie, l'ivrognerie, la volupté, la vie dissipée dans l'oubli de Dieu, la rancune, la cruauté, l'amour de l'argent, l'avarice, l'acédie, la paresse, l'hypocrisie, le mensonge, le vol, la présomption, l'orgueil et toutes les choses semblables. Chacune de ces passions, lorsqu'elle s'est transformée en une règle de vie, rend l'homme inapte à la jouissance spirituelle sur terre et au ciel, même si aucun péché mortel n'a été commis. Le Saint Apôtre Paul dit : Ne vous y trompez point, ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les dépravés, ni les gens de mœurs infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, les insulteurs ou les rapaces n'hériteront du Royaume des Cieux (1Cor.6,9-10). Or les œuvres de la chair manifestes sont: la fornication, l'impureté, la débauche, l'idolâtrie, la magie, l'inimitié, la discorde, la jalousie, la fureur, le fait de s'enflammer, les tentations, l'hérésie, l'envie, les meurtres, les cris indécents et les choses semblables. Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui font de telles choses n'hériteront point du Royaume des Cieux. Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises (Ga1.5,19-21&24).<br />Une passion exige d'être combattue méthodiquement par le repentir jusqu'à être déracinée en temps utile par la vertu contraire. Une passion ne se manifeste pas toujours par des actes. Elle peut vivre secrètement dans le cœur de l'homme, emprisonnant ses sentiments et ses pensées. La passion se reconnaît à ce que l'homme ne cesse d'imaginer le péché et de jouir de lui au cours de rêveries. Captivé par le péché, il n'a plus la force de résister à la puissance attirante des pensées et des images qui, par leur douceur mauvaise, engloutissent sa sagesse et sa fermeté. Le passionné ne cesse de commettre le péché en rêveries. Il maintient la communion avec les esprits ténébreux par les sentiments de son cœur et se soumet à ces esprits, ce qui aura pour conséquence sa perdition éternelle. Le Seigneur ordonne à son prophète: Crie à pleine gorge, ne te retiens pas ! Annonce à mon peuple ses péchés et à la maison de Jacob ses iniquités ! Tous les jours ils me cherchent et veulent connaître mes voies, comme une nation qui aurait pratiqué la justice et n'aurait pas abandonné la voie de son Dieu. Ils me demandent à présent un jugement équitable et désirent s'approcher du Seigneur en disant: que nous sert le jeûne si Tu ne le vois pas, de mortifier notre âme si Tu ne le vois pas ? Car c'est le jour de votre jeûne que vous accomplissez vos volontés (Is.58,1-3), c'est-à-dire vos pensées malignes ! Vous leur offrez des holocaustes comme à des idoles ! Vous assimilez vos pensées méchantes à des dieux auxquels vous offrez le plus grand de tous les sacrifices, celui de votre liberté, qu'il vous appartient de Me consacrer par vos bonnes actions et votre conscience pure (Cf homélie 53 de•Saint Isaac le Syrien).<br />L'espoir du salut ne couvre l'homme de son ombre que s'il est un vainqueur permanent dans le combat invisible. Cette pensée fut exprimée par le saint prophète David qui a dit: En cela j'ai connu que Tu m'as aimé, que l'ennemi ne s'est par réjoui à mon sujet (Ps.40,12). Pour parvenir à cet état bienheureux il priait en disant: de ceux qui sont cachés en moi, purifie-moi, et de ceux qui me sont étrangers, préserve Ton serviteur (Ps.18,13) (Cf Saint Macaire le Grand). S'ils ne l'emportent pas sur moi, alors je serai sans reproche et pur du grand péché (Ps.18,14). Rends-moi la joie de Ton salut et fortifie-moi par l'Esprit Souverain (Ps.50,13). Alors des paroles de ma bouche Te seront agréables et la méditation de mon cœur sera sans cesse devant Toi, Seigneur, mon Aide et mon Rédempteur (Ps.18,15). Il est clair que le grand péché caché dont parle David n'est autre que la passion. Il l'a appelée péché étranger car elle est faite de pensées démoniaques acceptées et adoptées par l'âme. Ces pensées sont bien étrangères à l'âme, elles la font souffrir, la rendent malade et la plongent dans un état contraire, à la nature. La pureté digne du Paradis apparaît quand toutes les passions ont été éradiquées du cœur. Seul l'Esprit-Saint peut purifier totalement l'homme de ses passions et lui rendre le pouvoir sur lui-même, pouvoir qui lui a été ravi par le diable. L'homme impassible parvient à l'amour pur ; sa pensée demeure en permanence auprès de Dieu et en Dieu. Se sentant couvert par l'ombre de l'Esprit, se voyant vainqueur des pensées et des rêveries pécheresses, l'âme ressent son salut avec une joie ineffable. Cette joie n'a rien de commun avec les joies humaines habituelles qui proviennent de la présomption, de l'autosuffisance, de la flatterie ou de la réussite terrestre. La joie spirituelle qui annonce le salut est emprunte d'humilité et de gratitude envers Dieu, elle est accompagnée de larmes incessantes et abondantes, de prières continuelles, de jugement et d'abaissement de soi, elle confesse Dieu et Le glorifie, elle se manifeste par la mort au le monde. Elle est l'antichambre de la vie éternelle. Connaissant Dieu de façon vivante, elle proclame mystérieusement: un cri d'allégresse et de salut a retenti sous les tentes des justes. La droite du Seigneur a fait des prodiges, la droite du Seigneur m 'a exalté, la droite du Seigneur a fait des prodiges. Je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur. Le Seigneur m'a châtié et châtié encore pour m 'éduquer, mais ne m'a pas livré à la mort. Ouvrez-moi les portes de la justice, j'y entrerai et je confesserai le Seigneur. C'est ici la porte du Seigneur, par elle les justes entreront. Je Te confesserai car Tu m'as exaucé et Tu t'es fait mon salut (Ps.117, 15-21).<br /><br />Les portes du Seigneur, c'est l'humilité dans la grâce. Saint Jean Colobos dit à ce sujet : «Les portes de Dieu, c'est l'humilité. Nos pères sont entrés dans le temple de Dieu par la voie réjouissante de nombreuses humiliations. Lorsque les portes de la vérité divine s'ouvrent devant l'intellect, il cesse de juger le prochain, d'avoir de la rancœur à son égard, de l'accuser ou d'accuser les circonstances, de se justifier ; il reconnaît en tout ce qui advient l'inconcevable vérité divine et rejette sa propre vérité comme une abomination. C'est par ces portes que l'homme, lavé par les larmes de repentir et d'attendrissement, entre devant la face de Dieu par la prière pure et la vision spirituelle, confessant ses péchés innombrables et les incalculables bienfaits de Dieu ».<br />Fuyons le péché, notre meurtrier ! Fuyons non seulement les péchés mortels, mais aussi ceux qui sont pardonnables afin que par noire négligence, ils ne se transforment pas en une passion qui nous précipite en enfer de la même façon que le péché mortel !<br />Il y a des péchés pardonnables. Ainsi, quand il nous arrive de nous laisser entraîner par la gourmandise, par des pensées ou des regards de convoitise, par une parole méchante, un mensonge ou un vol insignifiant, par l'orgueil, la colère ou une brève tristesse, ou encore par quelque rancune pour le prochain, c'est que notre faiblesse humaine a été la cause du péché, et nous recevons facilement le pardon de Dieu si nous reconnaissons le mal et si nous nous repentons. Un péché pardonnable ne sépare pas le chrétien de la grâce divine et ne met pas son âme à mort comme le ferait un péché mortel. Toutefois ces péchés pardonnables sont pernicieux, et si nous ne nous repentons pas, ils multiplient leur poids. Selon la comparaison des saints pères, un homme peut être noyé par un sac de sable pendu à son coup de la même façon que par une lourde pierre. Un péché mortel peut nous entraîner dans l'abîme de l'enfer aussi facilement qu'une multitude de petits péchés pardonnables. Par exemple, qu'est-ce que le mauvais riche de l'Evangile avait fait de particulier en s'adonnant quotidiennement à des réjouissances, puisqu'il en avait les moyens ? L'Evangile propose comme unique cause de perdition sa vie distraite qui le mena à oublier complètement l'avenir éternel et la vertu. La distraction était devenue sa passion, il n'envisageait pas sa vie sans elle.<br />C'est un malheur que d'avoir le cœur blessé par les passions. Une circonstance tout à fait insignifiante peut provoquer une telle plaie. Un regard imprudent, vraisemblablement innocent, une parole inconsidérée, un attouchement léger, peuvent contaminer de façon incurable. Dans quel lourd péché pouvait bien tomber le reclus cité plus haut, lui qui était l'objet du respect particulier de ses concitoyens, lui qui ne sortait jamais de sa cellule, qui n'avait scandalisé personne, qui était une source d'édification pour beaucoup, et qui néanmoins périt pour sa communion invisible avec satan, empêchant ainsi l'Esprit Saint de reposer en lui ne fut-ce qu'une heure ?<br />Dans un couvent vivait jadis la nièce de l'higoumène, très belle de sa personne et d'une conduite irréprochable. Toutes les sœurs étaient édifiées par son apparence angélique et son extraordinaire modestie. Quand elle mourut, on l'enterra solennellement en étant persuadé que son âme pure s'était élevée vers les demeures du paradis. Chagrinée par sa disparition, l'higoumène se livra à une prière incessante, jointe au jeûne et aux veilles, et demanda au Seigneur de lui révéler de quelle gloire sa nièce avait été jugée digne dans le chœur des vierges. Une nuit, alors qu'elle priait, la terre s'ouvrit sous ses pieds et de la lave bouillonna devant elle. Saisie d'effroi, elle regarda dans l'abîme qui s'offrait à ses yeux. Dans les flammes, elle aperçut sa nièce.<br />- Mon Dieu, est-ce bien toi que je vois?<br />- Oui, prononça la défunte dans un terrible gémissement.<br />- Mais pourquoi? J'espérais te voir dans la gloire du Paradis, au sein du chœur angélique, parmi les pures brebis du Christ...Et toi... Pourquoi cela?<br />- Malheur à moi, maudite! Je suis moi-même la cause de ma mort éternelle dans cette flamme qui me brûle sans trêve, sans toutefois m'anéantir. Tu voulais me voir, et Dieu t'a révélé le secret de mon état.<br />- Mais pourquoi cela ?, demanda l'higoumène en larmes.<br />- Parce que devant vous je paraissais vierge, un ange sans péché, mais en réalité j'étais autre. Je ne me suis pas souillée par le péché charnel, mais mes pensées, mes rêveries coupables et mes désirs secrets m'ont fait' descendre dans la géhenne. Je n'ai pas su garder mon âme pure, ni mes pensées, ni les mouvements de mon cœur, malgré mon corps pur de jeune fille. C'est pour cela que je suis livrée à la souffrance. Par imprudence, je nourrissais en moi un sentiment d'attachement à l'égard d'un jeune homme, je jouissais en pensée de sa belle apparence, et je rêvais de m'unir à lui. Comprenant que c'était un péché, j'avais hâte de le confesser à mon père spirituel. La conséquence de ces jouissances coupables et de ses rêveries impures fut que les saints anges m'eurent en horreur après ma mort et me laissèrent entre les mains des démons. A présent, je brûle dans le feu de la géhenne, et je brûlerai éternellement sans être consumée, car il n'y a pas de fin aux tourments de ceux qui sont rejetés du ciel.<br />Ayant terminé ce discours, la malheureuse gémit, grinça des dents, puis fut happée par la lave brûlante et disparut des yeux de l'higoumène.<br />« Il faut garder son âme et veiller sur elle à tout prix afin qu'elle ne communie pas aux pensées mauvaises et méchantes. De même que le corps est contaminé par l'impureté s'il s'accouple avec un autre corps, l'âme se corrompt en s'unissant aux pensées mauvaises et méchantes et en leur donnant son accord » (Saint Macaire le Grand). Il faut concevoir ceci pas seulement pour un ou deux types de pensées pécheresses, mais pour toutes les mauvaises pensées en général : les pensées d'incroyance, de flatterie, de présomption, de colère, d'envie ou de jalousie. Le rejet de ces pensées conduit à la purification de toute souillure de la chair et de l'esprit (2Cor.7,1). Sache que dans le secret de l'âme s'accomplissent aussi sous l'effet des mauvaises pensées la corruption et l'égarement, selon les mots de l'Apôtre: Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira (1Cor.3,17). Par l'expression temple de Dieu, il faut entendre notre corps visible. Celui qui corrompt l'âme et l'esprit en s'unissant à la méchanceté est passible de châtiment. Il faut garder le corps du péché; il faut aussi garder l'âme, cette fiancée du Christ, des pensées mauvaises : Je vous ai fiancés à un seul Epoux pour vous présenter au Christ (2Cor.11,2). Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie (Prov.4,23). Apprenons des Saintes Ecritures que les pensées tortueuses éloignent de Dieu (Sagesse1,3).<br />Concernant les passions, Saint Nil de la Sora dit : « La passion est sujette, soit à un repentir approprié, soit aux souffrances futures. Il faut se repentir de ses passions et prier d'en être libéré. Ce n'est pas le combat intérieur contre les passions qui provoque les souffrances futures, mais l'absence de repentir. Comme dit Saint Pierre Damascène, si le combat était châtié par des souffrances éternelles, alors il n'y aurait pas de pardon des péchés sans une totale impassibilité. Pourtant, nombreux sont ceux qui ont reçu le pardon de leurs péchés. Les pères disent que celui qui est attaqué par quelque passion doit lui résister avec soin. Prenons l'exemple de l'adultère. Celui qui est attaqué par un désir pour une personne doit éviter à tout prix de converser avec elle, de demeurer avec elle, de toucher son vêtement ou même de le sentir. S'il ne se garde pas de tout cela, il accomplit sa passion et commet l'adultère dans son cœur par la pensée. Il attise lui-même le brasier de la passion et laisse les pensées malignes pénétrer dans son cœur comme des bêtes sauvages » (homélie 1).<br />Préparons-nous à J'éternité, à passer vers elle par la mort, et ceci pendant notre vie terrestre, qui n'est autre que l'antichambre de l'éternité. La vie terrestre n'est pas la vie à proprement parler mais un combat incessant entre la vie et la mort. Nous penchons tour à tour vers l'une ou l'autre, nous hésitons. Si nous appréciions avec justesse ce bref moment de notre passage sur la terre en le comparant à la grandiose éternité, nous ne trouverions qu'un seul moyen de l'employer : la préparation à l'éternité. C'est ainsi qu'en juge la parole de Dieu : Ne crains point petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume vendez ce que vous possédez- et donnez-le en aumônes Faites-vous des bourses qui ne s'usent point, un trésor inébranlable dans les cieux, où le voleur ne s'approche point et où la mite ne détruit point, car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera ; bienheureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera veillant. Je vous le dis en vérité, il se ceindra, le fera mettre à table et s'approchera pour le servir. Qu'il arrive à la deuxième ou à la troisième veille, bienheureux ce serviteur, s'il le trouve en train de veiller. Sachez-le bien, si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas. Quel est donc l'économe fidèle et sage que le maître établira sur ses gens pour leur donner la nourriture en temps convenable? Bienheureux ce serviteur que le maître trouvera faisant ainsi à son arrivée ! Je vous le dis en vérité, il l'établira sur tous ses biens. Mais si ce serviteur dit en lui-même: mon maître tarde à venir, s'il se met à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s'enivrer, le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas. Il le mettra en pièces et lui donnera sa part avec les infidèles (Luc12, 32-40, 42-46).</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-3128376621748861642012-01-24T11:54:00.000-08:002012-02-15T12:41:52.770-08:00PAROLE SUR LA MORT 7<div align="justify"><a href="http://1.bp.blogspot.com/-zANfZc6XTAo/Tx8NT44AvOI/AAAAAAAAA1g/thvZFLPmIDQ/s1600/SAint%2BGeorges.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 258px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5701290288610327778" border="0" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/-zANfZc6XTAo/Tx8NT44AvOI/AAAAAAAAA1g/thvZFLPmIDQ/s320/SAint%2BGeorges.jpg" /></a> <strong><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE VII : LES DOUANES OU EPREUVES SUBIES PAR L'ÂME DE SAINTE THEODORA DURANT SON ASCENSION VERS LE CIEL .<br /></span></strong><br /><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</em></div><br /><div align="justify"><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.<br />Ce texte sur Sainte Theodora a été emprunté à une vie de Saint Basile qui a vécu au neuvième siècle à constantinople, ce texte selon les derniers spécialistes a été écrit quatre siècles après la mort de saint Basile, donc beaucoup de questions sur son authenticité ont été récemment posées et plusieurs chercheurs doutent de sa véracité. Cela étant dit, Saint Ignace l'a adopté et l'a inclus dans son traité. Prière donc de prendre cette histoire avec des pincettes et de ne pas s'alarmer à outrance de la dureté de son contenu.<br /></div></em><br /><br /><br /><br /><br /><div align="justify">C'est à Sainte Théodora que nous emprunterons la description détaillée des épreuves et l'ordre dans lequel elles se déroulent dans les airs. Ayant, comme nous l'avons vu, abandonné sur la terre son corps sans vie, elle commença son ascension vers l'orient, guidée par deux anges.<br />Alors qu'elle montait vers le ciel, elle rencontra les esprits ténébreux de la première épreuve, qui examinent tous les péchés humains commis en parole, comme les bavardages, les jurons, les railleries, les blasphèmes, les chansons passionnelles, les exclamations indécentes, les rires et autres choses semblables. Le plus souvent, l'homme ne fait aucun cas de ces péchés, ne s'en repent pas devant Dieu et ne les confesse pas à son père spirituel. Cependant, le Seigneur a dit clairement : Au jour du jugement, les hommes rendront compte de toutes les paroles vaines qu'ils auront proférées. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné (Mt.12,36-37). Et l'Apôtre ordonne : Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, ni déshonnête, ni propos insensé, ni plaisanterie (Eph.4,29845,4). Les démons accusèrent l'âme de Théodora avec cruauté et ténacité, présentant tous les péchés commis en parole depuis sa jeunesse. Les saints anges les contestèrent, opposant les bonnes œuvres.<br />Rachetée à la première épreuve, Théodora monta plus haut et s'approcha de la deuxième épreuve, où sont examinés les mensonges, les parjures, le fait de prononcer en vain le Nom de Dieu ou de dissimuler ses péchés au père spirituel lors de la confession.<br />S'étant libérée là aussi, elle passa à la troisième épreuve, où sont examinés les calomnies contre le prochain, les jugements, l'humiliation, l'atteinte à l'honneur d'autrui, les injures et les railleries faites en oubliant ses propres péchés et défauts, ou en y prêtant aucune attention. Ceux qui ont commis des péchés de ce genre sont questionnés par les féroces examinateurs avec une cruauté toute particulière, car ils se sont conduits comme des antéchrists, ils se sont approprié la dignité du Christ en jugeant et en écrasant leur prochain.<br />La quatrième épreuve est celle de la gourmandise. On y dénonce la gloutonnerie, l'ivrognerie, le fait de manger à tout moment ou en cachette, de manger sans dire la prière, la transgression des jeûnes, la luxure, la volupté, le rassasiement, le fait de participer à des festins, et tous les plaisirs accordés au ventre. Après s'être libérée de cette épreuve, Sainte Théodora reprit un peu courage et dit aux saints anges qui l'accompagnaient : « Il me semble que personne sur terre ne sait ce qui se passe ici et ce qui attend l'âme pécheresse après la mort ». Les anges lui répondirent : « La Parole Divine, lue quotidiennement à l'église, et prêchée par les serviteurs de Dieu ne l'explique-t-elle donc pas ? Ceux qui se sont attachés aux vanités terrestres ne prêtent aucune attention à la Parole de Dieu, ils jouissent quotidiennement de l'ivrognerie, ils mangent à satiété et boivent sans crainte de Dieu, ne pensent pas à la vie future et n'écoutent pas l'Ecriture qui dit : malheur à vous qui êtes rassasiés car vous aurez faim ! (Luc6,25). Ils considèrent la Sainte Ecriture comme une fable, vivent dans la négligence, s'amusent et festoient joyeusement chaque jour au son de la musique et des chœurs, à l'instar du riche de l'Evangile, Toutefois, ceux qui sont miséricordieux, font profiter les pauvres de leurs bienfaits, et aident les nécessiteux, reçoivent facilement le pardon de Dieu pour leurs péchés et passent les épreuves avec bonheur grâce à leurs aumônes. L'Ecriture dit : L'aumône délivre de la mort et purifie de tout péché. Celui qui fait des aumônes et agit avec justice aura la vie; ceux qui commettent le péché sont les ennemis de leur vie. (Tobie21). Ceux qui ne s'efforcent pas de se purifier de leurs péchés par des aumônes ne pourront pas éviter le malheur lors des épreuves, ils seront ravis par les publicains qui les feront descendre dans de cruelles souffrances vers les prisons souterraines de l'enfer où ils seront enchaînés jusqu'au terrible jugement du Christ 1 »<br />En s'entretenant ainsi, ils atteignirent la cinquième épreuve, celle de la paresse. Là furent comptés tous les jours et toutes les heures passés dans la négligence à servir Dieu. Là furent examinés l'acédie, l'abandon des prières à l'église ou dans la cellule, par paresse, négligence, ou froideur envers Dieu. Là sont questionnés les paresseux qui profitent du travail des autres et refusent de travailler eux-mêmes, ceux qui perçoivent un salaire mais accomplissent leur travail avec négligence.<br />Après vint la sixième épreuve, où l'on examine les vols et les rapts en tout genre, grossiers ou selon la bienséance, manifestes ou cachés.<br />Puis vint la septième épreuve, celle de l'amour de l'argent et de l'avarice.<br />Ensuite vint la huitième épreuve, où sont accusés les concussionnaires, les usuriers et ceux qui s'approprient le bien d'autrui.<br />Plus loin encore, l'épreuve de l'injustice, la neuvième épreuve, où sont dénoncés les juges iniques au jugement partiel, qui se laissent acheter, condamnent les innocents et justifient les coupables. Là sont examinées les balances inexactes, les marchandages injustes.<br />La dixième épreuve est l'épreuve de l'envie où sont examinés ceux qui s'adonnent à cette passion pernicieuse et à ses conséquences.<br />A la onzième épreuve, les esprits hautains examinent l'orgueil, la vanité, la présomption, le dédain, la louange de soi-même, le fait de ne pas honorer comme il se doit les parents, les pouvoirs ecclésiastiques ou civils, de ne pas leur obéir ou de leur désobéir.<br />La douzième épreuve est celle de la colère et de la fureur.<br />La treizième épreuve est celle de la rancune. Après avoir dépassé cette épreuve, Sainte Théodora demanda aux anges :<br />- Je vous en prie, dites-moi comment ces effrayantes puissances aériennes connaissent les mauvaises actions, autant manifestes que cachées, de tous les hommes vivant dans le monde entier.<br />- Au saint baptême chaque homme reçoit un ange gardien qui veille invisiblement sur lui, l'instruit nuit et jour dans les bonnes actions, tout au long de sa vie et jusqu'à l'heure de la mort. Il note toutes les bonnes actions pour lesquelles cet homme serait susceptible d'être digne de la miséricorde du Seigneur et de la rétribution éternelle. De la même façon, le prince des ténèbres, qui a pour objectif d'entraîner dans la perdition le genre humain, envoie auprès de chaque homme un esprit malin qui le suit partout, note ses mauvaises actions, lui suggère astucieusement de faire le mal, puis visite chaque épreuve pour y rapporter les péchés correspondants. Voilà comment les pouvoirs aériens connaissent les péchés de tous les hommes. Quand l'âme se sépare du corps et s'efforce de monter rejoindre son Créateur au ciel, les esprits malins lui dressent des obstacles en dénonçant les péchés qu'ils ont inscrits. Si l'âme possède davantage de bonnes actions que de péchés, ils ne pourront pas la retenir. Dans le cas contraire, ils l'enfermeront dans une prison d'où elle ne pourra pas voir Dieu. Elle sera torturée tant que la puissance de Dieu le permettra, et tant qu'elle n'aura pas été rachetée par les prières de l'Eglise et les aumônes des proches. Si l'âme s'avère vraiment pécheresse et abominable devant Dieu, au point qu'il ne lui reste plus aucune espérance de salut et qu'elle soit digne de la perdition éternelle, alors elle sera descendue immédiatement dans l'abîme où les démons connaîtront eux-aussi les souffrances éternelles. Elle y sera gardée jusqu'au deuxième Avènement du Christ, après quoi elle s'unira au corps et souffrira avec lui dans la géhenne éternelle. II faut savoir encore que ceux qui empruntent la voie des épreuves et des questions sont uniquement ceux qui ont été éclairés par la foi chrétienne et lavés par le Saint Baptême. Elle n'est donc destinée ni aux païens, ni aux musulmans, ni à tous ceux qui sont étrangers à Dieu : ceux-là, encore vivants dans leur corps, sont déjà morts, et enterrés en enfer par l'âme. Au moment de leur mort, les démons les saisissent immédiatement comme un dû et les descendent sans épreuve dans l'abîme de la géhenne.<br />Après cet entretien, Sainte Théodora atteignit la quatorzième épreuve, celle du meurtre, où sont examinés non seulement le brigandage et le meurtre, mais aussi les coups, les gifles et les heurts.<br />Plus haut eut lieu la quinzième épreuve, celle de la magie, de la sorcellerie, des charmes, des poisons, de l'ensorcellement et de l'invocation des démons. Au cours de cette épreuve, les démons ne trouvèrent rien à reprocher à la bienheureuse Théodora et ils lui crièrent, furieux: « Quand tu arriveras à l'épreuve de l'adultère, nous verrons si tu pourras t'en tirer...». En continuant à s'élever, elle demanda aux saints anges:<br />- Est-ce possible que tous les chrétiens doivent passer par ces lieux, et que personne ne puisse les traverser sans être soumis aux questions et à la peur?<br />- Il n'y a pas d'autre voie pour les âmes chrétiennes qui montent vers le ciel. Toutes passent ici, mais toutes ne sont pas questionnées comme celles qui ont commis des péchés sans les avoir complètement confessés, par honte devant le père spirituel. Si quelqu'un confesse ses péchés dans la vérité, les regrette et se repent du mal qu'il a commis, alors ses péchés sont effacés par la miséricorde de Dieu, et quand l'âme arrive ici, les examinateurs aériens ne trouvent rien en ouvrant les livres, c'est pourquoi ils ne peuvent ni offenser l'âme, ni l'effrayer, et c'est ainsi qu'elle s'élève joyeusement vers le trône de la grâce.<br />NB: Saint Jean Climaque raconte que pendant un séjour dans un monastère d'Alexandrie, un voleur se présenta avec repentir pour être admis à la vie monastique. L'higoumène du monastère lui demanda qu'il confesse ses péchés à l'église en présence de tous les frères. Le voleur s'étant exécuté avec ferveur et humilité, l'higoumène le revêtit immédiatement du schème. Saint Jean lui demanda en privé pourquoi il avait tonsuré aussi vite le voleur. L'higoumène répondit que sa confession lui avait mérité le pardon de toutes ses fautes. «Et n'en doute pas, car un des frères présents m'a fait une confidence. Il a vu un personnage à l'aspect terrible qui tenait en main une tablette écrite et une plume. Tandis que le pénitent avouait ses crimes, l'autre, en toute justice, les effaçait de la tablette avec la plume, selon qu'il est écrit : J'ai dit: je vais confesser contre moi mes péchés au Seigneur et Toi, tu as pardonné l'iniquité de mon cœur (Ps.31,5)» (Echelle, degré4)<br />Il n'est pas inutile de citer ici un événement qui nous est presque contemporain. Dans les environs de Vologda se trouve un grand village dénommé Koubensky, qui compte plusieurs paroisses. Le prêtre de l'une d'elle tomba malade et s'approcha de la mort. Il vit son lit entouré de démons qui s'apprêtaient à ravir son âme et à la descendre en enfer. Alors apparurent trois anges. L'un d'entre eux se posta près du lit et se mit à disputer l'âme à un démon des plus hideux qui tenait un livre ouvert où étaient inscrits tous les péchés du prêtre. Sur les entrefaites entra un autre prêtre qui venait assister son confrère. La confession commença. Jetant des regards effrayés sur le livre, le malade prononçait avec abnégation ses péchés, comme s'il les rejetait de lui-même. Et que vit-il ? Dès qu'il mentionnait un péché, celui-ci disparaissait du livre en laissant une page blanche. Il effaça ainsi par la confession tous les péchés du livre démoniaque et fut guéri. Il finit sa vie dans un profond repentir, racontant à ses proches, pour leur instruction, cette vision qu'avait soulignée une guérison miraculeuse.<br />En conversant ainsi, ils atteignirent la seizième épreuve, celle de la dépravation, où sont examinés tous les genres de débauche, c'est-à-dire les péchés d'adultère des personnes qui ne sont pas liées par le mariage. On y examine les rêveries coupables, le fait de s'attarder en pensée sur ces rêveries, le consentement au péché et la jouissance, les regards voluptueux, les attouchements obscènes. Quand Théodora fut parvenue à cette épreuve, les esprits ténébreux furent très étonnés qu'elle soit arrivée jusque-là, et ils l'accusèrent avec cruauté, surtout pour son manque de franchise envers son père spirituel.<br />Ensuite, ils arrivèrent à la dix-septième épreuve, où sont examinés tous les péchés d'adultère des personnes vivant dans le mariage (le fait de ne pas respecter la fidélité entre époux, de souiller le lit conjugal) ou les péchés d'adultère des personnes consacrées à Dieu, qui ont promis au Christ leur pureté.<br />La dix-huitième épreuve est celle de l'homosexualité, où sont passés en revue les péchés d'adultère contraires à la nature, ainsi que l'inceste. Après avoir dépassé cette épreuve les saints anges dirent à Théodora: «Tu as vu les terribles et abominables épreuves de l'adultère! Sache que rare est l'âme qui les dépasse librement. Le monde entier est enfoncé dans le mal des tentations et de la souillure, tous les hommes sont voluptueux et débauchés. Les pensées du cœur de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse (Gen.8,21) et c'est à peine si quelqu'un se garde de la souillure de l'adultère. Peu nombreux sont ceux qui mettent à mort les convoitises de la chair et qui dépassent sans encombre ces épreuves! La plupart de ceux qui sont arrivés jusque là périssent. Les féroces questionneurs ravissent les âmes et les précipitent en enfer. Les puissances des épreuves d'adultère se vantent qu'à eux seuls, ils remplissent plus que toutes les autres épreuves les fournaises de l'enfer. Rends grâce à Dieu, Théodora, d'avoir évité les pièges des épreuves d'adultère, et ceci grâce aux prières de ton père Saint Basile. A présent, tu ne connaîtras plus la peur ! ».<br />La dix-neuvième épreuve est celle des hérésies, où sont examinés les raisonnements injustes sur la foi, les doutes dans la foi, l'apostasie et le reniement de la foi orthodoxe, le blasphème et autres péchés contre la seule véritable confession de la foi.<br />Après avoir dépassé cette épreuve, ils approchèrent des portes célestes, et rencontrèrent les esprits de la dernière et vingtième épreuve, celle de l'absence ou de l'insuffisance de charité, et de la cruauté. Si quelqu'un accomplit de nombreux exploits spirituels, des jeûnes, des veilles, des métanies, des prières, s'il garde de toute souillure la pureté de sa virginité, s'il épuise son corps dans l'abstinence, mais se montre impitoyable et ferme son cœur au prochain, alors il sera précipité du haut du ciel lors de cette épreuve, et sera enfermé pour l'éternité dans l'abîme de l’enfer.<br />Enfin, avec une joie ineffable, ils s'approchèrent des portes célestes. Celles-ci brillaient comme du cristal. Elles rayonnaient de manière indicible et des jeunes gens semblables au soleil se tenaient au milieu d'elles. Voyant la sainte guidée par les anges, ils se réjouirent pour elle de la voir dépasser victorieusement, couverte par la miséricorde divine, les épreuves aériennes. Avec grand amour, ils la firent traverser les portes. Pendant sa marche à travers les épreuves, Sainte Théodora avait noté que chaque épreuve était présidée par un prince particulier, et que les esprits de chaque épreuve présentaient une apparence extérieure conforme au type de péché examiné à l'épreuve.<br />Les grands saints (qui par nature sont semblables à l'ancien Adam, mais sont parvenus à la perfection du Nouvel Adam, notre Seigneur Jésus-Christ) traversent les épreuves à une vitesse extraordinaire et avec grande gloire. Ils sont élevés au ciel par l'Esprit Saint qui, déjà pendant leur pèlerinage terrestre, leur inspirait constamment le désir de se séparer du corps et d'être avec le Christ (Phil.1,23). Le grand Marc de Thrace (5avril) traversa l'atmosphère comme un éclair, en l'espace d'une heure. Saint Sérapion, qui assista au décès de Saint Marc, dit: «Je vis l'âme du saint séparée des liens charnels, et élevée au ciel après avoir été recouverte d'un vêtement blanc et lumineux par un ange».<br />Lorsqu'arriva la mort de Saint Macaire le Grand, une multitude de l'armée céleste se joignit au chérubin qui était son ange gardien pour venir chercher son âme. Avec l'assemblée des anges descendit le chœur des apôtres, des martyrs, des saints hiérarques, des saints et des justes. Les démons se rangèrent en foule tout au long des épreuves, afin de contempler la marche de l'âme pneumatophore. Elle commença son ascension. Se tenant au loin, les esprits des ténèbres criaient depuis le lieu des épreuves : «ô, Macaire De quelle gloire as-tu été digne !». Mais l'humble moine répondait : «Non ! Je crains encore parce que je ne sais pas si j'ai fait quelque chose de bien ! ». Pendant ce temps, il s'élevait rapidement vers le ciel. Les pouvoirs aériens criaient dé nouveau à partir des épreuves plus élevées : «Tu nous as vraiment évités, Macaire !». «Non, j'ai encore besoin de fuir ! ». Lorsqu'il franchit les portes célestes, ils crièrent en sanglotant de rage et d'envie : «Maintenant, tu nous as évités, Macaire !». «Gardé par la puissance de mon Christ, j'ai évité vos astuces ! ». Le cheminement de l'âme de Saint Macaire fut observé par ceux de ses disciples qui avaient atteint une réussite spirituelle particulière, et c'est Saint Paphnuce, son successeur à la direction du skyte, qui le raconte.<br />Les grands saints mènent, toute leur vie durant, un combat implacable contre les pouvoirs ténébreux. Ils ont déjà remporté la victoire ici-bas, car leurs cœurs se sont libérés totalement du péché, devenant temples et sanctuaires de l'Esprit Saint qui fait en eux Sa demeure raisonnable, une forteresse imprenable pour l'ange déchu. C'est pourquoi ils passent avec une telle aisance devant les gardiens aériens et les pouvoirs ténébreux.<br />De la même façon que l'âme chrétienne ressuscite déjà pendant son pèlerinage terrestre de la mort occasionnée par le péché, elle voit s'accomplir déjà ici-bas son examen par les pouvoirs aériens, sa captivité ou sa libération. Mais cette captivité, ou cette libération, ne deviendra évidente que lors de la marche à travers les airs.<br />Au Paradis, l'homme reçut le commandement de ne pas goûter à l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Comme dit Marc l'ascète dans son homélie sur le Paradis et la loi spirituelle, ce commandement n'a pas été abrogé. A présent encore, il est interdit de voir le mal dans son prochain, de le condamner, de se venger de lui, de rendre le mal pour le bien. Il est interdit de regarder avec convoitise la beauté de la femme, beauté qui, avant la chute, ne suscitait aucune convoitise. Il est interdit de prononcer des paroles de blasphème, telle qu'on a pu en entendre de la bouche du diable au Paradis, et également de prononcer en vain le Nom de Dieu. Interdites aussi les paroles vaines et les pensées pécheresses.<br />Saint Macaire le Grand dit : «Le bienheureux Moïse, pour exprimer de façon imagée que l'âme ne doit pas suivre simultanément deux principes contradictoires, c'est-à-dire le bien et le mal, mais doit au contraire s'attacher au bien, et qu'elle ne doit pas non plus produire de fruits doubles, utiles et nuisibles, a dit: tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne attelés ensemble (Dt.22,9-10). Ceci signifie que la vertu et la méchanceté ne doivent pas agir ensemble dans l'enclos de ton cœur, mais que seule la vertu doit agir».<br />Le même dit encore: «Tu ne porteras point un vêtement tissé mi-laine, mi-lin. Tu ne sèmeras pas dans ton champ deux espèces de semences (Dt.22,11). Tu n'accoupleras pas deux bestiaux de deux espèces (Lev.19,19). Tout cela exprime mystérieusement que ne doivent pas être semées en nous méchanceté et vertu, mais qu'une seule espèce de fruit doit naître dans l'âme, le fruit de la vertu, et que l'âme ne doit pas communiquer avec deux esprits, l'Esprit de Dieu et l'esprit du monde».<br />Comme jadis dans le Paradis, l'homme a devant lui aujourd'hui son meurtrier, le chérubin déchu. Il agite son arme flamboyante et combat l'homme implacablement, s'efforçant de l'entraîner à transgresser le commandement de Dieu, le poussant vers une perdition autrement plus pénible que celle de nos ancêtres. Malheureusement, notre ennemi est de plus en plus encouragé par ses succès. Les plus grands pères (Macaire le Grand, Marc l'ascète,...) Voient dans l'arme flamboyante agitée par les mains du prince des airs le pouvoir démoniaque qui ébranle l'esprit et le cœur de l'homme «en les enflammant par diverses passions. L'Apôtre appelle les armes de l'ennemi des flèches flamboyantes (Eph.6,10) et le prophète compare leur action dans l'âme à celle du feu dans les épines (Ps.117,12). Saint Syméon le Nouveau Théologien dit: « Depuis le moment où le diable organisa par la désobéissance le bannissement de l'homme du Paradis et la rupture de sa communion avec Dieu, il reçut, avec les démons, la liberté d'ébranler la raison de chaque homme, les uns davantage, les autres moins. L'intellect ne peut se protéger que par le souvenir incessant de Dieu. Quand la puissance de la Croix grave le souvenir de Dieu dans le cœur, alors le raisonnement devient inébranlable. C'est à cela que mène l'ascèse mentale par laquelle chaque chrétien s'est engagé à combattre sur le champ de bataille de la foi. Sans ce résultat, l'exploit est vain».<br />Les commandements concernent les actes et les paroles, mais surtout leur origine commune, les pensées. Le combat que l'ennemi nous livre est d'ailleurs dirigé de préférence contre l'intellect. L'intellect est le guide de l'homme ; s'il ne consent pas secrètement au péché, alors ni les paroles pécheresses, ni les actes pécheurs ne peuvent naître. Comme dit Saint Hésychius de Jérusalem dans son homélie sur la vigilance : l'arme de l'ennemi, c'est la pensée ou la rêverie coupable. L'homme doit combattre les puissances de l'air dans le pays des pensées. C'est là qu'il remporte la victoire ou subit la défaite. C'est là qu'il se libère des publicains ou qu'il se soumet à eux. C'est là que se décide sort destin éternel. Il choisit librement, soit la vie éternelle accordée par le Créateur et offerte par le Rédempteur, soit la mort éternelle annoncée jadis au Paradis par Dieu dans Sa justice, comme châtiment de la créature qui dédaigne les bienfaits de son Créateur.<br />Le très grand et saint Apôtre Paul nous appelle à ce combat en disant : revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable, car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, les autorités, contre les princes de ce monde des ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux situés en-dessous des cieux (Eph.6,11-12). L'Apôtre indique même le lieu de ce terrible combat et les armes qu'il nous faut employer : les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance du Christ (2Cor.10,4-5). L'Apôtre ordonne de capturer dans l'obéissance au Christ non seulement les pensées pécheresses qui Lui sont manifestement opposées, mais aussi toute notre intelligence. Notre adversaire rusé et expérimenté dans la perte des hommes ne suggère pas des pensées manifestement coupables dès le début d'un entretien, mais il s'efforce plutôt d'opposer à l'intelligence spirituelle (l'enseignement évangélique) l'intelligence humaine naturelle, déchue, charnelle et psychique; en la présentant comme saine, bien fondée, juste et grande. Il éloigne ainsi l'homme de l'obéissance au Christ.<br />«Lorsque le diable voit quelqu'un qui ne désire pas pécher, il n'est pas assez insensé pour lui proposer un mal manifeste. Il ne lui dit pas : va commettre l'adultère ou va voler. Il sait que nous ne voulons pas cela et il ne se donne pas la peine de parler de ce que nous ne voulons pas, mais il essaie de trouver en nous un désir quelconque, ou quelque justification de nous-mêmes et par cela, il nous nuit. Et c'est pourquoi l'Ecriture dit : le malin commet un mal lorsqu'il s'unit au juste (Prov.11,15). Le malin, c'est le diable. Il commet un mal lorsqu'il unit sa vérité à la nôtre ; alors il s'affermit, il nuit davantage, il agit. Lorsque nous nous laissons diriger par nos désirs en suivant notre vérité, alors, ayant l'air de faire une bonne action, nous nous faisons du tort à nous-mêmes et nous ne remarquons même pas comment nous périssons ! . (Saint Dorothée de Gaza).<br />Pour illustrer la flatterie, l'adulation et la malignité employées par le diable pour s'emparer de la volonté de l'homme et lui faire déposer le joug du Christ, Saint Macaire cite le combat suivant : «Quelqu'un, en se disputant avec son frère, se trouble lui-même et pense ainsi : faut-il lui dire ceci ou cela ? Non, je ne lui dirai pas ! Il me dénigre tant ! Dois-je le contredire ? Il vaut mieux que je me taise ! C'est vrai, nous avons les commandements de Dieu, mais il faut aussi se préoccuper de son honneur... Ainsi, il est difficile de renoncer complètement à soi-même»: L'Apôtre recommande de renoncer résolument et totalement à soi-même, de revêtir toutes les armes de Dieu, et non de se ceindre d'une seule d'entre elles. Le jeûne seul ne suffit pas, pas plus que la prière, les aumônes ou la chasteté. Les armes de Dieu, ce sont tous les commandements évangéliques. Celui qui dédaigne l'un d'eux les rejette tous. Celui qui dédaigne l'un d'eux sera appelé le plus petit dans le Royaume des Cieux (Mt.5,19), sera précipité dans la géhenne de feu, comme dit Saint Théophylacte de Bulgarie en commentant l'Evangile. J'ai été redressé grâce à tous, tes commandements, j'ai haï toute voie d'injustice (Ps.118,128). Prenez toutes les armes de Dieu, afin de résister dans le mauvais jour et de tenir ferme après avoir tout surmonté (Eph.6,13). Seul celui qui a pris toutes les armes de Dieu peut résister dans le mauvais jour, seul celui qui a accompli tous les commandements sans exception peut tenir ferme devant l'ennemi.<br />«Le mauvais jour, c'est l'heure de la tentation cruelle et de l'attaque du diable auxquelles sont soumis les courageux soldats du Christ pendant leur pèlerinage terrestre. Les vainqueurs de ce combat passent de la mort éternelle à la résurrection de l'âme. (De bons exemples de ceci seront trouvés dans la vie de Saint Antoine le Grand, ou dans celle de Saint Jean le Grand-Souffrant des grottes). Pour les autres chrétiens, le mauvais jour, c'est celui de la séparation de l'âme et du corps, le jour de la traversée des épreuves aériennes. Les saints se revêtent de toutes les armes de Dieu. Leur règle de vie est l'Evangile, la parole de leur bouche, de leur esprit et de leur cœur, c'est la parole de Dieu (Eph.6,18), le Nom du Seigneur Jésus-Christ. Avec cette épée spirituelle, ils vainquent et brisent l'arme flamboyante agitée devant eux par l'ennemi, c'est-à-dire les paroles du diable. Les rêveries démoniaques ne peuvent pénétrer dans leurs âmes, elles perdent sur elles tout pouvoir. Par la veille et une vigilance sévère, les saints sont attentifs à leur cœur et à leur esprit. Illuminés par la grâce de Dieu, ils sentent de loin l'approche des voleurs et des meurtriers menteurs. Se servant de leur attention comme d'un miroir, ils y voient le reflet des visages noirs des éthiopiens spirituels» (Saint Hésychius). En rejetant tout rapport avec eux déjà ici-bas, ils les privent de tout droit sur eux. Après leur mort, ils passent sans obstacle devant les pouvoirs aériens qu'ils avaient dédaignés en temps utile.<br />Saint Macaire le Grand dit: «Seul celui qui renonce véritablement au monde, qui vit dans l'ascèse, qui dépose le joug terrestre, qui se libère et s'éloigne sincèrement des désirs vains, des passions chamelles, des honneurs, qui reçoit secrètement l'aide du Seigneur dans les exploits spirituels cachés, qui demeure fermement au service de Dieu et se donne à Lui définitivement par l'âme et le cœur, celui-là seul, je l'affirme, rencontre une résistance, des passions secrètes, des filets invisibles, un combat caché, une lutte intérieure. Au milieu de ce combat, il prie Dieu en permanence et<br />reçoit du ciel les armes spirituelles décrites par le bienheureux Apôtre : la cuirasse de la justice, le casque du salut, le bouclier de la foi et l'épée de l'Esprit. Ainsi armé, il peut résister aux astuces cachées des ennemis. Ayant acquis ces armes au moyen de la prière, de la patience, des demandes, du jeûne, de la foi, il peut mener courageusement le combat contre les dominations, les autorités et les princes de ce monde des ténèbres (Eph.6,14). Ayant vaincu le pouvoir de l'adversaire avec l'aide de l'Esprit et ses propres vertus, il peut devenir digne de la vie éternelle».</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-34133483223876355452012-01-23T12:09:00.000-08:002012-02-15T12:42:16.787-08:00PAROLE SUR LA MORT 6<div align="justify"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-z6KR5OLdh9M/Tx2_ReRvXLI/AAAAAAAAA1U/EPTZc4W7W7w/s1600/Glorification%2Bde%2Bla%2BM%25C3%25A8re%2Bde%2BDieu%2B1.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 259px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5700923010227068082" border="0" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/-z6KR5OLdh9M/Tx2_ReRvXLI/AAAAAAAAA1U/EPTZc4W7W7w/s320/Glorification%2Bde%2Bla%2BM%25C3%25A8re%2Bde%2BDieu%2B1.jpg" /></a> <strong><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE</span><span style="color:#cc33cc;"> VI : TEMOIGNAGES PATRISTIQUES ET LITURGIQUES SUR LES EPREUVES SUBIES PAR L'ÂME LORS DE SON ASCENSION VERS LE PARADIS.</span></strong></div><br /><br /><p align="justify"><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</em></p><br /><p align="justify"><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.<br /></p></em><br /><br /><div align="justify"></div><br /><br /><br /><br /><div align="justify">Après la Rédemption du genre humain par notre Seigneur Jésus-Christ, Dieu, dans Sa mystérieuse sagesse, permit aux hommes de choisir entre la vie et la mort, d'accepter ou de refuser le Rédempteur et la Rédemption. Malheureusement, très nombreux sont ceux qui désirent rester en communion avec satan, vivre la captivité et l'esclavage sous sa coupe, en se déclarant ouvertement ennemis du Sauveur et de Son enseignement divin. Nombreux aussi sont ceux qui s'enrôlent dans Son armée et déclarent être Ses serviteurs, mais trahissent leurs engagements, par leurs actes manifestes ou cachés, par leur union aux esprits du mal. Tous ceux qui rejettent ouvertement le Rédempteur constituent déjà l'héritage de satan. Leurs âmes vont directement en enfer en quittant le corps. Quant aux chrétiens qui se tournent vers le péché, ils sont indignes de passer directement de la vie terrestre à la béatitude éternelle. La justice exige que les manquements, les trahisons du Rédempteur soient pesés et évalués. Un jugement minutieux est indispensable afin de définir ce qui aura prévalu de la vie éternelle ou de la mort éternelle. Chaque âme chrétienne qui quitte le corps doit s'attendre à ce jugement impartial de Dieu. Comme le dit le saint Apôtre Paul : il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement (Hb.9,27).<br />La justice de Dieu s'accomplit par l'intermédiaire des saints anges et des démons. Ils jugent les âmes qui viennent de quitter le corps. Les saints anges connaissent toutes les bonnes œuvres de la vie terrestre et les méchants les infractions à la loi de Dieu. Lorsque l'âme du chrétien commence à s'élever vers le ciel, guidée par les saints anges, les esprits des ténèbres l'accusent de tous les péchés qui n'ont pas été effacés par le repentir, comme autant de sacrifices à satan, de gages de communion au même destin éternel que lui.<br />Pour torturer les âmes qui traversent les espaces aériens, les pouvoirs ténébreux ont installé dans un ordre remarquable des tribunaux spéciaux avec leurs assesseurs. Tout au long de ces étapes aériennes, depuis la terre jusqu'au ciel même, la cohorte des esprits déchus monte la garde. Chaque section examine un péché particulier et torture l'âme à son passage. Chez les pères, les gardiens et les tribunaux des démons s'appellent épreuves, et les esprits déchus qui les président sont qualifiés de publicains.<br />Au temps du Christ et des premiers siècles de l’Eglise, on appelait publicains les collecteurs d'impôts de l'état. Cette charge était confiée à des personnes sans responsabilités définies. Ces publicains, qui n'étaient pas tenus de rendre des comptes, se permettaient toutes sortes de violence, d'astuces, d'abus et de pillages inhumains. Ils se postaient habituellement aux portes des villes, sur les marchés, dans les lieux publics, afin que personne ne pût échapper à leur vigilance. Ce comportement les rendait terrifiants aux yeux du peuple. C'est ainsi que le mot même de publicain devint synonyme de personne égoïste, dépourvue de sentiment, à la vie déréglée, capable de crimes ou d'actes humiliants, détestée de tous. C'est dans ce sens-là que le Seigneur compare les transgresseurs de la loi de l'Eglise à des païens ou des publicains (Mt.18,17). Dans l'Ancien Testament, il n'y avait rien de plus répugnant pour un serviteur de Dieu qu'un idolâtre, et pourtant un publicain était tout aussi repoussant. Le qualificatif de publicain fut attribué aux démons qui gardent le chenin du ciel, en raison de la similitude des fonctions. Comme fils du mensonge, les démons accusent les âmes humaines, non seulement des péchés qu'elles ont commis, mais également de ceux auxquels elles n'ont jamais été exposées. Ils ont recours à l'invention et à la tromperie, unissant calomnie, impudicité et insolence, afin d'arracher les âmes des mains des anges et d'ajouter de nouveaux prisonniers à la multitude innombrable de l'enfer.<br />Saint Jean Climaque raconte l'histoire d'un certain Stéphane du mont Sinaï, amant du désert et de l'hésychia, qui passa de nombreuses années dans l'ascèse monastique. Paré des jeûnes, des larmes, et des fleurs d'autres éminentes vertus, ce moine avait atteint un réel repentir. La veille de sa mort, il fut ravi en esprit. Regardant à droite et à gauche de son lit, il voyait des êtres invisibles le torturer. En présence de plusieurs personnes, il disait à haute voix : « Oui, c'est bien ainsi, c'est pour cette raison que j'ai jeûné tant d'années... Non, vous mentez, je n'ai pas fait cela... Oui, c'est tout à fait vrai, mais j'ai pleuré et rempli mon service... Non, vous me calomniez... Oui, c'est exact, je ne sais que dire à cela, mais Dieu est miséricordieux...». C'était en vérité un spectacle terrible et affreux que cette reddition sans pitié de comptes invisibles. Et le plus terrible, c'est qu'on l'accusait de ce qu'il n'avait pas fait ! Hélas ! Cet anachorète hésychaste disait de certains de ses péchés : « je n'ai rien à répondre à cela », bien qu'il eût été moine depuis quarante années, et que Dieu l’eût gratifié du don des larmes. Où était donc la parole d'Ezéchiel : Je te jugerai dans l'état où Je te trouverai (Ez.33,13)? En vérité, il ne pouvait même pas invoquer cela pour se justifier ! Pourquoi ? Gloire à Celui qui Seul le sait ! Et cependant, des gens dignes de foi ont raconté qu'il nourrissait un léopard dans le désert I Tandis qu'il était ainsi sommé de rendre des comptes, il quitta son corps, laissant ses proches dans une incertitude totale au sujet de son jugement (Echelle7,55). Ne me livre pas au bon plaisir de mes oppresseurs, car des témoins injustes se sont levés contre moi et des hommes iniques se sont mentis à eux-mêmes (Ps.26,12), comme il est dit du combat de l'âme humaine avec les esprits invisibles...<br />Il est indéniable que c'est bien de ces derniers dont parle le saint Apôtre Paul en annonçant le combat avec les esprits méchants qui attend les chrétiens sous les cieux. Cet enseignement existait déjà dans la plus ancienne tradition et dans les prières de l'Eglise. La Très-Sainte Vierge et Mère de Dieu, prévenue par l'Archange Gabriel de l'approche de sa fin, versa des larmes et éleva des prières vers le Seigneur pour que son âme soit libérée des esprits méchants qui errent sous les cieux. A l'heure même de sa mort vénérable, alors même que son Fils descendait vers elle avec des milliers d'anges, elle ne remit pas son âme très sainte entre les mains du Christ sans avoir dit : « Reçois aujourd'hui mon âme dans la paix et garde-moi du lieu obscur, afin que je ne sois confrontée à aucune tentative de satan! » (Synaxaire du 15 août).<br />Saint Athanase le Grand, patriarche d'Alexandrie, raconte ce qui suit dans la biographie de Saint Antoine le Grand : « Un jour, à l'approche de none, comme il avait commencé à dire les prières avant le repas, Antoine fut soudain ravi par l'Esprit et emporté Sur une hauteur par les anges. Les démons des airs s'opposèrent à cette ascension. Les anges leur en demandèrent la raison, arguant qu'Antoine n'avait pas de péché. Les démons s'efforcèrent d'exposer les péchés qu'Antoine avait commis depuis sa naissance même. Les anges fermèrent la bouche des calomniateurs, disant que ces péchés avaient été rayés par la grâce du Christ. Ils leur réclamèrent ceux qui avaient été commis depuis le début de sa vie monastique, moment où il s'était consacré à Dieu. Les démons prononcèrent alors beaucoup de mensonges insolents. Ces calomnies ne pouvant pas être prouvées, la voie fut libre pour Antoine. Ce dernier revint à lui à l'endroit même où il se tenait pour la prière. Oubliant sa nourriture, il passa la nuit dans les larmes et les gémissements, méditant sur la multitude des ennemis de l'homme, sur le combat engagé contre une telle année, sur les embûches qui jalonnent la voie du ciel et sur les paroles de l'Apôtre : nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre dominations qui se tiennent sous le ciel (Eph.6,12). Sachant que les puissances des airs se préoccupent exclusivement de nous barrer l'accès au ciel, ce même Apôtre dit aussi : prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour (Eph.6,13), afin que l'adversaire soit confus, n'ayant aucun mal à dire de vous (Tite2,8) ».<br />Saint Jean Chrysostome remarque que les mourants (quelqu'ait été leur puissance sur cette terre), sont saisis par le trouble, la crainte, la perplexité, en voyant les terribles puissances angéliques et les forces adverses s'approcher pour assister à la séparation de l'âme et du corps. Il nous dit : « De nombreuses prières sont alors nécessaires pour accompagner la traversée de l'espace aérien, ainsi que l'aide conséquente de nombreuses bonnes actions, et la protection des anges. Si nous avons besoin d'un guide pour voyager dans un pays étranger ou une ville inconnue, alors combien plus nécessaires encore dont les guides et les aides qui nous dirigent devant les maîtres de cet éther, ceux qu'on appelle les tortionnaires, les publicains ou les collecteurs d'impôts !».<br />Parlant au nom des petits enfants chrétiens décédés, Saint Jean Chrysostome dit : « Les saints anges nous ont paisiblement séparés du corps et nous avons librement évité les chefs des puissances des airs. Nous avions des guides de confiance ! Les esprits malins ne trouvèrent pas en nous ce qu'ils cherchaient. Ils ne virent pas ce qu'ils désiraient voir. Devant des corps exempts de souillure, ils furent couverts de confusion. Devant des âmes pures et ignorant le mal, ils eurent honte. Ils ne trouvèrent pas en nous de paroles vicieuses et se turent. Nous passâmes et nous les humiliâmes. Nous traversâmes leurs rangs et ils furent piétinés. Le filet a été brisé et nous avons été délivrés. Béni soit le Seigneur qui ne nous a pas livrés en proie à leurs dents (Ps.123,7&5). Les anges qui nous guidaient se réjouirent quand tout ceci fut accompli, ils se mirent à nous embrasser, nous qui étions justifiés. Ils dirent avec joie : agneaux de Dieu! Nous louons votre venue ici. Le paradis des ancêtres s'est ouvert pour vous. Le sein d'Abraham est à votre disposition. La main droite du Maître vous a reçus. Sa voie vous a appelés à Sa droite. Il vous a regardés avec des yeux bienveillants. Il vous a inscrits dans le livre de vie. Et nous dîmes : Seigneur et juste Juge ! Tu nous as privés des biens terrestres. Ne nous prive pas de Tes biens célestes! Tu nous as séparés de nos pères et de nos mères. Ne nous sépare pas de Tes saints. Les marques du baptême sont restées intactes sur nous » (Homélie du 7ème samedi après Pâque).<br />Citons de nouveau Saint Macaire le Grand : « Quand tu entends que sous les cieux se trouvent des fleuves de serpents, des gueules de lions, des pouvoirs ténébreux, un feu brûlant qui trouble tous les membres, ignores-tu qu'ils prendront ton âme et l'empêcheront de pénétrer dans les cieux, à moins que tu ne reçoives le gage de l'Esprit Saint au moment de ton départ du corps ? »<br />Le saint et grand martyr Eustrate endura de terribles tortures, accomplit d'étonnants miracles et fut condamné à la peine capitale pour sa ferme et constante confession du Christ. En approchant de la mort, il éleva vers Dieu sa prière. Il rendit grâce pour la protection divine, pour avoir eu la force de vaincre le diable, l'ennemi invisible, pendant ses souffrances terrestres. Pensant au prochain départ de son âme, il ajouta : « Au moment de quitter son corps maudit et mauvais, mon âme est troublée et dans la peine ! Pourvu que l'ennemi malin ne la surprenne pas et ne la jette pas dans les ténèbres pour les péchés connus et inconnus, péchés que j'ai commis durant cette vie ! Maître, sois miséricordieux envers moi, que mon âme ne voie pas le sombre regard des démons malins, mais qu'elle soit reçue par Tes anges saints et lumineux ! Que Ton saint Nom soit glorifié et que Ta puissance me fasse accéder à Ton tribunal divin ! Lors de mon jugement, que la main du prince de ce monde ne me ravisse pas pour me jeter au plus profond de l'enfer, moi le pécheur ! Présente-toi devant moi pour être mon Sauveur et mon Protecteur ! Ces souffrances corporelles sont une joie pour Tes serviteurs ! ».<br />Par la grâce du Christ, Saint Georges le Mégalomartyr triompha aussi des terribles souffrances que lui imposa la méchanceté des bourreaux. Il ressuscita un mort et fit tomber les idoles en invoquant le Nom du Seigneur. En arrivant sur les lieux de l'ultime supplice, ses lèvres prononcèrent la prière suivante : « Béni soit le Seigneur mon Dieu qui ne m'a pas livré aux mâchoires de ceux qui me pourchassent, qui n'a pas réjoui par moi mes ennemis, qui a libéré mon âme comme l'oiseau du filet des oiseleurs ! Maître ! Entends-moi à présent ! Présente-toi devant Moi à l'heure de ma mort et libère mon âme de l'astuce du prince des airs, ce terrible adversaire, et des esprits impurs ! Ne tiens pas rigueur à ceux qui ont péché contre moi par ignorance, mais accorde-leur Ton pardon et Ton amour afin qu'ils Te connaissent et prennent part à Ton Royaume avec ceux que Tu as élus I ». Saint Georges et Saint Eustrate souffrirent le martyre au temps de l'empereur Dioclétien, entre 301 et 310.<br />Saint Niphonte, évêque de Constance à Chypre (grand saint des IIIème et IVème siècles, fêté le 23 décembre) qui vit les mystères, se tenait un jour en prière. Il vit les cieux ouverts et une multitude d'anges descendre sur la terre ou bien monter vers le ciel pour conduire les âmes humaines dans les demeures célestes. Contemplant ce spectacle avec attention, il vit deux anges s'élancer vers les hauteurs, emportant une âme. Lorsqu'ils s'approchèrent de l'épreuve de l'adultère, les démons publicains s'avancèrent et dirent avec colère :<br />- Cette âme est à nous ! Comment osez-vous l'emporter et nous éviter, puisqu'elle est à nous ?<br />- Pour quelle raison dites-vous qu'elle est à vous ?<br />-Jusqu'à sa mort, elle a péché, se souillant non seulement par des péchés conformes à la nature, mais aussi par des péchés contraires à la nature ! De plus elle jugeait le prochain, et pire encore, elle mourut sans repentir ! Qu'avez-vous à répondre à cela ?<br />- En vérité, nous ne vous croirons pas, pas plus que votre père satan, tant que nous n'aurons pas questionné son ange gardien.<br />Une fois interrogé, l'ange gardien répondit :<br />- C'est exact, cet homme a beaucoup péché, mais dès qu'il est tombé malade, il s'est mis à pleurer et a confessé ses fautes à Dieu. Dieu l'a-t-il pardonné? Lui seul le sait ! A Son juste tribunal, Lui seul a pouvoir et gloire !<br />Alors les anges conduisirent l'âme devant les portes célestes sans tenir compte de l'accusation des démons. Le bienheureux vit ensuite une autre âme élevée par les anges. Se précipitant vers eux les démons criaient :<br />- Pourquoi emportez-vous les âmes à notre insu ? Celle-ci aime l'or, elle est adultère et querelleuse, elle a commis des actes de brigandage !<br />- Nous savons avec certitude qu'après tout cela, elle a pleuré, soupiré, s'est confessée et a donné des aumônes : c'est pour cela que Dieu lui a accordé le pardon !<br />- Si cette âme mérite la miséricorde de Dieu, prenez les pécheurs du monde entier, nous n'avons plus rien à faire ici !<br />- Tous les pécheurs qui confessent leurs péchés avec larmes et humilité recevront le pardon de la miséricorde divine. Ceux qui meurent sans repentir seront jugés par Dieu !<br />Ayant ainsi couvert les démons de honte, ils s'en allèrent. Par la suite, le saint vit s'élever l'âme d'un homme aimant Dieu, pur, miséricordieux, charitable envers tous. Les démons se tenaient à distance en grinçant des dents, tandis que les anges franchissant les portes célestes pour venir à sa rencontre, disaient : « Gloire à Toi, Christ Dieu, car Tu n'as pas livré cette âme aux mains des ennemis, et Tu l'as sauvée de l'enfer souterrain ! ».<br />Le bienheureux Niphonte vit aussi les démons entraîner une âme en enfer. Il s'agissait de l'âme d'un esclave que son maître affamait et battait et qui, incapable de supporter les souffrances, s'était étranglé sous l'instigation du diable. L'ange gardien regardait de loin et pleurait amèrement, tandis que les démons se réjouissaient. Sur les entrefaites, l'ange gardien reçut l'ordre de se rendre à Rome pour prendre la charge d'un nouveau né que l'on venait de baptiser.<br />Le saint vit encore une âme que les anges Portaient dans les airs et que les démons avaient reprise à la quatrième épreuve pour la précipiter dans l'abîme. Il s'agissait de l'âme d'un homme s'adonnant à l'adultère, à la magie et au pillage, et qui mourut sans repentir.<br />Saint Syméon le fol-en-Christ (saint du VIème siècle, fêté le 21 juillet), qui avait atteint les sommets de la perfection chrétienne, dévoila l'approche de sa mort au diacre Jean qui avait vu les mystères avec lui. Il lui fit part d'une révélation d'en-haut concernant la grande rétribution qui l'attendait au ciel : « Je ne vois rien en moi qui mériterait une rétribution céleste, à moins que le Seigneur ne souhaite, par l'effet de Sa grâce, m'accorder Sa miséricorde gratuitement. Sache que tu seras toi aussi bientôt enlevé d'ici. Selon tes forces, préoccupe-toi donc de ton âme pour être en mesure de traverser sans encombre le domaine des esprits aériens et échapper à la main du prince des ténèbres ! Mon Seigneur sait qu'une grande tristesse et une grande crainte s'emparent de moi, qui ne me quitteront pas tant que je n'aurai pas évité ces lieux terribles où sont éprouvées toutes les actions et toutes les paroles humaines ».<br />Le bienheureux Jean le Miséricordieux, patriarche d'Alexandrie (fêté le 19 décembre, mort dans la seconde rnoitié du VIIème siècle, après l'occupation de l'Egypte par les musulmans), parlait constamment de la mort et du départ de l'âme, à la suite d'une révélation de Saint Syméon le Stylite : « Lorsque l'âme quitte le corps et commence à s'élever vers le ciel, les phalanges des démons l'assaillent et la soumettent à de nombreuses difficultés et questions. Ils l'interrogent sur le mensonge, la calomnie, la fureur, l'envie, la colère, la rancune, les jurons, l'indocilité, l'usure, la cupidité, l'ivrognerie, la gloutonnerie, les mauvaises pensées, la magie, la haine du frère, le meurtre, le vol, l'inclémence, la fornication et l'adultère. Pendant son cheminement vers le ciel, les anges les plus saints ne peuvent lui porter secours. Ne l'aideront que son repentir, ses bonnes actions, et par-dessus tout, ses aumônes. Si, par négligence, nous n'avons pas apporté de repentir ici-bas, les aumônes pourront nous libérer de la violence des épreuves des démons. Frères, sachant cela, craignons l'heure amère de notre rencontre avec les durs et inflexibles publicains, l'heure où nous serons perplexes quant à ce que nous devrons répondre aux bourreaux. Repentons-nous dès maintenant de tous nos péchés selon nos possibilités, distribuons des aumônes qui pourront nous conduire de la terre vers le ciel et nous soustraire à l'obstacle des démons. Leur haine à notre égard est grande, la frayeur et la calamité nous attendent dans les airs ».<br />Saint Syméon le Stylite qui vécut au Mont Admirable, a transmis par l'intermédiaire du patriarche Jean des renseignements sur les épreuves et le destin d'outre-tombe du chrétien. En premier lieu, il révèle que l'Esprit Saint lui a appris que peu nombreux furent ceux qui cherchaient le salut de son temps, et peu nombreux aussi ceux qui demeuraient entre les mains des anges. Il décrit ensuite l'amour des anges qui reçoivent les âmes justes et non souillées (Comme ils les magnifient, les élèvent en chantant au-dessus de l'échelle des épreuves, et repoussent les forces ennemies). Enfin, il enseigne que l'âme pécheresse n'a pas accès aux espaces aériens élevés, et que le diable a tout le loisir de l'accuser. Il la dispute aux anges qui l'accompagnent, expose les péchés en raison desquels elle lui revient, et établit l'insuffisance des vertus qui justifie les difficultés de l'ascension et l'impossibilité du salut.<br />Dans sa lettre à Saint Jean Climaque, Saint Jean de Raïthou mentionne lui aussi les princes des airs, maîtres du monde, esprits de méchanceté. Il exprime sa soif d'instructions spirituelles si utiles à l'âme. Il implore le Flambeau du Sinaï de guider les moines vers les portes célestes pour qu'ils échappent aux pouvoirs ténébreux qui jalonnent l'ascension du ciel. Répondant par son célèbre traité, Saint Jean Climaque y décrit notamment des moines déchus animés d'un profond repentir qui se tiennent en gémissant devant l'interrogatoire aérien à propos duquel ils n'ont aucune certitude et disent humblement : notre âme serait entrée dans un flot irrésistible... (Ps.123,4), celui des esprits aériens !<br />Dans son testament, Saint Isaïe, ermite du Verne siècle, recommande d'avoir quotidiennement la mort devant les yeux et de se préoccuper de la façon d'accomplir son départ du corps pour éviter les pouvoirs des ténèbres postés dans les espaces aériens. Il dit : « Pense à la joie de l'âme qui s'est livrée au service de Dieu et a effectué ce service ! Lors de son départ du monde, ses œuvres accompliront l'exploit pour elle. La voyant libérée des pouvoirs des ténèbres, les anges se réjouiront. Quand elle quittera le corps, les anges l'accompagneront, et les puissances des ténèbres sortiront à sa rencontre, cherchant à la retenir, et la questionneront pour trouver en elle quelque chose qui leur appartienne. Ce ne seront pas les anges qui résisteront aux ennemis, ce sont les œuvres accomplies qui la protégeront et les empêcheront de la toucher. Si les œuvres vainquent, les anges chanteront un chant de louange et conduiront l'âme avec allégresse devant la face de Dieu. A cette heure, elle oubliera son labeur et tout ce qui a trait à la vie terrestre. Efforçons-nous pendant ce court laps de temps de faire le bien et de garder notre âme inviolée par le mal, afin qu'il nous soit toujours possible d'être sauvés des mains des princes rusés et impitoyables qui nous attendent. Bienheureux celui chez qui on ne pourra rien trouver qui leur appartienne Sa joie, son allégresse, sa paix et sa couronne surpasseront toute mesure ».<br />Dans la communauté d'Abba Séridos vivait un moine qui approchait de la mort. Il s'adressa à l'ancien Barsanuphe, le grand saint hésychaste qui vivait à l'époque (Vème-VIème siècles) en reclus dans le monastère, afin qu'il accompagnât son âme dans son voyage aérien. Saint Barsanuphe répondit : « Frère ! Je te remets au Christ qui a bien voulu mourir pour nous, au Maître du ciel, de la terre et de tout ce qui vit, afin qu'Il amoindrisse devant tes yeux la crainte de la mort et fasse en sorte que l'ascension de ton âme ne connaisse point d'obstacle » .<br />Le saint Abba Dorothée, membre de cette communauté d'Abba Séridos, écrit dans une de ses épîtres : « En cas d'insensibilité, il est utile de lire fréquemment les Divines Ecritures et les homélies des Pères théophores qui attendrissent l'âme, de se souvenir du terrible jugement de Dieu, du départ de l'âme du corps, des terribles puissances qui la rencontrent, avec lesquelles elle a fait le mal dans cette vie brève et malheureuse ».<br />Saint Jean de Carpathos consolait les moines des Indes qui supportaient les persécutions des ennemis visibles et invisibles et menaçaient de tomber dans l'abîme du désespoir en leur disant : « Combattant et dénigrant, l'ennemi, ce pénible et terrible calomniateur des péchés commis, attaque avec insolence l'âme sortie du corps. Que l'âme qui aime Dieu et Lui est restée fidèle ne soit pas terrifiée par ces attaques et ces menaces, quand bien même aurait-elle été blessée par de nombreux péchés. Fortifiée par le Seigneur, enthousiaste et joyeuse, soutenue par les Saintes Puissances qui l'instruisent, gardée par la lumière de la foi, elle résistera courageusement au malin et lui dira : quoi de commun entre toi et moi, étranger à Dieu ? Quoi de commun entre toi et moi, évadé du ciel, esclave rusé ? Tu n'as pas de pouvoir sur moi. C'est le Christ, le Fils de Dieu, qui a pouvoir sur moi. C'est devant Lui que j'ai péché et c'est à Lui que je rendrai compte, avec Sa Sainte Croix comme gage de miséricorde et de salut. Fuis loin de moi, destructeur ! II n'y a rien de commun entre toi et les serviteurs du Christ ! Si l'âme parle avec un tel courage, le diable s'enfuit en criant qu'il ne peut résister au Nom du Christ. L'âme s'envole alors plus haut que l'ennemi et les anges divins la conduisent en un lieu qui correspond à sa réussite spirituelle ».<br />« Lorsqu'après la mort, dit saint Hésychius : l'âme s'envole vers les portes célestes en ayant le Christ avec elle et en elle, elle n'a rien à craindre de ses ennemis à qui elle tiendra tête courageusement. Mais qu'elle ne cesse pas avant son départ de crier jour et nuit vers le Seigneur Jésus-Christ ! Il la vengera bientôt, selon la promesse divine et véridique de la parabole du juge inique. En vérité, je vous le dis, Il la vengera tant dans cette vie qu'après son départ du corps. L'heure de la mort fond sur nous sans qu'il soit possible de l'éviter. Oh ! Si seulement le prince de ce monde et de l'air qui doit nous accueillir pouvait considérer nos transgressions comme insignifiantes et ne pas trouver de justes occasions de nous accuser ! Sinon, nous pleurerons en vain. Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son maître, n'a pas agi selon cette volonté sera battu d'un grand nombre de coups (Lc12,47). L'aveugle de naissance ne voit pas la lumière. De la même façon, celui qui ne demeure pas vigilant ne perçoit pas le somptueux rayonnement de la grâce et ne se libérera pas des actions, paroles et pensées malignes et sacrilèges. Un tel homme ne se libérera pas des princes de l'enfer lors de son décès ».<br />« La douceur de l'âme qui se sépare du corps après avoir été prévenue de son salut est ineffable, dit saint Théognoste. Elle quitte le corps comme un vêtement. Ayant la ferme certitude de recevoir ce qu'elle a en fait déjà reçu lors de la promesse, elle dépose le corps paisiblement et sans tristesse et s'en va vers l'ange calme et lumineux venu d'en haut la chercher. En sa compagnie elle traverse sans encombre l'espace aérien, sans être aucunement troublée par les esprits malins. Elle s'élève avec joie et audace, offrant à Dieu des exclamations de gratitude. Elle atteint le lieu où elle pourra adorer son Créateur : on y prononce la décision la concernant, qui la placera avec ceux qui l'égalent en vertu, jusqu'à la résurrection générale.<br />Quand bien même tu aurais été digne de voir comme dans un miroir l'état bienheureux qui t'attend après la mort, grâce à l'état permanent de prière pure qui unit ton esprit à Dieu, quand bien même tu aurais été digne de cela pour t'être voué à l'Esprit et avoir acquis le Royaume Céleste en dedans de toi, avec pour témoignage une perception claire et précise de l'âme, ne supporte pas de te séparer de la chair sans avoir été prévenu de l'approche de la mort ! Prie pour cela avec zèle et garde bon espoir de recevoir cette information, éventuellement à l'approche de la fin, si cela est utile. Prépare-toi constamment à la mort, afin de pouvoir traverser l'espace aérien en évitant les esprits malins, afin d'entrer dans les cercles célestes sans crainte et même avec hardiesse, d'être incorporé dans les rangs angéliques, d'agrandir par ta présence le chœur des élus et des saints, et de voir Dieu autant qu'une telle vision puisse être accessible ».<br />La perception spirituelle dont parle Saint Théognoste est, dans son absolue authenticité, une révélation. Elle est l'effet de la descente de la grâce divine sur le pécheur repentant et perplexe, qui se retrouve ainsi dans les bras spirituels et paternels du Seigneur. Une vie nouvelle apparaît dans l'âme, dont elle ne pouvait se faire aucune idée auparavant. Cette vie la libère de la violence des esprits malins et des passions. Elle modifie l'homme entièrement pour l'unir avec Dieu, l'entraîne dans une merveilleuse prière dans laquelle, sous l'instigation de l'Esprit Saint, il se met à crier vers Dieu. Tous les os d'un tel homme diront, dans une ineffable glorification spirituelle et dans l'action de grâce : Seigneur, Seigneur, qui est comme Toi, pour délivrer le pauvre de la main du plus fort, le pauvre et l'indigent de ceux qui les dépouillent? (Ps.34,10). Cette perception spirituelle est tellement forte qu'après avoir embrasé l'homme, elle lui enlève toute sympathie pour autre chose. Elle est en bref l'établissement dans l'homme du Royaume des Cieux. Celui qui a senti cela ne vit plus pour lui-même mais pour Dieu (2Cor.5,15). Il se tourne entièrement vers Lui et L'a en lui. Un tel sentiment existe aussi chez ceux qui ont été victimes du leurre et de l'illusion démoniaque, mais il se distingue de l'action de la grâce par ses fruits.<br /><br />« Reprends-toi, mon âme se dit humblement le moine Evagre et demande-toi comment tu supporteras ta séparation soudaine d'avec le corps, quand les anges terribles viendront te chercher et s'empareront de toi à l'heure où tu ne les attends pas ! Par quelles œuvres te feras-tu précéder dans les airs lorsque tes ennemis ariens commenceront à te questionner sur tes actes? ».<br />C'est ainsi que les saints parlaient et ressentaient les choses. Ils avaient exploré et compris les profondeurs de la chute, ils avaient exploré et compris le pouvoir des démons sur l'homme, pouvoir consécutif à la chute.<br />Georges, le reclus de Zadonsk, rapporte un événement qui nous est presque contemporain. L'archimandrite Barsanuphe de Zadonsk resta sans connaissance trois jours et trois nuits. Son âme vécut pendant ce temps les épreuves aériennes, elle fut questionnée pour tous les péchés commis depuis sa jeunesse, et elle entendit la voix de Dieu lui dire : « Par les prières de la Très Sainte Mère de Dieu, du saint martyr Mocius et de saint André le Stratilate, tes péchés te sont remis et le temps pour te repentir t'est octroyé! ».<br />L'enseignement sur les épreuves et sur la localisation de l'enfer et du Paradis est diffusé tout au long des offices de l'Eglise Orthodoxe. L'Eglise se charge de le rappeler à ses enfants, afin d'enraciner dans leur cœur une crainte salutaire pour l'âme et de préparer cette dernière à un heureux passage vers la vie éternelle.<br />Dans le canon d'action de grâce au Seigneur Jésus-Christ et à la Mère de Dieu, qu'on utilise pour le décès de tout orthodoxe (petit euchologe), on lit :<br />- Lorsque je quitterai la terre, accorde-moi d'éviter sans difficulté le prince des airs, le voleur, le bourreau, celui qui est placé sur la voie effrayante comme un injuste inquisiteur ! (Ode4,Trop.4)<br />- Rends-moi digne de pouvoir fuir les armées des barbares incorporels, de m'élever au-dessus des abîmes aériens jusqu'au ciel ! (Ode8,Trop.2)<br />- Chasse loin de moi le prince de ce monde, les chefs des épreuves amères ! (Ode8,Trop.3) .<br />Dans les prières suivant les cathismes du psautier, on lit les paroles suivantes :<br />- Ô, mon Seigneur, mon Seigneur ! Donne-moi des larmes de componction pour que je puisse T'implorer de me purifier de tout péché avant la fin, car après m'être séparé du corps, je dois passer par un lieu effrayant et terrible où une multitude de démons ténébreux et inhumains viendront à ma rencontre ! (après le IVème cathisme)<br />- Donne-moi l'intégrité par Ta perfection, tire-moi de cette vie, afin que je traverse sans embûche les principautés et les puissances des ténèbres, et que par Ta grâce, je voie moi-aussi la beauté indicible de Ta gloire inaccessible ! (après le 17ème cathisme)<br />Dans l'office de l'Acathiste à la Mère de Dieu, on lit :<br />- Ô ! Mère du Roi du ciel et de la terre ! Obtiens le pardon de tous mes péchés, et l'amendement de ma vie ! Lors de ma fin, accorde-moi de dépasser sans trouble les ennemis aériens ! (prière avant les kondakia et ikoi)<br />- Par Toi (Mère de Dieu) les morts sont animés, car Tu as donné naissance à la Vie hypostasiée. Ceux qui étaient muets retrouvent l'éloquence, les lépreux sont purifiés, les maux sont chassés, la multitude des esprits aériens est vaincue ! (Ode8,Trop.4)<br /><br />L'Octoèque offre les prières suivantes à la Mère de Dieu<br />- A l'heure de ma mort, Ô Vierge, sauve-moi des mains du démon, du jugement, des tergiversations, des inquisitions effrayantes, des épreuves amères, du prince cruel et de la condamnation éternelle ! (vendredi, ton4, ode8)<br />- Mère de Dieu, sauve-nous de tout danger et de l'éternelle condamnation ! (jeudi, ton4, ode6)<br />- Ô Vierge ! A l'heure de ma mort, libère-moi des mains des démons, de la condamnation, des comptes à rendre, de l'effrayante investigation, des épreuves amères, du prince féroce et du feu éternel ! (mardi, ton4, ode8)<br />- Souveraine et Mère du Rédempteur, assiste-moi à l'heure de la mort, car les esprits aériens me tortureront pour les actes que m'auront suggérés les pensées irraisonnables (Vendredi, ton3, ode6).<br />- Lorsque mon âme rompra son union avec le corps, assiste-moi, Ô Souveraine, détruis le conseil des ennemis incorporels, brise les mâchoires qui chercheront à me dévorer sans pitié, et fais en sorte que j'évite les entraves des princes des ténèbres qui se trouvent dans les airs (samedi, ton8, ode9)<br />Dans le rituel de la séparation de l'âme et du corps destiné aux mourants qui souffrent longtemps, on lit :<br />- Le temps de ma vie s'est envolé en fumée; devant moi se sont présentés les anges qui cherchent impitoyablement mon âme misérable ! (Ode l,Trop.2&3)<br />- Voilà que s'est présentée une multitude d'esprits malins qui tient la cédule de mes péchés, vociférant et cherchant impudiquement ma pauvre âme !<br />- Ayez pitié de moi, saints anges du Dieu omniprésent, et soustrayez-moi à toutes les épreuves malignes ! (Ode7,Trop.2)<br />Dans le canon à l'ange gardien, on trouve :<br />- Lorsque mon âme se séparera du corps, que le déshonneur et la honte couvrent les visages ignobles, honteux et ténébreux des ennemis ! (ode6)<br />- Quand mon esprit devra me quitter, puissé-je te voir à la droite de mon âme misérable, chassant les ennemis cruels qui chercheront à s'emparer de moi ! (ode9)<br />- Je te supplie d'être mon défenseur, ô mon gardien, et de combattre pour moi invisiblement quand je passerai les épreuves du féroce prince de ce monde ! (ode9)<br />La deuxième prière à Saint Nicolas de la Laure des grottes de Kiev dit :<br />« Lors de la sortie de mon âme, aide le misérable que je suis, supplie le Seigneur et Créateur de toutes les créatures de me libérer des épreuves des airs et de la souffrance éternelle ! » On retrouve dans la prière à Saint Serge de Radonège et dans les prières adressées à d'autres saints la demande d'être soustrait aux épreuves aériennes.<br />Ayant senti que sa maladie lui causait un épuisement extrême, Saint Théodose des Grottes de Kiev se coucha sur son lit et dit : «Que la volonté de Dieu soit faite ! Que les choses aient lieu selon ce qu'Il a voulu pour moi! Mais je Te prie, mon Seigneur Jésus-Christ, d'être miséricordieux pour mon âme, qu'elle ne rencontre pas la malignité des esprits adverses, qu'elle soit reçue par Tes saints anges afin qu'ils lui fassent traverser les épreuves obscures et la conduisent vers la lumière de Ta miséricorde ! ». .<br />Saint Dimitri de Rostov priait ainsi : « Lorsque viendra l'heure terrible où mon âme se séparera de mon corps, alors, mon Rédempteur, reçois-la dans Tes mains et préserve-la de tout malheur ! Qu'elle ne voit pas le regard sombre des démons malins, mais qu'elle passe, saine et sauve, à travers toutes les épreuves ! »<br />Dans le traité de théologie orthodoxe de S.E. Macaire (tome5, p86, édit.1853), on trouve la remarque suivante. : « La référence incessante, permanente et générale à l'enseignement sur les épreuves dans l'Eglise, et particulièrement chez les maîtres du IVème siècle, montre sans contestation possible qu'il fut transmis par les maîtres des siècles précédents et a comme fondement la tradition apostolique ».</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-74144576856490402672012-01-20T12:16:00.001-08:002012-02-15T12:42:41.838-08:00PAROLE SUR LA MORT 5<div align="justify"><a href="http://2.bp.blogspot.com/-Pm0rpgEaBGs/TxnLxk_Yi4I/AAAAAAAAA08/D_yLR8YVG4I/s1600/La%2Br%25C3%25A9demption.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 219px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5699810856017628034" border="0" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/-Pm0rpgEaBGs/TxnLxk_Yi4I/AAAAAAAAA08/D_yLR8YVG4I/s320/La%2Br%25C3%25A9demption.jpg" /></a><br /></div><br /><div align="justify"><strong><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE V : LES SOUFFRANCES DE L'ENFER ET LA REDEMPTION</span></strong></div><br /><br /><div align="justify"><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</em></div><br /><div align="justify"><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.</em></div><br /><br /><br /><div align="justify"></div><br /><br /><br /><div align="justify">Les souffrances éternelles qui attendent le pécheur en enfer sont si terribles, que l'homme ne peut en avoir une conception claire sur la terre sans une révélation particulière de Dieu. Nos maladies les plus cruelles, nos mésaventures douloureuses, nos souffrances et tribulations terrestres, aussi terribles qu'elles puissent être, sont sans commune mesure avec les souffrances de l'enfer. Le philosophe grec Epicure affirmait que l'homme est sur la terre pour la jouissance ; il encourageait ses adeptes à se livrer complètement à la débauche. Pour ce faire, il rejetait catégoriquement l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme humaine. Son enseignement est retenu par tous ceux qui rejettent le souvenir de Dieu et du châtiment consécutif au péché. Il est toujours prisé de nos jours. Mais c'est en vain que ces voluptueux épicuriens modernes s'écrient : « Ce n'est pas possible que les souffrances de l'enfer, si seulement elles existent, soient si cruelles, et qu'elles durent éternellement ! Ceci est incompatible avec la miséricorde divine, et même avec le bon sens ! L'homme existe sur la terre pour la jouissance ! Puisqu'il est entouré d'objets de jouissance, pourquoi devrait-il les dédaigner ? Qu'y a-t-il là de mauvais et de coupable ? ». Laissons de côté cet appel opposé à la Révélation et à l'Enseignement divin !<br />Les fils de la Sainte Eglise sont sur terre pour le repentir. Ils se laissent guider par la Parole de Dieu pour savoir ce qu'ils doivent penser de l'éternité et des cruelles souffrances de l'enfer. A quoi le cœur humain n'est-il pas prêt pour s'adonner plus librement à la débauche ! Il utilise sa raison aveuglée (qu'il tient pour bonne) pour justifier ses désirs coupables. Il a jadis rejeté l'Enseignement divin et les commandements prêchés sur la terre par le Fils de Dieu en personne, il a même rejeté la plus douce des jouissances, la jouissance spirituelle de l'amour de Dieu. Est-il surprenant qu'il repousse à présent la bride du divin courroux qui pourrait le maintenir sur la voie droite, c'est-à-dire l'idée de l'enfer et des souffrances éternelles ? Quoi qu'il en soit, tout ceci existe. Le péché de la créature (par essence limitée devant l'infinie perfection du Créateur) est un péché infini qui mérite un châtiment infini. C'est pourquoi l'enfer, avec ses justes et éternelles souffrances, satisfait les exigences de cette justice impitoyable.<br />On lit partout dans les Saintes Ecritures que les souffrances de l'enfer sont éternelles. La Sainte Eglise a toujours prêché ainsi. Notre Seigneur Jésus-Christ a confirmé à plusieurs reprises cette terrible vérité dans le Saint Evangile, prédisant aux pécheurs rejetés le même destin que les anges déchus. Lors du Jugement, Il leur dira : Retirez-Vous de Moi, maudits, allez dans le feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges ! (Mt.25,41) Une fois la sentence définitive prononcée, les fils de la perdition iront vers les souffrances éternelles (Mt.25,46). Dans le récit sur le riche impitoyable et le pauvre Lazare, le Seigneur a mentionné la présence d'un très grand abîme entre les demeures de la béatitude éternelle et les prisons de l'enfer : il n'y-a-pas de passage des unes vers les autres, dans un sens comme dans l'autre (Luc16,29). Le ver de l'enfer ne meurt point et le feu de l'enfer ne s'éteint point (Mc.9,48). Dans les prisons infernales, la vie continue tout en étant détruite d'une manière étrange et effrayante. Là, toute activité cesse ; là, il n'y a que souffrance ; là règne le plus douloureux dès maux du cœur, le désespoir ; là, l'âme se déchire dans des pleurs et des gémissements qui ne lui apportent aucune consolation ; là sont les liens et les fers qu'on ne peut. Pas rompre ; là, malgré l'abondance des flammes, les ténèbres sont impénétrables, c'est le royaume de la mort éternelle. Les souffrances de l'enfer sont si terribles que, face à elles, la plus cruelle des souffrances terrestres, la mort violente, paraît insignifiante. En prédisant à Ses disciples le vaste champ du martyre, le Sauveur du monde Commanda : Je vous dis à vous qui êtes Mes amis: ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Je vous dirai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, Je vous le dis, c'est lui que vous devez craindre ! (LucI2,4-5)<br />Contemplant avec l'œil de la foi la béatitude ineffable préparée pour les fidèles serviteurs de Dieu, et les souffrances indicibles qui attendent les serviteurs infidèles, les saints martyrs ont méprisé les cruels supplices préparés à leur intention par des bourreaux méchants et fanatiques. Ils ont terrassé la mort éternelle en subissant mille morts et afflictions. Les saints moines du désert, édifiés par l'exemple des martyrs, ont gardé en permanence à l'esprit les souffrances de l'enfer. Tels de secrets martyrs, ils ont repoussé vaillamment les rêveries pernicieuses peintes avec art par le tentateur, toutes ces pensées voluptueuses que le désert aiguise avec force dans l'imagination. Saint Antoine le Grand a beaucoup utilisé cette arme du souvenir de la mort et des souffrances éternelles (arme recommandée par le Seigneur), surtout au début de son ascèse. Le diable lui apparaissait de nuit et, prenant l'aspect de belles femmes, s'efforçait de susciter un désir coupable. Antoine opposait à cela le spectacle vivant des flammes de la géhenne, du ver qui ne dort pas, et autres horreurs de l'enfer. Par cette arme, il éteignait le feu de la volupté et détruisait les images séduisantes. Nous sommes vaincus par les passions uniquement parce que nous oublions les supplices qui leur succèdent. Nous trouvons les tribulations terrestres pénibles seulement parce que nous n'avons pas étudié les souffrances de l'enfer. Un moine qui menait la vie ascétique s'adressa un jour à un vieillard en disant : « mon âme désire la mort ». L'ancien lui répondit : « Tu parles ainsi car tu désires éviter les tribulations, mais tu ignores que les tribulations futures sont incomparablement plus cruelles que celles d'ici-bas! ». Un autre frère questionna l'ancien : « Pourquoi est-ce que je demeure dans la négligence dans ma cellule ? ». Le vieillard répondit «Parce que tu n'as connaissance, ni du repos attendu, ni de la souffrance future. Si tu les connaissais comme il se doit, tu supporterais et tu ne faiblirais pas, même si ta cellule était remplie de vers montant jusqu'à la hauteur de ton cou I » (Saint Abbé Dorothée).<br />Dans Sa grande miséricorde, le Seigneur a montré à certains de Ses élus, pour leur salut, une partie des souffrances éternelles. C'est grâce à leurs récits que notre conception en est devenue plus claire et plus précise. Voici ce que dit un de ces saints récits (d'après une lettre d'un moine de la Sainte Montagne) : « Il y avait deux amis. L'un d'eux, touché par la Parole de Dieu, entra dans un monastère et vécut dans les larmes et le repentir ; l'autre, resté dans le monde, mena une vie négligente, et parvint à un tel endurcissement qu'il railla l'Evangile avec insolence. Il mourut dans cet état. Ayant appris son décès, le moine, par amitié, se mit à prier Dieu pour que le destin du défunt lui fut révélé. Quelque temps plus tard, son ami lui apparut dans un léger sommeil.<br />- Alors, comment es-tu ? Vas-tu bien ?<br />- Tu veux le savoir ? Malheur à moi, l'infortuné ! Le ver qui ne dort pas me ronge, il ne me donnera pas de repos de toute l'éternité I<br />- De quel genre est cette souffrance'?<br />- Cette souffrance est insupportable. Il n'y a pas de moyen d'éviter la colère de Dieu. Par tes prières, la liberté m'a été rendue pour quelques instants, et si tu le veux, je te montrerai mes souffrances. Tu ne pourrais pas supporter que je te révèle totalement ce qu'il en est, mais connais-en au moins une partie !.<br />En disant cela, le défunt releva son vêtement jusqu'aux genoux, ô, horreur ! Sa jambe était couverte d'un terrible ver qui la rongeait. Une telle puanteur sortait de la plaie que le moine se réveilla. La puanteur infernale emplit toute sa cellule à tel point qu'il sortit précipitamment sans refermer la porte derrière lui. L'odeur fétide se propagea dans tout le monastère. Toutes les cellules en furent souillées. Comme le temps lui-même ne pouvait en avoir raison, les moines durent quitter le monastère et s'établir ailleurs. Le Moine qui avait vu le prisonnier de l'enfer ne put se libérer de toute sa vie de la puanteur qui s'était attachée à lui. L'odeur était telle qu'aucun parfum ne pouvait l'annihiler ».<br />De nos jours, une staritsa du couvent de jeunes filles de Goritz, près de Kyrillov (région de Novgorod), vit en rêves les tourments de l'enfer, et, pour témoigner de son rêve, la puanteur infernale demeura sept jours entiers dans son odorat, l'empêchant de s'alimenter.<br />Saint Dimitri de Rostov a recensé les souffrances de l'enfer en s'appuyant sur les Saintes Ecritures. On subira le feu qui ne s'éteint pas, dont le Christ notre Sauveur a parlé (Mc.9,44). Il y aura un hiver cruel, et les pécheurs, ne pouvant le supporter, grinceront des dents, car le Christ notre Sauveur a dit : Il y aura des pleurs et des grincements de dents ! (Luc13,28) La souffrance sera incessante. Les vers tourmenteront et rongeront en permanence les pécheurs qui n'en mourront pas, car il est dit : le ver ne mourra point (Mc.9,44). Il y aura également une puanteur insupportable due à la combustion du soufre, car il est écrit : le feu, le soufre et le vent de tempête seront leur part dans leur coupe (Ps.10,6). Il y aura aussi une grande angoisse, si cruelle que si c'était possible, les pécheurs accueilleraient la mort avec joie, mais ils ne mourront jamais, car il est écrit : les hommes chercheront la mort et ils ne la trouveront pas ; ils désireront mourir et la mort fuira loin d'eux (Apo.9,16). Il y aura encore les ténèbres extérieures, car il est écrit : liez-lui les pieds et les mains et jetez-le dans les ténèbres extérieures ! (Mt.22,13) Ceux qui y seront jetés y seront pour l'éternité et ne verront jamais la face de Dieu. Il y aura la famine et une grande soif, car le Christ Lui- même a dit : Malheur à vous qui êtes rassasiés car vous aurez faim (Luc 6,24) et vous aurez soif ! II y aura une grande promiscuité car l'enfer sera plein de pécheurs, les uns en haut, d'autres au milieu, et certains au fond. Dieu emplira tout l'enfer de pécheurs et le refermera, comme on remplit une bourse de deniers avant d'en serrer les cordons, comme on remplit un seau de poissons jusqu'en haut avant de fermer le couvercle.<br />D'autres athlètes de la piété, auxquels ont été montrées les souffrances de l'enfer, ont apporté des témoignages concordant avec le récit de Saint Dimitri. Ils ne pouvaient se remémorer leur vision sans une grande terreur, et tous cherchaient le soulagement dans les larmes de repentir et dans l'humilité.<br />Un jour, Saint Hésychius de l'Horeb tomba gravement malade et émigra hors de son corps l'espace d'une heure. Etant revenu à lui, il supplia tous ceux qui l'entouraient de se retirer immédiatement. Il mura la porte de sa cellule et demeura reclus pendant douze ans, sans adresser un mot à qui que ce soit, ne prenant pour toute nourriture que du pain et de l'eau. Son esprit demeurait absorbé par ce qu'il avait vu dans son extase, et il versait continuellement des larmes brûlantes. Quand il fut sur le point de mourir, il se contenta de dire aux frères cette unique parole: « Pardonnez-moi ! Celui qui garde le souvenir de la mort ne pourra jamais pécher » (Echelle 6,20).<br />Athanase, un reclus des grottes de Kiev qui menait une vie sainte et agréable à Dieu, vécut une expérience analogue. Il mourut après une longue maladie. Les frères préparèrent son corps selon l'usage monastique, mais, à la suite d'un incident, le défunt resta deux jours sans être inhumé. La troisième nuit, l'higoumène eut une apparition et entendit une -voix qui lui disait : « L'homme de Dieu Athanase est resté deux jours sans être inhumé et tu ne te préoccupes pas de lui ! ». Au petit matin, l'higoumène se rendit auprès du défunt avec les frères, dans l'intention de l'enterrer, mais ils le trouvèrent assis et pleurant. Le voyant réanimé, ils furent terrifiés et commencèrent à le questionner. Comment avait-il été réanimé ? Qu'avait-il vu et entendu en quittant son corps ? A toutes ces questions, il répondait par une seule parole : « Cherchez votre salut ! ». Mais comme les frères lui demandaient instamment une parole utile, il leur ordonna l'obéissance et un repentir permanent. Après cela, Athanase s'enferma dans une grotte où il demeura douze ans sans sortir, passant ses journées dans les larmes incessantes, ne prenant un peu de pain et d'eau que tous les deux jours, et ne parlant à personne. Lorsqu'arriva l'heure de la fin, il répéta aux frères rassemblés l'instruction d'obéissance et de repentir et mourut en paix dans le Seigneur (Paterikon du monastère des grottes; Saint Athanase est commémoré le 3 décembre).<br />Une attente terrible du jugement, dit le Saint Apôtre Paul, et l'ardeur du feu qui dévorera les rebelles. Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde sur la déposition de deux ou trois témoins : de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel il aura été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce ? Car nous connaissons Celui qui a dit : à Moi la vengeance, à Moi la rétribution , et aussi le Seigneur jugera Son peuple. C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Hb.10,27-31).<br />L'espace qui s'étend entre le ciel et la terre, et sépare l'Eglise triomphante de l'Eglise combattante, est généralement appelé «air» dans les Saintes Ecritures, dans les écrits patristiques et même dans le langage courant des hommes. Laissons aux savants l'exploration chimique de cet air, c'est-à-dire l'étude des gaz et des autres corpuscules qui entourent la terre, depuis le sol jusqu'à un lieu inconnu des savants eux-mêmes. Occupons-nous plutôt d'explorer ce qui est nécessaire à notre salut !<br />Qu'est-ce donc que cette voûte bleue au-dessus de nous que nous appelons « ciel » ? Est-ce vraiment le ciel ? N'est-ce pas seulement une profondeur aérienne qui se teinte de bleu et nous cache le ciel ? C'est bien plus vraisemblable. C'est dans la nature de l'air de présenter à nos yeux une couleur bleuâtre et d'en teinter les objets éloignés. Chacun peut en faire l'expérience par lui-même. Il suffit de se poster sur une hauteur un jour de soleil et d'observer dans le lointain, les bosquets verdoyants, les champs labourés, les constructions... Tous paraissent perdre leur couleur propre pour prendre un reflet bleuâtre. Plus nous regardons au loin, et plus les choses nous paraissent bleues. A l'horizon enfin, une atmosphère bleue recouvre et absorbe tout.<br />Triste est la description fidèle de notre médiocrité, engendrée et entretenue par le péché I Mais mieux vaut encore la reconnaître que de se leurrer en adoptant une opinion fausse, fondée sur notre vision limitée des choses et notre maigre connaissance !<br />Les chrétiens parfaits, qui ont purifié leurs sens, peuvent voir le ciel comme il est vraiment. Ils y observent ce que nous ne pouvons pas voir de nos yeux grossiers. C'est ainsi que soudain, par l'action de l'Esprit Saint, le saint protomartyr Stéphane, alors qu'il se tenait au milieu d'une assemblée de juifs hostiles au Christ et au christianisme, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit: Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu (Act.7,55-56).<br />Les disciples de Saint Macaire le Grand virent leur maître franchir les portes célestes, par l'opération de l'Esprit Saint bien entendu, comme pour Saint Stéphane. Saint Isidore de Scété, qui assistait au décès du jeune ascète Zacharie, vit les portes du ciel s'ouvrir pour le mourant et il s'écria : « Réjouis-toi, Zacharie mon fils, pour toi les portes du ciel se sont ouvertes ! ». Comme il a été dit plus haut, Saint Jean Colobos vit un sentier rayonnant allant de la terre au ciel, sur lequel les anges conduisaient l'âme de la défunte Thaïs. La mère du starets Païssios de Niamets, qui ne pouvait se consoler de la prise d'habit de son fils, vit, par l'ouverture de ses yeux intérieurs, le ciel s'ouvrir et un ange fulgurant en descendre.<br />Les sens libérés des effets de la chute commencent à vraiment fonctionner, et s'affinent extraordinairement ; leur champ d'action s'étend considérablement, et l'espace se réduit. Les visions citées ci-dessus sont une preuve suffisante, mais pour plus de clarté, nous n'hésiterons pas à présenter d'autres expériences spirituelles.<br />Saint Antoine le Grand, qui vivait dans le désert égyptien jouxtant la mer rouge, vit les anges emporter l'âme de Saint Ammon, un ascète du désert de Nitrie situé de l'autre côté de l'Egypte. Comme les disciples de Saint Antoine avaient noté le jour et l'heure de la vision, ils purent en entendre la confirmation de la bouche des frères venus plus tard de Nitrie : Saint Ammon était bien mort au moment précis où Saint Antoine voyait l'ascension de son âme. Notons que la distance entre les deux lieux était de trente jours de marche.<br /><br />Il est donc clair que la vue d'un chrétien renouvelé par l'Esprit Saint ayant atteint un haut niveau de perfection est bien plus puissante que celle d'un homme ordinaire. Il en va de même pour l'ouïe. Les disciples pneumatophores de Saint Macaire le Grand virent aisément le cheminement de l'âme du saint dans les airs, et entendirent les paroles qu'elle prononça devant les portes célestes.<br /><br />Un jour, on amena chez Saint Macaire une femme dont l'aspect avait été modifié par un esprit impur. Alors que ce changement était évident aux yeux du saint, certains de ses disciples ne s'en rendaient pas compte. Saint Macaire leur expliqua que leurs sens charnels étaient inaptes aussi bien à voir les esprits qu'à percevoir leur action. Nous sommes prisonniers de cet état comme un détenu mis aux fers. La femme en question avait été soumise au diable pour être restée six semaines sans communier aux saints mystères du Christ. En effet, dans l'Eglise primitive, la grâce divine était tellement abondante que des transgressions qui semblent aujourd'hui de peu d'importance attiraient le châtiment de Dieu.<br />La plupart des gens ne ressentent pas cette captivité. Leur liberté leur semble tout à fait satisfaisante. La connaissance de son état véritable est un don de Dieu. L'Esprit Saint révéla la chose à David, qui prononça au nom de chacun d'entre mous une prière fervente pour sa libération : Fais sortir de prison mon âme pour que je confesse Ton Nom ! (Ps.141,8)<br />L'Apôtre Pierre qualifie de lieu obscur l'état charnel et psychique de l'homme, même pieux. Ce lieu est non seulement matériel, mais aussi mental ou moral, comme dit l'Ecriture : Le lieu où il (Dieu) réside, c'est la paix (du cœur) (Ps.75,3). Ceux qui sont enfermés dans ce lieu «obscur et désirent être sauvés doivent se laisser guider, par l'astre de l'Ecriture Sainte, en tout cas tant que l'Esprit Saint n'est pas descendu sur eux pour devenir le livre vivant et constamment ouvert de l'enseignement divin. Et nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique à laquelle VOUS faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs (2Pi.1,19). Qui sont ceux qui sont enfermés dans la prison du raisonnement charnel ? Ceux qui n'ont pas acquis la liberté spirituelle dans le Seigneur, qui n'ont pas été illuminés par l'Intelligence Spirituelle. Qui sont les aveugles de naissance ? Ceux qui n'ont pas recouvré la vue par l'attouchement du doigt de Dieu, pour voir, à la lumière de la Vérité, ce qui est inconnu des yeux charnels et psychiques.<br />Le Verbe de Dieu, coopérant avec l'Esprit, nous dévoile, par l'intermédiaire de Ses vases d'élection, que l'espace entre le ciel et la terre, l'azur qui nous entoure, sert de demeure aux anges déchus jadis précipités du haut du ciel. // y eut un combat dans le ciel ; Michel et ses anges combattirent le dragon ; le dragon et ses anges combattirent, niais ils ne furent pas les plus forts et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel (Apo.12,7-8). Voici ce que rapporte celui qui a vu les mystères, Saint Jean le Théologien. Cette chute du diable et des esprits qu'il avait entraînés à sa suite depuis le ciel eut lieu après leur premier péché, quand ils furent écartés de l'Assemblée des anges par les Puissances célestes, comme le raconte le saint prophète Ezéchiel (28,16). Le livre de Job montre déjà l'ange déchu errant dans l'immense espace de l'atmosphère : il y erre, le survolant rapidement, accablé par son insatiable méchanceté inassouvie à l'égard du genre humain (Jàb 1,7). Le Saint Apôtre Paul appelle les anges déchus les esprits méchants de ce monde (Eph.6,12), et leur chef, le prince des puissances de l'air (Eph.2,2). Les anges déchus sont dispersés en grand nombre dans tout l'abîme transparent que nous voyons au-dessus de nous. Ils ne cessent pas de troubler toutes les sociétés humaines, et chaque homme en particulier. Il n'y a pas un forfait, pas un crime, dont ils ne sont les instigateurs ou les complices. Ils incitent l'homme à commettre le péché et le lui enseignent par tous les moyens possibles. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera (1Pi.5,8), tant pendant notre vie terrestre, qu'après la séparation de l'âme et du corps. Lorsque l'âme du chrétien abandonne sa maison terrestre et commence à s'élancer à travers l'espace aérien vers sa patrie céleste, les démons l'arrêtent, cherchant à trouver en elle une parenté dans la chute et la culpabilité, et à la faire descendre dans l'enfer préparé pour le diable et ses anges, selon le droit qu'ils ont acquis.<br /><br />Après avoir créé Adam et Eve, Dieu leur donna pleins pouvoirs sur la terre. Il les bénit et ll leur dit : soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et assujettissez-la, dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre (Gen;1,28). Non seulement la terre, mais le Paradis lui-même fin confié aux premiers hommes qui devaient le cultiver et le garder (Gen.2,15). Pour Maître, ils n'avaient que Dieu seul. Que firent-ils dans le Paradis ? Hélas ! Quel aveuglement malheureux ! Quelle folie inconcevable ! Après avoir écouté le conseil insidieux et criminel de range déchu, ils déposèrent le joug bienfaisant de l'obéissance à Dieu et prirent sur eux le collier de fer de l'obéissance au diable. Hélas, nos ancêtres transgressèrent le commandement de Dieu et mirent en œuvre le conseil de leur très méchant ennemi, l'esprit ténébreux, blasphémateur, malin et mensonger. Ainsi faisant, selon l'ordre des choses, ils rompirent la communion avec Dieu. Non seulement ils entrèrent en communion avec le diable, mais ils lui offrirent la partie de la création que Dieu avait destinée à leur suzeraineté. Saint Macaire le Grand ajoute que « l'ennemi qui séduisit Adam et, de cette façon, lui ravit la domination, le priva de tout pouvoir et fut déclaré prince de ce monde. Mais au commencement, c'est l'homme que Dieu avait établi prince de ce monde et seigneur de tout ce qui est visible ».<br />Le pouvoir de satan sur les anges déchus, sur les hommes, sur le monde et sur le siècle, n'est pas sa propriété. Il l'a acquis des mains de ceux qui le lui ont donné volontairement. Il en témoigne lui-même devant le Sauveur lorsqu'il Lui montre en un instant tous les royaumes de la terre et Lui dit: je Te donnerai toute cette puissance et la gloire de ces royaumes, car elle m'a été donnée et je la donne à qui je veux (LuC 4,5-6).<br />Nos ancêtres furent jetés du Paradis sur la terre qui a été maudite à cause d'eux. Un Chérubin à l'arme flamboyante fut posté sur le chemin de l'arbre de vie (Gen.3,24). Cependant, un autre chérubin se mit en travers du chemin que l'homme devait emprunter pour regagner le Paradis. Ce même chérubin sacrifia jadis sa merveilleuse grandeur, en maître du mal et de la mort, et sombra dans l'abîme de la perdition, entraînant dans son sillage une multitude d'anges et tout le genre humain. Le prince de ce monde et des airs, chef de la cohorte des anges qui l'ont suivi de leur plein gré, s'est posté avec ses comparses sur le chemin qui conduit de la terre au ciel, avec la juste permission de Dieu. Jusqu'aux souffrances salutaires et à la mort vivifiante du Christ, il ne permit à aucune âme humaine d'accéder aux portes célestes qui demeurèrent closes. Justes et pécheurs allaient tous en enfer. Toutefois, les portes éternelles et le chemin inaccessible s'ouvrirent pour notre Seigneur Jésus-Christ qui avait accepté volontairement la mort. Sa sainte âme, unie à la Divinité, descendit en enfer, brisa les verrous et les portes, et libéra les prisonniers.<br />« La mort eut peur en voyant ce Nouveau Venu pénétrer en enfer sans être prisonnier de ses liens. Pourquoi cette peur, gardiens de l'enfer ? Quelle est cette crainte inhabituelle qui s'empare de vous ? La mort a fui, trahissant la peur. Alors s'assemblèrent les saints prophètes, Moïse le législateur, Abraham, Isaac, Jacob et David, Samuel et Isaïe, et Jean-Baptiste qui annonce et témoigne : Es-Tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? (Mt.11,3) Tous les justes que la mort avaient engloutis furent rachetés par la venue de Celui que les bons prédicateurs avaient annoncé, le Rédempteur. Ils purent alors dire, chacun à son tour : Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? (1Cor.15,55) C'est ainsi que nous avons été rachetés par Celui qui donne la victoire » (Homélie de Saint Cyrille de Jérusalem).<br />Ayant ressuscité Son corps, le Seigneur traversa avec lui, l'atmosphère, le ciel et les cieux des cieux, puis monta sur le trône de la Divinité. Les pouvoirs des ténèbres, endurcis et aveuglés, furent terrifiés en voyant la marche du Dieu-Homme qui anéantissait toute leur puissance sous la joie spirituelle. C'est dans cette triomphale solennité que les Puissances Angéliques ouvrirent pour Lui les portes célestes.<br />Par la suite, la terreur des démons s'accrut : le larron accédait au Paradis à la suite du Christ, comme prix de sa confession I C'est avec stupeur qu'ils comprirent la puissance de la Rédemption. </div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-32882874768541765362012-01-19T12:32:00.000-08:002012-02-15T12:43:21.290-08:00PAROLE SUR LA MORT 4<a href="http://4.bp.blogspot.com/-DJ05_hWbG74/Txh-_vhPn3I/AAAAAAAAA0Y/g4_73BNhyMI/s1600/Vierge%2Bde%2Bl%2527intercession.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 296px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5699444961990123378" border="0" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/-DJ05_hWbG74/Txh-_vhPn3I/AAAAAAAAA0Y/g4_73BNhyMI/s320/Vierge%2Bde%2Bl%2527intercession.jpg" /></a><br /><br /><div align="justify"><strong><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE IV : DE LA MORT ET DE LA VIE DE L"ÂME<br /></span></strong></div><br /><br /><div align="justify"><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</em></div><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.<br /></em><br /><br /><div align="justify"></div><br /><br /><div align="justify">« De même que la séparation de l'âme et du corps, c'est la mort du corps, la séparation de l'âme et de Dieu, c'est la mort de l'âme. Voilà en quoi consiste à proprement parler la mort de l'âme. C'est de cette mort-là dont Dieu parlait quand Il donna Son commandement au Paradis, disant : le jour où tu en mangeras, tu mourras. C’est de cette mort-là que mourut l'âme d'Adam, séparée de Dieu par la désobéissance, car dans son corps, il vécut encore 930 ans. Cette mort ne se contenta pas de dérégler l'âme, elle étendit également sa malédiction sur l'homme entier : le corps même fut soumis aux souffrances et à la corruption. Après la mise à mort de l'homme intérieur par la désobéissance, Adam s'entendit dire : Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras la nourriture, tous les jours de ta vie; il produira des épines et des ronces et tu mangeras l'herbe des champs. Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, jusqu'à ce que tu retournes à la terre dont tu as été pris, car tu es poussière et tu redeviendras poussière (Gen.3,18-19) » (Saint Grégoire Palamas, lettre à la moniale Xénia).<br />Voici ce que dit Saint Jean le Théologien, en parlant de la mort de l'âme : Il y a un péché qui mène à la mort et un péché qui ne mène pas à la mort (1Jn). Il appelle péché qui mène à la mort , celui qui tue l'âme, qui la sépare complètement de la grâce de Dieu et en fait une victime de l'enfer, sauf si un repentir puissant vient rétablir l'amour de l'homme avec Dieu. C'est par un tel repentir que l'Apôtre Pierre guérit jadis son péché mortel : le reniement du Christ. De même pour les deux péchés mortels du saint prophète David : l'adultère et le meurtre. Si un péché mortel est commis, le repentir est reconnu comme effectif quand l'homme confesse sa faute et n'y revient pas. Cette opinion est énoncée par plusieurs pères, dont Pimène le Grand et Tilchon de Zadonsk. Elle est admise par l'Eglise qui se fonde sur diverses paroles du Sauveur. En particulier, après avoir guéri le paralytique près de la piscine des brebis, le Seigneur lui dit : Voici, tu es guéri, ne pèche plus de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire (Jn. 5,14); et à la femme adultère, le Seigneur dit : Je ne te condamne pas non plus; va et ne pèche plus ! (Jn.8,11)<br />C'est par un tel repentir que les débauchés, les adultères, les publicains, les brigands, ont ravi le Royaume Céleste. C'est à un tel repentir, à une telle résurrection de l'âme, qu'appelle l'Apôtre Paul : Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et Christ t'éclairera ! (Eph.5,14) Mais qui donc écoute cette voix, cette trompette spirituelle qui appelle à la résurrection de l'âme, à cette résurrection plus nécessaire au salut que celle qui ranimera les corps, et non les âmes mises à mort par le péché ? Nous sommes tous mis à mort ! Nos désirs coupables ne se contentent pas d'attaquer l'âme, ils la mettent aussi à mort une fois accomplis.<br />En faisant référence à cette mort fondamentale de l'âme, le Sauveur du monde qualifie de « morts » tous ceux qui n'ont pas prêté attention à Son très saint enseignement lors de Sa venue sur terre. Cet enseignement est pourtant indispensable au salut, c'est l'unique chose nécessaire pour posséder la vie véritable, Laisse les morts ensevelir leurs morts (Mt.8,22), dit-Il à Son disciple qui demandait la permission de s'éloigner un moment de Lui et de Ses enseignements pour ensevelir son père défunt. Le Seigneur appelle morts ceux qui, vivant encore dans leur corps, sont en réalité morts par l'âme.<br />Parmi ces morts, ceux qui restent étrangers au Christ toute leur vie durant et partent dans cet état pour l'éternité. Ils ne connaîtront pas la résurrection de l'âme pendant le laps de temps qui précède la seconde venue du Seigneur. Les (...) morts ne revinrent point à la vie jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis. .C'est la première résurrection. Bienheureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux, mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec Lui pendant mille ans (Apo.20,5)<br />Voici ce qu'annonce le fils du tonnerre spirituel (Le Seigneur appelle « fils du tonnerre » les deux Apôtres Jacques et Jean, fils de Zébédée) (Mc.3,17). Selon le commentaire de l'Eglise, ces mille ans ne représentent pas un nombre précis d'années, mais désignent plutôt un grand laps de temps, accordé par Dieu dans Sa miséricordieuse longanimité, afin que tout fruit de la terre digne du ciel mûrisse, et qu'aucun grain destiné au grenier céleste ne soit perdu. Même lorsque les saints estimeront pleine la coupe des péchés de l'humanité, et nécessaire le jugement définitif, ils entendront Dieu leur dire qu'ils se tiennent au repos quelque temps encore, jusqu'à ce soit complet le nombre de leurs (..) frères (Apo.6,11), car grande est la longanimité de Dieu.<br />« Mille ans, c'est le temps qui sépare l'Incarnation du Christ de Son glorieux Avènement. Mille ans, c'est le temps pendant lequel l'Evangile sera annoncé. On ne doit pas prendre ces mille ans à la lettre. Ainsi pour les nombres cités dans le Cantique des Cantiques : Salomon avait une vigne à Baal-Hanion; Il remit la vigne à des gardiens, chacun apportait pour son fruit mille sicles d'argent. Ma vigne, qui est à Moi, Je la garde. A toi, Salomon, les mille sicles, et deux cents à ceux qui gardent le fruit (Ca.8,11-12). Ainsi encore pour les paroles du Seigneur Jésus : Une autre partie tomba dans la bonne terre. Elle donna du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre trente (Mt.13,8). Le nombre mille représente ici l'abondance et la perfection dans l'offrande des fruits. Mille ans désignent ici une offrande de foi dans sa plénitude » (Saint André, évêque de Césarée, commentaire sur l'Apocalypse).<br />Dès le début de ces mille ans, la première, mystérieuse et combien fondamentale résurrection des morts s'est manifestée, elle se manifeste encore aujourd'hui et continuera à se manifester jusqu'à la fin des temps. En vérité, en vérité, Je vous le dis, celui qui écoute Ma parole et qui croit à Celui qui M'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie (Jn.5,24). Le bienheureux, Théophylacte commente ces paroles du Sauveur en disant : « Celui qui croit au Christ n'ira pas en jugement, c'est-à-dire dans les souffrances, mais héritera de la vie éternelle sans être soumis à la mort éternelle de son âme, même si, de par sa nature, il a goûté à la mort corporelle et temporaire ». Les paroles que le Sauveur a dites à Marthe avant la résurrection de son frère Lazare ont la même signification : Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en Moi vivra, quand bien même il serait mort (Jn.11,25). Les fils et les filles de l'ancien Adam, nés déchus et destinés à la mort éternelle, passent, grâce à leur foi dans le Nouvel Adam, à la vie éternelle. Ce passage, cette résurrection, ne sont pas tangibles pour les yeux de la chair. Ils sont même inconcevables pour un esprit charnel, mais l'âme dans laquelle ils s'accomplissent les ressent de façon tout à fait claire.<br /><br />« Lorsque tu entends que le Christ, descendu en enfer, a délivré les âmes qui y étaient retenues, ne pense pas que : cela est loin de ce qui s'accomplit à présent I Sache que le tombeau, c'est le cœur. Là sont enterrés et retenus dans des ténèbres impénétrables ton esprit et tes pensées. De même que le Seigneur est venu libérer les âmes qui, au plus profond de l'enfer, imploraient Celui qui pouvait les délivrer de cette prison, il roule encore aujourd'hui la lourde pierre posée sur l'âme mise à mort, ouvre son tombeau, la ressuscite, et fait sortir à la lumière celle qui était emprisonnée » (Saint Macaire le Grand).<br />Cette première résurrection s'accomplit au moyen de deux sacrements : le baptême et le repentir. Par le saint baptême, l'âme ressuscite du tombeau de l'incroyance et de l'impiété, ainsi que des péchés personnels accomplis dans l'impiété. Par le repentir, l'âme déjà croyante ressuscite de la mort occasionnée par ses péchés mortels, par sa vie négligente et luxurieuse postérieure au baptême. Dans les deux cas, c'est l'Esprit Saint qui accomplit la résurrection.<br />Voici ce que Saint Jean le Théologien dit de ceux qu'il a vus ressuscités des morts : J'ai vu des trônes et à ceux qui s'y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient pas adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front ou sur leur main. Ils revinrent à la vie et ils régnèrent avec le Christ pendant mille ans (...) C'est la première résurrection (Apo.20,4-5). Cette première résurrection a lieu quand, par la foi dans le Seigneur Jésus-Christ, l'âme se réveille de son sommeil, lave ses péchés dans le saint baptême, et se repent des péchés commis ultérieurement en menant une vie conforme aux commandements du Christ. Les trônes des saints, ce sont leurs pouvoirs sur les passions, sur les démons, sur les Maux humains, sur les éléments, sur les animaux, et encore l'abondance de leurs dons spirituels. Le jugement leur est donné, c'est-à-dire le discernement spirituel par lequel ils démasquent le péché, même bien caché derrière la bienséance, et le rejettent. Avec ce discernement, ils jugent les anges des ténèbres qui prennent l'aspect d'anges de lumière et ne leur permettent pas de les tromper. Ils n'ont adoré ni la bête, ni son image, ni l'antéchrist, ni les persécuteurs du christianisme, ni ceux qui l'ont défiguré en exigeant des chrétiens le reniement du Christ et de Ses très saints commandements. Ils n'ont accepté la marque de l'ennemi de Dieu ni sur leur front, ni sur leurs mains, mais, s'étant approprié l'Esprit du Christ, ils l'ont constamment exprimé dans leur façon de penser et d'agir, sans épargner leur sang pour témoigner de leur fidélité. C'est ainsi qu'ils règnent maintenant avec le Christ et qu'il n'y a pas de mort pour eux. Pour eux, la séparation de l'âme et du corps n'est pas la mort, mais le passage du pénible voyage terrestre au repos et à la joie éternels. La seconde mort, c'est-à-dire la condamnation définitive aux souffrances éternelles de l'enfer et l'application effective de cette sentence n'a pas de pouvoir sur ceux qui ont déjà ressuscité dans la première résurrection; ceux-là seront sacrificateurs de Dieu et du Christ et ils régneront avec Lui pendant mille ans (Apo.20,6). Ce règne dans l'Esprit Saint des élus de Dieu ne peut être interrompu par la séparation de l'âme et du corps. Au contraire, après cette séparation, il s'affermit jusqu'à ce que les mille ans soient accomplis, jusqu'à ce que tout le fruit raisonnable de la terre soit mûr. Alors aura lieu la seconde résurrection, celle des corps. Alors augmentera la béatitude des justes, ressuscités chacun en leur temps par la première résurrection. Alors redoublera la mort des pécheurs, eux, qui avaient été privés de la première résurrection.<br />Citons Saint Grégoire Palamas : « Dans la vie éternelle à venir, lorsque les corps des justes ressusciteront, les corps des iniques et des pécheurs ressusciteront avec eux, mais seulement pour être soumis à la deuxième mort : la souffrance éternelle, le ver qui ne dort pas, les grincements de dents, les ténèbres épaisses et impénétrables, la sombre géhenne du feu inextinguible. La ruine atteindra tous les rebelles et les pécheurs, et ceux qui abandonnent le Seigneur périront (Isaïe 1,28). C'est en cela que consiste la seconde mort, comme nous l'enseigne Saint Jean dans son Apocalypse. Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si, par l'Esprit Saint, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez (Rom.8,13). Le grand Paul parle ici de la vie et de la mort qui appartiennent au siècle futur. Cette vie, c'est la jouissance dans le Royaume Eternel; cette mort, c'est la condamnation aux souffrances éternelles. La cause de toute mort, de l'âme comme du corps, dans le temps présent comme dans le siècle à venir, c'est la transgression du commandement. De fait, la mort consiste en la séparation de l'âme d'avec la grâce de Dieu, consécutive à l'union avec le péché. Voici la mort que doivent éviter les gens raisonnables. C'est cette mort-là qui est véritablement effrayante. Elle est plus terrible que la géhenne de feu. Evitons-la le plus possible ! Abandonnons tout, renions nos possessions, nos actes, nos désirs, tout ce qui nous éloigne de Dieu et produit une telle mort. Celui qui redoute une telle mort et s'en garde ne craindra pas la mort charnelle, car il a en lui la vraie vie, sur laquelle la mort charnelle n'a pas de prise.<br />De même qu'à proprement parler, la mort, c'est la mort de l’âme, la vie, c'est la vie de l'âme. Et de même que la vie du corps, c'est son union avec l'âme, la vie de l'âme, c'est son union avec Dieu. Quand l'âme se sépare de Dieu par la transgression du commandement, elle meurt ; mais par l'obéissance au commandement, elle s'unit de nouveau avec Dieu et revit par cette union. C’est pourquoi le seigneur dit: Les paroles que Je vous ai dites sont Esprit et Vie (L.6,63). C'est encore cela qu'exprime Pierre, qui l'avait compris par expérience, quand il s'adresse au Seigneur : Tu as les paroles de la Vie éternelle (L.6,68). Ces paroles sont des paroles de vie pour les obéissants, mais pour ceux qui transgressent les commandements, elles deviennent une cause de mort. Ainsi les Apôtres, porteurs du parfum du Christ, étaient aux uns une odeur de vie donnant la vie, aux autres une odeur de mort donnant la mort (2Cor.2,16). Cette vie s'offre non seulement à l'âme, mais aussi au corps par la Résurrection qui lui procure l'immortalité. Elle le libère de la corruption mais aussi de cette mort incessante qu'est la souffrance future. Elle lui offre une vie éternelle en Christ, sans souffrance, sans maladie, sans tristesse et véritablement éternelle. D'un côté on assiste à la mise à mort de l'âme par la transgression et le péché, à laquelle succèdent la mort du corps (son union avec la terre et sa transformation en poussière) puis la descente de l'âme en enfer ; d'un autre côté, on assiste à la résurrection de l'âme (son retour vers Dieu par l'obéissance au commandement) à laquelle succèdent la résurrection du corps par son union avec l'âme, puis l'incorruptibilité et la vie éternelle avec Dieu pour ceux qui en seront dignes, qui seront passés de l'état charnel à l'état spirituel, qui seront capables de vivre dans les cieux à l'image des anges. Et nous serons enlevés à la rencontre du Seigneur dans les airs et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thes.4, 1 7).<br />Etant devenu homme, le Fils de Dieu mourut par Son corps. Son âme quitta ce dernier sans se séparer de la Divinité. Par la suite, ayant ressuscité Son corps, Il l'éleva au ciel dans la gloire. Il en est de même pour ceux qui ont vécu en Dieu ici-bas. En déposant leur corps, ils ne se séparent pas de Dieu. Après la Résurrection, ils s'élèveront vers Dieu avec leur corps, goûtant une joie ineffable à l'endroit même où Jésus est monté comme Précurseur, et où il leur révélera Sa gloire, objet de la jouissance à venir (Hb.6,20 et Rom.8,18). Ils participeront non seulement à la Résurrection du Seigneur, mais aussi à Son Ascension et à toute vie à l'image de Dieu. Mais ceux qui auront vécu ici-bas selon la chair sans entrer en communion avec Dieu à l'heure de la mort ne seront pas dignes de cela. Tous ressusciteront, mais chacun selon son rang, comme dit l'Ecriture (1Cor.15,23). Celui qui ici-bas met à mort par l'Esprit les actes charnels aura là-bas une vie divine et véritablement éternelle avec le Christ ; en revanche, celui qui ici-bas met à mort l'Esprit en se livrant à ses convoitises et à ses passions, hélas, celui-là sera condamné avec l'auteur et la cause de la méchanceté, et sera livré à des souffrances insupportables et incessantes, c'est-à-dire à la deuxième mort, la mort éternelle.<br />Quelle est l'origine de la mort véritable? Quelle est la cause de cette mort éternelle de l'âme et du corps ? Ne faut-il pas la chercher dans le lieu même de la vie? Hélas! C'est bien pour cela que l'homme fut condamné et chassé sans délai du Paradis de Dieu. C'est pour avoir uni sa vie à la mort, ce qui ne peut convenir au séjour dans le Paradis. Inversement, la vraie vie de l'âme et du corps doit trouver son origine au lieu même de la mort. Celui qui ne dirige pas ses efforts dans ce sens dès cette vie-ci, qu'il ne se leurre pas en vain par l'espoir d'une rétribution là-bas, qu'il n'espère pas en l'amour de Dieu pour les hommes. Là-bas, c'est le temps de la rétribution et de la vengeance, et non de la miséricorde et de l'amour; le temps de la fureur, de la colère et de la justice de Dieu, l'heure de la main ferme qui se lève pour châtier les indociles. Malheur à celui qui est tombé entre les mains du Dieu vivant ! (Hb.10,31) Malheur à celui qui connaîtra là-bas la fureur du Seigneur ! Malheur à celui qui ne se laisse pas enseigner ici par la crainte de Dieu, qui ne fait pas l'expérience de Sa puissance et de Sa colère, qui n'a pas compris en scrutant Son amour pour les hommes ce pour quoi le temps présent nous a été donné, Dieu a permis pour nous la vie terrestre, comme un temps offert pour le repentir » (Saint Grégoire Palamas à la moniale Xénia).</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-8055410780490767982012-01-16T10:09:00.001-08:002012-02-15T12:43:46.893-08:00PAROLE SUR LA MORT 3<div align="justify"><a href="http://3.bp.blogspot.com/-zDXyN61RGpQ/TxRojPAYAPI/AAAAAAAAA0M/1fHZj6kZ5g4/s1600/Croix.JPG"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 207px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5698294383063335154" border="0" alt="" src="http://3.bp.blogspot.com/-zDXyN61RGpQ/TxRojPAYAPI/AAAAAAAAA0M/1fHZj6kZ5g4/s320/Croix.JPG" /></a> <strong><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE III : DE L'ÂME APRES SA SEPARATION D'AVEC LE CORPS</span></strong></div><br /><br /><p align="justify"><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché. </em></p><br /><p align="justify"><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.<br /></p></em><br /><br /><br /><div align="justify">Pour notre édification et notre salut, les saints pères ont exposé les circonstances qui entourent le départ de l'âme du corps. Citons la troisième catéchèse de Saint Théodore le Studite : « Frères ! Resterons-nous toujours ici? Non ! Malheur, frères ! Quel terrible mystère que la mort ! Comme nous devons être vigilants, repentants, raisonnables, et penser qu'aujourd'hui même la mort nous attend, la séparation de l'âme et du corps, la venue des anges, et je ne parle pas de celle des démons. Ces derniers s'approchent de ceux qui se sont laissé entraîner par les passions. Pensez quelles peines et quelles souffrances suscitent leur vue, quand retentit l'ordre : âme, sors ! Pour ceux qui quittent leur corps, les bonnes œuvres et la pureté de conscience sont un grand secours. L'obéissance procure à l'âme beaucoup de hardiesse, l'humilité une grande consolation, les larmes du secours, la patience de l'aide. Les bonnes œuvres chassent les démons, et les adversaires bredouilles laissent la place aux anges qui entraînent l'âme vers le Sauveur. Mais l'âme qui a transformé les passions en habitude et s'est laissée vaincre par le péché est saisie d'effroi. Les démons triomphent et entraînent la maudite vers les souffrances de l'enfer souterrain, vers les ténèbres du tartare ».<br />Deux anges apparurent un jour à Saint Macaire d'Alexandrie, un compagnon d'ascèse de Saint Macaire le Grand doté de grands dons spirituels. L'un d'eux lui dit : « Ecoute, Macaire, de quelle façon les âmes quittent le corps, tant celles des fidèles que celles des infidèles. Sache que les choses se passent dans le monde céleste comme dans ce monde-ci. Lorsque le roi envoie ses soldats se saisir de quelqu'un, ils le maîtrisent, même s'il n'est pas consentant, même s'il se défend. Pétrifié par la peur, il tremble, tant il redoute la simple présence de ceux qui entraînent sans pitié. De la même façon, lorsque les anges sont envoyés pour prendre une âme, pieuse ou impie, la peur la saisit. Elle tremble d'effroi en voyant les terribles anges. Elle comprend enfin l'inutilité des richesses, des relations et des amis. Bien qu'elle entende les sanglots de l'entourage, elle est impuissante à articuler une parole et même le moindre son, car elle n'est pas prête pour une telle situation. Elle est effrayée par l'immensité de ce monde nouveau, et par le changement de vie. Elle redoute l'aspect de ceux qui la tiennent déjà en leur pouvoir et ne lui manifestent ni compassion, ni miséricorde. Son attachement au corps était si fort que la séparation provoque en elle une affliction accablante. Sa conscience ne lui apporte aucune consolation, sauf si elle peut se reconnaître quelque bonne œuvre. C'est ainsi que l'âme est jugée par sa conscience, avant même de comparaître devant le Juge Suprême ».<br />Citons un court extrait de l'homélie sur la mort de Saint Cyrille, Patriarche d'Alexandrie : « Quelle crainte et quelle frayeur t'attendent, ô âme, le jour de la mort ! Tu verras devant toi des démons effrayants, sauvages, cruels, impitoyables et impudiques, semblables à des maures ténébreux. Leur vue seule est plus terrible que toute souffrance. En leur présence, l'âme se trouble, s'agite, s'inquiète, cherche à se cacher et invoque les saints anges. Ces derniers la tiennent, cheminent avec elle dans les airs, et la raccompagnent tout au long des épreuves qui, de la terre vers le ciel, jalonnent la voie du salut. Chaque épreuve teste un péché ou une passion particulière et tous ont leur épreuve et leurs tortionnaires. Quelle frayeur et quel trouble doit éprouver l'âme tant que la sentence définitive et libératrice n'a pas été prononcée. Comme cette période d'attente indécise doit être pénible, lourde d'inconsolables lamentations ! Les puissances divines présentent les bonnes intentions, les paroles et les actes de l'âme, et celle-ci, dans la crainte et la frayeur, assiste au dialogue des anges et des démons qui conduira, soit à sa justification et à son salut, soit à sa condamnation et à sa perte. Si elle a mené une vie pieuse et agréable à Dieu, si elle a mérité le salut, elle chemine tranquillement vers Dieu, avec les saintes puissances comme compagnes. Alors s'accomplit la parole : la tristesse, la souffrance et les soupirs se sont éloignés. Libérée des esprits malins, terribles et corrompus, l'âme s'en va vers une joie ineffable. Mais s'il s'avère qu'elle a vécu dans la négligence et l'adultère, alors elle entend une voix terrible dire : qu'on se saisisse de l’impie, qu'elle ne voit pas la gloire du Seigneur. Elle s'en ira vers les jours ténébreux de la colère, de l'affliction, de la peine, de l'angoisse, et de l'obscurité. Les saints anges l'abandonneront et les maures, les démons, la raviront. Ils la frapperont sans merci et la précipiteront sur la terre qui s'ouvrira à son passage. Liée par des liens inextricables, elle sera emprisonnée dans des lieux sombres, dans les geôles souterraines de l'enfer, où sont enfermées les âmes des pécheurs décédés depuis des siècles. Lieux sombres et terribles des ténèbres éternelles, comme dit le juste Job, Où il n'y a ni lumière ni vie pour les hommes, mais des souffrances éternelles, une tristesse infinie, des pleurs, des soupirs incessants; de continuels grincements de dents... Là, on entend en permanence : hélas, hélas Là, on appelle à l'aide et personne ne répond. Là, on crie sans jamais voir arriver de libérateur. Il n'y a pas de mot pour décrire les malheurs de ce lieu, ni les souffrances auxquelles sont soumises les âmes qu'on y a précipitées et enfermées. Aucune bouche humaine ne peut exprimer la peur et les tremblements qui s'emparent des prisonniers de l'enfer, leurs peines et leurs pleurs. Ils gémissent sans trêve, pour l'éternité, et personne n'a pitié d'eux. Ils poussent de profonds soupirs que personne n'entend, ils sanglotent et personne ne les libère, ils appellent et tambourinent aux portes, sans qu'on leur fasse miséricorde. Où sont alors les louanges de ce monde ? Où est la vanité ? Où sont la jouissance et la satiété ? Et la noblesse et la virilité du corps ? Et la trompeuse et pernicieuse beauté féminine ? Et l'audace impudique, les habits somptueux, la douceur impure du péché ? Et les parfums et les aromates, les festins au son des cymbales et du psaltérion ? Et l'attachement à l'argent et aux biens matériels, qui met en fuite la miséricorde ? Et l'orgueil inhumain qui dédaigne tout et ne respecte que lui-même ? Et la futile vaine gloire, les spectacles et les distractions ? Et les blasphèmes, l’oisiveté et l'insouciance ? Et les doux vêtements et les couches moelleuses, les hauts bâtiments et les larges portails ? Et la sagesse des sages, l'éloquence des orateurs et la vaine science ? Hélas, tous s'agiteront et tituberont d'étonnement, devant leur sagesse engloutie. Frères ! Ne perdons pas de vue la conduite que nous devons suivre ! Nous devrons rendre compte de chacun de nos actes, grand ou petit ! Nous rendrons même compte au Juste Juge de chaque parole vaine (Saint Cyrille vivait au Vème siècle et présidait le cinquième concile œcuménique. Son homélie sur la mort est placée dans le psautier. Il succéda au Patriarche Théophile, dont il était le neveu, et qui avait déjà prêché un enseignement analogue).<br />Le soldat Taxiote parla de sa mort en des termes qui corroborent la pensée de Saint Cyrille : « Lorsque j'étais mourant, je vis les maures devant moi, leur aspect était terrible, je fus troublé en les regardant. Puis je vis deux très beaux jeunes gens et mon âme se réfugia dans leurs bras. Nous commençâmes immédiatement à nous élever dans les airs, comme en volant, et nous atteignîmes les épreuves qui jalonnent l'ascension de l'âme de chaque homme. Chaque épreuve tourmente pour un péché particulier : une pour le mensonge, une pour l'envie, une pour l'orgueil... Tous les péchés sont examinés dans les airs. Je vis dans les mains des anges un coffret contenant toutes mes bonnes actions. Ils les sortirent pour les opposer aux mauvaises. Nous traversâmes ainsi différentes épreuves. En nous rapprochant des portes célestes, nous arrivâmes à l'épreuve de l'adultère. Là les gardiens m'arrêtèrent et présentèrent toutes mes actions charnelles adultères, accomplies depuis l'enfance. Les anges annoncèrent que tous les péchés charnels que j'avais commis en ville avaient été pardonnés par Dieu car je m'en étais repenti. A ceci mes ennemis rétorquèrent qu'en sortant de la ville, j'avais commis le péché avec la femme du laboureur chez qui je vivais. Ayant entendu cela sans pouvoir trouver une seule bonne action qui aurait pu faire pencher la balance de l'autre côté, les anges m'abandonnèrent et s'éloignèrent. Les esprits malins s'emparèrent de moi, me rouèrent de coups et me descendirent sur la terre qui s'ouvrit pour me permettre de descendre, par des chemins étroits et nauséabonds, vers la prison souterraine de l'enfer ».<br />Histoire de Sainte Théodora.<br />Sainte Théodora, disciple du grand saint Basile le Nouveau, a raconté sa mort avec force détails. Nous citons ci-dessous une partie de son récit à Grégoire, un autre disciple de Saint Basile : « Mon fils Grégoire, tu me questionnes au sujet d'une chose terrible, dont le souvenir même est effrayant. Lorsque sonna l'heure de ma mort, je vis des personnages que je n'avais jamais vus et j'entendis des paroles que je n'avais jamais entendues. Que dire ? Des malheurs pénibles et cruels, dont je n'avais nulle idée, m'attendaient en raison de mes actes. Mais, par la prière et l'aide de Basile, notre père commun, j'en fus délivrée. Comment te raconter la douleur corporelle, l'angoisse et la fatigue auxquelles sont soumis les mourants ? C'est comme si une personne nue tombait dans un grand feu pour s'y consumer et être réduite en cendres. C'est ainsi qu'est détruit l'homme par la mort à l'heure de la séparation de l'âme et du corps. Approchant du terme de ma vie, je vis une multitude d'éthiopiens entourer ma couche. Leurs visages étaient sombres comme la suie ou le goudron, et leurs yeux luisaient comme des charbons ardents. Les voir était plus cruel que la géhenne elle-même. Ils s'agitèrent bruyamment. Les uns mugissaient comme des animaux sauvages ou du bétail, d'autres aboyaient comme des chiens ou hurlaient comme des loups. En me voyant, ils devinrent furieux et se précipitèrent sur moi en grinçant des dents, avec la visible intention de me dévorer sur-le-champ. A ce moment-là, dans l'attente de l'arrivée de quelque juge, on sortit les parchemins et on déroula les rouleaux sur lesquels étaient inscrites toutes mes mauvaises actions. Ma pauvre âme trembla de terreur. Non seulement la tristesse de la mort m'accablait, mais la fureur terrifiante de ces éthiopiens était pour moi comme une seconde mort, plus douloureuse encore. Je me tournai de tous côtés pour éviter de les voir et de les entendre, mais ils déambulaient partout. Et personne pour me porter secours ! Parvenue à un total affaiblissement, je vis deux anges de lumière s'approcher de moi, tels des jeunes gens d'une beauté inexprimable. Leurs visages rayonnaient, leur regard était tout amour, leurs cheveux scintillaient comme la neige, blancs aux reflets d'or. Leurs vêtements étincelaient comme l'éclair, leurs poitrines étaient ceintes d'or. S'approchant de ma couche, ils se tinrent sur le côté droit et chuchotèrent. Je me réjouis en les voyant et je les dévisageai avec plaisir. Les noirs éthiopiens frissonnèrent et s'éloignèrent quelque peu. Un des lumineux jeunes gens s'adressa avec colère aux démons ténébreux : ô, impudiques, maudits, ténébreux et méchants ennemis du genre humain ! Pourquoi venez-vous troubler les mourants et effrayer par un tel tapage l'âme qui se sépare du corps ? Ne vous réjouissez pas trop car vous ne trouver rien ici. Cette âme jouit de la miséricorde de Dieu, vous n'avez aucune chance ! Lorsque l'ange se tut, les éthiopiens chancelèrent, vociférèrent, montrèrent les mauvaises actions que j'avais commises depuis ma jeunesse et crièrent : nous ne trouverons rien ? Et à qui sont ces péchés ? N'est-ce pas elle qui a fait ceci et cela ? Criant ainsi, ils attendaient la mort. Et voilà que la mort vint, rugissant comme un lion, exhibant l'aspect terrible d'un humain sans corps, d'un squelette. Elle portait divers instruments de torture : épées, flèches, lances, faux, scies, haches, hameçons, et d'autres encore, à l'usage inconnu. Voyant cela, ma pauvre âme trembla de peur. Les saints anges dirent à la mort : ne tarde pas, délie cette âme des liens charnels, délie-la vite mais doucement, le poids de ses péchés n'est pas grand ! La mort s'approcha de moi, prit une petite hache et trancha d'abord mes jambes, puis mes bras ; ensuite, elle affaiblit tous mes membres à l'aide d'autres instruments, les séparant les uns des autres au niveau des articulations. Je fus privée de bras, de jambes; tout mon corps s'engourdit, je ne pouvais plus bouger. Ensuite, elle trancha ma tête qui me devint étrangère, immobilisée elle aussi. Après avoir dissout un breuvage dans une coupe, elle l'approcha de mes lèvres et me le fit boire de force. Ce breuvage était si amer que mon âme ne put le supporter : elle tressaillit et se sépara brutalement de mon corps. Les anges lumineux la reçurent aussitôt dans leurs bras. En me retournant, j'examinai avec étonnement mon corps allongé, insensible, et inerte comme un vêtement que j'aurais ôté et jeté. Alors que les saints anges me tenaient, les démons à l'aspect d'éthiopiens nous entourèrent en criant : cette âme a beaucoup de péchés, qu'elle en réponde ! Et ils les exhibèrent. Les saints anges cherchèrent mes bonnes actions et, grâce à Dieu, ils en trouvèrent. Ramassant tout ce que j'avais pu faire de bien un jour ou l'autre avec l'aide de Dieu, ils se préparèrent à faire contrepoids à mes mauvaises actions. Voyant cela, les éthiopiens grincèrent des dents. Ils auraient bien voulu m'arracher sans attendre des mains des anges pour me conduire au fond de l'enfer ! Soudain notre saint père Basile apparut et dit aux anges : anges de Dieu, cette âme m'a beaucoup servi durant ma vieillesse, j'ai prié Dieu pour elle et Il m'en a fait don. En prononçant ces paroles, il sortit de son sein un petit sac rouge bien plein, à mon idée d'or pur, et le donna aux anges en disant : quand vous passerez les épreuves aériennes, rachetez les dettes de cette âme avec ceci, dès que les esprits malins commenceront à la torturer. Je suis riche par la grâce de Dieu, j'ai amassé beaucoup de trésors par ma sueur et mes efforts, et je fais don de ce petit sac à l'âme qui m'a servi. Ayant prononcé ces mots, il partit. Les esprits malins, perplexes, firent entendre cris et lamentations, puis ils s'éloignèrent. Saint Basile revint en apportant plusieurs récipients contenant de l'huile pure et une myrrhe précieuse. Il les ouvrit l'un après l'autre et les versa sur moi, me couvrant d'une bonne odeur spirituelle. Je me sentis transformée et illuminée. Saint Basile dit aux saints anges : quand vous aurez fait tout ce qui convient, faites-la entrer dans la demeure que le Seigneur m'a préparée, afin qu'elle y vive ! Ayant dit cela, il devint invisible. Les anges me prirent et nous nous dirigeâmes vers l'orient».<br />Nombreux sont ceux qui voient la mort avant leur décès. Puisqu'une partie importante du monde visible nous est inconnue, il n'est pas étonnant que le monde invisible nous soit aussi inconnu, surtout à ceux qui ne se sont pas lancés sérieusement dans son exploration, ou s'y sont lancés de façon superficielle. Ce n'est pas parce qu'une chose parait étrange à notre intellect charnel qu'elle est étrange en soi. Nos préjugés ne peuvent pas limiter la toute-puissance de Dieu. Tout homme dépourvu d'une véritable intelligence spirituelle est plein de préjugés, quelles que soient son intelligence et son instruction mondaine, qui sont d'ailleurs éphémères et folies devant Dieu.<br />Le Saint Evangile lui-même confirme les récits patristiques précédents. Notre Seigneur raconte comment l'âme du juste Lazare fut emportée par les anges dans le sein d'Abraham (Luc 16,22). Au riche avare qui rêvait d'une longue vie de jouissances charnelles à la vue de son abondante récolte, et qui envisageait de reconstruire des greniers, Dieu dit : Insensé ! Cette nuit-même, ton âme te sera redemandée et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ? (Luc 12,20). Le bienheureux Théophylacte de Bulgarie fait sur ce passage le commentaire suivant : « L'âme sera redemandée car les impitoyables anges-publicains arrachent l'âme des pécheurs par la force et la douleur. L'âme du juste ne lui est pas arrachée ; il la remet avec joie et allégresse à son Père et son Dieu ».<br />Même si la mort des justes et des pécheurs complètement repentis diffère largement de la mort des pécheurs réprouvés ou insuffisamment repentis, la crainte et l'angoisse accompagnent tout homme au moment de sa fin. Cela doit être ainsi : la mort est un châtiment. Si le châtiment du juste est adouci, il reste néanmoins un châtiment. Le Dieu-Homme lui-même, alors qu'Il se préparait de son plein gré à mourir pour le salut du genre humain, connut le combat, la tristesse et l'angoisse. Il versa des gouttes de sueur semblables à des grumeaux de sang. Mon âme est triste jusqu'à la mort (Mt.26,38), dit-Il aux Apôtres qui s'étaient endormis de tristesse sans voir approcher le malheur. Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de Moi I Toutefois, non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux ! (Mt.26,39). La Toute-Sainte Vierge et Mère de Dieu sentit aussi cette crainte avant Sa bienheureuse Dormition, bien qu'Elle eût été prévenue par l'Archange Gabriel de Son départ pour les demeures célestes et de la gloire qui Lui était réservée. Et pourtant, l'Esprit Saint avait dirigé vers le ciel toutes ses pensées et tout son désir.<br />Tous les saints se sont préparés dans la crainte et les pleurs à l'heure fatidique de la mort. Ils comprenaient ce qu'elle représente pour l'homme. Lorsque Saint Agathon l'atteignit à son tour, il passa trois jours sans parler à qui que ce soit, restant profondément attentif à lui-même. Les frères lui demandèrent :<br />- Abba Agathon, où es-tu?<br />- Je me tiens devant le tribunal du Christ.<br />- Est-ce possible que toi aussi, tu éprouves de la crainte ?<br />- Je me suis efforcé de garder les commandements de Dieu selon mes possibilités, mais je ne suis qu'un homme. Comment puis-je savoir si mes actes ont été agréables à Dieu ?<br />- Est-ce possible que tu ne comptes pas sur ta manière de vivre, qui fut conforme à la volonté de Dieu ?<br />Je ne puis espérer, car autre est le jugement des hommes, autre est le jugement de Dieu.<br />Comme ils voulaient l'interroger encore, il leur dit : Soyez charitables, ne parlez plus avec moi, car je ne suis pas libre ! Il quitta ce monde avec joie. Ses disciples rapportèrent qu'ils le virent se réjouir comme s'il rencontrait des amis très chers. Ce grand saint vivait en permanence dans une grande attention à lui-même et disait que l'homme ne peut atteindre la réussite sans une sévère vigilance sur soi-même. Telle est la voie du salut. S'examinant en permanence, les saints se trouvaient constamment de nouveaux défauts, et s'absorbaient de plus en plus dans un repentir purificateur qui les perfectionnait pour le ciel. Au contraire, une grande distraction et de nombreux soucis sont toujours liés à une profonde méconnaissance de soi, à la fierté et à l'autosatisfaction. Le bienheureux Théophylacte dit : « Beaucoup se leurrent d'un vain espoir, pensant faire l'acquisition du Royaume des Cieux. Ils croient dans leur présomption qu'ils s'associeront au chœur de ceux qui ont atteint le sommet des vertus. Il y a beaucoup d'appelés, parce que nombreux sont ceux que Dieu appelle, on peut même dire qu'Il nous appelle tous. Mais il y a peu d'élus, peu de sauvés; peu sont dignes du choix de Dieu. Appeler, c'est l'affaire de Dieu, mais être élu, cela dépend de nous : les juifs furent appelés, mais ne furent pas élus en définitive, car ils désobéirent à Celui qui les avait appelés » (Mt.22,14).<br />Saint Arsène le Grand passa toute sa vie monastique avec un mouchoir sur les genoux pendant son travail manuel. Ceci à cause des larmes qui coulaient de ses yeux. Abba Pimène qui était doué d'un grand discernement, apprit sa mort en disant :<br />« Bienheureux es-tu, Arsène, car tu as pleuré sur toi-même tout au long de ta vie terrestre. Celui qui n'a pas pleuré sur lui-même ici-bas, pleurera éternellement. Il est impossible d'éviter les pleurs, soit ici-bas volontairement, soit là-bas dans les souffrances involontaires ». Théophile, le Patriarche d'Alexandrie, entendit lui aussi parler de cette mort et dit : « Bienheureux es-tu, Arsène, car tu te souvenais constamment de l'heure de la mort ».<br />C'est une consolation pour l'âme d'entendre le récit de la mort d'un juste. Comme il est édifiant pour elle de connaître l'humilité et la contrition du cœur de ceux qui se sont préparés à la mort, et la sainte crainte avec laquelle ils l'ont accueillie ! Jadis, un père menait une vie si pure que Dieu ne rejetait aucune de ses requêtes. Un jour, ce vieillard désira voir le départ de l'âme d'un juste et celle d'un pécheur. Dieu le conduisit aux portes d'une ville, auprès desquelles un reclus célèbre avait élu domicile dans un couvent. A ce moment-là, le reclus était très malade et attendait la mort. On préparait pour lui une grande quantité de cierges et de veilleuses, pour que Dieu accorde, par son intercession, du pain et de l'eau à la ville. Les habitants estimaient que la mort du reclus entraînerait la perte de la ville entière. L'heure de la mort du reclus étant arrivée, le vieillard vit un gardien de l'enfer s'approcher du reclus avec un trident de feu. Une voix se fit entendre : « Comme cette âme ne M'a pas laissé Me reposer une seule heure en elle, arrache-la sans pitié ! ». Le démon enfonça le trident dans le cœur du reclus et, après l'avoir torturée plusieurs heures, il arracha son âme. Ensuite, le vieillard entra dans la ville où il trouva un pèlerin malade couché dans la rue. Comme il n'y avait personne pour l'assister, le vieillard passa la journée à ses côtés. Lorsque l'heure de son décès arriva, le vieillard vit les Archanges Michel et Gabriel descendre chercher son âme. L'un s'assit du côté droit et l'autre du côté gauche et ils incitèrent son âme à sortir, mais celle-ci ne voulait pas quitter le corps. Gabriel dit alors à Michel « Prenons l'âme et partons ». Michel répondit qu'ils ne pouvaient pas employer la force, puisque le Seigneur avait ordonné de la prendre sans douleur. Michel s'écria alors d'une voix forte « Seigneur ! Qu'ordonnes -Tu pour cette âme ? Elle ne nous obéit pas et refuse de sortir ! ». Une voix lui répondit : « Voilà ! J'envoie David avec le Psautier et les chantres de la Jérusalem Céleste, afin que cette âme sorte en entendant les voix et les psalmodies ». C’est ainsi que l'âme, entourée du chant des hymnes, sortit dans les bras de Michel où elle fut accueillie avec joie. Qui ne serait pas émerveillé devant un tel amour et une telle miséricorde de Dieu pour le genre humain ? Hélas ! Quel grand malheur que nous repoussons avec acharnement toutes les bontés de Dieu et, dans notre aveuglement démoniaque, nous nous rangeons dans la cohorte des serviteurs et admirateurs de l'ennemi de Dieu.<br />Dieu couronne de gloire la fin de Ses élus. Quand le moment de mourir fut venu, le visage du grand Sisoès s'illumina et il dit aux pères qui l'entouraient : « Voilà, Abba Antoine est venu ». Après quelques instants de silence, il continua : « Voilà, le chœur des Prophètes est venu ». Puis son visage s'éclaira davantage et il ajouta : « Voilà, le chœur des Apôtres est venu ». Les vieillards l'interrogèrent pour savoir avec qui il s'entretenait. « Les anges sont venus me prendre, mais je les supplie de me laisser encore quelque temps pour me repentir ». Et comme les vieillards lui disaient : « Père, tu n'as pas besoin de repentir ! », il répondit : « En vérité, en ce qui me concerne, je ne sais pas si j'ai même commencé à me repentir ». Et pourtant, tous savaient qu'il était parfait. Voilà comment parlait et pensait un chrétien véritable, abondamment pourvu des dons du Saint Esprit, qui ressuscitait les morts d'une seule parole.<br />Par la suite, son visage s'éclaira davantage et brilla comme le soleil, si bien que tous prirent peur. Il dit alors : « Voyez, le Seigneur est venu en disant: Rapportez- Moi du désert le vase élu ! ». Et sur ces mots, il expira. Un éclair jaillit et la demeure se remplit de parfum. Tel fut la fin du chemin terrestre d'un des plus grands saints.<br />Histoire du brigand repenti.<br />Les pécheurs qui se sont sincèrement repentis peuvent aussi être dignes de la miséricorde de Dieu. Du temps de l’empereur Maurice, il y avait en Thrace un cruel et féroce brigand que personne n'avait jamais pu capturer. Le bienheureux empereur envoya sa croix pectorale au brigand pour lui signifier que tous ses crimes lui seraient pardonnés à condition qu'il s'amendât. Le brigand, touché, se rendit chez le souverain et tomba à ses pieds en regrettant ses péchés. Quelques jours plus tard, il tomba malade et fut placé dans un hospice. Il vit en rêve le Terrible Jugement. A son réveil, comme on constatait l'aggravation de son état et l'approche de sa fin, il se réfugia dans les larmes et la prière et dit : « Maître et Roi Ami de l'homme, Toi qui sauvas avant moi un brigand semblable à moi, manifeste aussi sur moi Ta miséricorde ! Reçois mes larmes sur mon lit de mort ! Comme Tu as reçu ceux qui étaient venus à la onzième heure, accepte mes larmes amères, purifie-moi et bénis-moi avec eux ! N'exige plus rien d'autre de moi, je n'ai plus de temps et les créditeurs approchent déjà ! Ne cherche pas et ne me scrute pas, Tu ne trouveras rien de bon en moi, mes iniquités m'ont précédé et, parvenu au soir de ma vie, mes crimes sont innombrables. Comme Tu as reçu les pleurs de l'Apôtre Pierre, reçois mes larmes mes actes pécheurs ! Par Ta puissance et Ta miséricorde, détruis mes péchés ! ». Le brigand se confessa ainsi plusieurs heures durant, essuyant ses Lannes avec son mouchoir, et renditl’âme. .<br />A l'heure de sa mort, le médecin de l'hospice fit un rêve : des maures s'approchaient du lit mortuaire avec des parchemins. Portant la liste des innombrables péchés ; deux jeunes gens de la cour royale apportaient une balance. Les maures plaçaient sur un plateau la liste des péchés qui l'emportait largement. Les saints anges se demandaient alors s'ils n'auraient pas quelque chose pour faire contrepoids. «Que pourrions-nous avoir, puisqu'il s'abstient de meurtre depuis dix jours seulement ? Toutefois, cherchons quand même quelque chose de bien ! ». L'un d'eux découvrait le mouchoir et disait : « Effectivement, ce mouchoir est plein de larmes, mettons-le sur l’autre plateau avec la miséricorde de Dieu et voyons ce qui adviendra !. Dès qu'ils le plaçaient sur le plateau, il prenait le dessus sur le poids des parchemins. Les anges s'écriaient d'une seule voix « En vérité, la miséricorde de Dieu a vaincu ! ». Ayant pris l'âme du brigand, ils l'emmenaient avec eux, laissant les maures dans les pleurs et la honte.<br />Le médecin se réveilla et partit aussitôt pour l'hospice : il trouva le corps encore tiède et le mouchoir trempé de larmes à côté. Ceux qui avaient assisté aux derniers moments du brigand lui confirmèrent son repentir. Le médecin prit le mouchoir, s’en fut chez l'empereur et lui dit : « Seigneur, glorifions Dieu I Pendant ton règne un brigand a trouvé le salut !». Toutefois, comme l'a fait remarquer l'auteur de ce récit; il est bien préférable de se préparer à temps à la mort et de devancer cette heure effrayante par le repentir.<br />Saint Jean Climaque remarque avec justesse que celui qui « est endurci par une longue habitude du mal restera jusqu'à la fin sans se corriger » (Ech.6,11). « Des habitudes invétérées touchent encore souvent celui-là même qui est touché de componction », s'exclame avec tristesse ce grand maître des moines (Ech.5,31). Il faut ajouter que le repentir n'est possible que pour celui qui possède une connaissance exacte (même simple) de la foi orthodoxe, exempte de toute hérésie ou fausse sagesse. Ceux qui établissent leur règle de vie et conçoivent les vertus à partir des romans et autres livres hérétiques nuisibles pour l'âme, ne peuvent pas avoir de véritable repentir : de nombreux péchés mortels qui mènent à la perdition leur paraissent des transgressions ...insignifiantes et pardonnables, - et des passions coupables et affligeantes leur semblent de légères et agréables faiblesses. Ils ne craignent pas de s'y livrer aux portes mêmes de la mort. La méconnaissance du Christianisme est en vérité un grand malheur ! .<br />Le Seigneur appelle l'homme au repentir et au salut jusqu'à la dernière minute de sa vie. En ces derniers instants, les portes de la miséricorde divine sont encore ouvertes pour quiconque veut s'y présenter. Que personne ne désespère tant que la course n'est pas terminée, l'exploit est valable.<br />Histoire de Thaïs.<br />Il y avait en Egypte une fille dénommée Thaïs. Après le décès de ses parents, elle transforma sa maison en refuge pour les moines et consacra ainsi une longue période de sa vie à accueillir et à servir les pères. Mais ses biens finirent par s'épuiser et elle se mit à souffrir du manque de moyens matériels. C'est alors qu'elle rencontra des gens mal intentionnés qui la détournèrent de la vertu. Elle entama une vie mauvaise et sombra dans la débauche. L'ayant appris, les pères en furent attristés. Ils appelèrent Abba Jean et lui dirent : « Nous avons entendu dire que la sœur Thaïs ne va pas bien. Lorsqu'elle en avait la possibilité, elle faisait preuve d'amour à notre égard. Montrons-lui à notre tour notre amour et aidons-la. Prends donc la peine de lui rendre visite et, selon la sagesse que Dieu t'a donnée, occupe-toi d'elle ». Abba Jean se rendit chez Thaïs et demanda à la vieille femme qui gardait la porte d'annoncer sa visite. Celle-ci lui dit : « Vous, les moines, vous avez mangé tous ses biens ! ». Ce à quoi Abba Jean rétorqua : « Annonce-moi, et je lui ferai un grand bien ! ». La vieille femme se rendit chez sa maîtresse qui lui dit : « Ces moines voyagent constamment près de la Mer Noire, d'où ils ramènent perles et pierres précieuses. Va, amène-le moi ! ». Abba Jean entra, s'assit près d'elle, jeta un coup d'œil sur son visage, baissa la tête et se mit à verser des larmes amères.<br />- Abba, pourquoi pleures-tu ?<br />- Je vois satan jouer sur ton visage, comment pourrais-je ne pas pleurer ? En quoi Jésus t'a-t-Il déplu pour que tu te sois tournée vers ces actes qui Lui sont désagréables ?<br />En entendant ces mots, elle tressaillit.<br />- Père, y a-t-il un repentir pour moi ?<br />- Oui !<br />- Alors, emmène-moi où tu veux !<br />Et elle le suivit. Il fut étonné qu'elle n'eût donné aucune instruction, ni même prononcé la moindre parole concernant sa maison. Lorsqu'ils atteignirent le désert, la nuit tombait. Il lui confectionna un oreiller de sable et s'en fit un pour lui à quelque distance de là. Puis, ayant fait le signe de la croix sur l'oreiller de Thaïs, lui dit : « Endors-toi ici ! ». Ensuite, il fit ses prières et se coucha. A minuit, il se réveilla et vit un sentier qui allait de la couche de Thaïs jusqu'au ciel : des anges de Dieu y conduisaient l'âme de la femme. Jean se leva et s'approcha de Thaïs. Elle était morte. S'étant alors prosterné pour prier, il entendit une voix : « Une heure de son repentir fut davantage prisé que le repentir de bien d'autres qui ne manifestent pas une telle abnégation ».<br />« Seigneur ! Pour Tes serviteurs qui quittent leur corps et viennent vers Toi notre Dieu, il n'y a pas de mort, mais un passage de la tristesse à un état plus utile et plus doux, celui du repos et de la joie » (Prière des vêpres de la Pentecôte).<br />En fait, dans le vrai sens du terme, la séparation de l'âme et du corps n'est pas la mort : c'est uniquement la conséquence de la mort. La véritable mort est bien plus terrible ! Elle est l'origine de tous les maux intérieurs et extérieurs de l'homme, et aussi de ce que nous appelons à tort la mort. « La véritable mort est cachée au fond du cœur. Elle tue l'homme extérieur de son vivant. Si quelqu'un, dans le secret de son cœur, passe de la mort à la vie, alors il vit éternellement et ne meurt pas. Même si l'âme d'un tel homme se sépare temporairement du corps, les deux sont sanctifiés et se relèveront dans la gloire. C'est pourquoi on qualifie de sommeil la mort des saints » (Saint Macaire le Grand).<br />Le mot « mort » frappa pour la première fois l'oreille et les pensées de l'homme lorsqu'il pénétra dans le Paradis. Parmi tous les arbres du jardin, l'arbre de la connaissance du bien et du mal était particulièrement remarquable. En entrant dans le Paradis, l'homme entendit le Seigneur lui dire : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal; car le jour où tu en mangeras, tu mourras (Gen.2,16-17). Malgré cette terrible menace, l'homme transgressa le commandement et mourut immédiatement : la mort pénétra instantanément tous les mouvements de son âme et jusqu'aux sens de son corps. Auparavant, l'Esprit. Saint l'habitait et transmettait l'immortalité à son âme et à son corps; Il était la vie de cette âme et de ce corps. Après la transgression, Il s'éloigna de lui, comme Il s'éloigne toujours de ceux qui rompent volontairement la communion avec Dieu en rejetant le commandement divin et en s'asservissant de plein gré à satan.</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-19099832533900033442012-01-10T11:17:00.000-08:002012-02-15T12:44:13.499-08:00PAROLE SUR LA MORT 2<a href="http://1.bp.blogspot.com/-s27pYZfR5e0/TwyPaFu2sXI/AAAAAAAAAz0/QT__gd9Y8Yk/s1600/La%2BR%25C3%25A9surrection.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 232px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5696085307094905202" border="0" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/-s27pYZfR5e0/TwyPaFu2sXI/AAAAAAAAAz0/QT__gd9Y8Yk/s320/La%2BR%25C3%25A9surrection.jpg" /></a><br /><br /><div align="justify"><strong><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE II : LA REVELATION SUR LE PARADIS ET L’ENFER<br /></span></strong></div><br /><br /><div align="justify"><em>Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</em></div><br /><br /><div align="justify"><em>Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.<br /><br /></em></div><br /><br /><div align="justify">Moïse, qui vit Dieu, fit le récit de la Genèse de ce monde. Il enseigne que le Seigneur planta le jardin d'Eden vers l'orient et y plaça les deux premiers hommes, ancêtres du genre humain : Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et pour le garder (Gen.2,15). Selon ce récit, le Seigneur assure, comme il a été dit plus haut, que le Royaume Céleste a été préparé pour les hommes dès la création du monde. Après avoir transgressé le commandement de Dieu, nos ancêtres virent leurs corps et leurs âmes se transformer de façon telle, que rester dans le Paradis devenait impossible. Alors Dieu chassa l'homme du Jardin d'Eden sur la terre et le mit à l'orient du jardin. (Gen.3,23-24). L'expression à l'orient du jardin sous-entend que la terre, par sa beauté, est semblable au Paradis dont elle est une évocation pour l'homme déchu. D'ailleurs, lorsque nous regardons la magnificence de notre lieu d'exil, nous nous exclamons involontairement : c'est le Paradis. La très fertile plaine de Sodome est également comparée (avant sa destruction) au Paradis (Gen.13,10). Moïse nous présente le Paradis comme un jardin vaste et exquis (Gen.2,9). C'est ainsi que l'ont vu de nombreux saints de l'Eglise du Nouveau Testament. C'est bien ainsi qu'il se présente dans la réalité, quoique nos sens grossiers et émoussés par la chute ne nous permettent absolument pas de le voir, n'ayant pas accès à la finesse de sa nature. L'homme ayant été chassé du Paradis, la charge de gardien qu'il assumait à l'origine fut confiée au chérubin (Gen.3,24). Plus tard, l'âme du larron qui confessa le Seigneur fut placée au Paradis (Luc23,43), et à sa suite, les âmes de nombreux chrétiens qui furent jugés dignes du salut. Ceci nous instruit sur la nature du Paradis. Saint Macaire le Grand dit des hommes qui ont acquis la richesse céleste : « leurs concitoyens, c'est-à-dire les esprits des saints et les anges, s'écrient avec admiration : nos frères qui sont sur la terre ont acquis de grandes richesses ! Ces derniers, ayant le Seigneur avec eux au moment de leur mort, partent avec beaucoup de joie vers ceux d'en haut. Les familiers du Seigneur les accueillent, leur ayant préparé des maisons, des jardins et des vêtements éclatants et de grand prix » (HomélieXVI,8).<br />Saint Grégoire le Sinaïte, se référant à ceux qui ont vu le Paradis, dit qu'il est le ciel inférieur, qu'il est rempli de jardins parfumés plantés par Dieu, que les arbres de ces jardins sont constamment couverts de fleurs et de fruits, qu'en son milieu coule une rivière qui se divise en quatre bras (Gen.2,10). Le Saint Prophète David mentionne aussi l'eau qui se trouve au-dessus des cieux. Par rapport à la terre, les Saintes écritures placent le Paradis à l'orient. Sainte Théodora raconte qu'elle quitta son corps pour se diriger vers l'orient en compagnie des anges qui la conduisaient vers les demeures célestes (Cf. vie de Saint Basile le Nouveau, le 26 mars). Saint Syméon du Mont Admirable et Sainte Euphrosyne de Souzdal virent également le Paradis à l'orient. Les églises orthodoxes sont construites dans la direction de l'orient; c'est aussi dans cette direction que prient les chrétiens orthodoxes et qu'ils enterrent les morts, tournés vers l'Eden. Pour ceux qui ne se satisfont pas de ces détails sur le Paradis, nous citerons ces paroles de Saint Grégoire le Sinaïte : « Ce qui était incompris jusque là, l'Ecriture l'explique maintenant avec simplicité et sans investigations ».<br />L'Apôtre Paul fut ravi au Paradis et jusqu'au troisième ciel, dans « mon corps ou hors de mon corps, je ne sais pas » et il y entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer (2Cor.12,3-4). La nature du Paradis, la beauté des cieux, l'abondance de la béatitude et de la grâce, tout cela surpasse de beaucoup tout ce qui, sur la terre, peut être agréable et raffiné. Le Saint Apôtre, pour décrire son extase, parle de choses que « l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui L'aiment et que Dieu nous a révélées par l'Esprit (1Cor.2,9-10) ». Dans ces paroles, on lit hélas une triste vérité : la chute de l'homme est si profonde qu'il ne peut plus se représenter sa béatitude perdue. Son cœur tourné vers le péché a perdu tout appétit pour la jouissance spirituelle. Mais en même temps, les mots de l'Apôtre annoncent une bonne nouvelle : l'Esprit Saint renouvelle ceux qui, par la foi et le repentir, entrent dans le peuple spirituel du nouvel Adam, notre Seigneur Jésus-Christ. Quand l'Esprit Saint fait Sa demeure dans l'homme, Il anéantit le règne du péché, le combat invisible et le désordre ; alors s'installent la paix du Christ et une telle jouissance spirituelle que le cœur, dans son ivresse, perd toute sympathie pour le péché, demeurant en permanence avec Dieu et en Dieu. En établissant le Royaume de Dieu dans l'homme, l'Esprit Saint conduit parfois Son serviteur dans les lieux célestes préparés pour la fête éternelle des justes. De nombreux saints ont été ainsi ravis au Paradis et de là, dans les cieux des cieux, au pied du Trône même du Seigneur où se tiennent les chérubins et les séraphins flamboyants. Tous les témoignages concordent. Saint Syméon du Mont Admirable, par exemple, a vu les magnifiques jardins du Paradis. Il y a rencontré l'âme du larron (le premier homme à avoir été introduit au Paradis après la rédemption) et de notre ancêtre Adam.<br />Une des visions les plus détaillées dont nous disposions est celle de Saint André le fol-en-Christ, qui passa deux semaines surnaturelles dans la contemplation du monde invisible. Voici ce qu'il raconte à son compagnon, le prêtre Nicéphore « Je me vis dans l'étonnant et magnifique Paradis. L'esprit ravi, je m'interrogeai : qu'est-il arrivé ? Habitant Constantinople, je ne pouvais comprendre comment je m'étais retrouvé là. J'étais vêtu d'un habit clair, tissé d'éclairs, une imposante couronne de fleurs était posée sur ma tête, je portais une ceinture royale. Je me promenai dans le Paradis de Dieu, me réjouissant de sa beauté, dans l'étonnement de l'esprit et du cœur! Dans les nombreux jardins, les cimes des grands arbres se mouvaient en réjouissant la vue. Leurs branches exhalaient un parfum enivrant. Certains fleurissaient en permanence, d'autres étaient parés de feuilles dorées ou de fruits variés d'une beauté et d'un goût indicible. Aucun arbre de la terre ne peut leur être comparé car c'est la main de Dieu qui les a plantés. Ces jardins abritaient un nombre incalculable d'oiseaux aux ailes dorées, ou blanches comme la neige ou encore striées de différentes manières. Sur les branches des arbres, les chants des oiseaux étaient si doux que je ne me connaissais plus, tant mon cœur était réjoui. Ce ramage semblait atteindre les hauteurs célestes. Ces très beaux jardins étaient placés en rangées successives, comme les bataillons d'une armée. Comme je marchais parmi eux, le cœur réjoui, je remarquai une rivière qui les arrosait. Sur la rive opposée se trouvait une vigne aux feuilles dorées dont les grappes s'étalaient largement. Des quatre points cardinaux soufflaient des brises douces et parfumées dont l'haleine agitait les jardins ; les feuilles des arbres bruissaient merveilleusement (Cf Vie de Saint André, le 2 octobre).<br />Sainte Théodora rapporte des choses semblables au sujet de la demeure de Saint Basile le Nouveau au Paradis : remplie de gloire, ornée de nombreux jardins aux feuilles dorées et aux fruits abondants. Les anges qui guidaient Sainte Théodora lui montrèrent le Paradis en détail : « J'ai vu des habitations nombreuses et très belles, pleines de gloire et de grâce et préparées pour ceux qui aiment Dieu. Ceux qui me conduisaient me montrèrent séparément les demeures des Apôtres, des Prophètes, des Martyrs et de tous les ordres de Saints. Chaque demeure était d'une beauté indicible, semblable à Constantinople par sa longueur et sa largeur, mais incomparablement plus belle, présentant de nombreuses salles très claires non faites de main d'homme. Partout retentissaient des voix pleines d'allégresse et de joie spirituelle, partout l'on voyait des visages en fête. Tous, m'ayant vue, se réjouissaient de mon salut, sortaient à ma rencontre pour m'embrasser et louer Dieu de m'avoir sauvée des filets de l'ennemi » (Vie de Saint Basile le Nouveau, le 26 mars).<br />Nous affirmons de nouveau que la nature terrestre n'est qu'une pâle image du Paradis, de ses beautés incorruptibles, de sa finesse ineffable, paisible et pleine de grâce. Après le péché de nos ancêtres, la terre fut maudite. Cette malédiction s'exprime en permanence par le désordre et les troubles qui y règnent. Tantôt la terre tremble et anéantit des villes entières, tantôt des eaux féroces engloutissent des contrées, tantôt déferlent les vents, les tempêtes, le tonnerre, la grêle, les éclairs, laissant dans leur sillage leur cortège de destructions. L'humanité vit dans un incessant combat, tant individuel que général, elle endure de multiples souffrances, un labeur sans fin, des péchés innombrables, des crimes terribles, un désordre babylonien. La vertu s'y taille péniblement un asile, précaire. L'impitoyable et insatiable mort fauche les générations qui sont aussitôt remplacées par d'autres, en vertu de la loi de multiplication instaurée par le Créateur pour le genre humain. La mort continuera son œuvre jusqu'à périr avec le monde qu'elle s'acharne à détruire. Les animaux qui peuplent la terre se dressent les uns contre les autres et se dévorent sans pitié. Les éléments eux-mêmes vivent sous la loi d'une inimitié implacable et sont en proie aux luttes intestines.<br />Tout ici-bas souffre, combat et court à la destruction. Quel trouble terrible et sans répit dans cet affrontement universel et acharné ! Tout ceci n'est pas immédiatement perceptible pour ceux qui vivent au cœur de la tourmente, mais la chose est évidente dans le calme de la solitude monastique pour le pèlerin que Dieu a placé «face à l'orient», dans les regrets et les soupirs, brûlant de désir pour son Seigneur (Saint Pierre Damascène).<br />Si cette terre maudite par Dieu, ce lieu d'exil, de malheur, de tentations, de crimes, de mort, condamné par Dieu à être brûlé, offre à nos yeux sa beauté ravissante, que doit être le Paradis, que Dieu destine à ceux qui L'aiment pour la jouissance éternelle. L'œil charnel n'a point vu, l'oreille charnelle n'a point entendu et ne sont point montées au cœur entaché par la sensualité, ces choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Et à nous, Dieu nous les a révélées par l’Esprit (1 Cor.2,9-10).<br />Saint André fut ravi non seulement au Paradis, mais également.au troisième ciel, comme le Saint Apôtre Paul. Voici ce qu'il dit, après la description du Paradis, citée plus haut : « Après cela, je fus saisi de terreur en me retrouvant au-dessus du firmament céleste. Un jeune homme au visage semblable au soleil me précédait. En le suivant je vis une Croix magnifique, qui avait l'aspect d'un arc-en-ciel. Autour d'elle se tenaient des chanteurs semblables à des flammes de feu qui louaient merveilleusement le Seigneur crucifié. Le jeune homme qui me précédait s'approcha de la Croix, la baisa, et me fit signe d'en faire autant. Je tombai devant la Sainte Croix avec une joie mêlée de crainte et je l'embrassai avec ferveur. Je fus alors rempli d'une ineffable douceur spirituelle et je sentis un parfum plus fort encore qu'au Paradis. Dépassant la Croix, je regardai l'abîme en dessous de moi. J'avais la sensation de marcher dans les airs. Je pris peur et criai à mon guide : je crains de tomber dans les profondeurs ! Se tournant vers moi, il me dit : ne crains pas, il nous appartient de monter plus haut, Puis il me tendit la main. Dès que je l'eus saisie, nous nous trouvâmes au-dessus du second firmament. Je vis là des hommes étonnants, et la quiétude d'une fête joyeuse inexprimable en langage humain. Après cela nous entrâmes dans une-flamme magnifique qui brillait sans brûler. Je pris peur de nouveau, mais mon guide se tourna vers moi en me tendant la main : il nous faut monter encore plus haut ! A ces mots, nous parvînmes au-dessus du troisième ciel où je vis la multitude des Puissances Célestes qui chantait et louait Dieu. Nous arrivâmes devant un rideau scintillant comme l'éclair, auprès duquel se tenaient de grands et terribles jeunes gens semblables à des flammes de feu. L'éclat de leurs visages était plus brillant que celui du soleil et leurs mains brandissaient une arme flamboyante. Autour d'eux se tenait avec crainte une foule innombrable de l'armée céleste. Alors le jeune homme qui me guidait me dit : lorsque sera relevé le rideau, tu verras le Seigneur Christ, prosterne-toi devant le trône de Sa gloire ! Ayant entendu cela, je me mis à trembler de peur, tout en ressentant une joie indicible. Quand le rideau fût tiré par une main flamboyante, je vis mon Seigneur, comme en son temps le prophète Isaïe, assis sur un trône haut et magnifique, entouré de séraphins. Il était vêtu de pourpre, Son visage rayonnait d'une lumière ineffable. Il tourna Ses yeux vers moi avec amour. Le voyant, je me prosternai devant Lui, saluant le terrible et très lumineux trône de Sa gloire. Il est impossible d'exprimer la joie qui me gagna en voyant Sa face. Aujourd'hui encore, lorsque je me remémore cette vision, je ressens une joie indicible. Tout tremblant, j'étais prosterné devant le Seigneur, m'étonnant de Sa si grande miséricorde. M'avoir permis, à moi l'impur et le pécheur, de me tenir devant Lui pour voir Sa beauté divine. A la pensée de mon indignité, je fus pétri de componction. Devant la grandeur de mon Seigneur, je répétai les paroles du Prophète Isaïe : Malheur à moi, Je suis perdu car je suis un homme aux lèvres impures et mes yeux ont vu le Roi, l’Eternel des armées (Isaïe6,5). J'entendis alors mon Créateur très miséricordieux me dire de Sa bouche très pure et très douce trois paroles divines qui apportèrent tant de douceur à mon cœur, qui attisèrent tant mon amour pour Lui que je fondis comme la cire sous cette chaleur spirituelle. En moi s'accomplirent les paroles de David : Mon cœur est comme de la cire, il se fond au milieu de mes entrailles (Ps.21,3). Les armées célestes entonnèrent ensuite un chant magnifique. Après cela, je me retrouvai sans savoir comment marchant dans le Paradis. La pensée me vint que je n'avais pas vu la Toute-Sainte Mère de Dieu. Un homme lumineux comme les nuées qui portait une croix me dit : Tu voulais voir la Très Sainte Reine des Puissances Célestes ? Aujourd'hui, Elle n'est pas ici. Elle est partie dans le monde misérable pour aider les hommes et consoler les affligés. J'aurais pu te montrer sa sainte demeure mais il n'est plus temps : tu dois retourner d'où tu es venu, ainsi l'a ordonné le Seigneur. Alors qu'il disait cela, j'eus l'impression de m'endormir profondément. En me réveillant, je me retrouvai à l'endroit même où j'étais auparavant ».<br />La vision de Saint André montre que le Paradis est la région céleste la plus proche de la terre, le premier ciel. Au-dessus de lui se trouvent d'autres cieux chantés par David le Pneumatophore, qui les appelle cieux des cieux (Ps.148,4). Dans les demeures célestes séjournent à présent pour leurs mérites les âmes des justes. Ils y retourneront avec leur corps après la Résurrection. Ceci aura lieu sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1Thes.4,17). Sur eux se répétera ce qui advint à Adam, racheté et rendu au genre humain par le Sauveur, arraché à la terre et transporté au Paradis. Non seulement les âmes, mais les saints corps aussi, renouvelés et recréés par le Dieu-Homme, seront capables d'être conduits au ciel, comme le corps du premier homme.<br />La vision de Saint André et toutes les visions analogues appuient et éclairent les paroles de Saint Macaire le Grand citées plus haut : les anges et les âmes ont bien une forme et un aspect. L'aspect du corps et celui de l'âme sont tellement proches que Saint André ne comprenait pas s'il avait été ravi dans son corps ou hors de son corps. Citons ses propres paroles transmises par le prêtre Nicéphore dans le récit détaillé de sa vie : « Je me suis vu comme incorporel parce que je ne sentais pas mon corps ». Ensuite, le saint parle de son vêtement et énumère les membres du corps, puis il dit : « il semble que j'étais dans mon corps, mais je ne sentais pas mon poids ; je ne ressentais aucun besoin corporel pendant les deux semaines que le ravissement a duré. Cela me fait croire que j'étais hors du corps. Dieu, qui connaît les cœurs, sait tout cela avec certitude ». Le Saint a vu des anges à l'aspect humain et des jeunes gens lumineux avec qui il a parlé. L'ange qui le guidait lui a tendu le bras à plusieurs reprises. Les anges qui se tenaient devant le rideau avaient l'aspect de jeunes hommes de grande taille, terribles, brandissant une arme flamboyante. En parlant de ces anges, en détaillant leurs membres, leurs visages, leurs yeux, leurs mains, leurs pieds, le Saint s'est efforcé de décrire leur nature même, les qualifiant de corps incorporels. A notre époque, on utiliserait un mot comme gazéiformes... Saint André a perçu le lien entre la nature des demeures célestes et celle de leurs habitants incorporels. Cette nature est bien au-dessus de ce que peut imaginer un homme charnel, cloué à la terre, qui n'a été ni renouvelé ni éduqué par l'Esprit Saint, donc incapable de pénétrer les mystères du siècle à venir.<br />L'enfer, quant à lui, se trouve à l'intérieur de la terre. Les mots grecs (hadès) et (tartare) évoquent un endroit situé très bas, dans les profondeurs. Géhenne est un nom propre juif désignant un profond ravin situé près de Jérusalem.<br />Ayant décidé de bannir Adam du Paradis, Dieu exposa les châtiments terrestres que celui-ci aurait à subir jusqu'à son retour à la terre d'où il avait été tiré : Tu es poussière et tu retourneras à la poussière (Gen.3,19). Il n'est pas dit ici qu'il retournerait à la terre uniquement par le corps. La sentence prononcée contre celui qui a osé s'élever contre Dieu est plus terrible qu'il n'y parait au premier abord. La Sainte Eglise pense d'avantage à l'âme lorsqu'elle interprète cette sentence. L'homme entier, corps et âme, est condamné à être inhumé dans la terre. Cette sentence pèse très lourd sur l'âme puisqu'elle conserve des pensées et des sensations après la mort, alors que le corps trouve le repos dans une absolue insensibilité. Dans son homélie pascale, Saint Athanase le Grand dit : « La nature humaine, unie à la nature divine en la Personne du Sauveur, a fait trembler l'enfer. En rencontrant Celui qui venait lui ravir les morts, l'enfer s'écria : Pourquoi dénatures-Tu la décision que tu as prise toi-même au Paradis ? Pourquoi détruis-Tu la sentence prononcée contre la nature humaine et amplement justifiée? Je connais cet arrêt prononcé contre les hommes tu poussière et tu retourneras à la poussière ».<br />Les justes de l'Ancien Testament, comme le montrent clairement les Saintes Ecritures, placent toujours l'enfer dans les entrailles de la terre. C'est en pleurant que je descendrai vers mon fils au séjour des morts (Gen.37,35), dit le Saint Patriarche Jacob lorsqu'on lui annonce à tort la nouvelle de la mort de Joseph, son fils préféré. Et Job, le grand souffrant : Que je respire un peu, avant que j'aille, pour ne plus revenir, dans le pays des ténèbres et de l'ombre de la mort, pays d'une obscurité profonde, où règnent l'ombre de la mort et la confusion, et où la lumière est semblable aux ténèbres (Job10,20-22). Moïse, le Législateur inspiré par l'Esprit Saint, annonce ainsi la colère de Dieu contre Koré et ses complices : Si ces gens meurent comme tous les hommes meurent; s'ils subissent le sort commun à tous les hommes, ce n'est pas l'Eternel qui m'a envoyé ; mais si l'Eternel fait une chose inouïe, si la terre ouvre sa bouche pour les engloutir avec tout ce qui leur appartient, et qu'ils descendent vivants dans le séjour des morts, vous saurez alors que ces gens ont méprisé l'Eternel. Comme il achevait de prononcer ces paroles, la terre qui était sous eux se fendit. La terre ouvrit sa bouche et les engloutit, eux et leurs maisons, avec tous les gens de Koré et tous leurs biens. Ils descendirent vivants dans le séjour des morts, eux et tout ce qui leur appartenait ; la terre les recouvrit, et ils disparurent au milieu de l'assemblée (Nom.16,29-33). Le Prophète David chantait au Seigneur : Car Ta miséricorde est grande envers moi et Tu as retiré mon âme du plus profond de l'enfer (Ps.85,13). Lorsque l'âme du Saint Prophète Samuel fut invoquée par une magicienne sur l’ordre du roi d'Israël Saül qui souhaitait connaître l'issue de la bataille qu'il s'apprêtait à engager, la femme déclara : Je vois un dieu qui monte de la terre c'est un vieillard qui monte et il est enveloppé d'un manteau (1Sam.28,1314). Ailleurs, lé Prophète Isaïe dit à satan : Tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse (Isaïe14,15). Le prophète Ezéchiel, parlant au Nom de Dieu, s'exprimé de la même façon sur l'ange déchu : Par le bruit de sa chute, j’ai fait trembler les nations quand Je l'ai précipité dans le séjour des morts, avec ceux qui descendent dans la fosse; tous les arbres d'Eden ont été consolés dans les profondeurs de la terre, les plus beaux et les meilleurs du Liban, tous arrosés par les eaux. Eux aussi sont descendus avec lui dans le séjour des morts, vers ceux qui ont péri par l'épée. Ils étaient à son bras et ils habitaient à son ombre parmi les nations. A qui ressembles-tu ainsi en gloire et en grandeur parmi les arbres d'Eden ? Tu seras précipité avec les arbres d'Eden dans les profondeurs de la terre. Tu seras couché au milieu des incirconcis, avec ceux qui ont péri par l'épée. Voilà Pharaon et toute sa multitude, dit le Seigneur, l‘Eternel (Ez.31,16-18). On observera que le Prophète appelle l'ange déchu pharaon, et qu'il le compare à l'arbre d'Eden ; les autres anges, entraînés dans la perdition par leur chef, sont aussi comparés aux arbres d'Eden, eu égard à leur état d'avant la chute.<br />Le Nouveau Testament situe l'enfer au même endroit. Annonçant Sa descente aux enfers, par Son âme et dans Sa divinité inséparable de cette dernière, le Dieu-Homme dit : Le Fils de l'Homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Mt.12,40). Le bienheureux Théophylacte de Bulgarie commente ce passage en disant que le Seigneur a accompli cette prophétie en descendant dans les profondeurs de la terre jusqu'à l'enfer. Selon les paroles de l'Apôtre Pierre, Il est allé prêcher aux esprits en prison (1Pi.3,19). Saint Jean Damascène dit : « L'âme déifiée du Christ est descendue en enfer pour que la lumière brille sur ceux qui, sous la terre, reposent dans les ténèbres et l'ombre de la mort, de la même façon que le Soleil de Justice s'était levé sur ceux de la terre » (La Foi Orthodoxe, Livre III, ch. XXIX).<br />Dans le XIVème enseignement catéchétique de Saint Cyrille de Jérusalem, nous lisons : « Dans Son Evangile, Notre Seigneur Jésus-Christ a dit : de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'une baleine, le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Mt.12,40). Le récit concernant Jonas est très proche de ce que l'Evangile dit de Jésus : en effet, tous deux furent envoyés pour prêcher le repentir. Mais par la suite, les récits divergent : Jonas fuit devant l'avenir incertain alors que Jésus resta prêcher un repentir salutaire; Jonas fut précipité involontairement dans le ventre de la baleine alors que Jésus entra de son plein gré dans la baleine spirituelle pour que la mort rejette ceux qu'elle avait engloutis. Ainsi fut accomplie l'Ecriture : Je les rachèterai de la puissance du séjour dès morts, Je les délivrerai de la mort (Osée13,14). Dans les entrailles de la baleine, Jonas priait en disant : Dans ma détresse, j'ai invoqué l'Eternel et Il m'a exaucé, du sein du séjour des morts, j'ai crié et Tu as entendu ma voix (Jonas2,3). Bien qu'enfermé dans la baleine, il se disait en enfer et préfigurait le Christ qui devait y descendre après lui. Un peu plus loin la prophétie est encore plus claire : je suis descendu jusqu'aux racines des montagnes, les barres de la terre m'enfermaient pour toujours (Jonas2,7). S'il se trouvait dans le ventre de la baleine, où pouvaient être les montagnes ? Il voyait donc clairement qu'il préfigurait Celui qui allait être déposé dans un tombeau taillé dans la pierre. Alors qu'il était en mer, Jonas portait l'image du Christ descendu dans les profondeurs de la terre .<br />Dans son homélie sur le Samedi Saint, Saint Epiphane de Chypre décrit à son tour le salut des hommes par le Dieu-Homme. Citons-en quelques passages : « Pourquoi un tel silence sur la terre ? Que signifient ce calme et ce grand silence ? Ce grand silence, c'est celui du Roi plongé dans le sommeil. La terre est saisie de crainte et se tait car Dieu s'est endormi dans Sa chair. Dieu s'est endormi dans Sa chair et l'enfer prend peur. Dieu s'endort pour un moment et ressuscite ceux qui dormaient de toute antiquité, depuis Adam. A présent, c'est le salut pour ceux qui sont sur la terre et pour ceux qui, depuis toujours, sont sous la terre: A présent, c'est le salut du monde entier, visible et invisible. A présent, nous assistons à une double venue du Christ, une double visite pour les hommes, une double providence : Dieu vient du ciel sur la terre et Il va de la terre sous la terre. Les portés de l'enfer s'ouvrent : vous qui dormez depuis toujours, réjouissez-vous ! Vous qui êtes dans les ténèbres et à l'ombre de la mort, recevez la grande lumière ! Le Seigneur est avec les esclaves, Dieu est avec les morts, la Lumière sans déclin est avec ceux qui sont dans les ténèbres, le Libérateur est avec les captifs, Celui qui est plus haut que le ciel est avec ceux qui sont dans les profondeurs de la terre. Le Christ est parmi les morts : descendons avec Lui pour connaître les secrets de ce lieu, Pour comprendre le mystère de Dieu sous la terre et Ses miracles, pour écouter la bonne nouvelle qu'Il apporte à ceux qui sont en enfer et ce qu'Il ordonne avec autorité à ceux qui sont dans les liens. Sortez, dit-Il, vous qui êtes dans les ténèbres, et soyez éclairés ! Sortez et levez-vous, vous qui êtes couchés et à toi, Adam, Je te l'ordonne : lève-toi, toi qui dors ! Ce n'est pas pour que tu restes lié à l'enfer que Je t'ai créé. Ressuscite d'entre les morts ! Je suis la Vie des hommes et la Résurrection ! Pour toi, ton Dieu s'est fait ton fils ; pour toi, Moi ton Seigneur, J'ai pris l'aspect d'un esclave ; pour toi, Moi qui suis plus haut que les cieux, Je suis venu sur la terre et sous la terre. Lève-toi et sors d'ici ! Levez-vous et quittez ce lieu ! Quittez les ténèbres pour la lumière éternelle, les souffrances pour l'allégresse ! L'esclavage pour la liberté ! La prison pour la Jérusalem céleste, les liens pour Dieu, les profondeurs de la terre pour le ciel ! »<br />Lors de la célébration solennelle du samedi Saint, l'Eglise chante le salut opéré par le Dieu-Homme qui a souffert pour nous, qui a vaincu la mort par Sa mort, qui a détruit les portes de l'enfer et ressuscité l'humanité en Lui et par Lui. Les textes liturgiques de ces offices expriment comme un fait entendu des vérités concernant la localisation de l'enfer et du Paradis. Après les six psaumes des matines, on chante deux tropaires émouvants et d'une grande poésie, qui décrivent la mise au tombeau du Seigneur et Sa descente aux enfers : « Le noble Joseph descendit du bois Ton Corps très pur, l'enveloppa d'un linceul immaculé et le déposa, couvert d'aromates, dans un sépulcre neuf» ; « Lorsque Tu descendis dans la mort, ô Vie Immortelle, l'enfer fut mis à mort par l'éclat de Ta divinité. Lorsque Tu fis sortir les morts des abîmes, les puissances célestes clamèrent : Christ notre Dieu, Donateur de vie, gloire à Toi ! ». Après cela tous les célébrants (et dans les monastères toute la communauté) se rendent au milieu de l'église avec des cierges allumés, se placent devant l'Epitaphion, et commencent à lire à haute voix les louanges au Seigneur intercalées entre les versets du psaume 118. Nous rapportons ci-dessous certaines de ces louanges concernant l'enfer.<br />- Comme au soir se couche l'astre radieux, Tu caches Ton éclat sous la terre, ô Christ, pour arracher les morts à leur profond sommeil, dans les enfers dont Tu dissipes les ténèbres (86).<br />- Celui qui tient la terre dans le creux de Sa main est retenu sous la terre par Son corps, libérant les morts de l'emprise de l'enfer (17). - Tu es descendu sur terre pour chercher Adam que Tu voulais sauver : mais, comme Tu ne le trouvais pas sur terre, ô Maître, Tu es allé le chercher jusqu'en enfer (25).<br />- Quelle douceur et quelle joie donne Ta venue à ceux qui résident en enfer, quand Ta clarté dissipe les ténèbres (48).<br />- Ayant déposé Ta vie librement, Tu descends sous terre, ô Sauveur, rendant la vie à tout le genre humain, pour le ramener glorieusement au Père (53).<br />- Ayant écouté la voix du Père, ô Verbe, Tu es descendu jusqu'au fond du sombre enfer et Tu as ressuscité tout le genre humain (59). - Bien que l'homme soit l'ouvrage de Tes mains, Tu t'incarnes et Tu descends dans le tombeau pour y relever les héritiers d'Adam, les ressuscitant par la force de Ton bras (80).<br />- Lorsque Dieu se promena au Paradis, Adam eut peur, mais lorsqu'il Le vit venir aux enfers, il accueillit avec joie sa délivrance (88).<br />- Tout en venant assumer notre humanité, Tu es demeuré dans le sein du Père, ô Christ, et Tu es descendu aux enfers (117).<br />- Lève-Toi, ô Dieu compatissant, fais-nous sortir du gouffre de l'enfer en nous ressuscitant (166).<br />- Lorsque Tu descends sous terre, ô Jésus, après avoir librement déposé Ta vie, les mortels obtiennent le pardon de leur faute ; Tu les reconduis de la terre aux cieux (46).<br />- Même si on T'a vu mort, ô Jésus, tu es vivant comme Dieu, et Tu reconduis de la terre aux cieux ceux qui en étaient tombés (47).<br />Dans les deux derniers passages cités, l'Eglise annonce publiquement et ouvertement où se trouvent l'enfer et le Paradis. Les hommes, en la personne de leurs ancêtres, furent précipités du Paradis sur la terre. Le Paradis se trouve donc bien au ciel. Dans le canon des matines du Samedi Saint, on chante : « Pour que tout l'univers fut rempli de Ta gloire, Tu descendis au plus profond de la terre » (Odel,Trop.3). Plus loin, d'autres choses sont précisées : le Seigneur se montra aux habitants de l'enfer, Il s'unit à eux, l'enfer fut rempli d'amertume à Sa venue, Son âme ne resta pas aux enfers, l'enfer se lamenta et fut frappé en plein cœur en recevant Celui dont le côté fut blessé. Le synaxaire du Samedi Saint indique que l'on fête ce jour l'ensevelissement du Seigneur et Sa descente aux enfers, descente opérée dans Son âme incorruptible séparée du corps par la mort. L'expression « aux enfers » désigne dans tout l'office un profond abîme situé au beau milieu de la terre.<br />L'office de la Sainte Pâque localise l'enfer et le Paradis aux mêmes endroits. A la sixième ode du canon, nous lisons : « Au plus profond de la terre Tu es descendu, Tu as brisé les verrous qui nous retenaient captifs ». Le synaxaire indique : « Ce jour, après avoir délivré la nature humaine des dépôts de l'enfer, le Seigneur l'a reconduite au ciel et a rétabli son ancien avoir d'incorruptibilité. Toutefois, Il n'a pas ressuscité tous ceux qu'Il a trouvés en enfer, mais ceux qui ont bien voulu croire en Lui. Il a délivré et reconduit au ciel les âmes des Saints retenus de force en enfer depuis les débuts de la création ».<br />L'ancien avoir, c'est-à-dire le Paradis, se trouve bien au ciel, comme en témoignent les versets suivants : « Par Ta Résurrection, Seigneur, le Paradis s'est ouvert de nouveau » (2ème stichère du lundi soir de la Semaine Lumineuse) et « Tu as rétabli pour nous la montée au ciel » (ler verset 'du mardi soir de la Semaine lumineuse).<br />Les offices divins de l'Eglise Orthodoxe placent tous l'enfer au centre de la terre. Ceci est connu de tous et accepté par tout le monde, si bien qu'on a rarement éprouvé le besoin d'en donner une définition précise. C'est sans doute le meilleur témoignage rendu à cette vérité. L'Eglise chante par exemple : « Le voile se déchira quand Tu fus crucifié, ô Sauveur, et la mort rejeta tous les morts qu'elle avait engloutis. L'Hadès fut mis à nu lorsqu'il vit Ta descente au plus profond de l'enfer » (matines de la 4ème semaine après Pâque) et aussi : « Lorsque Tu entras dans le sein de la terre avec ton âme, ô Sauveur, l'enfer s'empressa de relâcher les âmes qu'il avait capturées. Elles chantèrent alors une hymne d'action de grâce à Ta puissance » (matines de la 4ème semaine après Pâque). Et ailleurs : « Toi qui es descendu au plus profond de la terre et qui as sauvé l'homme en l'élevant par Ton Ascension, nous Te louons » (9ème ode du canon de l'Ascension) ; « Trompé par le serpent, Adam fut précipité dans le gouffre de l'enfer, mais Toi, ô Dieu compatissant, Tu descendis le chercher et Tu le portas ressuscité sur Tes épaules » .(2ème trop., 6ème ode des matines d'un des dimanches après Pâque ) ; « Quand Tu parvins devant les portes de l'enfer, Seigneur, Tu les brisas, et celui qui s'y trouvait prisonnier S'écria : quel est Celui-ci ? Au souterrain séjour Il n'est pas condamné, mais Il a brisé la prison de la mort comme une ombre » (laudes des matines dominicales du 8ème ton) ; « En ce jour, l'Hadès et la mort tremblent devant l'Un de la Trinité. La terre chancelle, et les portiers de l’enfer sont saisis de frayeur à Ta vue » (Ikos des matines dominicales du 7ème ton) ; « Comme Jonas qui jadis atteignit les profondeurs de la mer et passa trois jours dans les entrailles du monstre marin, je T'appelle-moi aussi : fais-moi sortir de l'enfer souterrain, ô mon Sauveur ! » (6ème ode des matines dominicales du ton 2) ; « Que je n'aille pas au pays des lamentations et que je ne voie pas le lieu des ténèbres, ô Christ et Verbe de Dieu ! » (4ème ode des matines du dimanche de Carnaval) ; « Il n'y a pas de repentir en enfer, et l'indulgence n'y trouve pas de place ; le ver n'y dort pas, la terre y est obscure et tout assombrie » (Enterrement des prêtres).<br />Saint Jean Climaque recommande à l'athlète de la piété de se souvenir en permanence de l'infinie profondeur des fournaises infernales, des terribles abîmes souterrains, des passages étroits, afin que son âme soit arrachée par de tels souvenirs à la volupté qu'elle a faite sienne (L'Echelle, degré 7).<br />Saint Athanase le Grand, Saint Basile le Grand, Saint Cyrille d'Alexandrie et beaucoup d'autres pères localisent l'enfer dans les entrailles de la terre : c'est là l'enseignement de l'Eglise Orthodoxe.<br />Notre compatriote Saint Dimitri de Rostov dit : « Au terrible Jugement Dernier, le Christ notre Dieu dira aux pécheurs : Retirez-vous de Moi maudits, allez dans le feu éternel ! A ce moment-là, la terre s'ouvrira, comme elle s'ouvrit sous Koré, Dathan et Abiron au temps de Moïse. Les pécheurs tomberont en enfer, et la terre se refermera sur eux. Ils seront enfermés dans l'enfer souterrain comme dans un vase de fer, et ne pourront en sortir jusqu'à la fin des siècles » (Enseignement sur l'entrée à Jérusalem de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ).<br />Saint Jean Chrysostome dit : « Tu demandes à quel endroit sera la géhenne? Je suppose qu'elle sera en dehors de ce monde-ci. De même que les rois tiennent leurs prisons et leurs mines à l'écart, la géhenne se tiendra en dehors de ce monde. Ne cherchons pas où elle se trouve mais plutôt les moyens de l'éviter » (Commentaire sur l'Epître aux Romains). Cette citation de Saint Jean Chrysostome ne contredit en rien le fait de voir l'enfer au milieu de la terre, au contraire. Quel moyen plus commode de le dissimuler au regard des hommes que de l'enterrer dans les profondeurs de la terre ? Par ailleurs, Luc (16,22) se lit dans certaines éditions grecques de la façon suivante : le riche mourut aussi et fut enterré en enfer, exprimant le fait qu'il descendit en enfer par son âme. C'est d'ailleurs ainsi que le bienheureux Théophylacte commente le passage. Ce que Saint Jean Chrysostome rejette dans la question qui lui a été posée, c'est la curiosité. Il ne repousse pas la réflexion sur l'enfer ! On peut même dire qu'il l'encourage, puisqu'elle conduit à la crainte de Dieu et à l'éloignement du mal ! Aussi nous incite-t-il à nous y adonner en permanence, à garder toujours sous les yeux la géhenne de feu qui attend les pécheurs. Dans les siècles qui ont suivi Saint Jean Chrysostome, l'Eglise a exprimé avec précision la doctrine de l'enfer ; elle l'a exposée ouvertement dans les textes et les chants liturgiques.<br />Dans les premiers temps du Christianisme, sous le règne de Julien l'Apostat, le zèle aveugle déployé par les païens pour maintenir l'idolâtrie faisait couler à flots le sang innocent des chrétiens. C'est à cette époque que Saint Patrice, évêque de la ville de Prousse, chef-lieu, de la Bithynie, fut martyrisé et exécuté (19 mai 343). Le gouverneur de cette ville (qui fut aussi le bourreau du saint évêque) avait l'habitude de prendre des bains dans les sources chaudes et médicinales situées près de la ville. Le tremblement de terre qui détruisit la Prousse en 1854 détruisit aussi ces sources, si l'on en croit les journaux de l'époque. C'est près de ces sources que le saint évêque fut interrogé et mis à mort. Comme le gouverneur attribuait aux idoles qu'il adorait les vertus curatives des eaux; Saint Patrice lui tint le discours suivant: « Eblouissant gouverneur ! Tu veux savoir la vérité sur l'origine de ces eaux, leur cheminement et leur chaleur : je peux te la dévoiler, si tu m'écoutes avec patience ! L'esprit de celui qui confesse le saint Christianisme pour adorer le seul vrai Dieu s'ouvre à la compréhension des mystères divins ! Moi-même, pécheur que je suis et pourtant serviteur du Christ, je connais la vérité sur ces eaux !<br />Le Créateur savait que les hommes qu'Il allait créer L'irriteraient en refusant l'adoration qui Lui est due, et qu'ils fabriqueraient des idoles inanimées pour les adorer. Aussi prépara-t-Il deux lieux pour transférer les hommes à la fin de leur vie terrestre. Il para le premier d'une lumière éternelle et le dota de biens abondants et ineffables ; Il réserva au second des ténèbres impénétrables, un feu inextinguible et des châtiments sans fin. Il destina le premier endroit à ceux qui s'efforcent de Lui être agréables en accomplissant Ses commandements, et le second à ceux qui irritent leur Créateur par une vie mauvaise, se rendant passible du châtiment. Ceux qui sont dignes d'habiter les lieux clairs y vivront pour toujours dans une joie incessante et éternelle ; les autres seront précipités dans les lieux obscurs pour Connaître les tortures éternelles. Après avoir créé séparément le feu et l'eau, la lumière et les ténèbres, le Créateur leur assigna des lieux précis. On trouve le feu et l'eau au-dessus de la voûte céleste aussi bien que sous la terre. L'eau de la surface de la terre s'appelle mer, et l'eau souterraine abîme. Pour les besoins des hommes et des animaux qui peuplent la terre, les eaux jaillissent de ces abîmes par des sortes de tuyaux de conduite, constituant des sources, des puits et des rivières. Celles qui côtoient le feu souterrain sortent chaudes, et les autres gardent leur fraîcheur naturelle. A certains endroits, les eaux abyssales se transforment en glace. Le feu souterrain est destiné à la souffrance des âmes impies. L'eau souterraine qui s'est transformée en glace s'appelle tartare (Je crains. le tartare car il ne participe pas à la chaleur, dit Saint Cyrille d'Alexandrie). Vos dieux et leurs adorateurs sont soumis aux souffrances éternelles dans le tartare, et, comme l'a chanté un de vos poètes, les confins de la terre et de la mer ne sont rien d'autre que les ultimes limites où Iapet et Saturne ne se réjouissent ni des rayons du soleil, ni de la fraîcheur des vents. Cela signifie que le soleil ne réchauffe ni n'éclaire vos dieux prisonniers du tartare, pas plus que le vent ne rafraîchit ceux qui sont jetés au feu. Le tartare est plus profond que tous les gouffres souterrains. Pour se convaincre de l'existence du feu souterrain destiné aux impies, il suffit d'aller voir en Sicile le feu qui sort des profondeurs de la terre ».<br />Sainte Théodora, mentionnée plus haut, fut conduite dans les profondeurs de la terre pour y voir les terribles et insoutenables souffrances infernales destinées aux pécheurs, après sa visite des demeures du Paradis. .<br />Jadis, le soldat carthaginois Taxiote passait sa vie dans le péché. Lorsque survint une épidémie de peste, il se repentit à la vue de la multitude des mourants et partit s'installer en dehors de la ville. Il commit cependant l'adultère avec la femme du laboureur chez qui il logeait. Peu après, il fut Mordu par un serpent et mourut sans avoir eu le temps de se repentir. On l'enterra dans le monastère voisin et son âme fut capturée par les démons lors de l'épreuve de l'adultère. Ils l'entraînèrent sous la terre, qui s'ouvrit à son passage, et la conduisirent par des appontements étroits et nauséabonds jusqu'aux prisons de l'enfer où les pécheurs sont enfermés dans les ténèbres et les souffrances éternelles. Il ressuscita six heures après son enterrement et eut beaucoup de peine à revenir à lui. Fondant en larmes, il raconta à l'archevêque de Carthage, Taraise, tout ce qui était advenu après sa mort.</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-50880249225049438042012-01-03T11:44:00.000-08:002012-02-15T12:45:13.310-08:00PAROLE SUR LA MORT 1<div align="justify"><a href="http://4.bp.blogspot.com/-KikH_DCUpqk/TwNb8fX5YrI/AAAAAAAAAzo/4dofHXgvamw/s1600/La%2BCrucifixion.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 232px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5693495448698446514" border="0" alt="" src="http://4.bp.blogspot.com/-KikH_DCUpqk/TwNb8fX5YrI/AAAAAAAAAzo/4dofHXgvamw/s320/La%2BCrucifixion.jpg" /></a><br /><span style="font-size:130%;"><em><span style="color:#00cccc;">Il est interdit de publier les textes sur d'autres sites ou blogs sans au préalable avoir obtenu l'accord.</span></em><br /><br /></span><span style="font-size:130%;"><span style="font-family:times new roman;"><em>Nous vous proposons actuellement le fameux <strong>traité sur la mort</strong> de saint Ignace Briantchaninov Evêque du Caucase et de la Mer Noire, écrit au milieu du 19ème siècle.<br />Ce fameux traité est précieux puisqu'il expose d'une façon méthodique et selon les témoignages des saints pères de l'Eglise orthodoxe, ainsi que de la tradition liturgique, les enseignements relatifs à la double nature de l'homme, à la séparation de cette double nature par la mort, à l'état de l'âme après la mort et ce qui pourrait lui advenir comme bonheur ou malheur, suite à ce qu'elle aurait choisi comme principe de vie durant son séjour terrestre. </em></span></span></div><br /><br /><div align="justify"><span style="font-size:130%;"><span style="font-family:times new roman;"><em><span style="color:#6633ff;">Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.</span></em></span></span><br /></div><br /><div align="justify"><span style="font-size:130%;"><span style="font-family:times new roman;"><em></em></span></span></div><br /><div align="justify"><span style="font-size:130%;"><span style="font-family:times new roman;"><em>Nous publierons successivement les <strong><span style="color:#3366ff;">neuf</span> </strong>chapitres de ce traité et nous avertissons les lecteurs qu'il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que <strong>Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui</strong>, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.</em></span></span></div><br /><br /><div align="justify"><span style="font-family:Times New Roman;font-size:130%;"><em>A noter cependant, que ce que l'on appelle "Les visions de Theodora", sur les épreuves que son âme a subies à sa sortie du corps, (les douanes), ont été critiquées par plusieurs théologiens contemporains, du fait que les sources utilisées, on sait maintenant que leur origine est douteuse et nous prions les lecteurs de relativiser leur portée.</em></span></div><br /><br /><div align="justify"><span style="font-family:Times New Roman;font-size:130%;"><em>Nous notons aussi que Saint Ignace dans sa façon d'écrire et son style direct, prononce des jugements radicaux sur différents états et sujets. Là aussi il convient de relativiser puisque ce style était bien répandu en Russie au 19ème siècle.</em></span></div><br /><br /><div align="justify"><span style="font-family:Times New Roman;font-size:130%;"><em>Ceci dit, ce traité reste unique pour parler de la mort d'une façon méthodique et exhaustive. On peut en tirer beaucoup de leçons pour nous préparer à ce moment fatidique de notre vie, puisqu'il est enrichi de l'expérience des saints et des citations bibliques. </em></span></div><br /><br /><br /><div align="justify"><span style="font-family:Times New Roman;font-size:130%;">Que par les prières de Saint Ignace Dieu nous fasse miséricorde. Amen.</span></div><br /><br /><br /><div align="justify"><span style="font-family:times new roman;font-size:130%;">« Que tu te souviennes tous les jours de ta vie, du jour où tu sortis du pays d'Egypte »<br />(Dt. 16, 3)<br /><br /><strong><span style="color:#cc33cc;">CHAPITRE I : DE LA NATURE DE L'ÂME HUMAINE ET DE CELLE DES ANGES<br /></div></span></strong></span><br /><br /><br /><div align="justify"><span style="font-family:times new roman;font-size:130%;">La mort est le grand mystère d'une naissance à l'éternité : celle de l'homme quittant cette vie terrestre et temporelle. Déposant le corps, cette enveloppe grossière, l'âme s'en va, fine et éthérée, vers un autre univers, la demeure des esprits. Cet univers est étranger aux organes sensoriels grossiers, créés pour renseigner l'homme sur le monde extérieur pendant son séjour terrestre. Comme tout ce qui participe du monde invisible, l'âme qui échappe au corps est insaisissable. Lors de l'accomplissement du mystère de la mort, nous ne voyons que l'absence de respiration, la soudaine immobilité d'un cadavre privé de vie. Ensuite viennent la décomposition, l'urgent besoin d'un enterrement, et enfin la corruption et les vers. D'innombrables générations sont ainsi mortes et tombées dans l'oubli. Qu'advient-il de l'âme qui quitte le corps ? L'homme ne détient pas les moyens d'investigation nécessaires pour résoudre cette énigme.<br />Quel mystère que la mort ! Avant l'illumination du Christianisme, l'homme avait généralement une conception fausse et grossière de l'immortalité de l'âme. Les plus grands sages païens en étaient réduits aux suppositions. Toutefois l'homme déchu, bien qu'abêti et enténébré, a toujours eu au fond du cœur l'intuition de son immortalité. Toutes les croyances païennes l'attestent; toutes évoquent une vie d'outre-tombe, heureuse ou non, selon la qualité du parcours terrestre du défunt.<br />Pour nous pèlerins, de passage ici-bas, il est primordial de connaître le sort que nous réserve l'éternité. Puisque sur cette terre déjà, dans ce bref périple, nous dépensons tant d'énergie à éloigner toute tristesse et à rechercher l'agréable, il est normal que nous nous inquiétions de notre vie future. Qu'est-ce que la mort fera de nous ? Qu'est-ce qui attend notre âme à la sortie de la matière ? Se peut-il qu'il n'y ait pas de rétribution pour le bien et le mal accomplis ici-bas, volontairement ou non ? Est-il admissible que cette rétribution n'existe pas, alors que le mal prospère et triomphe, alors que le bien est pourchassé et souffre ? Nous sentons bien l'urgence : il faut démasquer le mystère de la mort et pressentir la vie d'outre-tombe, cachée aux yeux du corps !<br />La Parole de Dieu explique le mystère de la mort. L'Esprit Saint peut même le rendre accessible à nos sens affinés et purifiés par la grâce : l'Esprit sonde tout, jusqu'aux profondeurs de Dieu (1Cor.2,10), pas seulement celles de l'homme.<br />La mort, c'est la séparation voulue par Dieu d'une âme et d'un corps qui avaient été unis auparavant par cette même volonté divine. Ce phénomène est une conséquence de la chute, qui priva le corps humain de l'incorruptibilité offerte à l'origine par le Créateur. La mort est le châtiment infligé à l'homme immortel comme prix de sa désobéissance à Dieu. Elle le sépare douloureusement en deux parties, et celui-ci n'est plus... L'âme et le corps n'existent plus ensemble mais séparément.<br />Le corps continue d'exister dans la décomposition, dans le retour à la terre d'où il a été tiré. Dans la corruption même, il attend la seconde union avec l'âme, après quoi la mort n'aura plus d'emprise sur lui. Toutefois, les corps de certains élus résistent à la corruption, pénétrés abondamment par la grâce divine. Ils manifestent à l'ombre de la mort les prémices de leur glorieuse résurrection. Au lieu de la puanteur, ils exhalent un merveilleux parfum. Au lieu de la contamination mortelle, ils offrent guérisons et vie. De tels corps sont à la fois morts et vivants : morts selon la nature, et vivants par la présence de l'Esprit Saint. Ils témoignent d'un fait : la grandeur et la sainteté ont été rendues à la Création par la Rédemption.<br />Qu'advient-il de l'âme quand le corps s'endort dans le sommeil de la mort? La Parole de Dieu révèle qu'elle s'unit, soit aux anges de lumière, soit aux anges déchus, selon la vie terrestre du défunt. Les âmes sont des créatures semblables aux anges. Comme eux, elles sont soit bonnes, soit mauvaises. Naissant saintes et sans taches, elles s'approprient par la suite le bien ou le mal, selon l'usage de leur libre arbitre. Le destin des âmes est attesté de manière irréfutable dans les Saintes Ecritures et les écrits patristiques. Par exemple, le Seigneur a promis au larron le départ immédiat de son âme pour le Paradis : Je te le dis, en vérité, aujourd'hui tu seras avec Moi dans le Paradis (Luc23,43). Après sa mort, le pauvre Lazare souffrant fut emporté au Paradis, dans le sein d'Abraham, alors que le riche impitoyable qui menait joyeuse vie sur terre fut précipité en enfer (Luc16,19-31).<br />Après avoir quitté cette vie pour le ciel, les âmes des justes jouissent de la béatitude en attendant la Résurrection des corps, comme l'expose Saint Jean le Théologien, le visionnaire des Mystères (Ap.6, 10-11). Les âmes des pécheurs attendent la Résurrection en enfer dans d'atroces souffrances (Ap.20, 13).<br />Lorsque sonnera la trompette de la Résurrection, la voix du Fils de Dieu invitera les âmes des saints du Paradis à s'unir avec leurs corps ressuscités (Jn.5,25). Cette voix, Lazare l'entendit quand, mort depuis quatre jours, il sentait déjà. L'enfer, quant à lui, présentera ses morts au Jugement Dernier pour la sentence définitive. Après le verdict et son exécution, la béatitude des justes augmentera, et les pécheurs retourneront en enfer pour des souffrances redoublées (Ps.9,18).<br />Nous savons de la bouche du Seigneur qu'après la Résurrection, les justes seront semblables aux anges (Luc20,36). Annonçant Son second avènement et le Jugement Dernier, le Seigneur déclara qu'Il dirait aux justes situés à Sa droite : Venez, les bénis de Mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde, et aux pécheurs situés à Sa gauche : Allez loin de Moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges (Mt.25,34-41). La rétribution des justes sera en vérité très différente de celle des pécheurs. La justice divine rendra à chacun selon ses actes (Apo.22,12). Les demeures célestes sont multiples, comme en témoigne le Sauveur, et les prisons de l'enfer sont aussi fort diverses et les souffrances très variées. Celui qui a péché sciemment recevra un grand nombre de coups et celui qui a péché par inadvertance n'en recevra qu'un petit nombre (Luc12, 47-48).<br />Les chrétiens hériteront de la béatitude avec les anges de lumière, mais uniquement les orthodoxes, et, de surcroît, ceux qui auront vécu pieusement ou se seront purifiés de leurs péchés par un repentir sincère, une confession authentique à leur père spirituel et un amendement personnel. En revanche, les impies (ceux qui ne croient pas au Christ) et les mécréants (les hérétiques et les orthodoxes qui vivent toute leur vie dans le péché ou qui commettent quelque pêché mortel non guéri par le repentir), hériteront des souffrances éternelles avec les anges déchus. Voici en outre, ce que proclament les pères de l'Eglise Catholique d'Orient, concernant les âmes de ceux qui ont commis des péchés mortels sans avoir désespéré au moment de la Mort, et qui s'en sont repentis sans avoir eu le temps d'offrir des fruits, tels que la prière, la contrition du cœur, les larmes, les métanies, les veilles, la consolation des pauvres, les œuvres de l'amour de Dieu et du prochain (toutes choses reconnues par l'Eglise comme nécessaires et agréables à Dieu) : de telles âmes iront en enfer pour recevoir les châtiments que méritent leurs péchés, sans toutefois être privées de l'espoir d'un soulagement. Ce soulagement provient de la prière des prêtres, des œuvres de bienfaisance accomplies en la mémoire des défunts, et surtout de la puissance du sacrifice non sanglant accompli quotidiennement par le serviteur du culte, pour chaque chrétien, pour ses proches, et pour tous les défunts de notre Eglise Catholique et Apostolique. Funeste sera la mort des pécheurs (Ps.33,22), mais pour les gens pieux et les saints, elle sera le passage de l'agitation et de la tourmente d'ici-bas au calme inaltérable, des souffrances incessantes à la béatitude infinie et continuelle, de la terre au ciel et à l'assemblée innombrable des anges et des saints. .Elle offrira l'insatiable contemplation de Dieu, un perpétuel et ardent amour pour Lui, la suprême jouissance des saints.<br />Voici ce que dit Saint Macaire le Grand : « Lorsque l'âme de l'homme sort du corps, un grand mystère s'accomplit. Si elle est chargée de péchés, les chœurs des démons, les anges de mauvaise augure, les puissances ténébreuses viennent, s'emparent d'elle et la retiennent. Il n'y a pas lieu de s'en étonner. Si un homme s'est soumis à satan pendant sa vie terrestre, s'il lui a obéi et a été son esclave, il est normal qu'il tombe en son pouvoir quand il quitte le monde et que satan le retienne. Du côté du bien, saches que les choses se présentent de la manière suivante : les saints serviteurs de Dieu ont dès cette vie des anges à leurs côtés, de saints esprits qui les entourent et les gardent. Quand ils quittent leur corps, les choeurs angéliques prennent possession de leur âme, les emportent de leur côté, dans le monde pur, et les conduisent devant le Seigneur » (homélie 22).<br />Le fait que les âmes soient conduites dans le même lieu de jouissance ou de châtiment que les anges montre qu'elles leur sont en tout semblables. Ceci est clair dans les paroles du Seigneur citées plus haut. Des anges à l'aspect humain sont apparus à certains justes de l'ancien testament comme Abraham, Lot, Jacob et d'autres ; ils ne furent pas reconnus tout de suite comme des incorporels. Après la Résurrection du Christ, d'autres anges sont apparus aux femmes myrrophores, tels des hommes resplendissants vêtus de blanc (Luc24,4 & Jn.20,12). Lors de l'Ascension, ils sont aussi apparus comme des hommes vêtus de blanc (Ac.1,10). De nombreux pères ont vu des anges vêtus de blanc et des démons semblables à des « éthiopiens » noirs et difformes. Après Sa Résurrection, le Seigneur s'est présenté subitement à Ses disciples rassemblés dans la chambre haute. Ces derniers ont eu peur, croyant voir un esprit. Le Seigneur les a rassuré et leur a expliqué la différence entre un esprit et Son corps renouvelé : Pourquoi tout ce trouble, et pourquoi ces doutes montent-ils en votre cœur ? Voyez Mes mains et Mes pieds, c'est bien Moi ! Palpez-Moi et rendez-vous compte qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que J'en ai (Luc 24,38-39). Il n'est pas dit ici qu'un esprit soit informe; il y a même l'opportunité de reconnaître que les esprits, âmes ou anges, ont bien une forme. On voit seulement qu'ils n'ont ni la chair, ni les os que le corps du Christ a conservés dans son état glorifié. Après avoir pris pour un esprit l'Apôtre Pierre qui avait été miraculeusement libéré de prison et aperçu par Rhoda, les chrétiens de Jérusalem ont exprimé eux aussi l'opinion 9ue les esprits ont une forme en disant : c'est son ange (Ac.12,15)<br />Saint Macaire le Grand dit que les anges ont un aspect et une forme semblables à ceux des âmes. Cet aspect et cette forme sont ceux du corps humain. Saint Macaire enseigne aussi que les anges et les âmes sont des corps, bien que d'une nature très fine. Ils sont aussi fins et éthérés que nos corps terrestres sont épais et grossiers. Le corps grossier de l'homme sert de vêtement au corps fin qu'est l'âme. Sur les yeux, les oreilles, les mains et les pieds de l'âme sont déposés les membres correspondants du corps (Homélie4,9). L'âme qui quitte le corps au moment de la mort le dépose comme un vêtement. Saint Macaire ajoute que les chrétiens les plus parfaits, purifiés par l'Esprit Saint, peuvent voir l'aspect de l'âme. Bien rares cependant sont ceux qui atteignent une telle perfection et sont dignes d'une telle vision (Hom.7,6). Toujours d'après Saint Macaire, ceux qui peuvent dire c'est l'Esprit qui prie en moi voient parfois leur âme sortir du corps pendant la prière, par une indicible grâce de l'Esprit Saint. « A cette heure, il arrive à l'homme qu'en même temps que la prière sort de sa bouche, son âme sort de lui également ».<br />A l'époque de Saint Macaire le Grand et du monachisme élevé du désert de Scété, peu nombreux étaient déjà les saints moines dignes de voir l'aspect de l'âme. A notre époque, ils sont encore plus rares. Cependant on en trouve encore, par la grande miséricorde de Dieu. Notre Seigneur Jésus-Christ n'a-t-il pas promis à Ses disciples de demeurer avec eux jusqu'à la fin des temps ? Nous possédons à ce sujet le témoignage d'un élu qui, sous J'effet abondamment bienfaisant de la prière, vit son âme flotter dans l'air hors du corps. Elle avait l'aspect d'un corps éthéré, très fin et aérien, parfaitement semblable au corps charnel, jusqu'aux cheveux et aux traits du visage. L'âme possédait à ce moment-là non seulement la force spirituelle, mais également les sens, la vue, l'ouïe, le toucher. Elle détenait la vie alors que le corps gisait sur la chaise comme mort, tel un vêtement, jusqu'à ce que l'âme l'ait habité de nouveau sur un signe de Dieu, de façon aussi incompréhensible qu'elle l'avait quitté.<br />A notre époque, autant qu'ait pu en avoir connaissance l'auteur de la présente homélie, deux moines furent dignes de voir leur âme sortir du corps pendant la prière : l’ermite sibérien Vassilisk, décédé en 1825, et le schémamoine Ignace du désert de Nikiphorov, décédé en 1852. Le second dévoila personnellement cet événement à l'auteur de la présente homélie, qui habita lui-même jadis avec les plus proches disciples du premier, dont il fut l’ami dans le Seigneur.<br />Les anges sont semblables aux âmes : ils ont une tête, des yeux, une bouche, des cheveux, une poitrine, des bras, des jambes, en somme l'aspect exact d'un homme visible dans son corps. La beauté de la vertu et la grâce divine rayonnent sur les visages des saints anges. On peut observer cela également sur les visages des chrétiens les plus vertueux. Les anges déchus se caractérisent par leur méchanceté : leurs visages ressemblent aux visages hideux des criminels et des délinquants. C'est ce que racontent ceux qui ont vu des anges des ténèbres ou des anges de lumière.<br />Les anges et les âmes sont habituellement qualifiés d'incorporels dans les Ecritures. On les appelle aussi esprits car ils sont infiniment plus fins par nature que les objets matériels, et totalement différents. On remarquera que les hommes spirituels, qui traduisent avec une totale exactitude la pensée de l'Esprit Saint, choisissent à dessein un vocabulaire accessible à leurs contemporains, mais ne se préoccupent nullement de savoir comment la science humaine les comprendra Josué s'exclama par exemple : soleil, arrête-toi ! (Josué10,12) et le jour dura plus longtemps que d'habitude. La puissance de Dieu a répondu là à la parole de la foi, et vaines sont les exclamations dubitatives de la science devant une telle parole. Observons également que dans les écrits patristiques, jusqu'à une période récente, le mot esprit recouvrait aussi les notions de gaz, de vapeur (surtout l'air), de vent et de respiration humaine (CU Saint Grégoire le Sinaïte sur l'hésychia et les deux genres de prière).<br />Dans notre état habituel de chute, nous ne voyons pas les esprits, mais nous pouvons sentir leur influence si nous menons une vie pieuse et attentive. Cette perception spirituelle provient de la grâce et n'est possible qu'avec la bienfaisante purification de l'intellect et du cœur. Elle est incomparablement supérieure à la vision matérielle que procurent les yeux du corps. Dans ce dernier cas, le spectateur inexpérimenté est presque toujours victime d'un leurre ou d'un malheur psychique. La vision spirituelle au contraire est le fruit d'une vie pieuse et ascétique, couverte par la grâce et la bienveillance divine. Elle est bénéfique pour l'âme car elle lui enseigne les propriétés des esprits et leur façon d'agir, et lui permettent de se garder des esprits malins : Celui qui est né de Dieu se garde lui-même et le malin ne le touche pas (1Jn.5,18).<br />Le vent, l'air, les gaz et les vapeurs sont habituellement nommés esprits, dans l'Ecriture Sainte et les écrits patristiques. Le Seigneur a comparé l'action de l'Esprit Saint à celle du vent. (Cf. Théophylacte de Bulgarie sur (Jn.3,8) et Grégoire le Sinaïte dans la Philocalie). Au sens propre cependant, Dieu seul est Esprit. Parfait dans Son essence, Il se distingue totalement des créatures, aussi fines soient-elles. Aucun être n'est de même nature que Dieu I Dieu seul est donc spirituel par nature.<br />Saint Jean Damascène dit que « l'ange est incorporel et immatériel seulement en comparaison avec nous. Mais toute créature semble grossière et matérielle en comparaison avec Dieu, qui Seul est immatériel et incorporel » (la foi orthodoxe livre 2, ch.3). « Par nature, Dieu seul est incorporel. Les anges, les démons et les âmes sont incorporels par grâce et au regard de la matière grossière ». Citons de nouveau Saint Macaire : « Ni les sages et toute leur sagesse, ni les prudents et toute leur prudence, n'ont pu comprendre la subtilité de l'âme, ni dire ce qu'elle est. Seuls ont pu le faire ceux à qui la compréhension en a été donnée par l'Esprit Saint, et à qui l'exacte nature de l'âme a été révélée. Mais réfléchis maintenant, discerne, et comprends ce qu'il en est. Ecoute : Lui est Dieu, elle n'est pas Dieu ; Lui est le Seigneur, elle la servante ; Lui est le Créateur, elle la créature ; Lui est l'Artisan, elle l'ouvrage. Il n'y a rien de commun entre Sa nature et la sienne» (Homélie4 9,4).<br />Citons maintenant Saint Jean Cassien : « Nous disons, il est vrai, qu'il existe des natures spirituelles, comme les anges, les archanges et les autres vertus célestes, notre âme aussi, et l'air subtil ; mais il ne faut pas croire qu'elles sont incorporelles. Elles ont à elles un corps par lequel elles subsistent, bien que beaucoup plus subtil que le nôtre, ainsi qu'en témoigne la parole de l'Apôtre : il est des corps célestes et des corps terrestres; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel (1Cor.15,40&44). D'où l'on conclut manifestement que rien n'est incorporel que Dieu » (Conférence7,XIII). Jean Cassien est placé par la Sainte Eglise Orthodoxe dans le choeur des Saints (fêté le 29 février). Il est cependant blasphémé et compté parmi les hérétiques semi-pélagiens par les papistes parce qu'au Vème siècle déjà, il dénonçait leurs déviations (reconnues au VIème Concile Oecuménique) et établissait que le Christianisme s'est développé de manière incomparablement plus parfaite en orient qu'en occident. Les œuvres de Saint Jean Cassien ont été publiées par un jésuite qui les critique sur plusieurs points, notamment sur le fait que les esprits ont un corps. Il qualifie cette opinion de « paradoxale » et « extravagante ». Il affirme qu'au contraire les esprits sont « parfaitement incorporels, spirituels et immatériels »; et ajoute que son opinion est « acceptée par tous ». Cette critique ne mérite bien entendu aucune attention ! Il se trouve malheureusement que chez nous aussi, certains acceptent cette vision ténébreuse des raisonneurs occidentaux.<br />Il est manifeste que les Saintes Ecritures qualifient les esprits d'incorporels et d'immatériels, mais ceci n'a de sens qu'en comparaison avec les corps grossiers des hommes et du monde matériel. Ces qualificatifs sont donc relatifs. Dieu seul est totalement Esprit, Il est le seul Esprit. Les anges, saints ou déchus, sont circonscrits dans le temps et dans l'espace. On notera bien que la localisation dans l'espace est inséparable de l'existence d'un aspect : si l'on rejette la première, on est amené, soit à nier l'existence des anges, soit à leur attribuer l'omniprésence de Dieu. Seules deux dimensions, le néant et l'infini, ne sont pas soumises à une forme quelconque. Au contraire, toute grandeur circonscrite dans l'espace, grande ou petite, a nécessairement une forme. Ayant admis que les anges sont limités dans l'espace, il faut admettre aussi qu'ils ont une forme et un corps, bien que ce dernier soit très fin. L'infini est, quant à lui, sans forme et sans corps, totalement esprit. L'Être-Esprit, comparable à aucune créature, est le seul Être au sens propre du terme, c'est Dieu lui-même. Saint Jean Cassien n'est pas le seul à attribuer un corps fin aux anges : tous les saints qui ont été dignes de voir face à face des anges de lumière ou des anges des ténèbres partagent son avis. Beaucoup furent même cruellement battus par des démons, comme Saint Antoine le Grand ; d'autres reçurent de Dieu la possibilité de les battre, comme Saint André (2oct.) ou la sainte martyre Julienne (21déc.). Comment cela aurait-il pu avoir lieu si les anges déchus étaient totalement incorporels ? Le jésuite prétend que les saints pères de Scété se fondent sur le philosophe Platon. Cependant Saint Macaire le Grand, issu lui aussi de Scété, • confirme (comme il a été dit plus haut) que la connaissance des esprits est cachée aux « sages » de la terre et révélée par l'Esprit Saint. La conception orthodoxe de la nature des esprits développée plus haut fait partie des dogmes de la théologie orthodoxe enseignée dans tous les séminaires orthodoxes.<br />Dieu est Esprit (in.4,24). Celui qui fait de Ses anges des esprits et de Ses serviteurs des flammes de feu (Ps.103,4), notre Dieu qui S'est fait homme pour jeter un feu dans nos cœurs mis à mort et glacés par le péché, est venu s'unir à nous pour faire de nous des flammes de-feu, des esprits inaccessibles à la corruption et au diable. Les anges déchus et les âmes des pécheurs rejetés sont étrangers à la Vie véritable et à la véritable spiritualité. Les esprits déchus ont acquis un corps et des propriétés particulières dues à la chute. Comme l'homme, ils ont perdu la douceur angélique et la jouissance de Dieu. Comme l'homme, ils jouissent de la terre (étant à leur manière matériels) et des passions charnelles venues après la chute. Il n'y a pas lieu d'en être étonné : notre âme aussi, créée raisonnable et intelligente à l’image de Dieu, est devenue animale, insensible et déraisonnable, en s'éloignant de Dieu pour jouir des choses matérielles. Elle s'est habituée à voir sa nature modifiée, ses actes détournés arbitrairement de leur destination originelle (Cf. Saint Grégoire le Sinaïte). La boisson soumet l'individu à son influence extérieure et emprisonne sa nature ; de la même façon, nos ancêtres, en transgressant de leur plein gré le commandement de Dieu, se sont soumis au mal qui était étranger à leur nature.<br />Les futures demeures des âmes, l'éden et l'enfer, correspondent à leur nature éthérée. L'âme sainte, qui connaît déjà ici-bas la jouissance spirituelle et le Royaume des cieux à la mesure de sa purification, séjournera dans le lieu dont la miséricorde divine la rendra digne. L'âme pécheresse et rejetée par Dieu sera tourmentée par ce rejet, par sa conscience, mais également par son séjour dans une terrible prison souterraine, appelée enfer, tartare ou géhenne, où elle subira de cruelles tortures capables de déchirer son corps éthéré. Tout cela est attesté par les Saintes Ecritures et les hommes choisis par l'Esprit Saint pour une telle révélation.<br />Souvent, dans la vie quotidienne, quand nous souhaitons examiner un objet, nous recherchons les conditions opportunes pour effectuer l'examen. Ce n'est pas que l'objet ait besoin de ces conditions, mais ce sont nos propres faiblesses qui les imposent. Dans l'étude qui nous occupe ici, nous devons également comprendre la nécessité d'une aide extérieure pour pallier notre imperfection. Cette aide, c'est la Révélation Divine. Elle est absolument indispensable compte tenu de notre petitesse dans la création, de notre maigre aptitude à acquérir des connaissances et de la nullité de ces connaissances. La connaissance de nous-mêmes est déjà si difficile. Avec les yeux du corps, nous ne voyons ni l'enfer, ni le Paradis. Mais au fait, que voyons-nous ? Je ne parle même pas du monde des esprits, mais simplement de ce monde que nous qualifions avec une telle conviction de visible. Nous n'avons accès qu'à une toute petite partie de la totalité, comme l'attestent le télescope et le microscope, l'odorat qui perçoit la présence de gaz échappant à la vue, les obstacles matériels qui limitent notre champ visuel, l'opacité de multiples objets, les lois de la géométrie descriptive qui montrent si bien que l'éloignement est trompeur pour appréhender les dimensions exactes d'un objet. Ayant compris avec humilité et justesse l'étendue de notre médiocrité, tournons respectueusement le regard de notre esprit vers ces choses cachées à nos sens grossiers, mais que Dieu, dans Sa miséricorde, nous a fait la grâce de révéler. (suite) </span></div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-62050788630070111512011-10-24T11:18:00.001-07:002011-11-01T05:10:28.654-07:00Staretz Joseph d'Optino<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://1.bp.blogspot.com/-rISDRwTghhM/TqWsNHBJj5I/AAAAAAAAAx0/XBcsYHrF43k/s1600/Saint%2BJoseph%2Bd%2527optino.jpg"><img style="MARGIN: 0pt 10px 10px 0pt; WIDTH: 215px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: pointer" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5667125047337783186" border="0" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/-rISDRwTghhM/TqWsNHBJj5I/AAAAAAAAAx0/XBcsYHrF43k/s320/Saint%2BJoseph%2Bd%2527optino.jpg" /></a><br /><br /><meta content="text/html; charset=utf-8" equiv="Content-Type"><br /><meta name="ProgId" content="Word.Document"><br /><meta name="Generator" content="Microsoft Word 10"><br /><meta name="Originator" content="Microsoft Word 10"><link rel="File-List" href="file:///C:%5CDOCUME%7E1%5CMAJALLI%5CLOCALS%7E1%5CTemp%5Cmsohtml1%5C01%5Cclip_filelist.xml"><br /><style> <!-- /* Style Definitions */ p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal {mso-style-parent:""; 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TEXT-INDENT: -18pt; MARGIN-LEFT: 18pt" class="MsoNormal"><span dir="ltr"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">le don de la prière <o:p></o:p></span></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: -18pt; MARGIN-LEFT: 18pt" class="MsoNormal"><span dir="ltr"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">le don de discernement des esprits ou de la reconnaissance des pensées (logismos), pour voir s</span></span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ils viennent de Dieu et des saints anges, ou des esprits méchants <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: -18pt; MARGIN-LEFT: 18pt" class="MsoNormal"><span dir="ltr"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">le don de prophétiser ou de clairvoyance, qui permet de prévoir l</span></span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">état spirituel de celui qui s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">adresse à lui, et les conséquences futures de tel ou tel de ses actes ou œuvres<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">4)<span style="font-size:+0;"> </span>le don d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enseignement ou de la parole, qui permet de faire parvenir jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à la conscience ce que la personne a besoin d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">entendre pour son salut<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">5)<span style="font-size:+0;"> </span>le don de guérison des maux spirituels et corporels.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Ces dons ne sont donnés qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à ceux qui suivent la voie du repentir, en priant Dieu avec des larmes sur leurs péchés, de leur accorder le don d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">accomplir Sa volonté; et qui mènent un combat incessant avec les passions et les esprits terrestres du mal.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le staretz qui suit la voie spirituelle reçoit, par la grâce de Dieu, le charisme d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">instruire ceux qui viennent à lui avec une telle puissance (ou: force)<span style="font-size:+0;"> </span>de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Esprit, que devant elles la sagesse de ce monde n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est rien. Vers un tel staretz se précipitaient des gens de tous les coins de la Russie, de tous âges et de toutes conditions, pour connaître la volonté de Dieu les concernant, des gens qui voulaient être guidés et instruits, recevoir une bénédiction pour leurs œuvres et les décisions qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ils avaient à prendre dans leur vie, un soutien dans les tentations et une consolation dans leurs peines, qui cherchaient le sens de la vie et des réponses aux questions qui les troublaient et qui ne pouvaient pas être résolues par la sagesse humaine. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le moine du Grand Schème Joseph avait rencontré dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage: Dostoievsky, Constantin Leontiev, Lev Tolstoï.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Lev Tolstoï rendait visite au staretz Joseph et en 1910 il chercha à le rencontrer; poussé par son<span style="font-size:+0;"> </span>désir de repentir avant sa mort, c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est précisément lui qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il avait convoqué par télégramme à partir de la station d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Astapovo.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le grand staretz Ambroise avait prévu la grandeur spirituelle de son fidèle disciple, qui priait avec lui et qui, pendant trente ans, grandissait sous sa direction. Il disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Voilà, je vous donne à boire du vin avec de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">eau, mais Père Joseph vous donnera à boire du vin pur </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le moine du Grand Schème Joseph est un de ceux qui donnèrent leur vie et </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> leur âme pour leurs amis </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> (Jean 15, 13), qui ont pris sur eux les faiblesses et les charges de milliers de gens, les dirigeant sur la voie du Royaume de Dieu, et par les exploits ascétiques et par les prières desquels existaient le Monastère d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino Poustine, le Monastère dédiée à la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan à Chamordino fondé par le starets Ambroise; c’est par eux que, jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à présent, existe le monde.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le moine du Grand Schème Joseph, dans le monde Jean Evfimovitch Litovkine, est né le 2 novembre 1837 dans le village de Goroditché du district de Starobelsky dans le gouvernement de Kharkov</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Ses parents, Evfim Emilianovitch et Marie Vassilievna, étant des gens simples et pieux, étaient très charitables. Son père, maire du village, sa mère, issue du milieu ecclésiastique, allaient souvent prier à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église, lisaient des livres spirituels, surtout la vie des saints. Il nommèrent leur deuxième fils Jean, en mémoire de Saint Jean le Miséricordieux. Aimant véritablement leurs enfants, ils ne se préoccupaient pas tant de leur donner les richesses du monde, que le trésor céleste, et c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pourquoi ils les élevaient dans la crainte de Dieu, dans la piété et l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">obéissance. La mère conduisait les enfants à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église et les habituait à prier avec elle à la maison.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">“Je me souviens comme ma mère me réveillait, parfois, pour aller aux Matines et à la Liturgie, et moi, je n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">avais pas envie de me lever si tôt. Mais après, à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église et toute la journée suivante, j</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">étais si bien et mon âme si joyeuse. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le père mourut soudainement, lorsque le garçon avait quatre ans. A huit ans, Jean, jouant avec ses camarades, changea tout à coup de visage et tomba. Revenu à lui, il raconta avoir vu dans les airs la Reine des Cieux. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Pourquoi penses-tu avoir vu la Reine? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> lui demanda-t-on. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Parce qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Elle avait une couronne avec une croix </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, répondit-il. Après cette vision, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enfant devint réfléchi, évita les jeux, dans son cœur s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">allumèrent une foi fervente et un amour pour la Mère de Dieu. Lorsqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un incendie eut lieu, Jean tendit ses bras vers l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église de la Protection de la Toute Sainte Mère de Dieu et s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">écria: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Reine des Cieux ! Laisse nous notre petite maison, elle est toute neuve !</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. La prière de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enfant fut entendue; la maison des Litovkine resta intacte, tout l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">alentour brûla.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En 1847, la mère conduisit sa fille Alexandra au monastère dédié à Saint Boris et à la Mère de Dieu de Tikhvine et l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">y laissa, la confiant à la Reine des Cieux. Un an plus tard, le choléra se propagea au village et Jean perdit sa mère. Devenu orphelin, il subit l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">épreuve du froid et de la faim, travailla pour divers maîtres. La prière, seul héritage laissé par ses parents pieux, fut sa fidèle compagne et l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église de Dieu, son seul lieu de consolation.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Enfin, Jean Evfimovitch échoua chez un riche commerçant nommé Rafaïloff à Taganrog. A cette époque, sa sœur, la moniale Léonida, envoya à son frère une lettre dans laquelle elle lui conseillait de prononcer ses vœux monastiques et d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">entrer à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage du monastère d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino, qui était célèbre par ses startzy expérimentés dans la vie spirituelle. A partir de ce moment, en lui s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">éleva le désir de partir dans un monastère. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> C</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est toujours ainsi </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, disait-il par la suite, dès que quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un pense prendre le chemin du salut, apparaissent des obstacles et des tentations. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Le commerçant aimait son ouvrier pour sa piété et son humilité et il décida de lui donner sa fille en mariage. Lorsque Jean se disposa à aller en pèlerinage à Kiev, le marchand essaya de le persuader de rester et lui dévoila son désir, mais Jean, prisonnier de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">amour du Christ, réitéra, sans hésitation, sa demande de le laisser partir en paix.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Pendant son voyage, Jean rendit visite à sa sœur. La moniale Léonida exerçait son exploit ascétique de prière sous la direction de la moniale du Grand Schème Alipia, disciple des startzy Léonide et Macaire d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino. Déjà en 1860, la mère Léonida avait confié au staretz Macaire son souhait de voir son frère devenir moine et elle reçut cette réponse : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Ne sois pas triste, il sera moine </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Ayant vu l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">adolescent, la moniale du Grand Schème Alipia lui dit </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Abandonne ton idée d’aller à Kiev et va à Optino chez les startzy. Le lendemain Jean se mit en route, mais non pas pour aller là où son cœur l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">attirait, mais vers le lieu que l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">obéissance lui indiquait. Arrivé à Belev, il entra dans le monastère situé là et les moniales qui se rendaient au monastère d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino le prirent avec elles.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Arrivées à Optino, les moniales allèrent chez le Père Ambroise et lui dirent : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Batiouchka (Père), nous avons amené avec nous le frère Jean </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Le staretz clairvoyant les regarda attentivement et dit : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Ce frère Jean sera utile et pour nous et pour vous </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Le </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> frère Jean </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> se présenta avec crainte devant le staretz, lui raconta sa vie et lui demanda la bénédiction d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aller à Kiev, mais il entendit en réponse<span style="font-size:+0;"> </span>: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"> </span>Qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">as-tu besoin d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aller à Kiev? Reste ici. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Jean accepta ces paroles comme la manifestation de la volonté de Dieu et dit : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Bénissez! </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> et pour toujours il se remit entre les mains du staretz Ambroise. Cela se passa le 1er Mars 1861, alors que le recteur d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">alors était l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">archimandrite Moïse. Dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage, Jean fut nommé aide du cuisinier; Pour le guider dans la vie monastique, il reçut le livre des enseignements du Saint Abbé Dorothée. Le jour précédent le début du carême des Saints Apôtres Pierre et Paul, le supérieur de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage, Paphnos, demanda: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Frère Jean, veux-tu aller chez le starets? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Je fus déconcerté, racontait par la suite père Joseph, et au lieu de dire </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Bénissez </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, je dis: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Je le veux </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Le lendemain, il déménagea dans la maisonnette du staretz Ambroise et y vécut exactement 50 ans. A partir de ce moment, il fut l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">inséparable servant (syncelle) du staretz et son aide, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aimant sans limites et dévoué; chaque parole du staretz étant pour lui une loi.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le servant principal était un homme sévère et dur et le novice passa par une école de patience dans sa pleine mesure. Cela lui servit à acquérir le don spirituel de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">humilité et de se faire des reproches à lui-même, traits distinctifs, par la suite, du staretz Joseph. Le hiéromoine Clément Zedergolme, fils d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un pasteur protestant allemand, qui fut reçu dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Orthodoxie à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Hermitage d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino, disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Père Joseph est le seul homme contre lequel je ne peux pas, je ne sais pas me fâcher</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> .<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En 1864, le servant prononça ses premiers vœux (promesses) et reçut le nom de Joseph, en l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">honneur de Saint Joseph Pesnopissets (qui signifie: celui qui compose des chants). Le 9 décembre 1877, le moine Joseph fut ordonné hiérodiacre par l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">evêque de Kalouga, Grégoire. Peu de temps après, le père Joseph tomba gravement malade et faillit mourir, mais le Seigneur le guérit par les prières du staretz Ambroise. Extérieurement la vie du Père Joseph ne changea pas, il dormait comme auparavant, dans la pièce de réception qui était occupée jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à 11 heures du soir. Il pouvait s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">allonger seulement vers minuit et, s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il était l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">officiant de service à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage, il devait y aller à 1 heure du matin pour les Matines.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En 1884, le 1er octobre, eut lieu l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">inauguration solennelle du monastère dédié à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">icône de la Mère de Dieu de Kazan à Chamordino, fondé par le staretz Ambroise à 12 verstes d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino Poustyne.Pendant la Divine Liturgie, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">évêque de Kalouga, Vladimir, fit Père Joseph hiéromoine. A partir de ce moment, il célébra les Vigiles dans la cellule du staretz qui, en raison de son état de santé, ne pouvait pas aller à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église, et il lui apportait les Saints Dons. Devenu le principal servant, le Père Joseph considérait comme son devoir de ménager le staretz. Il aimait l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ordre et la ponctualité (l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">exactitude, la précision). Ayant écouté attentivement le visiteur, il ne disait rien de lui-même, mais s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">inclinait et disait <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> je demanderai </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, ou </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> je transmettrai au staretz </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> et rapportait la réponse mot pour mot.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En dépit d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une obédience aussi pleine de soucis, le Père Joseph lisait beaucoup d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">œuvres des Saints Pères, maîtres du monachisme. Il préférait les livres en slavon et lorsqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on lui parlait de la difficulté de les comprendre, il répondait : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Ce qui est difficile à acquérir, c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est cela qui est utile </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Au sujet des nouveaux écrits, il disait qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ils nourrissent l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">intellect, </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> mais le cœur reste vide , glacé </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le moine du Grand Schème Ambroise prévoyait en son disciple son successeur et le préparait à devenir staretz. Dans les dernières années de sa vie, il bénissait les gens pour qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ils confient leurs besoins spirituels au Père Joseph, qui avait hérité du charisme de son maître. Cela se manifestait d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une façon évidente dans les réponses données par Père Joseph, qui correspondaient toujours à celles données par le staretz à la même question.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>L</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ascète mangeait très peu et, à la question : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Est-ce difficile d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">atteindre un tel niveau d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">abstinence? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, il répondait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Si l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">homme ne fait pas d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">efforts, alors son ventre dira toujours: j</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai faim </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Avec la communauté, il était toujours égal à lui-même, ne se liait pas et ne rendait visite à personne. Il ne se différenciait en rien des autres, faisait son travail avec modestie, observant le silence intérieur, tandis que dans son cœur rayonnait la douce lumière de la prière.Son amour pour le staretz Ambroise était doux et respectueux, mais il était prêt à donner sa vie pour lui.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En février 1888, le père Joseph tomba gravement malade et fut transporté à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">hôpital du monastère. Le 14 février, il reçut le Grand Schème. Un novice racontait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Un jour, je suis entré dans la salle et j</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai entendu quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un dire derrière le paravent: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"> </span>Supporte encore un peu, mon élu (aimé), cela ne sera plus long </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Croyant qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il y avait quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un, j</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai regardé derrière le paravent et fus saisi - il n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">y avait personne;<span style="font-size:+0;"> </span>le père Joseph était étendu, les yeux fermés. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Par la suite, le staretz Ambroise disait que, pendant sa maladie, le père Joseph avait été honoré de voir la Mère de Dieu. Après la guérison du père Joseph, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">archimandrite Isaac nomma officiellement le moine du Grand Schème Joseph comme aide du starets. Chaque été, le staretz Ambroise partait à Chamordino et le père Joseph était invariablement son compagnon. En juin 1890, le staretz ordonna au père Joseph d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">emménager dans sa cellule et lui dit: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Cette fois-ci, je ne te prends pas avec moi, tu dois rester ici, ici est ta place</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Ceci arrivait pour la première fois depuis 30 ans. En partant, le staretz, confiant son disciple et héritier, et avec lui, toute la communauté à la Mère de Dieu, demanda au père Joseph de placer Son icône à la tête du lit et de placer devant elle une veilleuse qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il tiendrait allumée jour et nuit. Le staretz partit pour ne plus revenir. Le père Joseph allait le voir chaque mois. Le recteur archimandrite Isaac choisit père Joseph comme père spirituel.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En septembre 1891, lorsque le staretz Ambroise tomba malade, le père Joseph entendit, alors qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il était éveillé et à trois reprises, ces paroles: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Le staretz va mourir </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Le 8 octobre le malade était au plus mal et on alla chercher le père Joseph. Le lendemain matin, il donna pour la dernière fois au staretz la Sainte Communion. Voyant que celui-ci était en train de mourir, père Joseph se dépêcha d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aller à la skyte afin de rapporter les vêtements préparés d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">avance pour l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ensevelissement: la mantia avec laquelle le novice Alexandre Grenkov avait été revêtu lors de sa prise d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">habit et avait reçu le nom d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ambroise et la chemise de toile du staretz Macaire, accompagnée de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">inscription manuscrite du père Ambroise: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> A ma mort, m</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">en revêtir irrévocablement </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le 10 octobre à 11 heures 30, le moine du Grand Schème Ambroise remit son âme au Seigneur…Il fut enterré le 15 octobre à côté des tombes des grands startzy Lev (Léonide) et Macaire, devant l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">autel de la Présentation au Temple de la Mère de Dieu, dans la cathédrale Nicolsky.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Petit à petit, les membres de la communauté du monastère d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino commencèrent à s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">adresser au moine du Grand Schème Joseph pour leurs besoins spirituels. S</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">occuper du monastère de Chamordino était un grand fardeau sur les épaules du staretz Joseph. Inachevé, ne sachant quel avenir lui était réservé, le monastère traversait des moments difficiles. A cause de lui, le staretz eut beaucoup d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">afflictions, mais il surmonta tout par la patience et, avec l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aide de Dieu, réussit à maintenir des relations sincères et bonnes avec tous ceux qui lui avaient manifesté de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">inimitié. Il ne disait jamais de mal de personne et tout le monde finit par reconnaître ses exceptionnelles qualités spirituelles . Le staretz Joseph expliquait, qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">après la mort du staretz Ambroise, il avait ressenti pour le monastère de Chamordino un sentiment de compassion tout à fait inattendu. Les sœurs, avec à leur tête l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">higoumènia Eufrosynia, commencèrent à demander conseil au père Joseph pour tout ce qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">elles avaient à entreprendre; dans le monastère, et comme par le passé, rien ne se faisait sans la volonté et la bénédiction du staretz.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le staretz Joseph était sévère vis-à-vis de lui-même; il ne refusait jamais de célébrer. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Nous vivons de cela, comment le refuser ?</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Il n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">omettait jamais la règle de prière dans sa cellule. Lorsque certains s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">affligeaient de voir le staretz à bout de forces à cause de tout ce qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il avait à faire, il citait l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">exemple de Saint Théodore le Studite qui, emprisonné, réconfortait les clercs et continuait, malgré les souffrances de ses plaies, à dispenser son enseignement à ses enfants.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Il ne restait jamais inactif , ne cherchait les bonnes grâces de personne, ne donnait de préférence à personne. S</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il recevait une grosse somme d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">argent pour commémorer quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un, ou si une femme du village apportait en cadeau un essuie-main, ses paroles de remerciement étaient toujours les mêmes: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Que Dieu vous sauve </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, il donnait une prosphore, un petit livret d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enseignement spirituel, une petite icône en bénédiction, et une chaleureuse parole paternelle comme souhait de bon retour. Ses proches parents avaient le même accueil dans la salle de réception que les autres invités. Il n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">invitait personne chez lui et ne refusait de voir personne. Accueillant tout le monde, le père Joseph répondait aux questions posées, mais ne parlait jamais le premier. Il disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Celui auquel on pose des questions, ne doit pas parler de lui-même, mais uniquement répondre à celui qui le demande </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Les brèves réponses et les enseignements du staretz étaient plus efficaces que de longues conversations. De lui émanait toujours un calme céleste. Les arguments d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">amour-propre et d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">autosatisfaction se brisaient contre cette unique parole: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Que faire, il faut supporter! </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Les enseignements du père Joseph, héritier de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">expérience spirituelle du moine du Grand Schème Ambroise se différenciaient des enseignements de son maître dans la façon de les exprimer. Le staretz Ambroise était un homme instruit, il avait un caractère généreux et de ses paroles coulait une grâce particulièrement puissante. Elles attiraient par la luminosité de la pensée, le pittoresque, la vivacité et une gaieté </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> intelligente </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, derrière laquelle se cachaient une profonde sagesse </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> spirituelle </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> et une connaissance de la vie. Le staretz Joseph était la concentration même, son discours était discret et empli uniquement des enseignements des Saints Pères. Le staretz Ambroise disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Le père Joseph me sera supérieur </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, sous-entendant, vraisemblablement, son humilité.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En plus de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> influence mystérieuse qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il exerçait sur les âmes par sa parole remplie de la grâce de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Esprit, le père Joseph avait reçu de Dieu le don de guérir les passions et les maladies corporelles ainsi que le charisme de la clairvoyance. Grande était la puissance des prières du staretz Joseph et ceux qui se remettaient avec foi à ses conseils passaient avec bonheur leur chemin terrestre.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En janvier 1894, le supérieur de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ermitage remit son âme à Dieu ainsi que le père spirituel des moines, le moine du Grand Habit Anatole. Selon le désir des frères, le moine du Grand Schème Joseph fut confirmé Supérieur de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage et père spirituel. Le staretz ne se démit jamais des préoccupations liées à sa fonction de Supérieur, il s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">intéressait à tout, n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">oubliant pas qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il aurait à rendre compte à Dieu de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">œuvre qui lui avait été confiée.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Dans les affaires économiques, il faisait preuve de sens pratique et de prudence, il n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aimait pas les excès. Il ne changeait rien, sauf en cas de nécessité absolue, de ce qui avait été instauré par les précédents startzy et ses prédécesseurs à la tête de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage. Vis-à-vis des frères, il se montrait ferme, sévère et exigeant. Il enseignait l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">humilité, la patience, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">obéissance sans hypocrisie et de manière générale ce que doit être la vie monastique. Il savait apaiser, réconforter et conduire toutes les âmes vers l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">obéissance, exigeant que la bénédiction soit demandée pour toute chose.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Parallèlement à ce mode de vie ascétique et son amour pour la simplicité et la discrétion, le staretz Joseph estimait beaucoup la science et l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">activité publique.Tout se qui touchait le domaine public et la vie de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">intéressait. Ayant de nombreuses relations dans ces milieux, il les exhortait à ne jamais fuir leurs devoirs. Il considérait que d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">avoir autour de soi des gens actifs et bons était aussi indispensable que d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">avoir de bons moines. Un novice de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage entra à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Académie Ecclesiastique<span style="font-size:+0;"> </span>et quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un en exprima le regret: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Il est plus difficile d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">être un bon moine! </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">“Non, répondit le starets, être un bon évêque est encore plus difficile et de tels évêques en ce moment sont nécessaires, - la vie passée dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">a pas été vaine, elle lui sera utile </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le staretz Joseph rassemblait les lettres de son maître et les faisait éditer dans le journal intitulé: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><b><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Lecture utile à l</span></b><b><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span></b><b><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">âme</span></b><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Dans le numéro de janvier 1898, ainsi que dans un tirage à part, avait été publié un extrait de la lettre du staretz Joseph à la rédaction du journal, sous le titre </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Gogol</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, Kiriéevskii, Dostoievsky et Léontiev et les startzy du monastère d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino Poustine </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Dans le même journal, numéro du mois d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">octobre 1901, dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">article paru sous le titre </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Les chrétiens orthodoxes peuvent-ils prier pour les chrétiens non-orthodoxes? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, avait été publiée la réponse du moine du Grand Schème Joseph à une lettre venant de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">étranger, écrite par une femme orthodoxe russe mariée à un protestant. Dans cette réponse est exposé l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enseignement orthodoxe concernant la prière pour les hétérodoxes, tant de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Eglise qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">en privé.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Pendant douze ans, le moine du Grand Schème Joseph, qui avait pris sur lui l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">exploit ascétique de la prière pour le monde entier, nourrissait son cœur par la prière incessante et confessait les moines et le supérieur de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage. Arriva l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">année 1905, riche en évènements tragiques. Le staretz fut souvent malade et il s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">affaiblissait. A la suite de la maladie qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il eut à surmonter en mai, il fut obligé de demander sa démission en tant que Supérieur de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage et par la suite de ses fonctions de confesseur. Le moine du Grand Schème Joseph n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">abandonna ni son ascèse et ni son<span style="font-size:+0;"> </span>rôle de staretz jusqu'à la fin de sa vie. L</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">archiprêtre Paul Levachev, qui eut la grâce de voir le staretz Joseph éclairé par la lumière du Thabor, certifie: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> J</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai visité le monastère d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Optino Poustyne pour la première fois en 1907. J</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai vu un vieillard d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">âge avancé, fatigué par une ascèse incessante, le jeûne et qui avait du mal à se lever de sa couche. A cette époque, il était malade. Nous nous sommes salués. Quelques secondes plus tard, j</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai vu autour de sa tête une lumière extraordinaire à 1m50 du sol et un large rayon de lumière qui tombait sur lui d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">en haut, comme si le plafond était ouvert. Le rayon venait du ciel et il était semblable à la lumière qui entourait sa tête; le visage du staretz était éclairé de la Grâce Divine et il souriait. Je ne pouvais détacher mon regard d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une vision aussi extraordinaire et j</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai dit au revoir au père au moins dix fois, continuant à regarder ce visage illuminé par la Grâce, rayonnant d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un sourire angélique et de cette lumière d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un autre monde. La lumière que je voyais au-dessus du staretz ne ressemblait à aucune lumière terrestre, comme celle du soleil, de la lune, du phosphore, de la lumière électrique,etc..autrement dit, dans la nature, je n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai rien vu de semblable. Je m</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">explique cette vision par le fait que le staretz était plongé dans une profonde prière et que la Grâce de Dieu a du descendre sur son Elu…Je transmets tout ce qui précède, comme étant la vérité absolue; il n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">y a pas l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ombre d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une exagération<span style="font-size:+0;"> </span>ou d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">invention, ce que je certifie par le Nom de Dieu et par ma conscience de prêtre</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> .<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En février 1911, la Supérieure du monastère de Chamordino, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">higouménia Catherine,<span style="font-size:+0;"> </span>remit son âme à Dieu. Les soucis du staretz augmentèrent et cela se répercuta sur sa santé; le 11 avril, son état empira. Le 20 avril, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">icône miraculeuse de la Toute Sainte Mère de Dieu dite </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Du Signe </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> (Znamenie), qui était à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ermitage, fut apportée dans la cellule du staretz et un office d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">actions de grâce fut célébré. Du monastère furent apportées l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">icône de la Toute Sainte Mère de Dieu de </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Kazan </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> et la soutane de Saint Séraphin de Sarov. Deux jours plus tard, le staretz manifesta le désir de faire ses adieux aux moines de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ermitage, et, à leur suite, vinrent les moines du monastère, les moniales de Chamordino, de Belev, et les laïcs qui étaient ses enfants spirituels. Lorsque les moniales,en pleurs, demandèrent à celui qui s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">éteignait devant leurs yeux à qui il les confiait, il répondit: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> A Dieu </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">; Jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à sa mort, le staretz resta tout à fait conscient. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le 9 mai au soir, le visage de celui qui s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">éteignait peu à peu s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">éclaira d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une lumière d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un autre monde, une paix et une profonde sérénité s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">y gravèrent, ses lèvres continuant à prier. A 22h45, le staretz remit son âme à Dieu. Cette nuit-là, plusieurs moines le virent en rêve, le visage éclairé et joyeux. Les jours suivants, il apparut à plusieurs personnes et à la question: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Comment, père, est-ce possible, puisque vous êtes mort, </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, il répondit: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Non, je ne suis pas mort, au contraire, à présent je suis tout à fait en bonne santé </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le 12 mai furent solennellement célébrés les obsèques du staretz et moine du Grand Schème Joseph et son cercueil déposé au pied de celui du staretz Ambroise; au dessus de leur tombe fut élevée une croix devant laquelle brûlait une veilleuse à la flamme perpétuelle.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Depuis, par l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">intercession du staretz et moine du Grand Schème Joseph, qui avait trouvé grâce auprès de Dieu, et qui était vénéré comme un saint, eurent lieu une multitude de miracles et de guérisons.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span><u>EXTRAITS DES INSTRUCTIONS DU STARETZ JOSEPH</u><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>En enseignant la patience, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">humilité et l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">absence de méchanceté, le staretz Joseph donnait le premier l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">exemple de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">accomplissement de ces vertus. Pendant le demi-siècle de sa vie monastique, il eut beaucoup d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">afflictions et d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">épreuves, qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il supporta avec une telle sérénité et une telle tranquillité, que les personnes étrangères au monastère ne pouvaient même pas les soupçonner. Lorsqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on lui relatait des actes qui pouvaient troubler, le staretz disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Que faire, il faut supporter; cela ne nous fera pas de tort, au contraire, nous n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">en tirerons que du profit si nous le supportons avec humilité </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Si l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on se plaignait de quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un ou le condamnait, il répondait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Ah, si nous étions meilleurs, tout irait mieux aussi pour nous </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Lorsqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on reconnaissait en confession condamner des personnes qui ne lui étaient pas favorables, il disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Il ne faut pas condamner; car ce n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas eux, mais l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ennemi qui les trouble; il faut prier pour eux </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Lorsqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on voulait le persuader de s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">adresser à des personnes qui avaient de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">admiration pour lui, parmi lesquelles se trouvaient des personnes influentes, il répondait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Pourquoi vais-je écrire et monter les gens du monde contre le monastère? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Le staretz Joseph aimait répéter et gardait toujours cette règle pleine de sagesse: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Si cette œuvre ne vient pas de Dieu, elle se détruira (Actes 5,38).<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le staretz priait sans cesse et pratiquait la prière du cœur (l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">œuvre intérieure de la vie spirituelle). Son servant (syncelle) le surprenait souvent en train de prononcer à voix basse, avec beaucoup de piété et de contrition, la prière de Jésus. Le staretz n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">interrompait pas cette prière même en s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">occupant des visiteurs; il pria jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">au dernier jour de sa vie terrestre, jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à son dernier souffle. Il invitait chacun à pratiquer cette prière, il disait que la prière est la seule œuvre indispensable pour tout chrétien. Il enseignait de la prononcer clairement, sans se presser. Le diable habituellement souffle des pensées (logismos) pour détourner l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">attention; alors, à ce moment, il faut, avec encore plus de ferveur, s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enfoncer dans la prière; les pensées, c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est-à-dire le diable, fuira, brûlé par le terrible (pour lui) Nom de Jésus. Pour réussir dans la prière de Jésus, il faut être humble en tout: dans le regard, dans la démarche, dans les vêtements. Le staretz avertissait sévèrement les impatients et les inexpérimentés de ne pas essayer même d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">effleurer les hauts degrés de la prière. Il enseignait de suivre la voie de la prière graduellement, en commençant par la prière de Jésus prononcée à haute voix et, immanquablement avec le chapelet. Voici une de ses instructions écrites: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Vous me demandez de vous donner des instructions pour cesser d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">être distrait pendant la prière. Pour nous, pécheurs, il n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas possible de ne pas être distrait du tout .Mais il faut essayer quand même, autant que possible, de concentrer son intellect, en l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enfermant dans les paroles de la prière, c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est-à-dire, en comprenant le sens de chaque mot.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Il ne faut pas être troublé par la froideur et l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">endurcissement du cœur, il faut continuer à se forcer à la prière, reconnaissant être indigne de consolation et d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">attendrissement. Si la prière n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas fervente, il ne faut pas en déduire qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">elle n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas agréable à Dieu; parfois, une telle prière est même comptée à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">homme comme un exploit ascétique, si seulement l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">homme s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">humilie et se fait, de toutes les manières, des reproches devant Dieu </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Le staretz disait que la prière du cœur vient d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">elle-même à mesure que l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on se purifie et que l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on prend l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">habitude de la prière verbale, mais </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">même si tu n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">as pas obtenu complètement les fruits et la perfection de la prière, et que tu meurs sur la voie qui mène vers elle, alors cela est bon”. Ne recherche pas ce qui est haut; tout est donné, selon si ce qui plaît à Dieu </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Ayant acquis la patience, le starets conduisait également les autres par cette voie. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Par votre persévérance, vous sauverez vos âmes (Luc 21,19)", étaient ses paroles préférées. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Les consolations, même spirituelles, font plus de tort que de bien aux inexpérimentés</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> , disait-il, </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> par elles l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">âme imperceptiblement s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enorgueillit et, ayant pris cette habitude, faiblit </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. A la question, quel est le vrai but que l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on doit avoir en priant, le staretz répondait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Le salut, demander d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">être pardonné, et non la consolation; prier non par vanité, mais pour supporter avec reconnaissance toutes les afflictions qui adviennent. Si nous recevons quelques consolations dans la prière, nous devons nous considérer encore plus fautifs et redevables, les ayant reçues gratuitement </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Toutes les instructions du staretz sont emplies de l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">esprit des enseignements des Pères. Pour les moines, il considérait que l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">obéissance et le fait de se faire des reproches à soi-même sont les plus hautes vertus, car elles font naître l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">humilité, qui établit Dieu dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">âme. Le staretz ne permettait à personne de refuser une obédience, en disant que celui qui jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à la fin remplit l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">obédience qui lui a été désignée, devient digne d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une fin bienheureuse. Lorsque quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un se plaignait de la difficulté de son obédience et des afflictions qui y étaient liées, il répondait avec un tendre amour paternel: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Et alors, pour la peine, vous serez martyrs </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">, et essayait de faire comprendre que chaque homme doit avoir de la patience en tout, à la place qui lui est allouée et, ceci, jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à la fin. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Ce que tu as entrepris, disait-il, tu dois le garder et supporter tout ce qui advient; n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">abandonne seulement pas le lieu où Dieu t'a placé et fais toi toujours des reproches; ainsi, tu trouveras le salut </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">On disait au staretz: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Voilà, à nouveau une mauvaise récolte </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Oui, disait-il, il y a pénurie en tout, mais pas en péchés; Dieu envoie les mauvaises récoltes, parce qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à présent on a cessé de respecter les jeûnes, même dans le peuple; alors ainsi, on est obligé de jeûner bon gré-mal gré</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">On demandait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Père, serons-nous avec vous dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">autre monde? Nous aiderez-vous et, en général, allez-vous répondre pour nous? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Oui, répondait le staretz, mais avec moi ne seront que ceux et je ne répondrai que pour ceux qui m</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ont obéi en tout sans discuter </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Il aurait été préférable pour moi que, dans le monde et pendant le carême, je mange une demi-livre de viande, plutôt que de me rassasier de pain ici au monastère </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Le staretz objecta: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Même si tu manges deux livres de pain, tu ne pèches pas contre l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Ordo de la Sainte Eglise </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Une personne voulait prouver que Dieu peut pardonner un suicide. Le staretz dit: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Ce n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas notre affaire de discuter sur ce sujet; le Seigneur peut pardonner, mais à nous il appartient de faire ce que la Loi prescrit. Comme les juges doivent condamner les criminels aux châtiments, le Roi peut aussi grâcier </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Le staretz disait: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Si on ne fait pas pousser un arbre, comment s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">attendre à avoir des fruits? L</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">arbre sur lequel pousse le moine en son for intérieur est: -le carême, toutes formes d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">abstinence, assister aux offices, le travail corporel,- alors il donnera des fruits. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Comme le rayon de soleil ne peut pénétrer à travers le brouillard, ainsi les discours (ou paroles) d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un homme uniquement instruit, mais qui n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">a pas vaincu ses passions, ne peuvent agir sur l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">âme. Celui qui lui-même a vaincu ses passions et a acquis l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">intelligence spirituelle, celui-là, même sans instruction, a accès au cœur de chacun. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Cherchez avant tout le Royaume de Dieu et Sa justice, et tout le reste vous sera donné de surcroît </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> (Matth. 6,33). Les anciens moines agissaient dans cet esprit et le Seigneur leur fournissait l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">indispensable et même davantage..Ils donnaient toutes leurs forces dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">accomplissement des offices et de leurs obédiences, et le Seigneur pourvoyait à tous leurs besoins. Si, par contre, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on entre dans un monastère et que l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on ne pense qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aux habits et à la nourriture, le Seigneur n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">envoie rien, à nous pécheurs. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Il est bon pour nous d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">être bousculés. L</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">arbre qui est balancé par le vent, fortifie ses racines, tandis que celui qui est à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">abri tombe rapidement </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Faites une réserve de patience!. Il est dit “Par votre patience, vous sauverez vos âmes”. (Luc 21,19). Sans patience, même une maison provisoire ne peut être construite, d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">autant plus la vie éternelle..Et nous, nous cherchons ce qui est le plus facile. Ce qui est facile pour le corps n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas bon pour l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">âme, et ce qui est bon pour l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">âme est difficile pour le corps..c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est ainsi qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il faut par l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">effort aller vers le Royaume Céleste </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Les afflictions -c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est notre voie-<span style="font-size:+0;"> </span>nous suivront tant que nous ne parviendrons pas jusqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">à la patrie qui nous a été fixée, c'est-à-dire, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">éternité….Ce qui est triste, c</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est que nous pensons peu à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">éternité et que nous ne pouvons donc pas supporter même un petit reproche verbal. Nous augmentons nous-mêmes nos peines, lorsque nous commençons à murmurer. Il faut de la patience et de la magnanimité en tout, comme une ancre l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pour le navire, afin que lors d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une tempête, il ne se brise pas contre les rochers </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le staretz écrivait à un prêtre: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Vous écrivez que certains chez vous traitent, par les prières, les morsures de serpents. Il serait bon que vous regardiez ces prières. Car il y a des prières sans aucun sens, ou même avec un soupçon de blasphème. De telles prières ne peuvent que réjouir les démons, même s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il se peut qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une certaine aide soit quand même apportée. Il faut prier à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aide des prières utilisées et reconnues par la Sainte Eglise et, en plus, il convient mieux qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">elles soient lues par des prêtres de Dieu, et non par le simple peuple </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>On demanda un jour au staretz : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Il arrive qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">on rencontre un homme qui a tout l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">air d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">être clairvoyant, mais on a le sentiment que quelque chose n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas tout à fait juste. Comment savoir si sa clairvoyance vient de Dieu? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">De telles personnes doivent être reconnues d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">après leur humilité </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> répondit le staretz, car l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ennemi peut donner à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">homme la clairvoyance, mais il ne donne jamais l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">humilité, car elle le brûle.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Citons des extraits du journal d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un moine. </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Père, dis-je, je suis vaincu par la paresse; je sais que cela n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas bien mais je suis vaincu à nouveau </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Le staretz dit à cela: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Il est dit dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Evangile : </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Le Royaume de Dieu est conquis par ceux qui se font violence </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> (Matth.11,12). Il faut donc se forcer en tout; les passions doivent être retranchées dès le début, lorsqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">elles sont jeunes, car à ce moment elles sont comme des petits chiots qui aboient - tu leur fais peur et ils se sauvent. Si on leur permet de se fortifier, elles vont, comme des lions, s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">élever contre toi et tu ne pourras pas lutter avec elles. J</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ai demandé: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> En quoi, mon père, faut-il davantage se forcer ou s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">abstenir? </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Le staretz </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Dans le sommeil, la nourriture, la boisson, la parole; surtout,<span style="font-size:+0;"> </span>il ne faut pas parler à l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">église </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span></span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Mon père! La pensée (logismos) me dit depuis longtemps: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Ne possède rien, ainsi que l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">enseignent les Saints Pères<span style="font-size:+0;"> </span>Le staretz répondit à cela: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Possède ce dont tu as besoin et ce qui est indispensable, mais n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">amasse rien de superflu, car si tu n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">as rien et que tu en es affligé, à quoi bon? Maintiens-toi plutôt dans le juste milieu. On peut posséder, mais il ne faut surtout pas s</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">attacher à quoi que ce soit; il faut être comme celui qui n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">a rien; ainsi étaient les Saints </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">“</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Père! Comme j</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">aurai voulu être toujours accompli dans mon état, dans l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">exécution de mes promesses de moine et en général devant Dieu, dans toutes mes œuvres et mes actes. Parfois le cœur semble brûler pour Dieu et je suis prêt à accomplir Sa volonté, mais dès que la décision est prise de mener une vie attentive, l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ennemi immédiatement me dépossède; mon âme est affligée d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une telle négligence. Quand est-ce que je commencerai à vivre correctement? Le temps passe”.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Le staretz:</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Que faire? Nous sommes fautifs devant Dieu; il faut prier pour cela. Tu sais ce qui est écrit chez Saint Macaire le Grand :</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Il faut instamment crier vers Dieu, afin qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Il nous prenne en pitié et nous vienne en aide Lui-même, car par ,nos propres forces, par nous-mêmes nous ne pouvons rien faire de bon. Si nous prions souvent Dieu, L</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">importunons, clamons notre peine avec beaucoup d</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">humilité, alors le Seigneur nous aidera </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">Un jour, le père me dit: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Beaucoup pleurent, mais non pas sur ce qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">‘</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">il faudrait; il y en a beaucoup qui paraissent humbles, mais ne le sont pas vraiment </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><span style="font-size:+0;"></span>Une fois, quelqu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">un dit au staretz: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Pourvu que vous viviez, père! </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">.Le staretz répondit à cela: </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"> Nous vivrons encore. Tant qu</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">une nouvelle arme n</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">est pas préparée, le Seigneur ne reprend l</span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">’</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">ancienne </span><span style="font-family:Calibri;font-size:14;">”</span><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">. Il faut nous efforcer nous-mêmes de vivre selon les commandements, sinon le Seigneur reprend les startzy et nous laisse orphelins. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">FIN<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family:Calibri;font-size:14;">15/09/2011</span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span style="font-family:';font-size:12;"><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal"><span style="font-family:';font-size:12;"><o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-54516381969932891232011-06-10T12:22:00.000-07:002011-06-10T12:28:17.963-07:00STARETZ AMBROISE D'OPTINO POUSTIN<a href="http://2.bp.blogspot.com/-SBeBAnUUEks/TfJwNgCPPBI/AAAAAAAAAvc/hRo7ek9rEeo/s1600/1660755-2238809.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 234px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5616675062524361746" border="0" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/-SBeBAnUUEks/TfJwNgCPPBI/AAAAAAAAAvc/hRo7ek9rEeo/s320/1660755-2238809.jpg" /></a><br /><br /><div>Après la mort du starets Macaire en 1860, deux personnes lui succédèrent dans le startchestvo [la pratique de la paternité spirituelle] à Optino : le père Hilarion, recteur du skite [habitation de quelques moines] et le père Ambroise, qui assistait Macaire dans ses travaux d’édition de textes patristiques. Hilarion mourut en 1873 et Ambroise, disciple des startsi Léonide et Macaire, resta le seul continuateur de leur tradition. Nature extrêmement riche, le starets Ambroise réunissait dans sa personne les qualités de ses prédécesseurs. On peut dire qu’en lui le startchestvo d’Optino trouva son apogée.<br />Alexandre Grenkov naquit le 21 novembre 1812 dans une famille cléricale : son père était lecteur dans une paroisse de village, au gouvernement de Tambov. La naissance du futur starets tomba le jour d’une fête paroissiale. Une multitude de paysans venus des localités voisines remplissait le village. " Je suis né dans la foule et je vivrai toujours au milieu de la foule ", disait le starets.<br />Le jeune Alexandre, très doué pour les études, était d’une vivacité débordante. On le voyait gambader sans cesse dans les rues avec ses camarades, et pourtant, bien qu’il n’apprît jamais ses leçons, il fut toujours le premier à l’école paroissiale. Après l’école, il entra au séminaire de Tambov mais, son instruction une fois terminée, ne chercha pas à faire une carrière ecclésiastique. Le futur starets passa quelque temps comme précepteur dans une famille de propriétaires et occupa ensuite la place modeste de maître d’école dans son village natal.<br />Gai et spirituel, Grenkov était aimé de tous. Cependant, à partir d’un certain moment, on commença à s’apercevoir qu’il cherchait souvent la solitude, s’éloignant dans le jardin ou montant au grenier pour prier. Encore au séminaire, tombé gravement malade, Alexandre avait fait voeu de prendre l’habit. Guéri, il ajournait toujours l’accomplissement de sa promesse et restait dans le siècle. Un jour, se promenant dans la forêt, il entendit clairement dans le bruit d’un ruisseau les paroles : louez Dieu, aimez Dieu. Le jeune instituteur alla voir un starets, le reclus Hilarion, connu dans toute la région de Tambov pour la sagesse de ses conseils inspirés. Le starets lui dit : " Va à Optino, tu y trouveras l’expérience " (jeu de mots intraduisible :oppyt= " expérience "). En 1839, pendant les vacances d’été, Grenkov visita le monastère d’Optino mais n’y resta pas. Il hésitait encore. À l’automne de la même année, après une soirée où il parut particulièrement gai ; Grenkov dit brusquement à l’un de ses amis : "Je ne peux plus rester ici. Je pars pour Optino." Quelques jours après, il quitta son village et fut reçu à Optino par le starets Léonide.<br />Le novice, après avoir rempli pendant quelque temps des obéissances à la cuisine, fut désigné par le starets Léonide pour lui servir de lecteur. Il devait dire chaque jour, dans la cellule du starets, les prières prescrites par la règle monastique. On ne sait pourquoi le starets Léonide, en plaisantant, appelait son nouveau disciple " chimère. " En mourant, il le " remit de la main à la main " au starets Macaire. Alexandre Grenkov reçut le nom d’Ambroise lors de sa prise d’habit. Bientôt, il fut ordonné diacre. Une fois, près de l’autel, le starets Antoine, prieur du skite, demanda au jeune diacre : " Eh bien, vous vous habituez ? " Ambroise répondit avec désinvolture : " Grâce vos prières, mon père. " Mais le père Antoine acheva la phrase " ... à la crainte de Dieu. " Confus, le moine comprit la leçon.<br />Ordonné prêtre, le père Ambroise ne resta pas longtemps attaché au service de l’autel. Il prit froid et, gravement malade, resta cloué au lit pendant plusieurs mois. Sa santé fut sapée pour toujours ; il resta infirme jusqu’à la fin de sa vie. Comme le père Macaire, il dut renoncer à dire la liturgie à cause de sa faiblesse extrême. La maladie tempéra la nature trop exubérante du père Ambroise ; elle l’obligea à rentrer en lui-même, à se consacrer au travail incessant de la prière intérieure. Il disait plus tard : " La maladie est très utile pour un moine. S’il est malade, il ne lui faut se soigner qu’un peu de temps en temps, juste dans la mesure nécessaire pour subsister. "<br />Sachant le grec et le latin, le père Ambroise assistait le starets Macaire dans ses travaux d’édition des textes patristiques. Il continua ces occupations après la mort de son maître et publia plusieurs oeuvres de spiritualité, entre autresL’Échellede saint Jean Climaque. Mais les travaux d’érudition ne pouvaient suffire au tempérament trop actif du père Ambroise. Il cherchait une communion directe avec les êtres humains. Son esprit vif et pénétrant, enrichi par la connaissance de la littérature ascétique, s’intéressait à tout ce qui touchait aux hommes : à la vie secrète de l’âme, aussi bien qu’aux activités et préoccupations extérieures. Sous l’action de la prière constante, la perspicacité naturelle du père Ambroise se transformait en clairvoyance, ce don admirable de la grâce qui devait faire de lui une des figures les plus étonnantes du startchestvo russe.<br />Bientôt, il n’y eut plus de secrets pour le starets Ambroise : " il lisait dans l’âme comme dans un livre. " Un visiteur pouvait garder le silence, se placer à l’écart, derrière le dos des autres, le starets connaissait néanmoins sa vie, l’état de son âme, le mobile qui l’avait amené à Optino. Ne voulant pas manifester ce don de clairvoyance, le starets posait habituellement des questions aux personnes qui voulaient le voir ; mais rien que sa manière d’interroger les visiteurs montrait qu’il était déjà au courant de tout. Parfois, la vivacité du starets Ambroise le poussait à révéler sans précautions ce qu’il savait. Ainsi un jour, il répondit vivement à un jeune artisan qui se plaignait d’avoir mal au bras : " Oui, tu auras mal au bras… Pourquoi as-tu frappé ta mère ? " Puis il se reprit, confus, et se mit à poser des questions : " Ta conduite est-elle toujours bonne ? Es-tu un bon fils ? N’as-tu jamais offensé tes parents ? "<br />Très souvent le starets usait d’allusions discrètes, presque toujours sous une forme humoristique, pour laisser entendre aux gens que leurs défauts cachés lui étaient connus ; la personne qu’il visait ainsi était la seule à comprendre le sous-entendu. Une dame qui cachait soigneusement sa passion pour le jeu demanda une fois au starets Ambroise sa carte (photographie). Le starets sourit avec reproche ; " Que me dites-vous là ? Est-ce que nous jouons aux cartes dans le monastère ? " Ayant compris l’allusion, la dame avoua sa faiblesse. Une jeune fille, une étudiante de Moscou, qui n’avait jamais vu le starets, manifestait une grande animosité à son égard, le traitant de vieil hypocrite. Poussée par la curiosité, elle vint un jour à Optino et se plaça près de la porte, derrière les autres visiteurs qui attendaient. Le starets entra dans le parloir, fit une courte prière, regarda un moment l’assistance et, s’adressant à la jeune personne ; " Ah! mais c’est Véra, elle est venue voir le vieil hypocrite ! " Après une longue conversation en tête-à-tête avec Ambroise, la jeune fille changea d’opinion. Elle devint plus tard religieuse au monastère de Charmordino, fondé par le starets.<br />Avec les indifférents, le père Ambroise ne perdait pas son temps : il les congédiait après une brève conversation, toujours en termes très courtois. En le quittant, ces visiteurs, venus uniquement par curiosité, disaient habituellement : " C’est un moine très intelligent. "<br />Intelligent, le starets Ambroise l’était. Cette faculté, naturelle en lui, n’avait plus désormais de limites dans son exercice grâce au don du raisonnement qu’il avait acquis. Il savait apprécier chaque phénomène selon sa juste valeur. Homme spirituel, il pouvait, juger de tout, selon la parole de saint Paul (1 Co 2, 15). Cette qualité prêtait au père Ambroise une largeur de vues illimitée. Il n’y avait point de domaines fermés à son entendement où il aurait dû reculer faute de connaissance spéciale. Ainsi, un propriétaire dont les jardins ne rapportaient rien reçut des indications détaillées de la part du starets pour créer un système d’irrigation perfectionné.<br />Actif et ingénieux, lui-même, Ambroise aimait les gens décidés et courageux ; il bénissait toujours les entreprises difficiles et risquées à condition qu’elles fussent honnêtes. Dans les affaires d’argent, dans les questions judiciaires les plus embrouillées, il avait toujours un conseil précis à donner. Il n’y avait pas pour lui de petites choses sans intérêt ; tout ce qui préoccupait son interlocuteur devenait l’objet unique de son attention. Une paysanne vint lui conter son malheur : les dindes de sa maîtresse crevaient l’une après l’autre et la propriétaire voulait la mettre à la porte. Le starets questionna avec patience la pauvre femme sur la manière dont elle nourrissait les dindes, puis lui donna quelques conseils pratiques. Les témoins de cette scène riaient ou s’indignaient contre la vieille qui avait osé ennuyer le starets avec ses dindes. Après avoir congédié la paysanne, Ambroise s’adressa aux assistants : " Que voulez-vous, toute sa vie est dans ses dindes ! "<br />Jamais, devant les difficultés matérielles des gens simples qui venaient le voir, le starets Ambroise n’a dit : " Cela ne me regarde pas ; je ne m’occupe que des âmes. " Il avait le coeur attentif. Il possédait la faculté d’aimer sans bornes chaque personne humaine qui se trouvait en sa présence, en s’oubliant soi-même. Cet oubli incessant de soi-même devant le prochain constituait la vie choisie par le starets Ambroise. Il disait : " Toute ma vie, je n’ai fait que couvrir les toits des autres et mon propre toit est resté troué. " Mais la personne humaine ne peut atteindre sa perfection suprême qu’en cessant d’exister pour elle-même, en se donnant à tous. C’est le fondement de la parole évangélique qui, lorsqu’elle est vécue jusqu’au bout, est le foyer vivant et personnel de tout amour.<br />Aucun défaut humain, aucun péché ne pouvait faire obstacle à l’amour du starets Ambroise : avant de juger, il compatissait et il aimait. C’est pourquoi les pécheurs allaient vers lui sans crainte, avec confiance et espoir. Une jeune fille, devenue enceinte, fut maudite et chassé de sa famille, par son père, un riche marchand. Elle vint chercher refuge et consolation auprès du starets Ambroise. Celui-ci l’accueillit avec douceur et la plaça chez ses amis, dans une ville voisine, où elle put mettre au monde son enfant. Le starets envoyait régulièrement de l’argent à la jeune mère qui venait le voir de temps en temps avec son fils. Sur le conseil du starets, la jeune femme, qui savait peindre, se mit à gagner son pain en faisant des icônes. Quelques années plus tard, le marchand se réconcilia avec sa fille et s’attacha à son petit-fils.<br />Ambroise cherchait d’abord à soulager les êtres humains dans leur peine avant de les guider sur la voie de la justice. Vers la fin de sa vie, on l’entendit souvent dire à voix basse en hochant la tête : "J’étais sévère au début de mon startchestvo, mais à présent je suis devenu faible : les gens ont tant de douleur, tant de douleur !" Quand il accueillait ses nouveaux visiteurs, le starets allait toujours aux plus accablés, il choisissait ceux qui avaient le plus besoin de consolation et il trouvait les mots nécessaires pour leur rendre le courage, l’espoir, la joie de vivre. Également bon envers tous, manifestant de préférence son amour aux personnes désagréables, difficiles supporter, aux pécheurs endurcis, méprisés par la société, jamais il n’a désespéré devant l’abîme des péchés humains, jamais il n’a dit : " Je ne puis rien. "<br />Le secret de la clairvoyance du père Ambroise résidait dans sa charité. Non seulement il aimait tous ceux qui venaient vers lui, mais il avait la faculté de s’identifier à eux, de sorte qu’il aimait également leurs proches, les objets auxquels ils étaient attachés, tout ce qui constituait leur vie. L’esprit du père Ambroise embrassait toute la vie intérieure et extérieure de la personne à laquelle il avait affaire : c’est pourquoi il pouvait guider avec assurance la volonté de l’homme en l’accordant avec celle de Dieu. Les destinées humaines lui étaient ouvertes ; on peut dire qu’il participait au conseil divin au sujet de chaque personne. Les exemples de cette connaissance des desseins providentiels sont très nombreux dans la pratique du starets Ambroise. En voici quelques-uns des plus typiques.<br />Une jeune fille pauvre fut demandée en mariage par un riche marchand attiré par sa beauté. Le starets conseilla à sa mère de refuser le marchand disant qu’il avait en vue pour la jeune fille un parti infiniment meilleur. La mère se récria : " Il n’y a pas de parti meilleur pour nous ; ma fille ne peut tout de même pas épouser un prince. " " Le fiancé que j’ai pour ta fille est si grand que tu ne peux pas l’imaginer, insiste Ambroise, - refuse le marchand. " La mère obéit au starets ; elle dissuada le fiancé de sa fille. Quelques jours après, la jeune fille tomba subitement malade et mourut.<br />Deux soeurs vinrent une fois à Optino. L’aînée, de nature renfermée, pensive, très pieuse ; l’autre, exubérante de joie, ne pensant qu’à son fiancée. L’une cherche à entrer dans un monastère, l’autre veut que le starets bénisse son bonheur conjugal. Ayant reçu les deux jeunes filles, le père Ambroise, sans rien dire, tendit à la fiancée un chapelet. Puis, il s’adressa sa soeur : " Pourquoi parles-tu de monastère ? Bientôt tu vas te marier. " Et il nomma une région éloignée où elle devait rencontrer son futur mari. Rentrée à Saint-Petersbourg, la fiancée apprit que celui qu’elle aimait l’avait trompée. Dans sa douleur, elle se tourna entièrement vers Dieu ; sa nature subit un changement profond ; elle renonça au siècle et entra dans un monastère. En même temps, sa soeur aînée fut invitée par une tante de province dont la propriété se trouvait à proximité d’un monastère de femmes. Elle y alla, pensant trouver l’occasion de prendre une connaissance plus proche de la vie monastique. Mais une rencontre qu’elle fit dans la maison de sa tente changea tout : la jeune postulante devint bientôt une épouse heureuse.<br />Ceux qui connaissaient bien le starets Ambroise savaient par expérience personnelle qu’il fallait obéir à tout ce qu’il disait sans jamais le contredire. Lui-même avait coutume de dire : " Ne discutez jamais avec moi. Je suis faible, je pourrais vous céder et ce serait toujours nuisible pour vous. "<br />On rapporte l’histoire d’un artisan qui, après avoir fabriqué une nouvelle iconostase pour l’église d’Optino, vint chez le starets Ambroise pour recevoir sa bénédiction avant de rentrer chez lui, à Kalouga, à 60 kilomètres du monastère. Les chevaux étaient déjà attelés, l’artisan était pressé de regagner son atelier sachant qu’une commande avantageuse l’attendait. Mais le starets, après l’avoir retenu longtemps, l’invita à revenir le lendemain, après la liturgie, prendre le thé dans sa cellule. L’artisan, flatté par cette attention du saint homme, n’osa pas refuser. Il espérait trouver encore, son client à Kalouga en y arrivant vers la fin de l’après-midi. Mais le starets ne voulut pas le laisser partir : il fallut que l’artisan revienne prendre le thé dans sa cellule encore une fois, avant les vêpres. Le soir, le père Ambroise renouvela son invitation pour le lendemain. L’artisan, très déçu, mais n’osant point protester, obéit de nouveau. Cette manoeuvre se renouvela pendant trois jours. Le starets congédia finalement l’artisan : " Merci, mon ami, pour m’avoir obéi. Dieu te gardera, va en paix. " Quelques temps après, l’artisan apprit que deux de ses anciens apprentis, sachant qu’il devait rentrer d’Optino avec une somme d’argent considérable, l’avaient guetté trois jours et trois nuits dans la forêt, près de la grand’route de Kalouga avec l’intention de le tuer.<br />Les conseils du starets Ambroise, lorsqu’ils étaient suivis par ses enfants spirituels, dirigeaient les personnes humaines sur la voie où elles pouvaient s’épanouir pleinement, porter les fruits de la grâce. Un jeune prêtre fut nommé, selon son propre désir, dans la paroisse la plus pauvre du diocèse d’Orel ; mais, après un an d’existence difficile, il perdit courage et voulut être envoyé ailleurs. Avant de faire sa demande, le jeune prêtre vint consulter le starets Ambroise. L’ayant vu de loin, le starets lui cria : " Va-t-en, rentre chez toi, père ! Il est seul et vous, vous êtes deux. " Puis, expliquant le sens de ses paroles, il ajouta : " Le démon est seul à te tenter tandis que tu as Dieu pour t’aider. Rentre chez toi. C’est un péché que de quitter sa paroisse. Dis la liturgie chaque jour et n’aie aucune crainte : tout ira bien. " Le prêtre, encouragé, reprit son travail pastoral avec patience. Après de longues années, des dons merveilleux se relevèrent en lui : le père Georges Kossov devint un starets de grande renommée.<br />La connaissance des desseins providentiels, le pouvoir sur les destinées humaines se manifestèrent d’une façon étonnante dans le starets Ambroise au moment où il entreprit la fondation d’un monastère de femmes à Chamordino. Sur le conseil du starets, une de ses filles spirituelles, la riche propriétaire Klutcharev, acheta le domaine de Chamordino à douze kilomètres d’Optino. Dans la pensée de la pieuse dame qui venait de prendre le voile, cette propriété devait assurer l’avenir de ses petites-filles, deux jumelles orphelines. Le starets Ambroise se rendait souvent à Chamordino, inspectant les constructions de la nouvelle maison des demoiselles Klutcharev. Bâtie d’après les indications du starets, cette nouvelle habitation seigneuriale avait plutôt la disposition d’un monastère. Les deux enfants s’y installèrent avec quelques femmes, anciennes serves des Klutcharev. Leur grand-mère, qui habitait à Optino dans un corps de logis attenant au monastère s’occupait de l’instruction des deux orphelines. Afin de leur faire venir une bonne éducation mondaine, elle voulut faire venir à Chamordino une gouvernante française. Mais le starets s’y opposa. Ne voulant pas affliger la grand-mère, il se garda de lui révéler la vraie cause de son refus. Mais il parla ouvertement à une amie de la famille Klutcharev : " Les petites ne vivront pas, lui dit-il. Ce n’est pas à la vie de ce monde, mais à la vie éternelle qu’il faut les préparer. Des religieuses vont leurs succéder à Chamordino qui prieront pour le repos de leurs âmes. "<br />La grand-mère mourut en 1881 et, deux ans après, ses petites-filles, filleules et disciples du starets Ambroise, succombèrent ensemble de la diphtérie à l’âge de douze ans. Un an plus tard, en 1884, une communauté de religieuses s’installait à Chamordino. Attirées par la renommée du starets Ambroise, directeur spirituel des soeurs de Chamordino, des femmes de toutes les classes de la société demandèrent à entrer dans le nouveau monastère. Bientôt, le nombre des religieuses s’éleva à cinq cents. On dut construire en hâte de nouveaux corps de bâtiment pour loger les soeurs qui affluaient toujours, pour aménager un hospice donné aux femmes d’un grand âge, un orphelinat, une école. Le starets créa à Chamordino une grande famille unie par la prière et le travail. Il y venait souvent passer quelques jours au milieu de ses filles spirituelles ; les séjours prolongés du starets Ambroise à Chamordino provoquèrent le mécontentement des autorités ecclésiastiques : on fit remarquer que le starets ne devait pas priver de son aide les visiteurs qui venaient, de plus en plus nombreux à Optino. C’est un fait assez éloquent qui montre à quel point l’attitude de l’épiscopat à l’égard du startchestvo a changé depuis le temps du starets Léonide.<br />La correspondance du starets Ambroise fut immense. Chaque jour, il recevait de trente à quarante lettres. On les disposait devant lui par terre et, avec son bâton, il désignait celles auxquelles il fallait répondre immédiatement. Souvent, il connaissait le contenu d’une lettre avant de l’ouvrir. Les personnes les plus diverses s’adressaient au starets. Une jeune artiste française, catholique romaine, lui écrivit de Saint-Petersbourg, cherchant une consolation spirituelle dans sa douleur : elle venait de perdre l’homme qu’elle aimait. Pour chacun, le père Ambroise trouvait les paroles nécessaires, celles qui vont droit au coeur, réveillant la personne humaine à la vie spirituelle. Si l’on considère le travail quotidien fourni par ce vieux moine infirme, le nombre de lettres auxquelles il répondait, la quantité de visiteurs qu’il recevait, en trouvant chaque fois une réponse juste, une issue simple dans les situations les plus compliquées, on se rend compte qu’un effort purement humain ne pouvait suffire à cette tâche. L’oeuvre d’un starets est inconcevable sans le concours incessant de la grâce divine.<br />Les incroyants, les chercheurs de Dieu, si nombreux dans l’intelligentsia russe vers la fin du siècle dernier, venaient auprès du starets Ambroise, dont la seule présence rallumait leur foi éteinte. Un homme qui avait passé des années à chercher la vraie religion et ne l’avait pas trouvée chez Tolstoï, vint enfin à Optino, " rien que pour voir ". " Eh bien, regardez, " lui dit le starets se dressant devant lui et le fixant avec ses yeux pleins de lumière. L’homme se sentit comme réchauffé par ce regard. Il resta plusieurs mois à Optino. Un jour, il dit au starets : " J’ai trouvé la foi. "<br />Toutes les voies spirituelles de la Russie au déclin du XIXesiècle passent par Optino. Vladimir Soloviev et Dostoïevski y sont venus. La rencontre avec le starets n’a laissé aucune trace dans l’oeuvre de Soloviev. Ce métaphysicien dont la pensée cherchait une synthèse chrétienne, tout en évoluant dans le cercle de l’idéalisme néoplatonicien et allemand, ce grand visionnaire qui vivait dans une tradition mystique étrangère à celle du christianisme, cet utopiste épris de l’idée théocratique, était insensible à la tradition vivante de l’Orthodoxie, aux réalités historiques de l’Église russe de son époque. Il est passé à côté du startchestvo sans le remarquer. Pourtant, dans sonRécit sur l’Antichrist, saisi de cette angoisse apocalyptique qui marqua la fin de sa vie, Soloviev représentera l’apôtre saint Jean, témoin de l’Église d’Orient, revenu vers la fin des temps, sous les traits d’un starets russe.<br />La même image du moine russe se présenta à l’esprit de Dostoïevski lorsqu’il voulut incarner dans son oeuvre l’idéal de la sainteté. Il ne pouvait pas ne pas penser à sa rencontre avec le starets Ambroise en créant le personnage du starets Zossime dansLes frères Karamazov. Tout le décor extérieur, la description du monastère jusqu’aux moindres détails, l’attente des visiteurs, la scène de la réception chez le starets, font penser à Optino. Mais le starets Zossime n’a presque rien de commun avec le père Ambroise. C’est une figure assez pâle, trop idéalisée pour être un portrait peint sur le vif. Zossime reproduit plutôt quelques traits de saint Tikhon de Zadonsk (XVIIIesiècle) ; de fait, Dostoïevski s’est servi des écrits de l’évêque de Voronège en rédigeant les enseignements du starets Zossime.<br />Constantin Léontiev, ce grand antagoniste de Dostoïevski, affirmait queLes frères Karamazovn’ont pas trouvé de crédit à Optino. Ce christianisme en couleurs roses aurait, selon Léontiev, une empreinte de sensibilité maladive étrangère à l’esprit du monachisme russe. Cette remarque est juste dans une certaine mesure : le génie trouble, dionysiaque de Dostoïevski n’était pas fait pour apprécier le sobriété spirituelle si caractéristique pour le startchestvo en général et surtout pour Optino à l’époque du starets Ambroise. Mais, d’autre part, on peut se demander si Léontiev lui-même a jamais compris la tradition johannique de la spiritualité russe incarnée par saint Séraphim de Sarov et le starets Ambroise. En effet, Léontiev cherchait autre chose dans l’Orthodoxie : épris de la beauté païenne de l’être créé, esthète craignant que le progrès du christianisme n’aboutisse à l’appauvrissement des formes naturelles de la vie, Léontiev ne pouvait désirer la transfiguration de la créature. Dans l’Église, il cherchait uniquement son salut individuel, un idéal ascétique, des paroles austères sur la mort, sur la vanité de toutes choses, la crainte de Dieu qu’il pourrait opposer à son attachement passionné au cosmos non purifié, à son admiration devant la " beauté fallacieuse et captivante du mal ".<br />Rien de plus étranger à l’esprit d’Optino que le christianisme de Léontiev. Et pourtant, ayant une fois rencontré le starets Ambroise, cet homme fantasque et passionné n’a plus voulu le quitter : il passa quinze ans dans la petite maison qu’il se fit construire dans l’enceinte du monastère. Sur le conseil du père Ambroise, Constantin Léontiev se fit moine au monastère de la Trinité-Saint Serge en 1890.<br />D’autres maîtres de la pensée russe ont ressenti l’attrait irrésistible d’Optino. Léon Tolstoï a eu quelques entretiens avec le starets Ambroise. Excommunié, solitaire, malade, c’est encore à Optino qu’il viendra, dans un élan d’angoisse, quelques jours avant sa mort, pour rôder autour du skite sans oser y entrer… Strakhov, Rozanov, combien d’autres encore, à un moment de leur vie, se sentirent attirés vers Optino, porté à l’apogée de sa gloire par le starets Ambroise.<br />Le père Ambroise était de taille moyenne, mais très voûté. Il marchait péniblement en s’appuyant sur une canne. Infirme, la plupart du temps il restait allongé et recevait les visiteurs à demi-couché sur son lit. Beau dans sa jeunesse, le starets avait un visage pensif quand il restait seul, gai et animé en présence des autres. Ce visage changeait sans cesse d’expression : tantôt le père Ambroise regardait son interlocuteur avec tendresse, tantôt il partait d’un rire jeune et communicatif, ou bien il penchait la tête et il écoutait en silence ce qu’on lui disait pour rester ensuite quelques minutes dans une méditation profonde avant de prendre la parole. Les yeux noirs du starets fixaient celui à qui il parlait et on sentait que ce regard pénétrait jusqu’au fond de l’être humain, que rien ne pouvait lui rester caché ; pourtant, on éprouvait un sentiment de bien-être, de détente intérieure, de joie. Toujours affable et gai, plein d’humeur, le starets Ambroise avait une plaisanterie sur les lèvres même aux heures de fatigue extrême, vers la fin de la journée, quand il avait parlé douze heures de suite aux visiteurs qui se succédaient dans sa cellule. Chaque matin, il se préparait à sa tâche quotidienne en priant seul dans sa cellule. C’étaient les seuls moments où le père Ambroise ne laissait entrer personne, ne voulant pas qu’on le vit pendant sa prière. Les personnes qui essayèrent de pénétrer chez lui malgré cette défense expresse ont vu le starets assis sur son lit, plongé dans la prière ; son visage exprimait une joie indicible ; la présence de Dieu était tellement manifeste que les visiteurs n’osèrent point rester un instant de plus dans la cellule. Un jour, un hiéromoine du skite, entrant chez le père Ambroise à l’heure de sa prière, vit la face du starets resplendir d’une lumière insupportable au regard humain.<br />Pour éviter toute manifestation trop éclatante de sainteté, le starets Ambroise n’opérait jamais de guérisons ; il envoyait les malades à un puits béni où ils recouvraient la santé après une immersion. Mais les signes miraculeux se multipliaient. Un jour, lorsque les gens se pressaient dans la cour du monastère pour recevoir la bénédiction du starets, on entendit quelqu’un pousser un cri de surprise : " C’est lui, c’est lui ! " Ayant aperçu l’homme qui criait, le starets devint tout confus, mais il était trop tard pour dissimuler le fait : l’homme a reconnu dans le père Ambroise le vieillard qui lui était apparu en songe, quelques jours auparavant, l’invitant à venir à Optino pour recevoir une aide efficace dans sa situation désespérée.<br />Un autre cas d’apparition du starets Ambroise à une personne qui avait besoin de lui est encore plus étonnant. Il faut dire que le starets, infirme, ne quittait presque jamais Optino, sauf pour se rendre à Chamordino. C’est dans ce monastère, au milieu de ses filles spirituelles, qu’il passa la dernière année de sa vie. À cette époque, un pauvre gentilhomme de province, accablé d’une famille nombreuse, ayant perdu sa place d’intendant chez un riche propriétaire, eut l’idée de se rendre à Optino. Il espérait que le starets Ambroise dont il avait beaucoup entendu parler pourrait le tirer d’embarras. Un jour, il aperçut par la fenêtre un vieux moine-pèlerin qui passait devant sa maison en s’appuyant sur une canne. Selon l’habitude pieuse des campagnards russes, le gentilhomme fit entrer le vieux moine et lui offrit à manger. Il lui conta ses peines et lui exprima son désir d’aller à Optino. Le vieux pèlerin dit à son hôte que le père Ambroise se trouvait à Chamordino et lui conseilla de s’y rendre au plus vite s’il voulait trouver le starets encore vivant. Le pèlerin venait de sortir lorsque la maîtresse de la maison voulut le retenir jusqu’au lendemain. On courut le chercher, mais le vieillard avait disparu. Quelle fut la surprise du pauvre gentilhomme à Chamordino lorsqu’il reconnu dans le starets Ambroise le vieux pèlerin qu’il avait accueilli chez lui quelques jours auparavant. Il se prosterna devant le starets, voulant tout révéler, mais le starets lui coupa la parole : " Tais-toi, tais-toi ", et il ajouta en désignant une dame qui se trouvait dans la foule des visiteurs : " Tu seras intendant dans sa propriété. "<br />Venu à Chamordino dans l’été de 1890, le starets Ambroise, tombé malade, dut y rester tout l’hiver. Au printemps de 1881, il se sentit un peu mieux, mais une faiblesse extrême l’empêchait de rentrer à Optino. Il continuait à recevoir les visiteurs du matin au soir bien que sa voix fut devenue si faible qu’on entendait à peine ce qu’il disait. Les moines d’Optino réclamaient le retour du starets dans son monastère, on parlait même de l’y ramener de force, mais le père Ambroise répondait qu’il restait à Chamordino par une volonté expresse de Dieu et qu’il mourrait en route si on le menait à Optino. L’évêque de Kalouga exigea à son tour le retour du starets dans le skite. Vers la fin septembre, il manifesta son désir de se rendre personnellement à Chamordino pour parler raison au père Ambroise. Les soeurs, se préparant à recevoir l’évêque, demandèrent au starets ce qu’il faudrait chanter lors de son entrée solennelle. Le starets répondit : " Nous lui chanterons ‘Alléluia’. " Il dit aussi qu’il avait l’intention de rencontrer l’évêque au milieu de l’église, ce qui était contraire aux usages.<br />L’état du malade s’aggrava. Il perdit totalement l’ouïe de sorte que les visiteurs qui ne cessaient de l’assiéger même sur son lit de mort durent écrire leurs questions sur une grande feuille de papier. À partir du 6 octobre, on attendit la fin d’une heure à l’autre. Le starets reçut l’onction des malades et communia, assisté par son disciple et successeur, le père Joseph d’Optino. C’était le 9 octobre. L’archimandrite Isaac, abbé d’Optino, qui vint pour la dernière fois rendre visite au grand starets, fondit en larmes en le voyant. le lendemain, le moribond resta sans mouvement. Le 10 octobre, à onze heures et demi, après la lecture des prières du trépas, le starets Ambroise leva le bras, fit le signe de la croix et cessa de respirer. Son visage était clair, ses lèvres gardaient un sourire de joie profonde.<br />À ce moment, l’évêque de Kalouga quittait sa ville pour se rendre à Chamordino. En route, il reçut le télégramme lui annonçant la mort du starets. Lorsque, trois jours après, l’hiérarque fit son entrée dans l’église de Chamordino, le choeur chantait l’Alléluia de l’office funèbre. Le cercueil ouvert du père Ambroise se trouvait au milieu de l’église.<br />Longtemps avant sa maladie, le starets avait averti le père Joseph que sa dépouille, contrairement à celles de ses prédécesseurs Léonide et Macaire, dégagerait une odeur de putréfaction. " Cela m’arrivera, disait-il, parce que j’ai eu trop de gloire imméritée durant ma vie. " En effet, au début, une odeur se fit sentir, mais elle disparut progressivement. Au jour de l’enterrement, le corps du starets exhalait un parfum étonnant. Plus de huit mille personnes vinrent saluer ce corps qui resta exposé pendant quatre jours. Chacun cherchait à faire placer un instant sur la dépouille du starets un mouchoir ou un pan d’étoffe pour le conserver ensuite comme un objet sacré. Les monastères d’Optino et de Chamordino se disputaient la sépulcre du père Ambroise ; le Saint Synode, mit au courant de ce litige, se prononça en faveur d’Optino.<br />Le 14 octobre, sous une pluie d’automne, le corps du starets Ambroise fut transporté à Optino. Le cercueil, porté haut sur les épaules, dominait la foule immense. Dans tous les villages, le clergé et le peuple venaient se joindre à la procession avec des icônes et des bannières. On s’arrêtait de temps en temps pour faire des litanies. Ce convoi mortuaire ressemblait plutôt à une translation de reliques. On remarqua que les grands cierges, qui entouraient le cercueil, ne s’éteignirent pas en cours de route malgré l’intempérie.<br />Quelques années avant sa mort le starets Ambroise avait fait peindre une icône de la sainte Vierge bénissant les blés moissonnés. Il l’appela Notre Souveraine Moissonneuse, et institua sa fête le 15 octobre. Ce fut justement le jour où son corps devait être livré à la terre.<br />Le starets Ambroise fut enterré près de l’église du monastère d’Optino, à côté de son maître, le starets Macaire. Plus tard, une chapelle fut érigé sur sa tombe où des lampes brûlaient perpétuellement devant les icônes de la Vierge et de saint Ambroise de Milan, patron du starets. Sur la pierre tombale, on grava les paroles de saint Paul : " J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. "<br />Article paru dans la revueContacts, XIV (1962).Reproduit dans Vladimir Lossky et Nicolas Arseniev,La paternité spirituelle en Russie aux XVIIIe et XIXe siècles.Éditions de l’Abbaye de Bellefontaine, 1977.<br />LA CANONISATION DU STARETS AMBROISE<br />Le starets Ambroise (Amvroisi en russe) fut canonisé par l’Église orthodoxe russe en 1988, en même temps que ses prédécesseurs Léonide et Macaire, à l’occasion du millénaire du baptême de la Rus-Kiev. Sa fête est célébré le 10 octobre.<br />Tropaire de saint Ambroise d’Optino (ton 5)<br />Fontaine d’où coule la santé, Père Ambroise, vers toi nous accourons : fidèlement tu nous diriges en effet sur la voie du salut, nous gardant de tout malheur par tes prières, nous visitant dans les maladies de l’âme et du corps, de plus nous enseignant l’humilité, la patience, la charité ; sans cesse prie l’ami des hommes, le Christ, et notre ardente Protectrice, la Mère de Dieu, de sauver nos âmes.<br />Kondak de saint Ambroise d’Optino (ton 2)<br />Ayant accompli les préceptes du suprême Pasteur, en héritage tu as reçu la grâce du starets, dans la compassion de ton cœur pour tous les fidèles qui s’approchaient de toi ; c’est pourquoi nous aussi, tes enfants, nous te chantons avec amour : Ambroise, Père saint, prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes. </div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-70328627636763968162010-01-20T14:36:00.000-08:002010-01-20T14:42:33.779-08:00DE L'ÂME HUMAINE ET DU CHRETIEN ORTHODOXE<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/S1eG0BQj-tI/AAAAAAAAAlo/-lyQxxfUQXk/s1600-h/images.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 93px; height: 119px;" src="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/S1eG0BQj-tI/AAAAAAAAAlo/-lyQxxfUQXk/s320/images.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5428956104067644114" /></a><br /><p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 845.25pt"><span style="font-size: 25.0pt;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-Times New Roman"font-family:";font-size:10.0pt;"><o:p> <span class="Apple-style-span" style=" ;font-family:Georgia, serif;font-size:16px;">SAINT JEAN DE CRONSTADT</span></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 845.25pt"><span style="font-size: 25.0pt;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-Times New Roman"font-family:";font-size:10.0pt;"><o:p><span class="Apple-style-span" style=" ;font-family:Georgia, serif;font-size:16px;"> <span class="Apple-style-span" style=" font-style: italic; font-size:15px;">(Extrait de son Journal, 1894‑1899)</span></span></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 845.25pt"><span style="font-size: 11.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">L'âme de l'homme est créée à l'image et à la ressemblance de Dieu. C'est là sa dignité et son plus grand sujet d'honneur. La sainteté et la lumière, la justice, la simplicité, la bonté, la douceur, l'humilité, l'absence de méchanceté, la spiritualité, la vigilance, la prière, l'amour ardent de Dieu, tout cela était inné chez elle. Jusqu'à la chute honteuse et pernicieuse, Dieu Lui‑même avait fait Sa demeure dans les premiers hommes. L'Esprit Saint les parait, les éclairait, les consolait. Mais avec la chute, l'âme se modifia totalement : elle devint pécheresse, ténébreuse, maligne, voluptueuse, orgueilleuse, méchante, envieuse, désobéissante, inamicale, avide, adultère, s'aimant elle‑même au lieu d'aimer Dieu. Mais puisqu'elle avait été séduite et dépouillée par le Diable, le meurtrier déchu, le repentir lui fut accordé ; elle peut désormais se relever lumineusement de la chute par la grâce et la miséricorde de Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Sois attentive, âme chrétienne ! Le Seigneur t'a honorée d'un amour suprême. L'Epoux t'a choisie pour fiancée à des fiançailles incorruptibles, spirituelles, immaculées, éternelles et bienheureuses. Tu dois Lui rester fidèle chaque jour, à chaque instant, jusqu'à ton dernier souffle. Et là‑bas, dans l'éternité, tu seras pour toujours en sûreté dans un continuel présent. La vie ici‑bas est brève, mais c'est par elle que s'achète l'éternité. Ne t'endors pas, ne t'affaiblis pas, ne trahis pas Dieu, ne te souille pas par les passions terrestres et charnelles. Prie, jeûne, fais des bonnes œuvres. </span><u><span style="font-size:8.0pt;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-Times New Roman"font-family:";font-size:10.0pt;"><o:p></o:p></span></u></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:8.0pt;mso-bidi- font-family:Arial;mso-bidi-Times New Roman"font-family:";font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">L'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu avec une âme immortelle, raisonnable et libre, élevé au‑delà de toute mesure au‑dessus de toutes les créatures déraisonnables, prédestiné à la béatitude éternelle par l'accomplissement du commandement de Dieu et la soumission de sa volonté imparfàite et limitée à la volonté céleste, très sage, et infiniment parfaite de Dieu, fut séduit par le fruit défendu et tomba dans le péché de désobéissance, d'orgueil, d'insubordination, par manque d'attention, ingratitude et corruption, le bien et le mal. Si elle aime le monde, elle éprouve de l'inimitié pour Dieu. L'amitié pour le monde est inimitié contre Dieu (Jac.4,4). Pour détourner l'homme de l'amour de Dieu, des choses saintes et de la vérité, l'ennemi dirige avec malignité et violence ses pensées et son cœur vers le monde, l'amour terrestre et impur, le lustre et la douceur de la terre, et surtout la douceur féminine et la beauté, car l'homme est passionnel et réfléchit peu. C'est pourquoi ceux qui désirent sincèrement servir Dieu et Lui plaire doivent dédaigner les jouissances terrestres, la richesse de ce monde et sa pompe, et diriger leurs cœurs vers les jouissances célestes et élevées, vers la beauté céleste et incorruptible, vers la lumière sans déclin.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Homme ! Essaie de toutes tes forces d'implanter, de développer et d'affermir dans ton âme l'amour et une sincère bienveillance pour chaque homme ! Chasse toujours et sans pitié de ton cœur toute envie ou malveillance, qui engendreront le mépris, l'inimitié, ou la haine, ces engeances du Diable. Laisse au juste Juge qui scrute les cœurs le soin de juger les hommes iniques. De ton côté, prie pour eux avec zèle, afin qu'ils se tournent vers la justice pour ne pas périr et pouvoir être sauvés. Il arrive que nous nous irritions contre les hommes iniques, que nous les jugions sévèrement, que nous leur souhaitions un châtiment ou des souffrances, et même la mort, en oubliant qu'ils ont une âme raisonnable capable de sentiment, d'amour, de repentir, d'amendement, d'amélioration. Essaie de toutes tes forces de donner de l'amour à tous, de souhaiter du bien à chacun, afin qu'on t'en souhaite à toi aussi et qu'on t'aime. Imite non le mal (le Diable) mais le bien (Dieu) (3Jn. 1, 11).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Garde ton cœur pur plus que toute autre chose car de lui viennent les sources de la vie (Prov.4,23). Ne laisse pas pénétrer dans ton cœur les convoitises terrestres et passionnelles. Une petite convoitise passagère souille l'âme et la sépare de Dieu. Fais en sorte que ton cœur soit constamment attiré vers le ciel et non vers la terre, vers Dieu et non vers les idoles, afin qu'il désire l'incorruptibilité, l'amour, la vertu, la douceur, l'humilité, la simplicité, l'absence de méchanceté, et non la corruption terrestre, fut‑elle douce ou brillante. La corruption terrestre nous met constamment en danger. L'homme pécheur est attiré vers tout ce qui est défendu. Garde ton cœur de la colère, de la méchanceté, de l'envie, de la volupté, de l'orgueil, de la présomption, et de la tendance à se mettre en avant devant les autres.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">L'attachement déraisonnable de l'âme à la vie d'ici bas brise son intégrité, sa paix, sa liberté et sa santé, alors qu'elle tend naturellement vers Dieu, qui l'a créée. Alors surviennent des tribulations, des afflictions et des blessures. Elle tombe dans une vanité infinie et se détache de Dieu. L'amitié pour le monde est inimitié contre Dieu. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui (IJn.2,15). Tout m'est permis mais je ne me laisserai dominer par rien (lCor.6,12).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Tout est accompli ! Le conseil éternel a été tenu. La volonté de Dieu sur le salut du genre humain a été réalisée. Le conseil du serpent assassin sur la perdition du genre humain et les œuvres du Diable ont été détruites. L'homme est sauvé ! L'existence bienheureuse avait été perdue, mais une existence meilleure, plus heureuse encore, a été accordée aux cieux dans l'avenir : la divinisation. L'homme, qui avait d'abord désiré être Dieu, ne l'est pas devenu, et a perdu même ce qu'il avait. Mais Dieu est devenu Homme afin que l'homme devienne dieu. Ô, merveilleux conseil divin, que Tes œuvres sont ineffables ! A présent, il dépend de la volonté de l'homme lui‑même d'être sauvé ou de périr.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Notre créateur, l’Initiateur des combats, a établi dès le commencement que le temps de notre vie terrestre était un temps de préparation à l'éternité, un temps d'apprentissage, un temps de combats et d'exploits, un temps de guerre spirituelle, et non un temps d'inaction, d'oisiveté, de vaines préoccupations. Il a également établi que notre état futur et immortel serait un état de rétribution, de gloire et de béatitude éternelle, ou bien un état de déshonneur éternel, de souffrances terribles endurées pour l'inaction, la paresse, la négligence et les autres innombrables péchés.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:12.75pt right 733.7pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count: 1"> </span>Chaque chrétien, chaque chrétienne, doit connaître et bien mémoriser la véritable destination que le Créateur de toutes choses en ce monde a assignée aux puissances de l'âme et aux membres du corps : le bien personnel, le bien d'autrui et la gloire de Dieu. Mais nous, à cause de nos passions, de nos péchés et de la cécité de notre âme, nous oublions l'objectif bienfaisant du Créateur et détournons Ses bonnes intentions vers le mal, vers notre perdition<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:12.75pt right 733.7pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">et celle des autres, soit en dépassant la mesure, soit en œuvrant de façon inopportune, soit en travaillant à contre sens. Et alors, que de nuisances morales ou physiques, que de désordre, que de corruption de l'âme et du corps !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:12.75pt right 733.7pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Chez le véritable chrétien, tout, dans son esprit, dans son corps, et dans sa vie, prend un tour à part : ses pensées sont spirituelles et saintes, ses désirs célestes et spirituels, sa volonté juste, sainte et bonne, son imagination pure et sainte, sa mémoire autre, son regard pur, simple, saint, sans malignité. Bref, le chrétien doit être un homme différent, céleste, nouveau, saint, vivant divinement, pensant, sentant, parlant, agissant par l'Esprit de Dieu. Tels sont les saints. Lisez leur vie, écoutez, instruisez‑vous, imitez !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Scrute avec davantage d'attention ton monde intérieur et spirituel, plein d'intérêts intellectuels et moraux, et ne sois plus attiré par le monde extérieur, matériel, temporel. Le ciel et la terre passeront, est‑il dit dans les paroles immuables du Créateur, mais Mes paroles ne passeront point (Mc. 13,3 1). Dans ce monde intérieur, beaucoup de labeur et d'efforts t'attendent. L'homme en effet pervertit l'ordre spirituel et les lois de la création, et son âme et son corps s'en trouvent corrompus. Le royaume de Dieu est au milieu de vous (Lucl7,21). Le royaume des cieux souffre violence et les violents s'en emparent (Mt. 11, 12). Souviens‑toi du figuier stérile (Mt.21,18‑22), de la vigne et du Vigneron (Mt.21,33‑43), du serviteur redevable à son Maître d'une multitude de talents (Mt. 18,28‑3 5).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le Seigneur connaît ceux qui Lui appartiennent ; quiconque prononce le Nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité (2Tim.2,19). Qui sont ceux qui Lui appartiennent ? Ceux qui vivent non pour la chair et le sang, mais par l'esprit et l'intelligence du Seigneur, qui combattent leurs passions et les vainquent, qui œuvrent pour la justice, qui réfléchissent à ce qui est élevé et ne regardent pas en bas, qui ont constamment dans leur cœur les commandements du Seigneur et les suivent infailliblement (ou bien se relèvent immédiatement s’ils chutent par faiblesse ou par habitude), qui donnent leur vie pour le Seigneur et ne refusent pas de mourir pour Lui, pour la justice et la vérité.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Dans cette vie d'épreuves et d'exploits spirituels, le chrétien se tient constamment entre deux courants : le bien et le mal, l'épreuve et la tribulation venant des ennemis et la consolation et l'aide venant de Dieu. C'est une sorte de compétition entre Dieu, qui est juste, saint et magnanime, et l'ennemi malin et totalement pernicieux. Tantôt l'homme est sous l'influence de l'ennemi, tantôt sous la grâce de Dieu. L'ennemi l'entraîne vers des fautes et des péchés de toutes sortes, et le Seigneur pardonne aux pécheurs qui se repentent, les purifie, les sanctifie, les justifie, les apaise, les renouvelle et les fortifie. Cette compétition et la victoire de la grâce sur le péché ont lieu surtout pendant la Liturgie Eucharistique, ce merveilleux, pacifiant et sanctifiant sacrifice de Dieu, la miséricorde de paix, le sacrifice de louange.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde des ténèbres (Eph.6,12). Notre vie sur la terre est une guerre, une guerre permanente. Nos ennemis invisibles nous combattent constamment à travers nos innombrables passions. Notre chair elle‑même, soumise aux passions, nous combat aussi. Le monde adultère et pécheur nous combat par ses tentations, ses injustices. Notre chair nous combat par l'amour de nous‑mêmes, par les plaisirs, par la paresse pour la prière et toute bonne oeuvre, par l'hypocrisie, la malignité, la dissimulation, la volupté, les pensées d'adultère, la convoitise, la méchanceté, la rancune, la malveillance, l'envie, l'irritation, l'acédie, le murmure, la lâcheté, le mensonge, la tromperie, l'injustice, les pensées blasphématoires, la passion de juger les autres, l'intempérance, l'ivrognerie, la gourmandise, l'avidité, l'impiété, la libre pensée, l'insoumission, la désobéissance, la Froideur, le zèle pour tout péché et l'éloignement de tout bien. C'est pourquoi notre Seigneur a dit dans l'Evangile : le Royaume des Cieux souffre violence et les violents s'en emparent (Nit.11,12). Mais nous devons toujours croire et nous souvenir que Dieu est avec nous, aide invisible et compagnon d'armes contre le péché, protecteur rapide et tout-puissant, et vainqueur de nos ennemis ; avec nous aussi notre Souveraine la Mère de Dieu, notre conductrice invincible; avec nous aussi les anges gardiens ; avec nous encore les saints, qui par leurs prières intercèdent auprès du Seigneur et par leur vie nous montrent toutes les manières de résister constamment au péché, de prier, d'être attentifs à nous‑mêmes, de vaincre le péché par la grâce du Christ.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Garde ton cœur plus que toute autre chose car de lui viennent les sources de la vie. Par tous les moyens, garde ton cœur des convoitises charnelles qui apportent la souillure, le trouble, l'enténèbrement, l'esclavage, la corruption. C'est par la convoitise charnelle que le péché se glisse le plus facilement en nous car la chair aime la douceur, et la corruption entre facilement par la douceur.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le chrétien doit se préoccuper résolument de son éducation spirituelle. D'abord, il renaît dans les fonds baptismaux par l'Esprit Saint, reçoit le renouvellement spirituel, est marqué par le Miron et le don du Saint Esprit, devient digne de communier au Corps très pur et au Sang du Christ. Selon la volonté de Dieu, la Sainte Eglise est la première éducatrice des âmes chrétiennes et la plus appropriée. Il n'y a pas d'œuvre plus importante que l'éducation des âmes chrétiennes. Jugez et comprenez vous‑mêmes combien sont chères à Dieu ces âmes raisonnables et immortelles rachetées par le Sang du Fils de Dieu Lui‑même, rappelées des ténèbres à la connaissance de Dieu par le Seigneur Lui‑même, fiancées et unies au Seigneur comme des vierges pures à un Epoux tout‑pur. Comme est précieux le salut de ces âmes auxquelles Dieu propose en nourriture et en boisson Son Corps et Son Sang très purs, ces âmes que Lui‑même S'est engagé à instruire spirituellement par ces admirables, terribles, vivifiants et bienfaisants Mystères. Occupez-vous tous de votre éducation spirituelle, avec toute l'attention et tout le zèle qui conviennent. Occupez‑vous d'élever vos pensées vers Dieu, de prier, de vous scruter vous‑mêmes, de vous juger vous‑mêmes, de vous amender. Exercez‑vous dans les vertus, dans la douceur, l'humilité, l'obéissance, la patience, la miséricorde, la chasteté, la simplicité, la bonté. Retranchez toutes les pensées de convoitise, les habitudes et passions pécheresses.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">La vie du chrétien est un combat et un exploit spirituel. Ce combat doit avoir comme but et aboutissement l'affermissement dans la foi, et l'amour de Dieu et du prochain. L'ennemi combat l'humanité, il s'associe des combattants puissants et des serviteurs volontaires ou involontaires, comme les hérétiques, les membres des sectes, les libres penseurs, les blasphémateurs, les traîtres à Dieu et au souverain, les adultères, les ivrognes, les envieux, les orgueilleux, les meurtriers, les voleurs, les fauteurs de trouble... Par eux, il agit contre Dieu, contre les hommes, contre les pouvoirs en place. Plus ces hommes‑là satisfont leurs passions, plus ils deviennent forts, et plus ils servent le Diable et deviennent d'encore plus grands adversaires de Dieu et des hommes (pensons à Judas le traître, à Léon Tolstoï. La justice de Dieu exige que l'homme, qui est devenu un être déchu par sa propre volonté, œuvre consciemment contre le péché, le combatte, et le vainque en appelant avec zèle la grâce de Dieu à son aide. Sans cette grâce, il ne pourra jamais vaincre le péché, ni mériter la rétribution éternelle de Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Dans l'Evangile, la vie du chrétien est comparée aux multiples gardes du soldat, la première, la seconde, la troisième... Ceci suggère la vigilance constante du chrétien sur ses pensées, ses sentiments, les mouvements de sa volonté, sa vigilance contre les ennemis incorporels qui l'attaqueront jusqu’a la fin et tenteront de l'engloutir. De jour comme de nuit, les saints sont spirituellement de garde. Ils prient sans cesse, jeûnent, peinent, mènent une vie à la fois active et contemplative. Toute notre vie en vérité, nous devons être de garde. Notre vie est brève, et nous avons à résoudre un problème grand et compliqué ; or, une multitude d'ennemis nous attaque avec force, malignité et méchanceté. Soyons prudents comme les serpents et purs comme les colombes (Mt. 10, 16).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Que Ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que Ta volonté soit faite ! Le chrétien doit se souhaiter et souhaiter aux autres que le Nom de Dieu soit glorifié constamment en lui et dans les autres ; il doit s'affliger lorsque ce Nom n'est pas glorifié, mais blasphémé par divers péchés. Il doit désirer que tous soient des temples de Dieu non faits de main d'homme. Ne savez‑vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? (ICor.3,16)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Tout est pur pour les purs. Mais pour ceux qui sont souillés et qui n'ont pas la foi, rien n'est pur. Leur esprit même et leur conscience sont souillés (Titel,15). Tout scandalise l'homme impur, les choses saintes elles‑mêmes lui paraissent impures. Voilà comment le péché contamine le cœur et l'être humain tout entier. Homme, purifie donc ton cœur jour et nuit par la prière, le repentir et les larmes, tant que dure le temps de la pratique et de l'épreuve.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">La description que l'Apôtre Paul fait des mœurs de ses contemporains ne conviendrait‑elle pas aussi à nos contemporains ? Il écrivait alors : ils sont remplis de toute injustice, de perversité, de cupidité, de malice ; ne respirant qu'envie, meurtre, dispute, fourberie, malignité ; diffamateurs, détracteurs, ennemis de Dieu, insulteurs, orgueilleux, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, insensés, déloyaux, sans cœur, sans pitié (Rom. 1,29‑3 <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Chrétiens orthodoxes ! Savez‑vous, croyez‑vous, comprenez-vous que le Seigneur notre Dieu voit constamment nos pensées, nos désirs, nos intentions, nos actes, et juge avec justesse chaque homme ? Vous souvenez‑vous que votre conscience est le témoin de la justice de Dieu qui vous éprouve et vous guide, et que c'est selon elle et selon l'Evangile du Seigneur que vous serez jugés le jour du jugement ? Souvenez‑vous de ce que le prophète et roi David a répété à plusieurs reprises : le Seigneur vient pour juger la terre, Il jugera l'univers dans la justice et les peuples dans la droiture (Ps.97, 8‑9). Si vous l'aviez oublié, je vous le rappelle...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Au jugement de Dieu tu sauras, pécheur impénitent, que tu te trouvais dans l'union vénérable, sainte, et pleine d'honneur de l'Eglise et du Ciel, et tu verras combien tu en étais indigne. Tu sauras quels intercesseurs puissants tu avais devant Dieu pour ton salut, intercesseurs que tu n'appelles pas à l'aide par impiété, orgueil et dépravation, car tu comptes en tout sur toi‑même et sur ton intelligence myope et passionnelle.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">A Dieu la gloire dans les siècles des siècles. Amen. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 840.0pt"><span class="Apple-style-span" style="font-family:Arial;font-size:130%;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:15px;"><br /></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 845.25pt"><span style="font-size: 12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 845.25pt"><span style="font-size: 12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 845.25pt"><span style="font-size: 12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="line-height:12.0pt;tab-stops:right 845.25pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-87583216158780375772010-01-13T11:01:00.000-08:002010-01-13T11:06:09.549-08:00VIE DU SAINT APÔTRE MATTHIEU<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/S04Zln_cwhI/AAAAAAAAAlY/l2KyBjNLqtM/s1600-h/1360%2520vers%2520Saint%2520Matthieu%2520l_Evangeliste%2520Detrempe%2520sur%2520Bois%2520Mont%2520Athos%2520monastere%2520de%2520Chilandar.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 217px; height: 320px;" src="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/S04Zln_cwhI/AAAAAAAAAlY/l2KyBjNLqtM/s320/1360%2520vers%2520Saint%2520Matthieu%2520l_Evangeliste%2520Detrempe%2520sur%2520Bois%2520Mont%2520Athos%2520monastere%2520de%2520Chilandar.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5426302735208989202" /></a><br /><div class="Section1"> <p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center;tab-stops:right 594.0pt"><span class="Apple-style-span" style=" font-style: italic; font-family:Arial;font-size:15px;">(Par Saint Dimitri de Rostov)</span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 594.0pt"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-Times New Roman"; mso-no-proof:nofont-family:";font-size:10.0pt;"><o:p> <span class="Apple-style-span" style=" ;font-family:Georgia, serif;font-size:16px;">Seul sans péché, le Fils de Dieu et Dieu Lui‑même se fit semblable aux hommes pour sauver les pécheurs. Un jour, comme il sortait de Caphamaüm, il vit un dénommé Matthieu installé au péage et lui<span style="mso-tab-count:1"> </span>dit : « Suis‑Moi!»</span></o:p></span></p></div><div class="Section2"> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;tab-stops:12.0pt 57.25pt right 523.45pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Ces mots entendus par ses oreilles charnelles ayant aussi touché les oreilles de son cœur, Matthieu se leva sans tarder et abandonna tout pour suivre le Christ. Le Seigneur entra dans sa maison et il Lui servit un festin, auquel participèrent aussi ses voisins, ses amis, de nombreuses connaissances, des publicains et des pécheurs, qui se mirent à table avec Jésus et Ses disciples. Des scribes et des pharisiens se trouvant là aussi, ils virent que le Seigneur, loin de dédaigner les pécheurs, s'attablait à leurs côtés. Aussi dirent‑ils aux disciples : « pourquoi votre Maître mange‑t‑Il et boit‑t-Il avec les publicains et les pécheurs ? » Les ayant entendu, le Seigneur répondit : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes au repentir, mais les pécheurs. » Et à partir de ce moment, saint Matthieu devint le disciple et l'adepte du Christ, et fut digne d'être compté parmi les Douze Apôtres.<o:p></o:p></span></p> </div> <span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-family:"Times New Roman"; mso-fareast-Times New Roman";mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language: FR;mso-bidi-language:AR-SAfont-family:";font-size:10.0pt;"><br /></span> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:12.0pt 57.25pt right 523.45pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Saint Matthieu était fils d'Alphée et frère de Jacques. Dans les autres Evangiles il est appelé Lévi fils d'Alphée, car ses frères Evangélistes se sont efforcés de cacher son premier genre de vie de publicain derrière un nom peu connu. Mais dans son propre Evangile, saint Matthieu fait preuve d'une grande humilité en se faisant connaître à tous sous son véritable nom et en confessant devant le monde entier sa vie passée de pécheur, escomptant, par cet humble repentir, ôter aux pécheurs la honte de confesser leurs fautes et de se tourner vers le Seigneur.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Après avoir reçu le Saint Esprit, saint Matthieu fut le premier à écrire son Evangile, huit ans après l'Ascension du Seigneur, et ceci en langue hébraïque à cause des juifs qui avaient cru au Christ. Il prêcha cet évangile dans de nombreuses contrées, traversant les pays des Parthes, des Mèdes, puis faisant le tour de l'Ethiopie pour laquelle il avait été choisi par tirage au sort, afin d'y prêcher le Christ et de l'éclairer de la lumière de la connaissance. Enfin, instruit par l'Esprit Saint, il parvint sur une terre où vivait un peuple ignare, cruel, et anthropophage.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Là, dans la ville de Myrmène, il convertit quelques âmes au Seigneur, intronisa son disciple Platon comme évêque, et édifia une petite église. Puis il gravit une montagne voisine où il vécut dans le jeûne, priant Dieu avec ferveur pour la conversion de ce peuple infidèle. Le Seigneur lui apparut bientôt sous l'aspect d'un très beau jeune homme qui tenait un sceptre dans sa main. Après avoir donné la paix à l'Apôtre, Il tendit Sa main pour lui donner le sceptre, lui recommandant de descendre de la montagne et de le planter près des portes de l'église qu'il avait édifiée. « Il prendra racine par Ma force. Il deviendra un grand arbre qui donnera beaucoup de fruits qui surpasseront par leur majesté et leur douceur tous les autres fruits du verger. De ses racines jaillira une source d'eau pure, qui donnera beau visage aux anthropophages qui s'y laveront. Ceux qui goûteront ces fruits abandonneront leurs mœurs cruelles pour devenir des hommes bons et doux ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Matthieu prit le sceptre dans la main du Seigneur, descendit de la montagne, et se rendit à la ville pour accomplir l'ordre reçu. Le prince de cette ville, un dénommé Fulvian, avait une femme et un fils qui souffraient des démons. Rencontrant l'Apôtre en chemin, ils proférèrent des menaces de leurs voix étranges et dépravées : « Qui t'a envoyé ici avec ce sceptre pour notre perte ? » Mais Matthieu interdit les esprits impurs et les chassa, si bien que ceux qui venaient d'être guéris s'inclinèrent devant l'Apôtre et le suivirent docilement. Ayant appris la venue de Matthieu, l'évêque Platon vint à sa rencontre avec le clergé. En entrant dans la ville, l'Apôtre fit ce qui lui avait été ordonné : mais à peine avait‑il planté le sceptre du <b style="mso-bidi-font-weight:normal">Seigneur que, devant tous, le bâton devenait un grand arbre au feuillage abondant </b>portant de grands, beaux et doux fruits, et qu'une source d'eau jaillissait de ses racines. La ville entière, qui s'était rassemblée pour un tel miracle, était dans l'étonnement. On mangea les doux fruits et on but de l'eau pure, puis le saint Apôtre Matthieu monta sur une hauteur et prêcha la Parole de Dieu dans leur langue aux gens rassemblés devant lui. Tous crurent au Seigneur et l'Apôtre les baptisa dans la source miraculeuse, en commençant par la femme du prince et son fils, qu'il venait de guérir de l'esprit malin, et finissant par le peuple des croyants. Selon la parole du Seigneur, tous les anthropophages sortirent de l'eau avec un visage beau et lumineux, recevant non seulement la guérison et la beauté du corps, mais aussi celle de l'âme, déposant le vieil homme pour revêtir le Christ, l'Homme Nouveau.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Ayant eu connaissance de ces événements, le prince se réjouit de la guérison de sa femme et de son fils, mais, poussé par le démon, il s'irrita contre l'Apôtre et imagina de le faire périr, car le peuple courait vers lui en abandonnant les dieux. La nuit suivante, le Seigneur apparut à saint Matthieu, lui intimant d'être hardi, et lui promettant d'être à ses côtés dans la tribulation qui ne tarderait pas à survenir. Au matin, alors que l'Apôtre glorifiait Dieu à l'église avec les fidèles, le prince envoya quatre soldats pour se saisir de lui. Mais lorsque ces derniers parvinrent au temple du Seigneur, des ténèbres les recouvrirent et c'est à peine s'ils surent s'en retourner. Comme on leur demandait pourquoi ils ne ramenaient pas Matthieu, ils répondirent : « Nous entendions sa voix, mais nous ne pouvions ni le voir ni nous emparer de lui ! » Le prince, irrité, envoya un grand nombre de soldats armés avec l'ordre de ramener l'Apôtre de force, quitte à tuer par l'épée quiconque leur résisterait. Mais les soldats furent tout aussi impuissants : dès qu'ils approchèrent du temple, une lumière céleste brilla sur l'Apôtre, si bien qu'ils ne pouvaient le regarder. Saisis de crainte, ils jetèrent leurs armes et s'en retournèrent en toute hâte auprès du prince pour lui raconter ce qui était arrivé. Fulvian fut si courroucé qu'il décida de se rendre lui‑même auprès de l'Apôtre avec la multitude de ses serviteurs. Mais voilà qu'en arrivant sur les lieux, il perdit la vue et dut faire appel à quelqu'un pour le guider ! Aussitôt, il demanda à saint Matthieu de lui pardonner son péché et de rendre la lumière à ses yeux. Ayant fait le signe de la croix sur les yeux du prince, Matthieu lui rendit la vue. Mais Fulvian voyait de nouveau avec les yeux du corps, sans que les yeux de son âme ne se fussent ouverts. Aveuglé par la méchanceté, il attribua le miracle à la magie, au lieu d'y voir la puissance de Dieu. Prenant l'Apôtre par la main, il le conduisit vers son palais en feignant de l'honorer, tout en gardant dans son cœur l'intention maligne de le brûler comme mage. Comprenant le secret de son cœur et ses pensées malignes, l'Apôtre dénota le prince : « Tyran insidieux, quand exécuteras‑tu le complot que tu trames ? Fais donc ce que Satan a mis dans ton cœur ! Comme tu peux le voir, je suis prêt à tout supporter pour mon Dieu! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Le prince ordonna à ses soldats de se saisir de Matthieu. Après l'avoir étendu sur le sol le visage tourné vers le ciel, ils clouèrent à terre ses mains et ses pieds. Puis ils rassemblèrent des branches et des broussailles, apportèrent du goudron et du soufre, placèrent le tout sur leur victime et allumèrent le bûcher. Le feu partit en grandes flammes, et tous pensèrent que l'Apôtre du Christ serait consumé. Mais soudain, le brasier se refroidit et les flammes se changèrent en rosée, et on retrouva saint Matthieu vivant, glorifiant Dieu. Tout le peuple fut effrayé au spectacle d'un tel miracle et glorifia le Dieu de l'Apôtre.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Dès lors le prince n'en fut que plus courroucé, et il refusa de reconnaître la puissance de Dieu, qui avait gardé vivant et à l'abri du feu le prédicateur du Christ. Il proféra à l'égard du juste d'autres injustices, et le qualifia de mage : « C'est par la magie qu'il a éteint le feu et conservé la vie ! » Il fit rassembler de nouveau beaucoup de bois et de broussailles, puis les fit disposer sur l'Apôtre et allumer après avoir ajouté du goudron. Puis il amena ses vingt dieux d'or et les disposa autour du brasier, leur demandant leur aide afin que Matthieu ne fût pas libéré des flammes cette fois, mais réduit en cendres. Mais, au milieu des flammes,<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">l'Apôtre pria le Seigneur des armées afin qu'Il montrât de nouveau Sa puissance invincible, manifestât la faiblesse des dieux païens, et couvrît de honte tous ceux qui placent leur confiance en eux. Alors, dans un terrible fracas, les flammes se jetèrent sur les idoles d'or, qui fondirent comme de la cire, brûlant de nombreux infidèles qui assistaient à la scène. Des idoles brisées sortit un serpent de feu qui poursuivit le prince effrayé jusqu'à ce qu'il se décide à supplier humblement l'Apôtre de lui accorder son aide. Alors celui‑ci tança le feu qui s'éteignit aussitôt, et le serpent disparut. Le prince voulut alors relever l'Apôtre avec révérence, mais ce dernier fit une dernière prière et déposa son âme sainte entre les mains du Seigneur.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Fulvian ordonna qu'on apportât une litière d'or, sur laquelle on coucha le corps de l'Apôtre que le feu n'avait nullement entamé. Après avoir revêtu le corps du saint de vêtements de grand prix, le prince et les seigneurs prirent la litière sur leurs épaules et conduisirent l'Apôtre au palais.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Mais la foi du prince n'était pas encore parfaite. Aussi ordonna‑t-il de forger un cercueil de fer dans lequel il fit déposer le corps de l'Apôtre. Après l'avoir fait souder au plomb, il le fit jeter à la mer en disant aux seigneurs : « Si Celui qui a gardé Matthieu indemne de l'épreuve du feu le garde également de celle de l'eau, alors c'est qu'Il est en vérité le seul vrai Dieu. Alors il me faudra L'adorer et abandonner tous nos dieux, qui n'ont pas su se protéger de l'attaque du feu ! ». Le cercueil de fer contenant les précieuses reliques ayant été jeté à la mer, le saint Apôtre apparut à l'évêque Platon et lui dit : « Demain matin, rends‑toi sur le rivage situé à l'orient du palais du prince, et prends mes reliques qui auront été rejetées sur la terre ferme ! » A l'aube, l'évêque se rendit avec la multitude des fidèles sur le rivage, à l'endroit indiqué, et trouva le cercueil de fer contenant les reliques du saint Apôtre Matthieu, comme cela lui avait été annoncé dans la vision. Ayant appris la chose, le prince se rendit sur les lieux avec les seigneurs. Il crut vraiment à notre Seigneur Jésus‑Christ, et Le confessa à haute voix comme le seul vrai Dieu, qui avait gardé intact de l'épreuve du feu Son serviteur Matthieu quand il était vivant, et de l'épreuve de l'eau une fois mort. Étreignent le cercueil, il demanda pardon au saint Apôtre pour les péchés qu'il avait commis contre lui et réclama avec ferveur le baptême. Voyant la foi du prince et le zèle de sa demande, l'évêque Platon le catéchisa. Quand il l'eut dûment instruit, il lui commanda de descendre dans les eaux baptismales. Mais voici que lorsqu'il posa sa main sur la tête du catéchumène et voulut lui donner son nom, une voix venue d'en haut se fit entendre : « Ne le nomme pas Fulvian mais Matthieu ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Ayant ainsi reçu au baptême le nom de l’Apôtre, le prince s'efforça d'imiter ses œuvres. Il remit bientôt le gouvernement de l'état à quelqu'un d'autre, renonça à la vanité de ce monde, et se consacra à la prière dans l'église de Dieu, méritant du saint évêque Platon la dignité de presbytre. Trois ans plus tard, à la mort de l'évêque, le saint Apôtre Matthieu apparut au presbytre et l'incita à monter sur le trône épiscopal à la suite du bienheureux Platon. Ayant accepté l'épiscopat, le nouveau Matthieu œuvra dans la prédication du Christ et conduisit de nombreux païens vers Dieu. Après avoir passé de nombreuses années dans une vie agréable au Seigneur, il mourut à son tour et partit se tenir devant le trône de Dieu auprès du saint évangéliste Matthieu, avec lequel il intercède pour que nous aussi nous héritions du Royaume de Dieu pour les siècles. Amen.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 594.0pt"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="tab-stops:right 594.0pt"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="line-height:12.0pt;tab-stops:right 594.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-8471112963119713222010-01-12T11:08:00.000-08:002010-01-12T11:15:46.360-08:00HOMELIE SUR LA NATIVITE<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/S0zKVq95ubI/AAAAAAAAAlA/tlOnjTMgydI/s1600-h/icone-noel.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 235px; height: 320px;" src="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/S0zKVq95ubI/AAAAAAAAAlA/tlOnjTMgydI/s320/icone-noel.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5425934124734593458" /></a><br /><p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center;tab-stops:right 594.0pt">(De Saint Dimitri de Rostov)</p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="mso-no-proof: no"><o:p> En ce jour, le céleste Messager de la Bonne Nouvelle vient annoncer aux bergers de Bethléem le signe de l'arrivée du Sauveur dans le monde : « Aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un Nouveau‑Né enveloppé de langes et couché dans une crèche ». On pourrait penser que ce n'est pas là un bien grand signe que de voir un petit enfant emmailloté, situation plutôt banale quand on vient au monde... C'eût été un bien plus grand signe si l'Ange s'était appuyé sur un témoignage persuasif et incontestable de la naissance du Christ, s'il avait évoqué quelque chose d'inhabituel, comme l'étoile apparue aux Mages en Orient, ou comme cette vierge dans le soleil tenant en ses bras un petit enfant, que la Sibylle avait montrée à Auguste. Toutefois, si l'on accepte d'examiner avec une attention raisonnable les mystères qui s'accomplissent autour de ce petit Enfant emmailloté et couché dans une crèche, on verra à quel point le signe évoqué par l'Ange pour attester la naissance du Sauveur est <b style="mso-bidi-font-weight:normal">grand...</b></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><b style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof: nofont-size:10.0pt;">Rien de banal </span></b><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">ici, répétons‑le ! La naissance de ce petit Enfant fait resplendir dans le monde la lumière de la connaissance, lumière plus étincelante que celle des étoiles et du soleil, ces langes sont plus grands que les nuées, cette mangeoire, en qui repose le Christ, le Dieu que rien ne saurait contenir, est plus vaste que les Cieux. Tournons nos yeux spirituels vers cette petite enfance du Christ puisqu'apparaît sur la terre pour renouveler notre nature vétuste, Celui qui a créé les siècles et préparé pour nous le salut, de toute éternité !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Vous trouverez un Nouveau‑Né, dit l'Ange... Mais selon la prophétie de David sur la venue du Messie, on s'attendait plutôt à voir le Christ venir au monde comme un géant : Lui‑même est comme un époux qui sort de Sa chambre nuptiale ‑ le sein de la Toujours‑Vierge ‑, Il a bondi d'allégresse, tel un géant, pour parcourir Sa voie (Ps.18,6). Et pourtant, nous trouverons là une </span><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">véritable cause d'émerveillement, car la naissance du Christ s'avère 'étrange et surnaturelle : sa petite enfance en effet ne ressemble en rien a ce que connaissent les autres petits enfants. Ceux‑là viennent au monde faibles, inconscients, sans force, ignorants, et c'est après un certain temps que la vigueur et la raison commencent à poindre puis croître en eux. Mais notre Seigneur Jésus Christ naît avec cette puissance et cette raison. C'est pourquoi l'Ange annonce un signe encore jamais vu en ce monde : un petit Enfant né avec une force invincible et une sagesse inconcevable. L'Eglise, avec le Prophète Isaïe, ne passe d'ailleurs pas cette force sous silence quand elle chante son Dieu puissant, Seigneur, et Prince du monde (Is.9,6).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Il est dit quelque part que le lion se fait connaître par ses griffes. Ainsi le Christ, le lion de la tribu de Juda, se fait aussi connaître par ses jeunes griffes, Lui le Seigneur fort et puissant, puissant dans le combat. Mais en quoi réside donc la grande puissance de ce Nouveau‑Né ? Ecoutez ! Dès que la nouvelle de la naissance commence à se propager, Hérode est troublé et Jérusalem avec lui ! L'enfant ne parle pas encore et Il effraie déjà ceux dont on trompette le nom sur toute la terre ! Il est encore dans les langes, et Il fait déjà peur aux bourreaux armés ! Il n'est que dans une mangeoire, et Il fait trembler celui qui siège sur un trône royal !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Certains médecins particulièrement expérimentés prétendent que les nourrissons appelés à devenir des personnages illustres et glorieux, comme des rois ou de vaillants généraux, manifestent déjà par leurs jeunes griffes le signe de leur puissance et de leurs futurs exploits. Périclès, dit‑on, n'était pas encore né qu'il effrayait déjà les Grecs dans des visions et des songes. Alexandre n'avait pas vu le jour que tous l'appelaient fils d'Ammon et prince du royaume. Les fourmis mettaient des grains de blé dans la bouche du jeune Midas endormi, prédisant les innombrables richesses du futur roi de Phrygie.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">De la même façon, alors qu'Il n'est encore qu'un Enfant nouvelet, notre Roi et Maître manifeste par des signes Sa puissance et Ses hauts faits à venir. Il donne un avant‑goût des richesses préparées pour ceux qui L'aiment quand Il reçoit d'un pays lointain de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Il manifeste Sa future victoire sur la <b style="mso-bidi-font-weight:normal">mort et sur le diable et Son triomphe sur </b>l'enfer quand il jette Hérode et tout Jérusalem dans le trouble et les tremblements. Ce pouvoir qui devait échoir à Son humanité, et dont en son temps Il dira lui‑même « Tout pouvoir M'a été donné dans le ciel et sur la <b style="mso-bidi-font-weight: normal">terre » (Mt.28,18), </b>Il le manifeste déjà par un signe en faisant des anges et des bergers Ses serviteurs, et des princes de l'Orient Ses adorateurs. Tous les rois de la terre L'adoreront (Ps.71,11), prophétisait David, et voici qu'Il apparaît déjà comme le Souverain de ces trois rois de la terre qui Lui offrent leurs présents. C'est avec lyrisme que le grand hiérarque de l'Eglise d'Hippone aborde ces événements : « Tels sont les signes de Ta Nativité, Seigneur JésusChrist ! Avant même que les vagues de la mer ne se couchent sous Tes pieds lorsque Tu marcheras sur les eaux, avant que les vents ne se calment par Ton ordre, avant que les morts ne se relèvent par Ta parole, que le soleil ne s'obscurcisse quand Tu mourras, que le terre ne tremble quand Tu te relèveras du sépulcre, que le ciel ne s’ouvre lorsque Tu y monteras, avant même toutes les choses merveilleuses que Tu accompliras, Tu es déjà reconnu comme le Seigneur du monde entier, dans les jeunes années de Ta chair, porté par les bras maternels ! » Quelle puissance chez ce Petit Enfant, quelle force chez notre Seigneur Jésus‑Christ qui dès l'enfance apparaît clairement comme le Dieu Puissant et le Maître !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">En vérité, la puissance de Dieu s'accomplit dans la faiblesse. Nous voyons déjà dans les membres du petit Enfant la grande puissance de Jésus‑Christ ! L'Eglise compare d'ailleurs le Seigneur qui naît à un agneau, et elle Le chante ainsi dans l'Acathiste à la Mère de Dieu : « Les bergers entendirent les anges chanter la venue du Christ en la chair ; et, courant vers Lui comme vers leur pasteur, ils Le contemplaient tel un agneau immaculé paissant sur le sein de Sa Mère, et ils Lui chantèrent cette hymne : réjouis‑toi, Mère de l'Agneau et du Pasteur ! » Le Christ naît d'une Vierge tel un agneau, mais quelle force dans cet Agneau, quelle puissance ! Une puissance invincible en vérité !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Dans sa vision de l'Apocalypse, saint Jean le Théologien contemple divers monstres ‑ dragons surgis de la mer, de l'abîme, du désert ; êtres à l'aspect effroyable, aux multiples et terribles </span><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof: nofont-size:10.0pt;">têtes ouvrant des gueules pleines de venin mortel. Toutes, est‑il écrit, se soulèvent contre l'Agneau (Ceux‑là menèrent un combat contre l'Agneau). L'issue semble inéluctable : la plus insignifiante de ces bêtes ravira l'Agneau pour Le dévorer, sans même laisser aux plus monstrueuses l'opportunité de lutter. Et pourtant, telle est la force de l’Agneau qu'Il résiste à leur ardeur animale, qui bientôt s'effondre et se disloque (l'Agneau les vaincra car le Seigneur est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois). Grande en vérité est la puissance de l'Agneau ! Et l'Agneau, on L'aura reconnu, est le Fils de Dieu ; les dragons et autres monstres, quant à eux, sont les démons et leurs serviteurs. Mais la chose mérite réflexion... Pourquoi l'Ange, qui décrit le combat du Fils de Dieu contre Ses ennemis, ne L'appelle‑t‑il pas par Son vrai nom, Nom qui fut apporté des cieux à la Vierge toute‑pure lors de l'Annonciation, et donné au Seigneur à l'occasion de Sa circoncision ? Pourquoi ne dit‑il pas que les bêtes combattent avec Jésus‑Christ plutôt qu'avec l'Agneau ? Parce que le Christ défait Ses ennemis dès Sa Nativité, sans attendre de recevoir Son Nom ‑ comme un agneau, il repose sur le foin, mais Il brise sans attendre la tête des dragons spirituels, comme un roseau ou un vase de terre. Il est d'ailleurs écrit dans la prophétie : « Donne‑Lui pour nom Prompt Butin‑Proche Pillage, car avant que l'Enfant ne puisse appeler Son père ou Sa mère, Il recevra la puissance de Damas et le butin de Samarie ! » (Is.8,3‑4) Ainsi cet Agneau nouveau‑né n'est‑Il pas encore un lion qu'on dit déjà de Lui : Le Lion de la tribu de Juda a vaincu ! Il n'attend pas d'avoir la force du géant ou la puissance de Samson. Avant même de téter le sein, Il vainc Ses ennemis. Avant d'entendre Son Nom de la bouche de Sa Mère toute‑pure, Il efface du livre de vie le nom des indignes. Avant d'atteindre la stature de l'homme fait, Il renverse les puissants de leur trône. L'Agneau les vainc car Il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois. Voici la force de l'Agneau, voici l'invincible puissance de l'Enfant divin qui naît !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Mais l'Agneau naît aussi avec l'intelligence, pas seulement avec la force et la puissance. Il est grand notre Seigneur, grande est Sa puissance et il n'y a pas de mesure à Son intelligence Ps 146,5). A quel autre enfant qu'à Celui‑ci peut‑on appliquer les paroles (Ps.118,100) : J'ai eu plus d'intelligence que les vieillards ? D'habitude, les nouveau‑nés ne comprennent rien ! Et quand ils ont grandi, une éducation s'impose pour qu'ils puissent comprendre <b style="mso-bidi-font-weight:normal">quelque chose. </b>Mais l’Enfant‑Dieu était déjà la Sagesse en personne avant Sa Nativité, aussi conserve‑t‑Il pleinement après celle‑ci la profonde sagesse de Dieu. Âgé de peu d'années, Il est, par la sagesse, l'Eternel et l’Ancien des Jours (Dan.7,9). Jeune Enfant, Il naît, mais, comme dit le Prophète Isaïe, Il est aussi le Père éternel (Is.9,5) épithète qui ne convient pas aux jeunes enfants mais aux hommes. Personne n'a jamais appelé père un nourrisson à la mamelle. Toutefois c'est bien ainsi, sans hésiter, que le Prophète qualifie le Christ, afin de montrer que ce petit Enfant détient la même intelligence et la même sagesse que le Père, l'Ancien des Jours. Comme un père très sage à l'égard de ses enfants, voilà comment agit à notre égard cet Enfant céleste né de la toute‑pure Mère de Dieu. Ainsi, aujourd'hui naît vraiment pour nous le Sauveur, et nous nous en laisserons convaincre par ce signe : dès Sa petite enfance, il se montre comme notre Père...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Ecoutons encore comment ce Nouveau‑né est notre Père. A peine dans ce monde, le Sauveur nous fait revenir de la mort à la vie, comme le père de l'Evangile ranime le fils prodigue qui était mort, en se jetant à son cou et en l'embrassant. Pour le fils, le baiser paternel est le signe du pardon des péchés qui causèrent la mort de son âme (la mort en effet pénètre dans l'âme par le péché). Comme le jour succède à la nuit, la lumière vivifiante de la grâce de Dieu se lève sur l'âme après la sombre nuit du péché. Et voici ce qui advient aujourd'hui en vérité : le Christ notre Sauveur nous embrasse par Sa Nativité, Il fait poindre la vie de la grâce sur ceux qui étaient occis par le péché.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Notre Sauveur nous embrasse donc par Sa Nativité, comme il apparaît dans le Cantique des Cantiques, où il est question d'un être épris d'un impétueux désir de Dieu : « Qu'Il me baise des baisers de Sa bouche ! » (Cant. 1, 1) Et si nous souhaitons savoir quelle est cette personne qui désire le baiser de Dieu, écoutons saint Ambroise : « C'est notre nature, notre chair, qui désire que ceci advienne par l'Incarnation du Fils de Dieu. Elle désire un tel amour, </span><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">une telle amitié. Elle veut Le voir face à face, comme un ami voit son ami , pour déposer sur Sa bouche un saint baiser. » Et le saint d'ajouter : « Comme nous comprenons bien cette chair, imprégnée depuis Adam du venin mortel du serpent et pourrissant dans la puanteur de la transgression ! Ayant su de la bouche des Prophètes que Dieu viendrait pour secouer le mensonge du serpent et déverser la grâce du Saint Esprit, elle supplie : qu'Il me baise des baisers de Sa bouche ! » Et saint Chrysostome d'implorer : « Moi, l'Eglise des païens, je ne veux pas qu'Il me parle par Moïse, Isaïe, Jérémie ou les autres Prophètes. Je veux que Lui‑même me parle Qu'Il vienne en personne et me baise des baisers de Sa bouche J'entends Jérémie dire : le choeur de l'homme est rusé plus que tout, et pervers, qui peut le pénétrer ? Jer. 17,9) Je veux qu'Il vienne en personne et me baise des baisers de Sa bouche ! J'entends Amos prophétiser : le Seigneur se tenait près d'un mur, un fil à plomb dans la main (Am.7,7). C'est Lui‑même que je cherche afin qu'Il vienne me baiser des baisers de Sa bouche ! » Ces paroles des saints Docteurs montrent bien que le baiser donné par Dieu à notre nature n'est rien d'autre que l'Incarnation du Fils. Dans un baiser, la bouche s'appuie sur la bouche ; par l'Incarnation du Sauveur, la nature de Dieu s'appuie sur la nature des hommes et s’unit à elle. Par Sa Nativité, le Christ notre Sauveur nous transmet le baiser paternel, accomplissant la prophétie de David : la justice et la paix se sont embrassées (Ps.84,11). Selon le commentaire d'Euthyme, la justice désigne la nature divine du Sauveur, car Dieu seul est un juste juge. Quant à la paix, elle désigne la nature humaine, car le Seigneur est sincèrement doux. Les deux natures se sont embrassées dans le Christ ; en Lui elles se sont unies dans un parfait accord.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Par le baiser de Sa nativité, notre Sauveur nous redonne vie, Il nous arrache à la mort du péché et nous mène vers la vie dans la grâce divine. On lit dans le Livre des Rois (2Rois4) que la femme sunamite demanda au Prophète Elisée qui se trouvait sur le Mont Carmel de venir chez elle ressusciter son fils défunt. Le Prophète ne se déplaça pas tout de suite. Il envoya d'abord son serviteur Géhazi poser son bâton sur le visage de l'enfant : mais il n'y eut ni voix ni réaction. Alors le Prophète vint en personne voir le mort, il posa ses lèvres sur la bouche du défunt, souffla, et le jeune enfant ouvrit les yeux... Voyez comme la vie fut rendue par le contact d'une bouche sur une autre bouche, comme par un baiser ! En vérité, c'était bien un baiser que le prophète déposa sur la bouche de l'enfant, et le mort en fut ressuscité. Cet événement préfigure l'Incarnation du Christ. La mort, qui était entrée dans le monde par le péché, avait ravi Adam, qui, tel un jeune enfant, commençait </span><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- font-family:Arial;mso-bidi-Times New Roman";mso-no-proof:nofont-family:";font-size:10.0pt;">à </span><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">vivre. Et la nature humaine, comme la femme sunamite importuna Dieu ; Seigneur, incline Tes cieux et descends ! (Ps. 143,5) Fais resplendir Ta Face et nous serons sauvés ! (Ps.79,4) Mais le Seigneur Dieu ne vint pas en personne ‑ Il envoya d'abord Ses serviteurs les Prophètes avec le bâton de la Loi, afin de le déposer sur l'enfant, la race d'Adam. Mais l'enfant ne se releva pas, les hommes restèrent assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort. Mais le Seigneur vint en personne par Son Incarnation, comme il est dit plus haut, Il appliqua la bouche de Sa divinité sur la bouche de notre humanité, et nous donna vraiment les baisers de Sa bouche. Et l'enfant se redressa, le mort se releva, Adam fut rappelé, Eve libérée, la mort mise à mort, et nous‑mêmes fûmes rappelés de la mort à la vie par la Nativité du Christ.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Ceci n'est pas sans rappeler un ancien récit : un homme bon, voyant son ami percé par l'épée empoisonnée d'un ennemi, s'empresse de lui prodiguer des soins pour guérir la blessure mortelle. Mais voilà que les médecins lui expliquent que le mal est incurable. Non seulement le passage de l'épée a laissé une plaie béante, mais le poison dans lequel l'arme avait été préalablement trempée détruira la chair, contaminant le corps entier. La mort est inévitable, sauf si quelqu'un rachète la vie du mourant par sa propre santé en apposant sa bouche sur la plaie pour sucer le poison. Une telle pratique permettrait au malade d'obtenir promptement la guérison, mais en provoquant le trépas de celui qui aurait extirpé le poison. Mais l'homme aime son ami plus que lui‑même, bien que sa propre vie ne soit en aucune façon amère. Il préfère voir son ami si cher recouvrer la santé plutôt que de conserver la sienne. Aussi </span><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">aspirera-t-il le poison en apposant sa bouche, guérissant son ami par sa mort.</span><span style="font-size:11.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">C'est ainsi que le Seigneur notre Dieu agit aujourd'hui en nous voyant blessés par le glaive du péché que brandit toujours le soldat de l'enfer. Personne ne pouvait guérir notre plaie et nous libérer de la mort sans avoir préalablement extirpé le venin mortel. Il ne s'était pas trouvé de médecin assez parfàit, jusqu'à ce que Lui-même, le Très‑Haut qui siège sur les Chérubins, le Créateur, le parfàit Médecin des âmes et des corps, le Seigneur Dieu, appose Sa Bouche sur la plaie de notre nature par amour pour le genre humain ; Sa Bouche ou plutôt Son Fils. De même en effet qu'il est dit dans l'Ecriture Sainte que l'Esprit Saint est le Doigt du Père (Par le Doigt de Dieu, J'expulse les démons, dit le Seigneur , Luc 11,20), il est aussi écrit que le Fils de Dieu est la Bouche du Père (Par le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis, et par l'Esprit de Sa Bouche, toute leur puissance ; Ps.32,6). Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné Son Fils Unique (Jn.3,16).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Cette Bouche, Dieu le Fils, s'unissant à notre nature blessée, extirpe aujourd'hui le poison du péché en le prenant sur Elle. Celui qui extirpe les péchés du monde porte sur Lui nos péchés et nous guérit en offrant Sa santé. Par ce baiser de l’Incarnation, notre Sauveur, en père sage, en médecin habile, en ami, nous fait naître, dès Sa petite enfance, à une vie dans la grâce.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Regardons de nouveau la petite enfance du Christ ! Dès Sa naissance, le Sauveur détient une puissance invincible et une sagesse inconcevable. Oui, c'est à bon droit que l'ange a parlé aux bergers de la présence d'un petit Enfant comme du signe de la venue dans le monde du Sauveur ! Il ne s'agit pas là d'un nourrisson ordinaire, mais d'un enfant fort, intelligent, puissant et sage. « Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un Nouveau-Né enveloppé de langes et couché dans une crèche ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Les langes du petit Enfant sont eux aussi porteurs de mystère. Saint Ambroise dit que le Christ est emmailloté dans des langes afin de nous débarrasser des cilices de la mort. Voici donc le mystère caché dans les langes du Christ : ils nous font déposer ces cilices lourds de corruption dont la mort nous avait affublés. Mais scrutons avec une sainte curiosité les paroles de saint Ambroise, et cherchons pourquoi il ne mentionne pas une, mais plusieurs enveloppes. C'est qu'il pensait probablement aux deux épaisseurs qui recouvrirent Adam : d'abord les feuilles du Paradis qu'il assembla lui‑même, puis l'enveloppe de peau que Dieu fit pour lui et pour sa femme. Ils cousurent des feuilles de figuier et s'en ceignirent (Gen. 3,7) ; Dieu fit à l'homme et à sa femme des enveloppes de peau et les en revêtit (Gen.3,21). Ces deux vêtements représentent la mort. Le figuier était, selon certains Docteurs, l'arbre dont Adam ne devait pas goûter le fruit ; quant à la peau, elle évoque le cuir d'une bête abattue. Les feuilles de figuier sont donc le signe de la désobéissance d'Adam, l'instrument par lequel il se détacha de Dieu, comme une feuille se détache d'un arbre. La peau, quant à elle, est le signe de l'amour de la chair, de <b style="mso-bidi-font-weight:normal">la convoitise animale. </b>Et voici que le Christ, nouvel Adam, est emmailloté dans des langes pour débarrasser l'homme de ces deux cilices, le cilice de la désobéissance, et le cilice de la convoitise animale. Les saints langes figurent donc mystérieusement l'obéissance et la pureté.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Que les saints langes figurent l'obéissance, ceci apparaît clairement dans le discours d'Ambroise, le saint Docteur : « Contemplez le mystère ! Du sein de la Vierge sort Celui qui est à la fois esclave et Seigneur. Esclave par Ses actes, car celui qui se ceint de langes se ceint pour servir ; et Seigneur pour présider. Et ce bon Serviteur s'est acquis un Nom supérieur à tout nom. Ce qui pour certains est cause de déshonneur fut pour le Christ une source de gloire ». Soyons attentifs à ces paroles : Celui qui se ceint de langes se ceint pour servir. Voici donc l'obéissance du Christ qui se manifeste par Ses langes. Celui qui agit et sert se montre par là obéissant. Il convient en effet à l'obéissant de se ceindre, comme le Seigneur l'a Lui‑même ordonné dans l’Evangile : « Prépare‑moi à dîner, et ceins‑toi pour me servir ! » (Lucl7,8) Notre Seigneur prend donc sur Lui le rang de l'obéissance, Lui qui dit : « Je suis venu, non pour être servi, mais pour servir ». Ainsi Il se ceint de langes pour nous servir, : « En vérité Je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table, et passant de l'un à l'autre, il les servira » (Luc7,37) Par ce service d'obéissance, le Seigneur guérit la désobéissance d'Adam. L'ancien Adam fut désobéissant, mais le nouvel Adam sera obéissant jusqu'à la mort. Ainsi, par les langes de l'obéissance du Christ est ôté le cilice de la désobéissance d'Adam.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Que les langes du Seigneur figurent mystérieusement la pureté, nous le comprendrons si nous examinons pourquoi l'antique Adam fut revêtu d'un vêtement de peau, alors que le nouvel Adam est emmailloté dans des langes de lin que la Vierge toute‑pure a confectionnés d'avance, comme l'atteste la Tradition de l'Eglise.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Il arrive souvent chez les hommes que le vêtement soit conforme à l'état spirituel de celui qui le porte. L'accoutrement manifeste ainsi les dispositions intérieures du coeur (Cf IPi.3,4). Au jour fixé, l'orgueilleux Hérode était vêtu de ses habits royaux (Act. 12,2 1). Ce vêtement correspondait‑il à sa présomption ? Bien sûr que oui, puisqu'ainsi vêtu, il prit place sur la tribune et parla au peuple avec orgueil. L'orgueil des habits manifestait extérieurement l'orgueil intérieur. Jadis en revanche, l'humble reine Esther qui craignait Dieu ne revêtit ses habits royaux, les ornements de sa gloire, que pour se conformer en temps voulu aux usages de son peuple, et ceci sans orgueil, mais après avoir prié trois jours durant en habit de deuil. Les vêtements royaux n'étaient‑ils pas dans ce cas en harmonie avec son âme lumineuse, ses intentions bonnes et pures ? En vérité, c'était ainsi. Comme disent les Ecritures, elle était belle et invoquait Dieu qui voit tout. La beauté du corps correspondait ici </span><span style="font-size:11.0pt;mso-bidi-font-family:Arial;mso-bidi-Times New Roman";mso-no-proof:nofont-family:";font-size:10.0pt;">à </span><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">celle de l'âme (Esther 5).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Mais revenons à Adam. Après avoir péché dans le Paradis, il devint comme une bête sauvage, d'homme qu'il était ; cette bête ravit le fruit défendu, et, sauvage, elle prit aussitôt la fuite pour se cacher, comme un animal du désert. Le vêtement de peau convenait donc parfaitement à ce caractère bestial. Saint Grégoire de Nysse dit à ce propos : « Ceux qui ont défiguré leur âme par des moeurs bestiales se vêtent habituellement de peaux de bêtes. Voilà pourquoi l'Ancien Adam était vêtu de peau, et le nouvel Adam emmailloté de langes de lin ». Selon l'avis de Grégoire et d'Isidore, le lin est toujours signe de pureté dans les Saintes Ecritures. Dans l'Ancien Testament, les vêtements des prêtres étaient en lin, à l'image de leur service pur et sans tache. A cela, le bienheureux Jérôme ajoute : « Lorsqu'en nous préparant à revêtir le Christ, nous déposons nos vêtements de peau, nous nous revêtons de lin, matière qui ne présente aucune marque d'impureté. Le lin est donc l'icône de la pureté, à l'instar du Christ notre Sauveur, innocent en actes et pur de cœur sans péché ni fourberie sur les lèvres (IPi.2,22), si pur que les plus pures et les plus lumineuses des étoiles palissent devant Sa pureté, ainsi qu'il est écrit : les étoiles ne seront pas pures à Ses yeux (Job25,5). Ainsi, il convenait d'emmailloter ce petit Enfant si pur, né de la Vierge toute‑pure, non pas dans un vêtement de peau de bête, mais dans des langes blancs de lin pur, pour mettre en évidence l'harmonie entre la pureté extérieure et la pureté intérieure.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Adam était charnel. Il convoitait tant la chair de sa chair qu’il ne voulut pas l'abandonner ; il courut pour cela le risque d'irriter Dieu de la façon la plus terrible. Ainsi, comme la peau solidaire de la chair, Adam et la chair de sa chair courroucèrent ensemble leur Créateur. Leur raison était devenue charnelle, ils revêtirent les cilices de peau.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Le Christ apparut Lui aussi revêtu de la chair, bien que cette chair fût supérieure à toute chair, mais Il fut la source de toute pureté. C'est pourquoi Il fut emmailloté dans des langes de lin, qui n'ont rien de commun avec la chair. Ainsi vêtu, Il détruisit le cilice de peau de l'amour de la chair et de la convoitise animale. Contemplons le mystère des langes du Christ : ils sont des emplâtres sur les plaies de nos péchés, ils essuient les larmes de nos yeux, ils nous lient à Dieu dans une étroite et indissoluble union d'amour.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi- mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Mais la mangeoire dans laquelle est couché le petit enfant n'est pas non plus sans mystère. Ecoutons ce que dit Théodoret à ce propos : « Regardez la demeure misérable de Celui qui enrichit le ciel ! Voyez la mangeoire de Celui qui trône sur les chérubins, voyez Sa pauvreté ici‑bas et Sa richesse là‑haut ! Le Dieu riche en miséricorde s'est appauvri pour que nous nous enrichissions de Sa pauvreté. C'est à cet effet que le Roi Céleste s'est couché dans une mangeoire : pour que nous apprenions la pauvreté volontaire et l'humilité ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.65pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">A cela saint Cyprien ajoute : « Le Seigneur est allongé dans la mangeoire afin que nous quittions notre vie animale, que nous abandonnions le foin du plaisir pour le Pain Céleste ». Ou, comme dit aussi Thédoret : « Le Verbe de Dieu repose dans la mangeoire afin que les créatures raisonnables et déraisonnables ‑ les saints et les pécheurs ‑ se nourrissent librement et sans contrainte de la nourriture du salut ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.65pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Voici le mystère de la mangeoire du Christ, et voici dévoilé le signe de la venue du Sauveur dans le monde, que l'Ange annonce aux bergers. Un petit Enfant emmailloté et couché dans une mangeoire, mais un grand signe en vérité, un signe plein de mystères, comme nous l'avons entendu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.65pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-mso-no-proof:nofont-size:10.0pt;">Que toute la création rende à ce petit Enfant divin né pour nous, honneur, grâce et adoration, et que la Vierge Marie, toute‑pure et toute‑bénie, reçoive gloire et louange de toutes les générations dans les siècles des siècles. Amen .<o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-66198049666672891912009-12-13T12:46:00.000-08:002009-12-13T12:57:39.111-08:00L'ETRANGER<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SyVVPWNQGJI/AAAAAAAAAko/1krKtoxJQKo/s1600-h/Fuite3.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 240px;" src="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SyVVPWNQGJI/AAAAAAAAAko/1krKtoxJQKo/s320/Fuite3.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5414827849130449042" /></a><br /><p class="MsoBodyText" align="center" style="text-align:center">(Trésor spirituel de Saint Tikhon de Zadonck)</p><p class="MsoBodyText" align="center" style="text-align: justify;"><span style="mso-tab-count:1"><span class="Apple-tab-span" style="white-space:pre"> </span></span>Celui qui quitte sa maison et sa patrie pour s’installer sur une nouvelle terre s’apprête à vivre en étranger, en voyageur de passage. Dans ce monde de calamités éloigné de la patrie céleste, le chrétien est lui aussi un étranger, un voyageur de passage. <i style="mso-bidi-font-style:normal">Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l’avenir</i>, dit le saint apôtre Paul (Hb.13,14). David aussi confesse : <i style="mso-bidi-font-style:normal">je suis un étranger chez Toi, un pèlerin, ainsi que tous mes pères </i>(Ps.38,14). Et il ajoute dans sa prière : <i style="mso-bidi-font-style:normal">je suis un étranger sur la terre, ne me cache pas Tes commandements</i> (Ps.118,19).</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’homme qui s’est exilé sur une terre étrangère multiplie les efforts pour atteindre le but qui a motivé cet exil. Le chrétien, appelé par la Parole de Dieu et renouvelé par le Saint Baptême en vue de la vie éternelle, multiplie aussi les efforts pour ne pas être privé de celle-ci, car elle se conquiert ou se perd en ce monde. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’homme qui vit sur une terre étrangère agit avec crainte, car il évolue en milieu inconnu. Le chrétien aussi a peur de tout en ce monde : il se garde des esprits méchants, du péché, des illusions, des méchants et des impies. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Tous s’écartent de l’étranger et se méfient de lui, car il n’est pas des leurs. Ceux qui aiment le monde, les fils de ce siècle, s’éloignent aussi du vrai chrétien et le haïssent, car sa conduite s’oppose à la leur. Le Seigneur dit d’ailleurs : <i style="mso-bidi-font-style: normal">si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque Mon choix vous a tirés du monde, le monde vous hait</i> (Jn.15,19). On dit que la mer ne garde pas les cadavres, mais les rejette. Le monde inconstant, lui aussi, rejette les âmes pieuses, mortes au monde. Celui qui aime le monde est son enfant chéri, mais celui qui méprise ses convoitises illusoires est son ennemi. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’homme de passage sur une terre étrangère ne fait pas d’acquisition : ni maison, ni jardin, ni rien de tout cela, si ce n’est le strict nécessaire pour vivre. Le vrai chrétien sait aussi que rien dans ce monde n’est immuable : il devra tout abandonner, même son propre corps. <i style="mso-bidi-font-style:normal">Nous n’avons rien apporté dans le monde ; de même, nous n’en pouvons rien emporter</i> (1Tim.6,7). C’est pourquoi le vrai chrétien ne recherchera rien d’autre en ce monde que le nécessaire, suivant les paroles de l’Apôtre : <i style="mso-bidi-font-style: normal">lors donc que nous avons nourriture et vêtement, sachons être satisfaits</i> (1Tim.6,8).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’étranger retournera dans sa patrie avec des biens mobiliers, comme de l’argent ou des marchandises. Les biens mobiliers que le vrai chrétien pourra emporter avec lui dans l’autre monde sont ses bonnes oeuvres. Ce sont elles qu’il s’efforcera d’amasser ici-bas, tel un marchand qui acquiert des denrées spirituelles. C’est avec elles aussi qu’il se présentera devant le Père Céleste. A cela nous appelle le Seigneur : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Amassez-vous des trésors dans le ciel : là, ni la teigne ni la rouille ne détruisent, point de voleurs qui percent et dérobent</i> (Mt.6,20).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Les fils de ce monde se préoccupent du corps corruptible, mais les âmes pieuses se préoccupent de l’âme immortelle. Les fils de ce monde cherchent des trésors temporels et terrestres, mais les âmes pieuses aspirent aux biens éternels et célestes, <i style="mso-bidi-font-style: normal">que l’oeil n’a point vus, que l’oreille n’a point entendus, et qui ne sont pas montés au coeur de l’homme </i>(1Cor.2,9). Contemplant avec l’oeil de la foi ce trésor imprenable et inconcevable, ils dédaignent toutes les richesses terrestres. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Les fils de ce monde courent derrière la gloire d’ici-bas, mais les vrais chrétiens recherchent la gloire du ciel, leur vraie patrie. Les fils de ce monde parent leur corps de précieux vêtements, mais les fils du Royaume de Dieu cherchent à parer leur âme immortelle <i style="mso-bidi-font-style:normal">d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience </i>(Col.3,12). Les fils de ce siècle sont insensés et fous, ils recherchent ce qui n’a aucune valeur. Les fils du Royaume sont raisonnables et sages, ils s’intéressent à ce qui renferme la béatitude éternelle. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’étranger s’ennuie loin de sa patrie ; le vrai chrétien s’ennuie et trouve pénible de vivre en ce monde. Pour lui, tout ici-bas n’est qu’exil, bannissement ou prison, puisqu’il est loin de sa patrie céleste. <i style="mso-bidi-font-style:normal">Malheur à moi car mon exil s’est prolongé</i>, dit David (Ps.119,5) entouré du choeur des soupirs de tous les saints.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’étranger s’ennuie sur une terre étrangère, mais il tient bon car il se souvient de ce qui motive son exil. Le vrai chrétien lui aussi s’ennuie en ce monde, mais il supportera tant que Dieu l’ordonne, gardant toujours à l’esprit le souvenir de sa patrie. Les juifs exilés à Babylone se languissaient sans cesse de Jérusalem, ils attendaient avec ferveur le retour. Les vrais chrétiens sont dans ce monde comme sur les rives de Babylone, assis à pleurer et gémir au souvenir de la Jérusalem Céleste (Ps.136). <i style="mso-bidi-font-style:normal">Nous sommes pleins de hardiesse et préférons quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur </i>(2Cor.5,8), dit en soupirant Saint Paul.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Les fils de ce monde s’attachent à lui comme à une patrie, un paradis, c’est pourquoi ils ne veulent pas le quitter. Mais les fils du Royaume s’éloignent de lui par le coeur, et supportent toutes sortes de tribulations pour parvenir dans leur patrie, car pour un vrai chrétien, la vie en ce monde n’est qu’une souffrance et une croix.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Quand l’étranger revient au pays, ses parents, ses voisins et ses amis se réjouissent de son retour, le saluent, lui souhaitent bienvenue. Quand le vrai chrétien termine son pèlerinage ici-bas et parvient à la patrie céleste, les anges et les saints se réjouissent de son arrivée. Quand l’étranger rentre au pays, il vit sans danger, en toute quiétude. De même le vrai chrétien parvenu dans sa patrie céleste se repose, ne craint plus, et vit dans la béatitude et l’allégresse. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Alors regarde, ô chrétien !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Notre vie ici-bas n’est rien d’autre qu’un voyage : <i style="mso-bidi-font-style:normal">la terre M’appartient,</i> dit le Seigneur, <i style="mso-bidi-font-style:normal">et vous n’êtes pour Moi que des étrangers et des hôtes </i>(Lev.25,23).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Notre vraie patrie n’est pas ici mais au ciel. Pour elle nous avons été créés, appelés par la Parole de Dieu, et renouvelés par le Saint Baptême. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Nous ne devons pas, compte tenu de notre vocation céleste, rechercher les biens terrestres ou nous y attacher, sauf pour le nécessaire : la nourriture, les vêtements, un toit...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Le chrétien ne doit rien désirer d’autre en ce monde que la vie éternelle : <i style="mso-bidi-font-style:normal">là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur </i>(Mt.6,21).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Celui qui veut être sauvé doit détacher son coeur du monde tant que son âme n’a pas émigré vers les demeures éternelles.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Celui qui cherche la richesse ou la gloire montre qu’il a le monde et non le ciel pour patrie : il comprendra son erreur le jour de sa mort...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-36545664257272493502009-12-13T12:29:00.000-08:002009-12-13T12:41:09.035-08:00VIE DE L'EVÊQUE INNOCENT DE PENZA<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SyVRMorzbiI/AAAAAAAAAkg/NcQiv7hE1KE/s1600-h/St+Innoncent+de+penza1.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 244px; height: 320px;" src="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SyVRMorzbiI/AAAAAAAAAkg/NcQiv7hE1KE/s320/St+Innoncent+de+penza1.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5414823404504313378" /></a><br /><p class="MsoBodyText" align="center" style="text-align: justify;">« Les athlètes russes de la piété aux dix-huitième et dix-neuvième siècles »</p><p class="MsoBodyText" align="center" style="text-align: justify;">(Edition du Mont Athos)</p> <p class="MsoBodyText"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Moine authentique, érudit, et confesseur de la foi chrétienne, le hiérarque Innocent portait le nom d’Hilaire avant de quitter le monde. Il naquit le 30 mai 1784. Son père était clerc d’une église de Pavlovsk, dans les faubourgs de Moscou.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Dès l’enfance, Hilaire manifesta beaucoup de modestie. Alors qu’il étudiait au séminaire Perervinsky de Moscou, il reçut d’ailleurs le nom de <i style="mso-bidi-font-style:normal">Smirnov</i>, qui signifie calme, paisible. Quand il eut terminé ses études de théologie, cette fois au séminaire de la Laure, on le nomma enseignant. Quatre ans plus tard, il fut promu inspecteur. Sentant la vocation monastique, il reçut la tonsure la même année. En 1810, on le nomma supérieur du monastère d’Ougrech, et par la suite du monastère Znamensky. En 1812, il fut honoré du titre de lauréat des sciences théologiques de l’Académie Théologique de Saint-Pétersbourg, et élevé au rang d’Archimandrite. Dans la capitale, il se distingua par ses dons de prédicateur. En 1813, il était recteur du séminaire théologique, professeur de l’Académie, membre de la Censure Théologique, et supérieur du monastère Saint-Serge.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Enseignant l’histoire de l’Eglise, l’Archimandrite Innocent ne voulait pas dépendre des érudits étrangers ; aussi décida-t-il de vérifier personnellement les événements historiques aux sources mêmes, et de compiler ses propres notes. C’est ainsi que naquit sous sa plume une <i style="mso-bidi-font-style:normal">Esquisse de l’histoire de l’Eglise des temps bibliques jusqu’au dix-huitième siècle</i>, ouvrage qui fut réédité à maintes reprises et constitua bientôt le seul manuel de référence dans les séminaires. Mais il y eut d’autres oeuvres remarquables, notamment la <i style="mso-bidi-font-style:normal">théologie active</i>, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal">essai de commentaire sur les deux premiers psaumes</i>, et le <i style="mso-bidi-font-style:normal">commentaire du Symbole de Foi</i>. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Les jours de fête, l’Archimandrite Innocent se retirait au monastère Saint-Serge et, sans préparation, prononçait des sermons inspirés. Pendant ces années-là, son service était constamment récompensé : il fut élevé au rang de docteur en théologie, d’Archimandrite de premier ordre, de supérieur du monastère de Novgorod-Iourev, et reçut même la médaille de Saint-Vladimir Egal-aux-Apôtres, au deuxième degré. Toutefois, ce n’est pas tant l’activité extérieure de cet homme hors du commun qui mérite l’attention, mais sa précieuse vie intérieure.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Depuis sa jeunesse, Innocent aspirait à la vie ascétique. Un jour, au cours d’une lecture, il fut frappé par le portrait du vrai serviteur de la foi que brosse Saint Paul dans son épître à Timothée. Dès lors, il se mit à être particulièrement attentif à lui-même. Comme il était très humble et profondément pénétré de la conscience de son indignité, il entreprit de se juger sévèrement. Sa piété se changea bientôt en un ardent sentiment spirituel, qui lui fit redouter tout acte ou parole injuste, et engager un combat permanent contre les subtils mouvements de l’amour propre et du plaisir. Le Nom du Seigneur devint pour lui une arme de tous les instants. Sa ferveur était si intense qu’il devait souvent s’éloigner d’une lecture ou d’un entretien pour cacher ses larmes. Il aimait à apprendre des gens simples, et cherchait à ce qu’on remarquât ses défauts. S’il constatait chez autrui un sincère désir d’amendement, il lui faisait des reproches. Son intelligence était si pénétrante qu’il paraissait deviner les pensées ou les désirs secrets de ses interlocuteurs. Il dévoilait d’ailleurs parfois des péchés cachés. A ceux qui cherchaient auprès de lui quelque instruction, il exposait la nécessité absolue de se souvenir partout et en tout temps du Nom de Jésus Christ : « Le Nom de Jésus Christ, telle une arme flamboyante entre les mains du Séraphin, nous protège des offensives de la tentation. Que ce seul, grand, et inestimable Nom demeure dans notre coeur ! Qu’il soit dans notre esprit et notre mémoire, dans notre imagination, devant nos yeux et dans nos oreilles, sur les portes et sur le seuil, à table et sur notre couche. Il rendra ferme notre esprit en face de l’ennemi, nous accordera la vie éternelle, et nous enseignera la sagesse sans le secours d’aucun raisonnement ». Il enseignait également la puissance invisible du signe de la Croix. Fuyant comme le feu les paroles vaines, il se répétait à lui-même : « Innocent, souviens-toi que tu seras justifié ou condamné par tes paroles ! » (Mt.12,37)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Quand il enseignait, l’archimandrite ne recherchait pas l’éloquence ; néanmoins, ses paroles animées étaient toujours empreintes de force et d’ardeur. Pendant l’office divin, on percevait qu’il se tenait devant le Seigneur Lui-même. On décelait l’intense prière de son coeur aux soupirs et aux larmes qui ponctuaient ses ecphonèses. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Innocent ne pouvait pas souffrir les jugements. Un jour qu’on lui faisait part d’infâmes calomnies répandues à son sujet, il répondit : « Ne fais pas de reproche, frère, mais prie ! Comment pourrais-je être irrité par mon ennemi ? Mon vêtement même n’est-il pas là pour me rappeler l’absence de rancune des petits enfants ? » Ainsi, il coupait court à toute conversation concernant les défauts d’autrui.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Innocent s’attristait profondément du fossé qui séparait la vie du chrétien de ses devoirs. Il s’étonnait de ce que les gens passent le temps des offices divins au théâtre à dépenser beaucoup d’argent, et que les riches répugnent à donner un sou pour le soin des églises. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Un jour, un pauvre ermite en haillons visita Innocent, qui lui proposa un de ses vêtements. Comme l’ermite refusait, l’archimandrite lui dit : « Frère, si tu n’acceptes pas ce vêtement au Nom du Seigneur, je le donnerai à un pauvre ou à un frère sur la route ». Le moine finit par accepter et dit en conclusion : « Aujourd’hui, tu m’as vêtu. Viendra le moment où tu t’appauvriras : alors le Seigneur te vêtira. Je crois qu’alors s’accomplira pour toi la parole : <i style="mso-bidi-font-style:normal">celui qui donne au pauvre prête à Dieu et recevra au centuple</i> ». Cette prophétie s’accomplit en son temps.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Une veilleuse brûlait en permanence devant les icônes de la cellule d’Innocent. Malgré la faiblesse de son corps, épuisé par le labeur et le jeûne, il se mettait souvent à genoux pour dire la prière du publicain : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Ô Dieu, sois miséricordieux pour le pécheur que je suis !</i><o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’activité d’Innocent à Saint-Pétersbourg dura sept années. Elle était surprenante par la complexité et la diversité des tâches : il était à la fois administrateur, enseignant, censeur, chercheur, supérieur, prédicateur, père spirituel et ascète. Mais ce flambeau éclatant commença pourtant à s’épuiser. Les efforts intellectuels surmenaient sa santé fragile. Une nuit, fatigué par la préparation des notes du lendemain, il s’allongea sur le sol près du lutrin afin de se réveiller plus vite pour conclure son travail. Mais il prit froid, tomba gravement malade, et ne put jamais vraiment se rétablir.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Les capacités, la renommée et l’activité d’Innocent laissait présager une brillante carrière. Selon la coutume, après une ou deux nominations, il allait probablement être appelé à une cathèdre célèbre et historique, où son activité pourrait atteindre des sommets. Mais le Seigneur rendit Son serviteur digne de terminer très tôt sa vie laborieuse et, de surcroît, de la terminer non dans la gloire, mais dans les tribulations supportées pour la vérité. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Lors du règne d’Alexandre I, la haute société russe connut un engouement pour ce qu’on appelait à l’époque le <i style="mso-bidi-font-style:normal">christianisme spirituel</i>. Cet enseignement erroné, souvent opposé à l’Orthodoxie, penchait vers la négation de l’Eglise et donnait naissance à des sectes au mysticisme malsain, précurseur des tendances hérétiques apparues par la suite. Ce mouvement était protégé par le Président du Saint Synode, le prince Golitsyne, un personnage très influent.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Le coeur de l’archimandrite Innocent était blessé de voir cet enseignement se propager. Il ne se gênait d’ailleurs pas pour exprimer son opinion sur les livres qui le diffusaient : « Le chrétien qui juge sainement n’aura pas assez de larmes à verser sur les blessures que ces livres peuvent ouvrir dans les établissements scolaires. Pleins d’égarements et de sophismes psychiques, ils raisonnent si mal que l’âme frémit à une telle lecture ». <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>En 1818, un certain Stanovitch écrivit un livre intitulé : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Entretien sur la tombe d’un petit enfant à propos de l’immortalité de l’âme, lequel n’apportera de consolation que s’il a pour fondement la foi exacte de l’Eglise</i>. Ce livre dénonçait de façon tranchante les faux raisonnements du soi-disant <i style="mso-bidi-font-style:normal">christianisme spirituel</i>, que colportaient des périodiques et des traductions. L’archimandrite Innocent dut feuilleter le livre de Stanovitch en sa qualité de censeur. Plein de zèle pour la pureté de la foi, il le déclara conforme à la doctrine de l’Eglise Orthodoxe. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’archimandrite Philarète, futur Métropolite de Moscou, conseilla à Innocent d’être prudent dans sa désapprobation du <i style="mso-bidi-font-style:normal">christianisme spirituel</i> : « Nous autres archimandrites, nous ne pouvons pas sauver l’Eglise des erreurs qui s’y infiltrent ; il vaut mieux s’adresser au Métropolite, car sa voix a plus de poids que les nôtres ». Mais Innocent considéra qu’il devait agir, quand bien même sa tentative ne serait pas couronnée de succès : « Ne pas dire la vérité signifie manquer de courage. Faut-il ne pas parler parce qu’on ne voit pas poindre le succès ? Le succès n’est pas notre affaire, mais celle du Seigneur ! Notre affaire à nous, c’est de témoigner pour la gloire du Seigneur ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Le livre de Stanovitch fut édité et suscita l’indignation du prince Golitsyne, et sa vengeance. Le prince connaissait d’ailleurs dès le début la désapprobation d’Innocent. L’auteur du livre, qui n’était qu’un pauvre homme sans défense, fut expulsé de Saint-Pétersbourg. Le 6 janvier 1819, le livre fut interdit par la très haute autorité. Une très sévère remontrance fut faite à Innocent pour « avoir autorisé de façon inconsidérée une oeuvre qui tend à détruire l’esprit de l’enseignement intérieur chrétien. De plus, à son jugement sur l’immortalité de l’âme, l’auteur rattache la défense de notre Eglise gréco-russe que personne n’attaquait. Ce livre est totalement opposé à ce qui guide notre gouvernement chrétien dans les domaines spirituel et civique ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Il était clair désormais qu’Innocent n’allait pas rester très longtemps à Saint-Pétersbourg. Malgré cela, le vent devait tourner six ans plus tard pour le livre de Stanovitch, avec le nouveau ministre de l’Education qui publia le décret suivant : « De nombreux livres en rapport avec la foi contenant des commentaires erronés des Saintes Ecritures ont été édités de façon privée sans aucun examen du Synode ; au contraire, des livres écrits dans l’esprit de notre foi orthodoxe ont subi une sévère interdiction. Ainsi, le livre publié sous le titre <i style="mso-bidi-font-style: normal">Entretien sur la tombe d’un petit enfant à propos de l’immortalité de l’âme</i> a été interdit et mis de côté. Ce livre vient d’être examiné et approuvé par le Métropolite, et nous ordonnons d’autoriser son édition et sa diffusion ». <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>En janvier 1819, la persécution faisait rage contre Innocent. On peut avoir une idée de ses impressions grâce aux lettres qu’il adressa à une personne dévouée. « Il est agréable d’entendre, écrivait-il le 7 janvier, des accusations au sujet desquelles la conscience est en paix ». Et le 8 janvier : « Je n’entends pas encore les réprimandes, et mon âme en est d’autant plus affaiblie. En rencontrant le prince au palais le jour de la Théophanie, j’ai remarqué qu’il était profondément offensé. Entre nous, j’ai prié pour lui en offrant au Seigneur le sacrifice non sanglant et, je ne sais pourquoi, j’ai prié en versant des larmes de componction. Dieu accorde cela et le coeur s’adoucit. Sans paix entre le prince et moi, il me serait difficile d’apparaître à ses réunions ; lui ne saurait me supporter. Ainsi dois-je être jeté dehors comme une ordure spirituelle et la balayure de Saint-Pétersbourg. Si cela est agréable au Seigneur, c’est sûrement pour le bien de tous et pour mon bien particulier. Il est bien triste que ce pauvre auteur dont j’ai laissé passé l’oeuvre ait été expulsé en vingt-quatre heures. Je suis la cause de cela, moi l’insensé. Si son livre n’était pas passé, il serait toujours là, à son poste, et en paix ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’archimandrite Innocent fut nommé à la cathèdre d’Orenbourg et consacré évêque le 2 mars dans la cathédrale de la Mère de Dieu de Kazan. Ce jour-là, son visage rayonnait de joie spirituelle. Le soir, dans sa cellule, il dit à un moine : « Je suis un serviteur indigne et on m’a honoré de la dignité la plus sainte ! » Après quoi il chanta l’hymne d’action de grâce à la Toute-Sainte, puis l’hymne « voici l’Epoux qui vient au milieu de la nuit ». Ses yeux étaient pleins de larmes. Il termina par le chant : « Je vois Ta chambre nuptiale, ô mon Sauveur ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>La santé d’Innocent se détériorait de plus en plus. « La route de Moscou n’est pas très longue, écrivait-il, mais la mort est encore plus proche. Quand viendra-t-elle ? On ne sait pas. Mais elle viendra soudainement... » Le 23 mars, le Métropolite intercéda auprès du Tsar pour qu’Innocent fût transféré à la cathèdre de Penza et Saratov, à cause de la faiblesse de sa nature et de sa mauvaise santé. On le pressa d’abord de se rendre à Moscou pour sacrer un évêque, suite à la mort de l’Archevêque de Moscou. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Le jour du départ, beaucoup de monde se rassembla auprès de Son Eminence Innocent. Il offrit un de ses sermons à chacun de ses disciples en disant : « Je vous donne ceci en souvenir de moi. Avec le temps, comparant vos oeuvres aux miennes, vous pourrez vous dire : comme on écrivait médiocrement jadis ! Je vous aimais et souhaitais faire votre bonheur. Mais à présent, je vous quitte en vous confiant à Dieu. Apprenez la patience ! » Il laissa beaucoup d’objets à ses admirateurs. Puis vint le moment du départ. « A cet instant où je monte en voiture, priez pour que le Seigneur soutienne ma faiblesse. Quel poids sur ma tête, sur mes yeux, sur mon esprit, et plus encore, sur mon coeur ! Comment le Seigneur va-t-il bénir le présent départ ? Je Lui remets tout. Que ces bras se tendent vers Lui seul. Voilà mon désir ! » <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Le voyage de Moscou épuisa complètement Innocent qui accomplit le sacre avec difficulté : « Je partis jeudi à grand-peine pour la nomination, et j’en revins à demi conscient. Dimanche, je célébrai à la cathédrale de la Dormition et j’accomplis le sacre. Le Seigneur seul donne les forces nécessaires à l’accomplissement d’une si grande oeuvre. Les spectateurs doutaient que je pourrais terminer ce que j’avais entrepris. Je tremblai moi-même, à demi conscient, espérant mais croyant à peine à la miséricorde du Seigneur... Après la fin de la Liturgie, j’eus de la peine à regagner ma calèche. Je me souviens à peine comment je parvins à l’appartement où je me soigne. Tant que je ne serai pas guéri, je n’irai pas à Penza : qu’ils jugent comme ils veulent ! » La célébration à la cathédrale de la Dormition, glaciale en cette période de l’année, détériora complètement la santé d’Innocent. Il dut séjourner trois mois à Moscou. Il souffrait vraisemblablement d’hydropisie. Dans les premiers temps, il manquait de tout. Par la suite, il reçut les soins des gens pieux, touchés de la souffrance de cet homme persécuté. C’est ainsi que s’accomplirent les paroles du pèlerin. La plus grande aide vint surtout de la comtesse A.A. Orlov, qui laisse le souvenir impérissable d’une fervente orthodoxe. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Innocent souffrait aussi beaucoup moralement. L’orage qui avait éclaté au-dessus de sa tête secouait beaucoup cette âme douce : « Il y a en moi une crainte des gens, j’ai peur qu’ils ne me fassent du mal. C’est la maladie qui fait naître en moi cette crainte ». Quand enfin l’évêque put partir, la comtesse le fit accompagner par un médecin, l’entoura de toutes les commodités, et assuma toutes les dépenses du voyage. Le trajet eut lieu au pas. « Priez que le Seigneur bénisse mon chemin et ma vie. Qu’Il adoucisse la maladie pour que je puisse poursuivre ma vie terrestre : je voudrais, même par intermittence et par l’effet de Sa bonté, la consacrer à Son saint Nom ». <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Le 21 juin, Innocent entrait à Penza. Le temps était beau. La foule était amassée de chaque côté du chemin, aux abords de la cathédrale, et à l’intérieur. Tous s’inquiétaient de l’aspect maladif du nouvel évêque. L’intense souffrance avait imprimé une grande pâleur sur son visage. Sa voix tremblait de faiblesse. Après l’office d’action de grâce, Son Eminence fit une homélie sur le thème de la paix. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Malgré la maladie, le nouvel évêque ne laissa aucun dimanche ni aucune fête sans célébration ni sermon. Son enseignement impressionnait fortement ses ouailles. Il prêchait en versant des larmes. Quand il offrait le sacrifice non sanglant, il s’animait d’une vie nouvelle, surtout quand il invoquait la venue de l’Esprit Saint sur les Dons. Il se prosternait en pleurant et, malgré le poids des vêtements sacerdotaux sur son corps maladif, il ne permettait pas aux diacres de le soutenir. Il s’absorbait tant dans la prière qu’une fois, après le chant des chérubins, il ne remarqua même pas l’agitation qui gagnait le peuple à la nouvelle d’un incendie qui s’était déclaré dans la maison épiscopale. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Il y avait beaucoup de travail pour réorganiser le diocèse. Le clergé n’était pas à la hauteur escomptée. La maison épiscopale était « comme une cabane ou une mauvaise auberge » : son plancher se soulevait sous les pas, les vitres étaient enfumées et brisées, la pluie traversait le toit. Le garde forestier avait pris possession des terres de l’évêché. Bref, tout était à rectifier.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Après avoir inspecté les églises et les établissements de théologie de la ville, l’évêque entreprit une tournée à travers le diocèse. Il eut beaucoup de peine quand il vit la pauvreté des églises. Certaines n’avaient ni bible, ni aucun des livres nécessaires à la célébration du cycle ecclésial. Elles n’avaient parfois que trois ou quatre vêtements sacerdotaux, dont un seul en soie, et tous les autres en toile. La visite à Saratov, en revanche, fit bonne impression à l’évêque. Il y avait là dix églises. A la cathédrale, Monseigneur Innocent fit un sermon sur le texte : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Magnifiez avec moi le Seigneur et exaltons tous ensemble Son Nom</i>. « Quand je prononçai les mots <i style="mso-bidi-font-style:normal">magnifiez avec moi le Seigneur</i>, j’avais envie d’embrasser tout le monde pour magnifier le Très-Haut. Le peuple était nombreux. La cathédrale, son parvis et son narthex étaient pleins de monde ».Au troisième jour de son séjour à Saratov, l’évêque, totalement épuisé, dut s’aliter. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Deux semaines plus tard, il revint à Penza, où il ne cessa de s’occuper des affaires de son diocèse, et ceci jusque sur son lit de mort. Apprenant que la commission des établissements scolaires et théologiques allait rééditer son <i style="mso-bidi-font-style:normal">Histoire de l’Eglise</i>, il se préoccupa de la révision. C’est à peine si le médecin pouvait le convaincre de prendre ses remèdes. Le regard du malade était constamment tourné vers le crucifix. Une semaine avant la fin, il donna mille roubles pour l’entretien des élèves pauvres des établissement paroissiaux du district de Penza.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>- Qui faut-il remercier ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>- Jésus-Christ !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;">Il était tellement affaibli<span style="mso-spacerun:yes"> </span>qu’il ne pouvait même plus soulever un verre d’eau. Pourtant, il ne lâcha pas la plume jusqu’à la fin. L’automne tardif et pluvieux ne faisait qu’accroître ses souffrances. Il n’avait plus que la peau sur les os. De lui émanaient pourtant le calme, la componction et la révérence. On lui disait qu’il ressemblait beaucoup à Saint Dimitri de Rostov : « Ce n’est pas une grande affaire d’avoir une ressemblance extérieure. Si seulement la grâce de Dieu me rendait digne de m’approcher de lui par l’esprit ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Pendant cette dernière maladie, personne n’entendit le malade pousser le moindre gémissement. Si quelqu’un compatissait, il coupait court en disant : « Dieu le veut ainsi ! » La nuit du 9 octobre, il appela son serviteur de cellule et lui dit : « Quelle merveilleuse vision j’ai eue ! Il me semblait que les cieux s’étaient ouverts ! Deux jeunes gens lumineux vêtus de blancs sont descendus vers moi des hauteurs, m’ont regardé avec amour, m’ont pris avec eux, moi si faible, et m’ont élevé vers le ciel. Mon coeur s’est rempli d’une joie ineffable et je me suis réveillé ! » <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Le 10 octobre au matin, Son Eminence demanda la sainte onction, rassemblant ses dernières forces pour répéter les prières et se soulever un peu. Ensuite, sa langue commença à s’engourdir, sa respiration s’interrompit, et il croisa les bras sur sa poitrine. Les personnes présentes les décroisèrent pour libérer la respiration, mais il les croisa de nouveau. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Les souffrances se prolongèrent jusqu’à six heures du soir, mais le visage était paisible. Puis quelqu’un commença à lire le Psautier. Au psaume cinquante-quatre, les larmes du mourant coulèrent en entendant les mots : <i style="mso-bidi-font-style:normal">j’ai crié vers Dieu et le Seigneur m’a exaucé ! </i>Puis quand on entendit <i style="mso-bidi-font-style:normal">Et moi Seigneur, j’espère en Toi</i>, Monseigneur Innocent poussa le dernier soupir et son âme partit paisiblement vers Dieu. Il s’endormit donc le 10 octobre 1819, dans sa trente-sixième année, après avoir été sept mois évêque, dont trois au sein de son troupeau. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’office funèbre, au grand étonnement de tous, fut célébré par son prédécesseur, alors à la retraite à Penza. L’inspecteur du séminaire, l’archimandrite Basile, futur évêque de Tobolsk, prononça un discours remarquable et touchant : « Pourquoi te cacher de nous si vite, lumière de nos yeux ? Pourquoi connais-tu ton coucher à l’aurore même de ta vie ? C’est à peine si nous avons eu le temps - et certains ne l’ont pas eu - de te donner le premier baiser, et tu exiges déjà le dernier. Relève-toi, bon pasteur, et écoute les cris de tes enfants qui t’appellent ! Sois attentif aux sanglots des orphelins qui déversent à tes pieds des larmes de gratitude ! La lente reconnaissance des coeurs pénétrés de ta bonté n’a pas eu le temps d’offrir un sacrifice digne de toi que tu donnes déjà ton âme pour tes brebis. Quel amour saurait être plus élevé et plus fort que celui-ci ? Oh, si seulement nos pleurs pouvaient ranimer ton coeur, comme jadis ils étaient ranimés par tes paroles ! Mais voici qu’il s’est endormi ; seule la trompette de l’ange aura la force de le réveiller ! En vain notre cri rebelle vient-il troubler ton calme repos, si nécessaire après tous ces labeurs. Reçois la couronne de justice qui t’attend pour ta foi et tes exploits spirituels ! Unis-toi en esprit avec le Seigneur, dont ta bouche portait sans cesse le Nom, ce Nom qui était aussi gravé dans ton coeur. Mais ne nous abandonne pas, même après ton départ ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>On enterra Innocent sous l’autel de Kazan dans la cathédrale de Penza. Les habitants de la ville célèbrent jusqu’à ce jour des offices pour le repos de l’âme de leur pasteur. La mémoire de ce défenseur zélé et droit de la vérité du Christ, de cet être dévoué et sans méchanceté, de cette âme limpide de petit enfant, de ce bon pasteur, est gardée pieusement par ceux qui souhaitent conserver précieusement l’intégrité et la pureté de l’Orthodoxie.<o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-46091778346315573552009-12-11T10:04:00.000-08:002009-12-11T10:16:46.260-08:00DIALOGUE ENTRE UN MOINE ET UN LAÏC (suite)<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SyKMhgK46sI/AAAAAAAAAkY/5dd7kpIm3mg/s1600-h/PHOTOLISTE_20090720175345_grece_moine_du_mont_atho_150_250-ombre-bord-autocrop.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 155px; height: 254px;" src="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SyKMhgK46sI/AAAAAAAAAkY/5dd7kpIm3mg/s320/PHOTOLISTE_20090720175345_grece_moine_du_mont_atho_150_250-ombre-bord-autocrop.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5414044209251936962" /></a><br /><p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center;text-indent:8.5pt; tab-stops:18.0pt"></p><p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">(Saint Ignace Briantchaninov)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Des scandales, brutalement dévoilés dans les détails, sont à l’origine de critiques contre les moines et les monastères.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Je suis d’accord. Ne pensez pas que je veuille cacher le mal, alors qu’il nuit à tous. Au contraire, je voudrais sincèrement que le mal fût extirpé du champ du Christ, et que ce champ ne produisît que du blé pur et mûr. Je répète qu’il est indispensable de connaître avec exactitude l’économie divine afin de pouvoir la dissocier des abus humains et agir avec succès contre ces derniers. Il est indispensable d’y voir clair sur la question du mal pour pouvoir le combattre avec les moyens appropriés. Autrement, on remplacerait un mal par un autre mal, des erreurs par d’autres erreurs, des abus par d’autres abus, et on irait jusqu’à fouler aux pieds, rejeter, et défigurer l’économie divine, comme l’ont fait les protestants à l’égard de Rome. Il est indispensable de connaître l’art de la médecine pour trouver le remède approprié et efficace. Sinon, on inflige la mort au malade à la place de la maladie. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count: 1"> </span>Le point de vue des laïcs d’aujourd’hui sur les moines est en général très injuste, puisqu’ils se sont par trop séparés d’eux, moralement et spirituellement. Entre les chrétiens qui vivent au monastère et ceux qui vivent dans le monde, il y a toujours un lien des plus étroits. Les habitants des monastères ne viennent pas de la lune ou d’une quelconque planète. Ils viennent du monde pécheur d’ici-bas. L’absence de morale qui attire la condamnation sur un monastère trouve son origine dans le monde. La décadence du monachisme vient de ses relations avec le monde ; elle est liée très étroitement à la décadence des laïcs. La décadence morale du monachisme est une conséquence de la décadence de la morale et de la piété des laïcs. Le monachisme est fondé et construit sur le Christianisme. Il progresse ou s’affaiblit conformément au progrès ou à l’affaiblissement du Christianisme. Le fond du problème est donc le Christianisme lui-même : le monachisme n’en est qu’un aspect, une manifestation particulière. Le mal est commun ! Pleurons-le donc ensemble, et préoccupons-nous ensemble de le guérir ! Manifestons de la compassion et de l’amour pour l’humanité ! Mettons de côté ces cruelles condamnations réciproques, qui ne sont qu’attitudes pharisiennes visant à détruire la maladie en frappant le malade avec une poutre !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Votre conception du lien moral entre moines et laïcs est nouvelle pour moi. Je comprends qu’elle vous vient de l’<i style="mso-bidi-font-style:normal">expérience</i>, sinon elle ne saurait être si profonde. La <i style="mso-bidi-font-style:normal">théorie</i>, réduite à elle-même, est souvent superficielle. Exposez-moi tout cela avec plus de détails, je vous prie.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Vous ne vous trompez pas. J’exposerai ici, en partie le fruit de mes propres observations, et en partie le fruit de mes entretiens avec des personnes absolument dignes de confiance. Le Métropolite Séraphim de Saint-Pétersbourg, lors d’une conversation sur la multiplication des procédures de divorce aujourd’hui, me disait que lorsqu’il était évêque vicaire à Moscou, il y avait au consistoire une ou deux actions en divorce par an. Les vieux Archevêques de l’époque disaient qu’il n’y en avait aucune pendant leur jeunesse. Voici un exemple de la moralité des temps passés. Le triste cheminement vers la situation actuelle est rapide et peu réjouissant. Les récits des vieux moines confirment les conclusions du Métropolite. Au début du siècle, on voyait rentrer dans les monastères beaucoup de vierges, de personnes qui ne connaissaient pas le goût du vin, de gens qui s’abstenaient des réjouissances mondaines, ne lisaient aucun livre séculier, et avaient été éduquées par la lecture des Saintes Ecritures et des écrits des Pères, la fréquentation sans faille des églises de Dieu, et d’autres pieuses habitudes. Elles apportaient aux monastère une moralité entière, qui n’était pas ébranlée par des habitudes dépravées. Elles apportaient au monastère une santé qui n’avait pas été endommagée par des excès, elles étaient capables de supporter l’ascèse, le travail, et les privations. La sévère piété du monde éduquait des moines sévères et forts, autant par l’âme que par le corps.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>A présent, le Christianisme affaibli produit des moines faibles. Il est très rare de voir rentrer un homme vierge au monastère, ou une personne qui n’ait pas d’habitude dépravée. On voit plutôt des êtres faibles, détériorés d’âme et de corps, dont l’imagination et la mémoire sont encombrées par les romans et autres livres de la même teneur, des êtres qui se sont rassasiés de la jouissance des sens et ont acquis le goût de toutes ces tentations qui remplissent le monde. Ils entrent au monastère avec des habitudes pécheresses bien enracinées, avec une conscience émoussée, mise à mort par un genre de vie qui permet toutes les iniquités et toutes les tromperies pour couvrir ces dernières. Ces gens-là ont à mener un très rude combat contre eux-mêmes, en raison du profond enracinement de leurs habitudes dépravées, de leur absence de sincérité, de leur incapacité même à être sincère. Il est très difficile d’instruire de tels gens. Ces personnes entrent au monastère, ôtent leurs vêtements laïcs pour revêtir les vêtements monastiques, mais elles gardent les habitudes et l’état d’esprit du monde qui, faute d’être assouvis, acquièrent un regain de force. Selon la parole de Dieu, les habitudes pécheresses ne peuvent s’affaiblir que par la confession et le combat. Autrement, quand l’opportunité se présente, l’habitude affamée, qui a gardé tout son pouvoir sur l’homme, se jette sur lui avec avidité et transport. Les monastères constituaient autrefois des refuges sûrs pour ceux qui étaient moralement malades. Mais ils ont changé avec le temps, et ont perdu leurs mérites. Par exemple, après avoir été installés par leurs fondateurs dans un désert profond ou au moins à l’écart du monde, ils se retrouvent aujourd’hui au milieu du monde et de ses innombrables tentations, à cause de l’accroissement de la population. De plus, il n’est plus suffisant de franchir les portes du monastère pour éviter de rencontrer la tentation à laquelle on est incapable de résister, car aujourd’hui, la tentation a fait incursion dans le monastère avec furie, produisant ravages et méfaits. L’esprit anti-monastique<span style="mso-spacerun:yes"> </span>voit comme un triomphe l’irruption des tentations à l’intérieur même du monastère. En raison du peu de moralité du monde d’aujourd’hui, il est donc plus nécessaire encore de construire les monastères à l’écart du monde. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Quand la vie du monde était unie à celle de l’Eglise, la piété des laïcs ne différait en rien de celle des moines, si ce n’est par le mariage et les acquisitions. Il était naturel de construire des monastères au milieu des villes, et ces monastères ne manquaient pas de produire de nombreux saints. Mais à présent, une attention particulière doit être portée à l’exhortation de l’Apôtre (2Cor.6,17) : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Sortez donc du milieu de ces gens-là et tenez-vous à l’écart, dit le Seigneur. Ne touchez rien d’impur, et moi, je vous accueillerai.</i><o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Beaucoup pensent qu’on pourrait notablement amoindrir les tentations par une loi qui interdirait l’entrée des monastères aux jeunes gens. Ces derniers pâtissent en effet fortement de leurs habitudes extérieures et sont pleins de passions. On pourrait réserver l’entrée des monastères aux adultes et aux vieillards.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;">- Cette mesure n’est raisonnable qu’en apparence. Au lieu de protéger et d’élever le monachisme, elle aurait pour effet de le détruire définitivement. Le monachisme est la science des sciences. En lui, théorie et pratique avancent main dans la main sur une voie sanctifiée de bout en bout par l’Evangile. Sur cette voie, avec l’aide de la lumière céleste, on passe d’une activité tout extérieure à la vision de soi-même. La juste vision de soi-même qu’apporte l’Evangile est prouvée incontestablement par l’expérience intérieure, qui elle-même confirme avec conviction la vérité de l’Evangile. Science des sciences, le monachisme apporte, selon le langage des scientifiques de ce monde, la connaissance la plus précise, la plus profonde et la plus élevée de la théologie de la psychologie expérimentale, c’est-à-dire la connaissance <i style="mso-bidi-font-style:normal">vivante</i> de l’homme et de Dieu, pour autant que cette connaissance soit accessible à l’homme.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Pour accéder aux sciences de ce monde, il faut des capacités neuves, une réceptivité totale, l’énergie d’une âme intacte. Tout cela est encore plus indispensable pour apprendre avec succès la science des sciences, le monachisme. Un combat contre la nature attend le moine. Le meilleur âge pour entreprendre ce combat, c’est l’adolescence. L’adolescent n’est pas encore enchaîné par les habitudes ; en lui la bonne volonté est encore passablement libre. L’expérience montre que les meilleurs moines sont ceux qui entrent au monastère dans leur tendre jeunesse. La plus grande partie des moines d’aujourd’hui sont entrés jeunes au monastère, très peu à l’âge adulte, et encore moins dans la vieillesse. Ceux qui entrent au monastère à l’âge adulte ou dans la vieillesse sont bien souvent incapables de supporter la vie monastique et retournent dans le monde sans avoir compris ce qu’est le monachisme. Et ceux qui restent au monastère présentent presque uniquement une piété extérieure, se contentant d'accomplir extérieurement les règles monastiques qui plaisent tant aux laïcs et suffisent à les satisfaire. Il est très rare de rencontrer chez eux une compréhension de l’esprit monastique.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span><span style="mso-tab-count:1"> </span>Passons à l’enseignement de la Sainte Eglise. <i style="mso-bidi-font-style:normal">Mon fils, dès ta jeunesse et jusqu’à tes cheveux blancs, choisis l’instruction, et tu trouveras la sagesse. Comme le laboureur et le semeur, cultive la sagesse et compte sur ses fruits excellents</i> (Sir.6,18-19). <i style="mso-bidi-font-style:normal">Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, sois heureux aux jours de ton adolescence sur les voies de ton cœur et les désirs de tes yeux</i> (Eccl.11,9) <i style="mso-bidi-font-style:normal">C’est la sagesse que j’ai chérie et recherchée dès ma jeunesse, j’ai cherché à la prendre pour épouse, et je suis devenu amoureux de sa jeunesse. Elle fait éclater sa noble origine en vivant avec Dieu, car le Maître de tout l’a aimée : elle est de fait initiée à la science de Dieu et c’est elle qui choisi Ses œuvres</i> (Sagesse de Salomon 8,2-4). Selon les Saints Pères, ces sentences de l’Ecriture Sainte concernent la science des sciences, la vie monastique, et non la sagesse enseignée dans le monde par le Prince de ce monde. Après avoir dit dans sa quarantième règle qu’il est très salutaire de s’attacher à Dieu en fuyant l’agitation du monde, le Sixième Concile Œcuménique a toutefois recommandé de savoir tonsurer avec le discernement qui convient et, en tout cas, pas avant l’âge de dix ans, de façon à ce que les capacités spirituelles aient atteint un développement suffisant. La lecture des vies des saints montre que la majorité des moines entrent au monastère à l’âge de vingt ans. Ancrée dans ses habitudes et sa manière de penser, émoussée dans ses capacités, la vieillesse est considérée par les saints Pères comme inapte à la vie monastique ; l’exploit ascétique de la jeunesse ne lui est plus accessible. Saint Antoine le Grand commença par refuser la tonsure à Paul le Simple, alors âgé de soixante ans, en le déclarant inapte à la vie monastique. Beaucoup de Pères, entrés au monastère dès l’enfance, atteignirent un haut degré de réussite spirituelle. L’enfance détient encore l’intégrité de son libre arbitre, de sa pureté, de son attirance vers le bien, et de sa réceptivité. Il en fut ainsi de Saint Sabbas le Sanctifié, de Saint Syméon du Mont Admirable et de beaucoup d’autres.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- La fermeté de la volonté, le libre arbitre dirigé de façon déterminée vers son but, sont indispensables pour la réussite de la vie spirituelle. Il y a lieu de les repérer en temps utile chez celui qui désire prendre l’habit monastique.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- C’est juste. Depuis les temps anciens jusqu’à aujourd’hui, on a toujours fait preuve d’une grande prudence en recevant les postulants au monastère. Toutefois, la fermeté du vouloir et la bonne volonté véritable ne se manifestent qu’après un certain temps. Très souvent, les gens diffèrent au début et par la suite. Certains manifestent de la révérence et de l’abnégation en entrant au monastère, mais faiblissent ensuite. D’autres au contraire paraissent légers au départ mais, s’appropriant de plus en plus la vie monastique, finissent par devenir des moines sévères et zélés. Saint Isaac le Syrien dit :<i style="mso-bidi-font-style:normal"> il arrive souvent que l’homme soit indigne, constamment blessé ou mis par terre par manque d’expérience de la vie monastique, dans un perpétuel affaiblissement de l’âme, et que soudain, il ravisse l’étendard de l’armée des fils des géants, et que son nom soit exalté et glorifié bien plus que celui des ascètes réputés pour leurs victoires ; il reçoit alors une couronne et des dons précieux en abondance avant tous ses amis. Pour cette raison, que nul ne se permette le désespoir. Evitons seulement d’être négligents dans la prière, et paresseux pour demander au Seigneur Sa protection</i> (Discours 47). Les plus grands pécheurs se transforment souvent en de grands saints. Le monastère est le lieu du repentir. Il est impossible de refuser le repentir à celui qui le désire et le recherche, (même si, tel un possédé, il ne parvient pas à être maître de lui-même) puisque ce repentir est accordé par Dieu Lui-même. C’est pourquoi le havre du repentir, le monastère, doit resté ouvert. Saint Jean Climaque, qui vécut au septième siècle, en énumérant les raisons qui incitaient les novices à entrer au monastère, indique beaucoup plus le désir d’éviter le péché et d’éloigner sa faiblesse des tentations, que celui d’atteindre la perfection chrétienne, désir par lequel bien peu étaient guidés. Aujourd’hui, alors que les tentations et les chutes se multiplient dans le monde et que les forces humaines s’épuisent à leur contact, la plupart de ceux qui, poussés par leur conscience, entrent au monastère, y entrent pour déposer le fardeau du péché, pour être aidés dans leur faiblesse, pour se maîtriser. Saint Jean Climaque qualifiait déjà le monastère d’hôpital. Cette appellation est encore plus adaptée à présent. Peut-on refuser de l’aide à une humanité moralement souffrante ? Nous nous préoccupons avec le plus grand zèle d’organiser des asiles pour les impotents et les invalides. Pourquoi ne pas créer de refuges pour les malades, les impotents, les invalides de l’âme ? <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Ceux qui jugent les monastères de leur point de vue erroné voudraient voir régner dans ces hôpitaux une santé florissante débarrassée de la moindre trace de maladie : ils feraient mieux d’y rechercher des thérapies efficaces. Cette exigence-là serait plus appropriée. Il m’est arrivé de voir ceci réalisé. Dans le diocèse de Kalouga, près de la ville de Kozelsk, se trouve la communauté du désert d’Optino. C’est là que s’installa en 1829 le hiéromoine Léonide, connu pour son expérience de la vie ascétique. Par la suite, il fut rejoint par son ami Macaire, hiéromoine du grand Habit. Les deux anciens étaient nourris de la lecture des Pères sur la vie monastique. Guidés par ces écrits, ils guidaient ceux qui cherchaient auprès d’eux une instruction. Ces anciens avaient hérité leur mode de vie de leurs maîtres, mode de vie qui avait débuté au temps des premiers moines, puis perduré jusqu’à notre époque par succession spirituelle, de génération en génération, comme un précieux héritage, comme le trésor de moines dignes de leur nom et de leur fonction. La communauté d’Optino se mit immédiatement à croître dans des proportions importantes et à se perfectionner spirituellement. Les anciens exposaient aux frères zélés les moyens justes et commodes d’entreprendre l’exploit spirituel. Ils soutenaient et encourageaient les hésitants. Ils affermissaient les faibles. Ils amenaient au repentir et à la guérison ceux qui tombaient dans le péché et les mauvaises habitudes. Une multitude de gens de toutes les classes de la société affluait vers les humbles logis des anciens afin de découvrir devant eux les souffrances de leur âme, et d’obtenir le traitement, la consolation, l’affermissement, ou la guérison. Des milliers de personnes leur sont redevables d’avoir donné à leur vie une direction pieuse et la paix du cœur. Ces anciens regardaient l’humanité souffrante avec compassion, ils allégeaient le poids des péchés en expliquant l’importance du Rédempteur, et la nécessité absolue pour le chrétien d’abandonner la vie pécheresse. Indulgents pour la faiblesse humaine, ils la traitaient pourtant avec force. Voilà l’esprit de l’Eglise Orthodoxe ! Voilà comment sont les saints de tous les temps ! Jadis, un moine du quatrième siècle confessait ses chutes permanentes à Saint Sisoès le Grand. Le saint l’encourageait, et lui conseillait de faire suivre chaque chute par le repentir et de demeurer dans l’ascèse. Ce conseil était-il bien fondé ? Les « tout nouveaux théoriciens » n’auraient-ils pas recommandé une autre façon de faire ?… <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>J’ai visité Optino en 1828 la première fois, et en 1856 la dernière fois. A cette époque, son état était des plus florissants. La communauté comptait quelques deux cents hommes. On commémorait le Père Léonide parmi les bienheureux. Le Père Macaire, alors âgé de soixante-dix ans, s’occupait de la direction spirituelle de la communauté et de l’instruction des nombreux visiteurs. Pourtant, malgré la réussite spirituelle du monastère et l’importance de la communauté, bien peu de moines manifestaient l’aptitude à être des médecins et des guides, chose qui nécessite à la fois une capacité innée et un esprit affermi par un exploit monastique authentique. Telles sont les caractéristiques des hôpitaux : avoir peu de médecins et beaucoup de malades. Aujourd’hui, le nombre des médecins ne cesse de diminuer, et celui des malades d’augmenter. La cause est toujours la même : le monde. Regardez un peu qui il envoie dans les monastères : ce ne sont plus ces chrétiens élus des débuts du Christianisme et du monachisme, ce ne sont plus des membres issus des couches instruites de la population. Aujourd’hui, les monastères se remplissent presque exclusivement des membres des classes inférieures de la société, et de plus, des plus incapables à servir dans le monde, qui les congédie précisément pour cette raison. La plupart de ces gens entrent au monastère avec des habitudes et des vices propres à leur classe sociale, et surtout avec ce vice que le Prince Vladimir égal aux Apôtres présentait comme « l’habitude » du peuple. Contaminés par cette faiblesse, ces pauvres gens entrent au monastère avec l’intention de s’abstenir, de se faire violence. Mais l’habitude reprend le dessus. Beaucoup de gens très pieux, doués d’admirables qualités, sont soumis à cette faiblesse. Ils pleurent amèrement leurs chutes et s’efforcent de les effacer par le repentir. Mais les pleurs versés au fond des cellules et le repentir caché au fond des cœurs ne sont pas visibles des hommes, comme le sont les chutes. Ces chutes scandalisent les membres des couches instruites de la société, couches qui sont en général particulièrement scandalisées par les monastères. Pourtant ces gens-là aussi ont des faiblesses, qu’ils excusent d’ailleurs facilement et pardonneraient aisément aux moines s’ils les trouvaient chez eux. Mais ils visitent les monastères avec leurs habitudes et leur point de vue, ils toisent la faiblesse des gens du peuple et se scandalisent, sans penser qu’ils ont justement affaire à des gens du peuple. Ils voient les moines comme des êtres totalement distincts des laïcs. Ils veulent trouver chez eux des modèles de perfection, et pensent qu’aux laïcs en revanche, tout est permis. Mais les gens du peuple voient autrement les faiblesses de leurs semblables... <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>Dans un monastère éloigné vivait au début du siècle un ancien qui s’occupait d’instruire son prochain. A sa mort, il laissa un enseignement destiné à ceux qui sont atteints de la passion de la boisson. L’ancien était issu d’un milieu modeste. Avec une grande compassion pour ses frères souffrants, il dit qu’il est impossible à celui qui a perdu tout pouvoir sur lui-même de guérir, et même de s’abstenir de sa passion, en restant au milieu des tentations. Pour cette raison, il propose aux malades de venir dans son monastère, qui se trouve justement éloigné des tentations. Ce conseil est bon et judicieux. Les déserts éloignés des habitations séculières peuvent être de véritables refuges, de vrais hôpitaux pour ceux qui sont atteints des maux de l’âme. Ils peuvent aussi préserver du scandale les gens à l’esprit indigent. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Il découle de ce que vous avez dit qu’actuellement, beaucoup de monastères ne correspondent pas à leur destination. Des mesures d’amendement s’imposent.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Oui. A notre époque l’instruction séculière se développe rapidement, et la vie civile se sépare de la vie de l’Eglise. Une multitude d’enseignements hostiles à l’Eglise venus d’Occident fait irruption chez nous. La morale s’affaiblit dans toutes les couches de la société. Une remise en ordre des monastères s’impose donc, et pour deux raisons. D’abord pour sauvegarder le monachisme lui-même, qui est utile et même indispensable à l’Eglise. Ensuite, pour préserver le peuple des scandales. Scandalisé plus ou moins justement, le peuple s’affaiblit de plus en plus dans sa foi. Pour mener tout cela à bien, il faudra davantage qu’une connaissance superficielle du monachisme, il faudra une connaissance précise, fondée sur l’<i style="mso-bidi-font-style:normal">expérience</i> de la Sainte Eglise et des Saints Pères, et avec elle, une conscience du bien fondé et de la sainteté de cette expérience. Les mesures de réforme du monachisme issues du trésor malodorant du raisonnement charnel lui ont toujours été extrêmement nuisibles. En prenant de telles mesures, qui foulent au pied les dispositions les plus saintes, inspirées et transmises par l’Esprit Saint, le monde orgueilleux et enténébré pourrait, dans son manque de discernement et de réflexion, perdre définitivement le monachisme, et avec lui, tout le Christianisme.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Pourriez-vous citer, à titre d’exemple, une mesure prise par un des Pères qui pourrait donner une idée des réformes dont ont besoin les monastères.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Je vous propose de prêter attention à la <i style="mso-bidi-font-style:normal">Règle</i> de Saint Nil de la Sora, notre compatriote du quinzième siècle, qui fut peut-être le dernier des saints auteurs à parler de la vie monastique. Cette règle est brève, mais d’une grande plénitude. Profonde et spirituelle, elle fut éditée à mille exemplaires en 1852 par le Saint Synode, et envoyée dans les monastères. Saint Nil prit l’habit monastique dans le but d’étudier et d’accomplir lui-même l’exploit monastique dans la tradition des anciens Pères. Pour mieux comprendre cette tradition, il entreprit un voyage en Orient, passa un temps important au Mont Athos, conversa avec les disciples de Saint Grégoire le Sinaïte et de Saint Grégoire Palamas, et entra en contact avec les moines de la région de Constantinople. De retour en Russie, il s’installa dans une forêt épaisse de la région de la rivière Sora, et devint dans notre patrie le fondateur de la vie en skite. La règle dont je viens de parler a été écrite pour son skite. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>L’œuvre de Saint Nil est surtout précieuse pour nous dans la mesure où elle est la plus facile à adapter au monachisme contemporain. Celui-ci, en raison de la raréfaction des maîtres pneumatophores, ne peut plus fonctionner avec l’obéissance absolue des anciens moines. Saint Nil propose de remplacer cette obéissance absolue au maître pneumatophore par l’étude des Saintes Ecritures et des Saints Pères, jointe aux conseils pris auprès de frères qui ont réussi dans cette voie, et non sans avoir vérifié ces conseils dans les Saintes Ecritures. Après avoir étudié l’authentique exploit monastique, Saint Nil a fait entendre son humble voix pour s’opposer au monachisme russe de son époque, qui par simplicité et méconnaissance, s’était détourné de sa véritable vocation. Mais on ne prêta pas attention à cette voix : la passion était devenue générale, elle avait acquis une force invincible. Elle se termina au dix-huitième siècle par l’ébranlement des monastères. Cette passion consistait à vouloir acquérir des biens en grandes quantités.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Que peut-on tirer de particulièrement utile pour le monachisme contemporain de l’œuvre de Saint Nil ? <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Avant tout, l’exemple même de Saint Nil est extraordinairement utile. Ayant étudié les Saintes Ecritures et les écrits des Saints Pères sur le monachisme, il n’a pas limité cette étude à une simple lecture, mais l’a enrichie par ses propres expériences. Non content de cela, il a encore voulu voir la vie des saints moines de l’Athos et de Byzance, afin de compléter ses connaissances et son activité par le modèle de leur vie. Ayant atteint la réussite spirituelle, il niait l’avoir atteinte, et ne cherchait pas à enseigner son prochain. On le priait pourtant de ne pas refuser une parole d’enseignement. Après des demandes répétées des frères, il obéit à leur requête et accepta comme une obédience le titre de maître et de supérieur. Dans tout cela, on voit que pour l’instauration, le soutien, ou l’amendement d’un monastère, il faut placer à sa tête des hommes dignes, qui ont étudié les Saintes Ecritures et les Ecrits des Pères, et qui ont acquis de surcroît une connaissance vivante et active qui aura attiré sur eux la divine grâce. Il faut prier Dieu afin qu’Il envoie de telles personnalités qui, fortes de leur expérience, pourront seules faire appliquer les saintes règles monastiques comme il se doit. Saint Jean Cassien raconte que dans les monastères égyptiens, qui furent les premiers au monde, le poste de supérieur était attribué uniquement à des moines qui vivaient dans l’obéissance et connaissaient d’expérience la tradition des Pères.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:22.0pt;">Le point le plus important de la règle de Saint Nil est donc la place prééminente qui revient aux Saintes Ecritures et aux écrits des Pères dans la direction spirituelle. Saint Jean Climaque définit le moine comme celui qui s’attache uniquement aux ordres et aux paroles de Dieu, en tout temps, en tout lieu et en toute chose. Saint Nil suivait cette règle, et il l’a transmise à ses disciples : « Nous avons décidé, si telle est la volonté de Dieu, d’accepter ceux qui viennent à nous afin qu’ils respectent la tradition des Saints Pères et gardent les commandements de Dieu, mais pas pour qu’ils introduisent des justifications et des excuses à leurs péchés en disant qu’à présent, il est impossible de vivre selon les Saintes Ecritures ou en suivant les écrits des Pères. Non ! Même si nous sommes faibles, nous devons, selon nos forces, imiter les bienheureux Pères de mémoire éternelle et les suivre, quand bien même nous ne pourrions par atteindre le même niveau qu’eux ». Celui qui connaît sérieusement la situation actuelle du monachisme russe peut témoigner que seuls les monastères où fleurissent les saintes lectures mentionnées plus haut réussissent sur le plan moral et spirituel, et que seuls les moines qui ont été nourris par ces saintes lectures portent dignement le nom de moine. Saint Nil ne donnait jamais d’instruction ou de réponse de lui-même, mais proposait à ceux qui le questionnaient, soit l’enseignement des Saintes Ecritures, soit celui des Pères. Lorsqu’il ne trouvait pas dans sa mémoire une réponse sanctifiée à un problème quelconque, il laissait la question sans réponse jusqu’au moment où il trouvait la solution dans les Ecritures. Il témoigne de cela dans une de ces lettres. Cette façon d’agir apparaît clairement chez Saint Pierre Damascène, Saint Grégoire le Sinaïte, les Saints Xanthopouloi et d’autres Pères plus tardifs, comme les hiéromoines Léonide et Macaire d’Optino. Leur mémoire était richement parée des pensées des saints. Ils ne donnaient jamais leurs propres conseils. Ils exposaient toujours les sentences des Ecritures ou des Pères. Cela leur donnait beaucoup de force. Ceux qui auraient volontiers rétorqué à des paroles humaines écoutaient avec révérence la parole de Dieu et trouvaient juste de lui soumettre leur propre raisonnement. Une telle façon d’agir garde dans une grande humilité celui qui donne le conseil, comme le montre très clairement la règle de Saint Nil : « celui qui transmet transmet non ce qui est à lui, mais ce qui est à Dieu. Il devient un témoin, un membre de la sainte Vérité, et dans sa conscience apparaît toujours la question : est-ce que j’accomplis mon service de façon responsable et avec révérence à l’égard de Dieu ? Les Ecritures Divines et les paroles des Saints Pères sont innombrables comme les grains de sable de la mer. En les explorant sans paresse, nous les communiquons à ceux qui viennent à nous et ont besoin d’enseignement. Plus exactement, ce ne sont pas les indignes que nous sommes qui communiquent, mais les bienheureux Pères, par les Ecritures Saintes ». Tous les saints auteurs ascétiques affirment qu’avec la raréfaction générale des maîtres pneumatophores, l’étude attentive des Ecritures Saintes (de préférence le Nouveau Testament) et des écrits patristiques sera la seule voie de réussite spirituelle accordée par Dieu au monachisme tardif. Saint Nil refusait de cohabiter avec ceux des frères qui ne voulaient pas vivre selon cette règle, tant elle est importante et essentielle.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:22.0pt;">La deuxième règle morale exposée par Saint Nil consiste en ce que les frères confessent quotidiennement leurs péchés à l’ancien à qui est confiée la direction de la communauté, même les plus insignifiants, ainsi que leurs pensées, leurs perceptions pécheresses, et leurs difficultés. Cette pratique est porteuse d’un extraordinaire profit spirituel. Aucune ascèse ne peut mettre les passions à mort aussi facilement. Les passions s’éloignent toujours de celui qui les confesse sans merci. La convoitise charnelle se fane par la confession, plus que par le jeûne ou la veille. Les moines qui prennent dès le début l’habitude de la confession quotidienne s’efforcent toujours à l’âge adulte d’avoir recours le plus souvent possible à ce traitement, car ils savent par expérience quelle liberté il apporte à l'âme. Par cet exploit, ils étudient en détails sur eux-mêmes la chute de l’humanité. Se soignant par la confession de leurs péchés, ils acquièrent la connaissance et l’art d’aider le prochain dans les troubles de son âme. Les hiéromoines du désert d’Optino avaient sous leur direction plusieurs disciples qui leur ouvraient quotidiennement leur conscience après la règle des prières du soir. Ces disciples se différenciaient très nettement de ceux qui vivaient arbitrairement. La pensée de la confession qui allait avoir lieu était comme une garde permanente de leur conduite, elle les habituait petit à petit à veiller sur eux-mêmes. La confession les rendait concentrés sur eux-mêmes et constamment absorbés dans les Saintes Ecritures. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:22.0pt;"><span style="mso-tab-count:1"> </span>La confession quotidienne, examen régulier de la conscience, est une très ancienne pratique monastique. Elle était répandue partout dans le monachisme primitif, comme le montrent clairement les œuvres des saints Jean Cassien, Jean Climaque, Barsanuphe le Grand, Abbé Isaïe, Abbé Dorothée, ainsi que tous les écrits patristiques sur le monachisme. En toute vraisemblance, cette pratique fut instituée par les Apôtres eux-mêmes (Jac.5,16). <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:22.0pt;">Les moines éduqués selon les deux règles exposées ici peuvent être comparés à des gens qui profitent d’une bonne vue et de la vie, mais les moines privés de cette éducation sont comparables à des aveugles ou à des morts. Ces deux règles, introduites dans n’importe quel monastère, peuvent considérablement améliorer l’état moral et spirituel de la communauté, comme l’atteste l’expérience, même si rien d’autre n’est changé dans le monastère. Pour pouvoir appliquer de façon efficace la seconde règle, il faut bien sûr disposer d’un moine qui a réussi dans la vie spirituelle, et qui a été lui-même éduqué selon cette règle. L’expérience est absolument indispensable dans cette matière. Saint Jean Cassien écrivait : « Il est utile de révéler ses pensées aux pères, mais pas à n’importe lesquels, seulement à des anciens spirituels, doués du discernement, de ceux qui peuvent vraiment être appelés <i style="mso-bidi-font-style:normal">anciens</i>, pas seulement pour leur âge ou leurs cheveux blancs. Nombreux sont ceux qui, attirés par l’aspect vénérable de la vieillesse, ont révélé leurs pensées et ont trouvé des nuisances à la place du traitement attendu, à cause de l’inexpérience de ceux qui les avaient écoutés ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;">- Vous venez d’exposer les principes fondamentaux de la bonne organisation d’un monastère. Ne refusez pas de citer aussi d’autres règles des Saints Pères, qui pourraient aider les monastères à retrouver leur état naturel.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;">- L’éducation de l’homme dépend beaucoup des impressions extérieures. Il ne peut en être autrement, nous sommes créés ainsi. Les Saints Pères, qui ont percé ce mystère, ont dans leur sainte Tradition entouré le moine d’impressions choisies à dessein pour le mener vers le but, et se sont efforcés de chasser toutes les impressions qui pouvaient le détourner de ce but. Pour expliquer cela, tournons-nous de nouveau vers le précieux livre de Saint Nil de la Sora. Le saint recommande que l’église du monastère soit construite très simplement. Ils se réfère en cela à saint Pacôme le Grand qui ne voulait voir dans l’église de sa communauté aucune finesse architecturale, afin que l’esprit des moines, attiré par les louanges humaines, ne glisse pas vers les nombreuses et diverses astuces du Diable. A cela Saint Nil ajoute : « Si le saint parlait et agissait ainsi, combien plus devons-nous être prudents, nous qui sommes faibles et passionnés, nous dont l’esprit trébuche si facilement ! » Saint Nil recommande aussi que les cellules et autres bâtiments monastiques soient très simples, dépourvus d’ornements coûteux. Le grand Saint Jean le Prophète, qui vivait reclus à Gaza,<span style="mso-spacerun:yes"> </span>donna avant sa mort des instructions au nouvel Abbé de la communauté. Il lui recommanda d’organiser les cellules sans leur donner de commodités superflues, car les édifices de ce monde n’ont pas plus de valeur que de simples tentes au regard de l’éternité. Saint Nil, se fondant sur la conduite des anciens Pères, recommande également que les vêtements sacerdotaux et les objets du culte soient simples, aussi peu précieux que possible, et peu nombreux. De la même façon, il ordonne que tous les biens monastiques soient simples, sans excès, uniquement destinés à satisfaire des besoins. Il faut éviter de susciter quelque vanité ou attachement chez les moines, dont les forces spirituelles doivent être exclusivement tendues vers Dieu. Saint Nil interdit l’entrée du skite aux personnes de sexe féminin. Anciennement, dans les monastères masculins, et au Mont Athos jusqu’à ce jour, les femmes n’avaient pas droit d’entrer. Ceci est absolument nécessaire pour ceux qui veulent vaincre la nature ! Il est indispensable d’éloigner complètement ce genre de tentations. Elles ne peuvent pas ne pas livrer à l’indécision celui qui leur est soumis. L’utilité de cette mesure est encore plus claire à notre époque où la moralité est en baisse évidente. En Russie, il est éminemment nécessaire d’éloigner le vin des monastères. Les pieux supérieurs des monastères ont toujours compris cela, et notamment le juste Théophane, supérieur et rénovateur du monastère Cyrillo-Novoezersky et récemment décédé, qui a mis en vain tout son zèle à anéantir l’emploi du vin dans le monastère qui lui était confié. Mais les efforts sont sans lendemain tant que les dispositions des Saints Pères concernant les monastères ne sont pas rétablies dans leur plénitude. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:22.0pt;">Saint Nil observa donc la vie monastique dans son berceau, c’est-à-dire en Orient. De retour en Russie, il s’installa dans un profond désert. L’endroit choisi le comblait. Il explique pourquoi dans une de ses lettres : « Par la grâce de Dieu, j’ai trouvé le lieu qui convient à mon esprit, <i style="mso-bidi-font-style:normal">car il est peu accessible aux laïcs</i> ». Si pour un homme si saint, il était agréable de vivre dans un lieu où il ne pouvait pas être facilement visité par les séculiers, alors<i style="mso-bidi-font-style:normal"> a fortiori</i> pour nous, qui sommes faibles de volonté, peu raisonnables, et facilement enclins au péché, comme il est nécessaire que nous vivions éloignés des séculiers ! Puissions-nous ne pas voir accourir des foules de laïcs et avec eux des foules de tentations ! Saint Nil souhaitait voir ses moines vivre du travail de leurs mains, et recevoir des aumônes des laïcs en très petites quantités, et seulement quand cela s’avérait nécessaire. Voilà les règles essentielles dictées par les saints Pères du monachisme, et reconnues par la Sainte Eglise. Les autres règles, qui concernent les détails de la vie quotidienne, ont le même caractère et le même but.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:22.0pt;">- Beaucoup de monastères se sont plus ou moins détournés des règles que vous venez d’énumérer. Ces déviations devront être corrigées un jour ou l’autre. L’instruction et l’esprit des gens d’aujourd’hui poussent, vous le savez, à ce que ces corrections ne soient pas différées plus longtemps. On en parle dans la société. Il serait bon qu’au milieu des voix qui parlent sans connaître, on entende aussi la voix de ceux qui parlent en connaissance de cause. Qui est-ce qui, à votre avis, pourrait aider les monastères à retrouver leur juste destination ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">- J’ai déjà presque répondu à cette question ; néanmoins, la réponse est très complexe. Je pense aux paroles du Sauveur concernant le champ dans lequel fut semé une bonne semence mais dans lequel, au milieu du bon grain, on découvrit aussi de l’ivraie en grande quantité. Ce ne sont pas les hommes, mais les anges qui proposèrent au Maître de l’arracher. Mais celui-ci refusa, de peur qu’en arrachant l’ivraie, le blé soit lui aussi arraché... N’est-ce pas la meilleure manière de faire avec les monastères ? En tout cas, il y a lieu d’examiner tout cela avec attention. Quand on corrige des édifices qui ont fait leur temps, il faut être prudent. Les médecins raisonnables refusent de toucher aux maladies trop ancrées dans l’organisme, de peur de détruire la vie elle-même. Les monastères et le monachisme ont été institués par l’Esprit Saint grâce à ces vases d’élection que furent les Saints Pères. Rétablir les monastères dans leur ancienne beauté spirituelle, si cela entre dans les plans de Dieu, ne sera possible qu’avec la grâce de Dieu et des instruments dignes de ce travail. Voilà tout ce que je peux dire de général sur le sujet. De toute façon il est clair que l’amélioration<span style="mso-spacerun:yes"> </span>des monastères ne peut en aucun cas être l’œuvre de séculiers. Les laïcs agiront avec piété s’ils remettent cette œuvre entre les mains de ceux à qui la providence divine elle-même la remettra, et à qui des comptes seront demandés au Jugement Dernier. Je considère comme un devoir sacré de vous communiquer les conseils que je tiens de vieillards expérimentés et dignes de respect. Ils disent ceci aux laïcs et aux moines qui cherchent sincèrement le salut : à notre époque où les scandales se sont tellement multipliés, il faut être particulièrement attentif à soi-même, ne prêter aucune attention à la vie et aux affaires des autres, et ne pas juger ceux qui sont scandalisés. L’action corruptible du scandale passe facilement de ceux que le scandale attire à ceux qui les jugent. Ces vieillards conseillent aux laïcs de se diriger dans la vie avec l’Evangile et ceux des Pères qui ont laissé des instructions destinés aux chrétiens en général, comme Saint Tikhon de Zadonsk. Aux moines, ils conseillent de se diriger avec l’Evangile et les Pères qui ont écrit spécialement pour les moines. Le moine qui se dirige à la lumière des écrits patristiques pourra trouver le salut dans n’importe quel monastère. En revanche, perdra son salut celui qui vit en suivant sa propre volonté et sa raison, quand bien même vivrait-il dans un profond désert<i style="mso-bidi-font-style:normal">. Malheur au monde à cause de ses scandales !</i> (Mt.18,7<i style="mso-bidi-font-style:normal">) Parce que l’iniquité se sera accrue, l’amour du plus grand nombre se refroidira </i>(Mt.24,12). L’arrivée des scandales est prévue par Dieu (Mt.18,7). Après la Rédemption, la possibilité a été laissée à l’homme de choisir entre le bien et le mal, comme elle lui avait été laissée après sa création. Mais l’homme choisit le plus souvent le mal, comme il le fit après sa création. Au beau milieu du Paradis, le mal fit irruption sous le masque du bien, pour séduire l’homme plus facilement. Aujourd’hui il apparaît dans la Sainte Eglise, masqué et paré, dans l’infinie et attrayante diversité des tentations, sous le couvert de distractions et réjouissances innocentes, de développement (de la vie charnelle) et réussite de l’humanité, qui ne sont en réalité qu’humiliation de l’Esprit Saint. Les hommes sont corrompus dans l’esprit en raison de leur bienveillance pour l’injustice. Ils sont réprouvés en ce qui concerne la foi ; ils ont bien l’apparence de la piété, mais ils renient ce qui en fait la force (2Tim.3,8,5). Pour ceux qui ont reçu cette force et l’ont par la suite volontairement rejetée, un retour en arrière est difficile (Heb.10,26) : la bonne disposition quitte infailliblement celui qui dédaigne intentionnellement le don de Dieu. Une apparence de piété peut être plus ou moins recollée par des astuces humaines, mais le rétablissement de la force de la piété appartient à Celui qui revêt les hommes de <i style="mso-bidi-font-style:normal">la Puissance d’en haut</i> (Luc24,49).<span style="mso-spacerun:yes"> </span>L’arbre vieilli et débile est souvent paré d’un voile épais de feuilles vertes, et semble en bonne santé avec son tronc volumineux, mais à l’intérieur il est déjà pourri : la première tempête le brisera…<o:p></o:p></span></p><p></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-6101525053775174932009-12-02T09:41:00.000-08:002009-12-02T09:52:08.894-08:00DIALOGUE ENTRE UN MOINE ET UN LAÏC<h1 style="text-indent:8.5pt"><b><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;"><span class="Apple-style-span" style=" font-weight: normal; font-size:16px;"><img src="http://www.fatheralexander.org/graphics/saints/paisius_athos.jpg" /></span> </span></b></h1> <p class="MsoBodyTextIndent2">Dialogue entre deux orthodoxes, un moine et un laïc, à propos du monachisme. (De saint Ignace briantchaninov)</p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> - <u>Le laïc</u> : Mon père, je m’estime heureux d’avoir trouvé en vous une personne à qui je puisse ouvrir mon coeur pour entendre une parole sincère. Je désire de toute mon âme être membre de l’Eglise Orthodoxe et suivre sa Tradition, tant sur le plan dogmatique que sur le plan moral. Dans ce but, je cherche à comprendre avec justesse tous les sujets traditionnels. Une compréhension erronée conduit à des actes injustes, qui sont eux-mêmes la cause de nuisances personnelles et sociales. Ne refusez pas de m’expliquer maintenant l’importance du monachisme dans l’Eglise du Christ !</o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- <u>Le moine</u> : Que Dieu bénisse votre désir ! Tout ce qui est bon naît en effet d’une compréhension juste et précise. Une compréhension erronée ou mensongère attire les malheurs. C’est d’ailleurs ce que prêche l’Evangile, qui propose la Vérité comme Cause première du salut, et le mensonge comme cause première de la perdition (Jn.8,32,44). Mais pourquoi tenez-vous à ce que notre entretien d’aujourd’hui porte justement sur le monachisme ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Dans le milieu que je fréquente, il est souvent question du monachisme. Aujourd’hui, différentes opinions sont émises à ce sujet. Mes connaissances m’interrogent presque toujours sur mon point de vue, car elles savent que je fréquente des clercs. J’aimerais pouvoir leur répondre avec exactitude, c’est pourquoi je m’adresse à vous.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Je ne sais pas à quel point je suis capable de vous aider ; néanmoins, je vous parlerai avec sincérité, m’efforçant d’exposer ce que je connais grâce à mes lectures de l’Ecriture Sainte et des Pères, à mes entretiens avec des moines dont la vie est digne de respect et de confiance, et à ma propre expérience. Comme fondement de cet entretien, comme pierre angulaire de l’édifice, je dirai que l’instauration du monachisme est le fait de <i style="mso-bidi-font-style:normal">Dieu</i>, et en aucun cas des hommes.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:8.5pt">- Imaginez que je n’ai jamais entendu dire en société que le monachisme ait été instauré par Dieu !</p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Je le sais bien. C’est pour cela que dans les conversations mondaines sur le monachisme l’un dit “ il me semble que... ”, et un autre rétorque “ et moi il me semble plutôt que... ”, et un autre encore “ moi, je ferais ainsi... ”. Mille opinions contradictoires émanent de personnes qui n’ont aucune idée de ce qu’est le monachisme, mais seraient néanmoins prêtes à composer des règles monastiques selon leur propre sagesse. On trouve même certaines personnes pour colporter les blasphèmes des athées sur le sujet. Le cœur est envahi par la tristesse et la crainte quand l’ignorance foule de ses gros sabots les perles les plus précieuses d’une tradition instaurée par Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Exact ! L’ignorance, comme vous le dites, père, est la raison de tout cela !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Ne pensez pas que l’ignorance soit un mal insignifiant ! Les Saints Pères disent qu’elle est la racine de tous les maux. Saint Marc l’Ascète affirme qu’elle est la source principale de la méchanceté. Un autre père précise que l’ignorant ignore son ignorance et se satisfait de sa connaissance. L’ignorance est capable de faire beaucoup de mal sans le savoir. Je dis cela par compassion pour tous ces gens qui ne savent pas en quoi consiste la dignité de l’homme, et pour tous ces chrétiens qui ne savent pas en quoi consiste le Christianisme et se font du tort à eux-mêmes par ignorance. Ne pensez pourtant pas que j’ai l’intention de mélanger les abus et les faiblesses humaines avec les institutions divines ! Dénoter les abus et les dissocier des institutions divines est un signe de révérence envers ces dernières et un moyen de les garder dans la sainteté voulue et accordée par Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Votre dernière phrase est aussi une nouveauté pour moi. Je n’avais jamais vu le monachisme sous cet angle, et ne l’avais pas non plus rencontré ainsi dans les idées des autres.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Ce que j’ai dit concerne non seulement le monachisme, mais aussi toute l’Eglise du Nouveau Testament comme de l’Ancien. Le Seigneur Lui-même a montré dans la parabole de la vigne (Mt.21) que l’Eglise de l’Ancien Testament a été fondée par Dieu et transmise par Lui au peuple juif. En outre, il ressort de l’Evangile et des Saintes Ecritures (Eph.1,22-29&2,10-11) que l’Eglise du Nouveau Testament a été fondée par le Dieu-Homme et transmise à un autre peuple formé en réalité de tous les peuples : le peuple des chrétiens. Jadis, les juifs devaient rendre des comptes à Dieu du don qui leur avait été fait, de leur gestion de ce don ; leur conduite s’étant avérée criminelle, ils furent écartés et châtiés, dès qu’ils dévièrent en esprit. De la même façon, des comptes seront demandés aux chrétiens sur leur façon d’utiliser l’institution divine générale qu’est l’Eglise du Nouveau Testament, et les institutions particulières comme le monachisme. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Y a-t-il possibilité de trouver dans les Saintes Ecritures quel sera sur la terre le destin ultime de l’Eglise du Nouveau Testament ? <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Les Saintes Ecritures témoignent du fait que les chrétiens, à l’instar des juifs, se refroidiront progressivement à l’égard de l’enseignement révélé par Dieu. Ils commenceront à ne plus prêter attention à la régénération de la nature humaine opérée par le Dieu-Homme, oublieront l’éternité, et dirigeront toute leur attention sur la vie terrestre. Ils s’occuperont de leur situation ici-bas comme si elle était éternelle. Ils soigneront le développement de leur nature déchue et satisferont tous les désirs et toutes les exigences de leurs âmes et de leurs corps dépravés. Bien entendu le Rédempteur, qui est venu racheter l’homme <i style="mso-bidi-font-style: normal">en vue de</i> la béatitude éternelle, est étranger à une telle tendance qui s’éloigne du Christianisme. L’éloignement aura lieu, selon les Ecritures (1Thes.2,3). Le monachisme aussi participera à l’affaiblissement du Christianisme, car un membre du corps ne peut pas ne pas ressentir l’infirmité qui frappe le corps tout entier. L’Esprit Saint a d’ailleurs révélé ceci aux saints moines des temps anciens : lorsque le Christianisme se limitera à un tout petit nombre, alors la vie sur cette terre cessera.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Quelle est l’importance du monachisme dans l’Eglise du Christ ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Les moines sont des chrétiens qui abandonnent, autant que possible, toutes les occupations terrestres, pour se consacrer à la prière, la reine des vertus. Au moyen de la prière, ils cherchent à s’unir à Dieu pour ne faire qu’un avec Lui, selon les paroles de l’Apôtre : <i style="mso-bidi-font-style:normal">celui qui s’attache au Seigneur est avec Lui un seul esprit </i>(1Cor.6,17). Comme la prière tire sa force des autres vertus et de l’enseignement du Christ, les moines manifestent un zèle particulier à accomplir les commandements évangéliques. Ajoutant à cet accomplissement des commandements, obligatoire pour tous les chrétiens, la mise en pratique de deux <i style="mso-bidi-font-style:normal">conseils</i>, celui de la pauvreté et du célibat, ils s’efforcent de mener une vie semblable à la vie terrestre du Dieu-Homme : c’est pour cette raison qu’on qualifie les saints moines de <i style="mso-bidi-font-style:normal">très-ressemblants</i>. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- D’où les moines tiennent-ils leur nom ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Les mots <i style="mso-bidi-font-style:normal">moine</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal">monastère</i>, et <i style="mso-bidi-font-style:normal">monachisme </i>proviennent du mot grec <i style="mso-bidi-font-style:normal">monos</i>, qui signifie <i style="mso-bidi-font-style:normal">un</i>. Le moine est donc une personne qui vit seule, ou dans la solitude. Le monastère est une habitation solitaire, isolée. Le monachisme, c’est la vie solitaire. Cette vie est différente de la vie habituelle, commune, c’est pourquoi la langue russe utilise pour elle le mot <i style="mso-bidi-font-style:normal">inotchestvo</i>, qui vient de <i style="mso-bidi-font-style:normal">inoï</i>, autre. Le moine est aussi appelé inok. Les mots <i style="mso-bidi-font-style:normal">vie communautaire</i>, <i style="mso-bidi-font-style:normal">skite</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal">hésychia</i>, <i style="mso-bidi-font-style:normal">ermite</i>, <i style="mso-bidi-font-style:normal">réclusion</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal">vie au désert</i> correspondent aux diverses formes de la vie monastique. La vie communautaire désigne la vie en commun d’un nombre plus ou moins important de moines qui partagent les offices divins, les repas, un même type de vêtements, et dépendent d’un même supérieur. Le skite désigne la cohabitation de deux ou trois moines dans une cellule particulière, qui vivent en prenant conseil les uns des autres ou en demandant conseil au plus ancien, ont en commun les repas et les vêtements, font cinq jours par semaine les offices dans leur cellule, et viennent le samedi et le dimanche à l’office communautaire à l’église. L’ermite est un moine qui vit dans la solitude. Le reclus est un ermite qui reste dans sa cellule du monastère sans en sortir. L’anachorète est un ermite qui vit dans un désert dépeuplé.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Quand le monachisme a-t-il débuté ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- D’après Saint Jean Cassien, dès le temps des Apôtres. Saint Jean Cassien (moine et Père de l’Eglise du IV<sup>e</sup> siècle) visita les monastères d’Egypte à l’époque de leur plein épanouissement. Après avoir vécu assez longtemps chez les moines du désert de Scété, il transmit par écrit à la postérité les règles et les enseignements de ces moines. Il raconte qu’en Egypte, ce furent les disciples du Saint Apôtre et Evangéliste Marc, premier Evêque d’Alexandrie, qui reçurent en premier le nom de moines. Ces moines vivaient dans des lieux isolés, proches de la grande métropole égyptienne, pour mener une vie des plus élevées, selon les règles transmises par l’Evangéliste. Du vivant de la sainte martyre Eugénie, sous l’empereur Commode (intronisé en 180), et du haut dignitaire Philippe, gouverneur d’Egypte, il y avait un monastère dans les faubourgs d’Alexandrie dans lequel l’Evêque de l’époque, le saint Hiérarque Elie, avait pris l’habit dès sa jeunesse. L’historien juif Philon, contemporain des Apôtres et citoyen d’Alexandrie, décrit la vie des “ Thérapeutes ” qui s’étaient éloignés de la ville pour mener dans des demeures appelées monastères une vie semblable à celle des moines décrits par Saint Jean Cassien. Mais la description de Philon ne permet pas d’affirmer que ces Thérapeutes étaient chrétiens, car ce séculier avait des connaissances très superficielles ; à cette époque, nombreux étaient ceux qui ne faisaient pas la différence entre les chrétiens et les juifs, et prenaient les premiers comme une secte des seconds. Dans la vie de Saint Antoine le Grand, rédigée par son contemporain Saint Athanase le Grand, Archevêque d’Alexandrie, il est dit qu’au moment où, à l’âge de vingt ans, Saint Antoine devint moine, les moines égyptiens menaient la vie solitaire à proximité des villes ou des villages. Saint Antoine mourut en 356, à l’âge de cent cinq ans. Le monachisme est également attesté en Syrie au temps des Apôtres. La sainte martyre Eudocie, qui vécut à Héliopolis en Syrie sous le règne de Trajan (98-113), fut convertie au Christianisme par Saint Germain, supérieur d’un monastère masculin de soixante-dix moines : après sa conversion, elle entra dans un couvent de trente moniales. Dans les dernières années du troisième siècle, Saint Antoine le Grand instaura la vie au désert. A la fin du quatrième siècle, Saint Pachôme le Grand fonda la vie communautaire à Tabennêsis dans le désert de Thébaïde, et Saint Macaire le Grand la vie hésychaste au désert de Scété près d’Alexandrie. Ce dernier lieu est à l’origine du mot skite, et des monastères organisés pour cette sorte de vie, également nommés skites. Saint Basile le Grand, Archevêque de Césarée de Cappadoce, qui vécut dans la seconde moitié du quatrième siècle, étudia la vie monastique en Egypte avant de rentrer dans sa patrie pour vivre en moine jusqu’à ses débuts dans le service de l’Eglise. Il écrivit des règles qui furent utilisées comme modèles dans toute l’Eglise d’Orient. Ainsi le monachisme, qui se cachait d’abord à proximité des villes et des villages, se déplaça au quatrième siècle vers les déserts inhabités. Toutefois, les monastères existèrent toujours dans les villes. Saint Jean Cassien suggère à ceux qui voudraient davantage de détails sur le sujet de se plonger dans les livres de l’histoire de l’Eglise. Malheureusement, ces livres ne parvinrent pas jusqu’à nous, comme d’ailleurs presque tous les actes rédigés en Egypte, car ils furent détruits par les musulmans au VII<sup>e</sup> siècle. Il en fut de même dans les autres pays chrétiens soumis par les musulmans, mais à un moindre degré.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Quelle est la raison de cette émigration du monachisme vers les lieux éloignés des villes et des villages ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Cette émigration eut lieu dès que cessèrent les exploits des martyrs. A ce moment-là, comme le Christianisme était protégé et propagé par l’état, tous les hommes adhérèrent à la foi chrétienne, et plus seulement ces élus déterminés à supporter de très grands malheurs et même la mort. Le Christianisme ne garda pas l’abnégation des siècles précédents. Dans les villes et les villages, les chrétiens commencèrent à se préoccuper de tout ce qui concerne la vie d’ici-bas, le luxe, les jouissances charnelles, les réjouissances populaires, et toutes les activités auxquelles les premiers confesseurs de la foi étaient étrangers, y voyant le reniement du Christ en esprit. Le désert devint donc un asile naturel, un refuge contre les tentations, pour ceux qui souhaitaient conserver au Christianisme sa pleine puissance. « Le désert, dit Saint Isaac le Syrien, est utile aux faibles comme aux forts. Il permet aux premiers, par l’éloignement de la matière, de ne pas voir leurs passions prendre feu et se multiplier, et aux seconds d’engager le combat contre les esprits malins ». Saint Basile le Grand et Saint Dimitri de Rostov décrivent ainsi les raisons de la fuite au désert de Saint Gordius : « Gordius fuit le bruit de la ville, les cris du marché, les louanges princières, les jugements de ceux qui dénotent, vendent, achètent, jurent, mentent, disent des choses honteuses. Il fuit les jeux, rires, et railleries de la ville, pour garder ses yeux et son ouïe purs, et surtout son coeur purifié et capable de voir Dieu. Il fut digne de révélations divines, et apprit de très grands mystères, non des hommes, mais de son Maître dans la vérité : l’Esprit ». A partir de leur transfert au désert, les moines adoptèrent un habit particulier pour se distinguer définitivement des laïcs. A l’époque des persécutions au contraire, le clergé et les moines portaient les vêtements les plus communs pour ne pas attirer l’attention des persécuteurs.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- L’enseignement très élevé dont Saint Gordius fut jugé digne était l’apanage d’une petite minorité. Mais maintenant, la foi chrétienne est enseignée de façon détaillée et satisfaisante dans les séminaires et les académies de théologie.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Entre l’enseignement des établissements théologiques et celui des monastères, il y a une très grande différence, même si le sujet traité est le même : le Christianisme. Le Sauveur du monde, en envoyant les Saints Apôtres prêcher dans tout l’univers, leur commanda de répandre parmi les nations la <i style="mso-bidi-font-style:normal">foi</i> dans le vrai Dieu, et d’enseigner la vie selon les commandements : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au Nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que Je vous ai prescrit » (Mt.28,19-20). L’enseignement de la foi doit précéder le Baptême, et l’enseignement de la vie selon les commandements doit le suivre. Le premier enseignement est théorique, le second, pratique. Du premier, le Saint Apôtre Paul a dit : « Je n’ai rien caché de ce qui vous est utile, je n’ai pas craint de prêcher et de vous enseigner, publiquement et dans les maisons, annonçant aux juifs et aux grecs le repentir devant Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ » (Act.20,20-21). Du second, il a dit : « Christ en nous, l’espérance de la gloire, c’est Lui que nous annonçons, exhortant et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme devenu parfait en Jésus-Christ » (Col.1,27-28). Dieu dispense deux enseignements sur Lui-même : un enseignement par la parole, reçu par la foi, et un enseignement par la vie, reçu par une activité conforme aux commandements de l’Evangile. On peut comparer le premier enseignement aux fondations de l’édifice, et le deuxième à l’édifice lui-même. Il est impossible<span style="mso-spacerun:yes"> </span>de bâtir sans fondations, et des fondations sans bâtiment ne sont d’aucune utilité. « La foi sans les oeuvres est morte » (Jac.2,26). Le Saint Apôtre Paul insiste sur la nécessité absolue du premier enseignement : « la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ. Comment donc invoqueront-ils Celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils Celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler s’il n’y a personne qui prêche ? » (Rom.10, 17,14) Voilà le début de la catéchèse. A ceux qui s’engageaient dans le Christianisme, les Apôtres et leurs successeurs exposaient l’enseignement de base (Dieu, le Dieu-Homme, l’homme et son importance dans le temps et dans l’éternité, les sacrements, la béatitude du Paradis, les souffrances de l’enfer (Hb.6,1-2), et le reste), qui constitue la dogmatique du Christianisme, auquel s’ajoute l’enseignement théorique de la vie selon les commandements de l’Evangile (Hb. XI,XII, &XIII), fondement de la théologie morale dogmatique, cette science des plus élevées. Dès les temps apostoliques commencèrent à apparaître autour de l’Eglise du Christ des jugements hérétiques, c’est-à-dire des jugements sur la Révélation provenant de l’intelligence humaine faussée. Dans l’enseignement révélé par Dieu, il n’y a pas de place pour les raisonnements humains : de l’Alpha à l’Oméga, tout est de Dieu. La Sainte Eglise s’est efforcée de garder avec soin le trésor spirituel inestimable qui lui avait été confié : l’Enseignement révélé de Dieu. Elle a dénoté ses ennemis manifestes, les païens et leurs philosophes, et les juifs, repoussant leurs attaques. Elle a dénoté ses ennemis intérieurs, les hérétiques, réfutant leur enseignement, les rejetant de son sein, mettant ses enfants en garde contre eux. C’est pour cette raison que la théologie s’est étendue de plus en plus avec le temps. Il fallut bientôt des établissements pour l’enseigner. Le plus ancien et le plus grand fut celui d’Alexandrie, qui s’épanouit surtout aux deuxième et troisième siècles. Les doctrines hostiles à l’Enseignement Divin se multipliant en permanence, la nécessité d’organiser des établissement théologiques se fit de plus en plus sentir. L’Occident s’écarta de l’Orient et tomba dans l’hérésie, absorbant les instructions et les coutumes païennes. Dès lors, les doctrines hostiles à l’Eglise Orthodoxe, doctrines monstrueuses et blasphématoires<span style="mso-spacerun:yes"> </span>construites avec malignité et hardiesse, se multiplièrent à l’infini. Les établissements théologiques devinrent une nécessité vitale pour l’Eglise Orthodoxe, comme le souffle de la vie. Jugez vous-mêmes ! Il faut présenter clairement au chrétien orthodoxe, et surtout à celui qui s’apprête à devenir un pasteur, tant le véritable enseignement de l’Eglise Orthodoxe, que son combat victorieux sur ses ennemis secrets et manifestes, cachés et découverts, combat qui s’enflamme de plus en plus depuis dix-huit siècles. Il faut exposer de façon satisfaisante les erreurs d’Arius, de Macédonius, de Nestorius, d’Eutychès et des iconoclastes, couronnées par l’athéisme et les plus récentes inventions de la philosophie. L’étude de la théologie exigeait peu de temps dans les premières années du Christianisme, elle exige davantage aujourd’hui. Auparavant, elle pouvait être transmise au cours des sermons à l’église, aujourd’hui, elle nécessite de nombreuses années d’étude. Tel est le but de nos séminaires et académies : transmettre les connaissances fondamentales du Christianisme, comme une sorte d’introduction (dit Saint Marc l’Ascète), à notre jeunesse encore inactive dans la société, qui reçoit là une préparation uniquement <i style="mso-bidi-font-style:normal">théorique</i>, et qui ignorera à la sortie du séminaire les connaissances provenant de l’expérience. Sur cette connaissance <i style="mso-bidi-font-style:normal">théorique</i> de la foi, il faut construire une connaissance active, vivante, animée par la grâce. C’est pour acquérir cette connaissance que la vie terrestre est donnée à l’homme. Le chrétien qui vit au milieu du monde selon les commandements de l’Evangile s’enrichira infailliblement de cette connaissance, non seulement par sa propre expérience, mais aussi par l’oeuvre de la grâce. Mais s’enrichira beaucoup plus encore celui qui déposera tous les soucis de ce monde pour employer tout son temps, toutes les forces de son corps et de son âme à plaire à Dieu, c’est-à-dire le moine. C’est lui qui, dans l’Evangile, <i style="mso-bidi-font-style:normal">possédera</i> les commandements du Seigneur, qui représenteront tout son héritage. « Celui qui a Mes commandements et qui les garde, c’est celui qui M’aime. Et celui qui M’aime sera aimé de Mon Père, Je l’aimerai et Je me ferai connaître à lui » (Jn.14,21) C’est dans ce but que les chrétiens les plus zélés de tous les siècles, après avoir terminé leur éducation dans les établissements scolaires, entraient et entrent jusqu’à aujourd’hui dans le monachisme pour en recevoir l’enseignement. Qui furent les grands maîtres de l’Eglise de tous les temps ? Les moines. Qui a expliqué en détails l’enseignement de l’Eglise, qui a conservé sa Tradition pour la postérité, qui a dénoncé et écrasé les hérésies ? Les moines. Qui a marqué de son sang la confession de foi orthodoxe ? Les moines. C’est tout à fait naturel. Les chrétiens qui vivent au milieu de ce monde, empêtrés dans ses liens, préoccupés par divers soucis volontaires ou involontaires, ne peuvent pas consacrer tout leur temps et tout leur amour à Dieu. « Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du monde » (1Cor.7,32-33). Celui qui s’est marié ne peut pas s’attacher en permanence au Seigneur par une prière détachée du terrestre, et s’unir au Seigneur en un seul esprit (1Cor.6,17), comme cela est possible au moine. Néanmoins, pour une réussite chrétienne <i style="mso-bidi-font-style:normal">personnelle</i>, l’érudition nécessaire aux <i style="mso-bidi-font-style:normal">maîtres</i> de l’Eglise n’est pas nécessaire : de nombreux analphabètes, comme Saint Antoine le Grand, ont pris l’habit monastique et atteint la perfection chrétienne, déversé la lumière spirituelle sur leurs contemporains par leur enseignements et par les dons de la grâce. « Qui, dit Saint Jean Climaque, parmi les laïcs, a jamais opéré des miracles ? Qui a ressuscité des morts ? Qui a chassé des démons ? Personne ! Toutes ces choses sont le prix que remportent les moines et le monde ne peut y parvenir ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Tous les moines ne parviennent pas à un état aussi élevé, atteignant leur but ;<span style="mso-spacerun:yes"> </span>rares sont ceux, en fait, qui l’atteignent...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Il ne fait aucun doute que, comme Dieu l’a promis, les moines qui passent toute leur vie à suivre les règles monastiques acquièrent la grâce de Dieu. Il est impossible que la parole de Dieu ne s’accomplisse pas. Les commandements de l’Evangile sont assortis d’une promesse : ils communiqueront l’Esprit de Dieu à ceux qui les accomplissent.<span style="mso-spacerun:yes"> </span>Inversement, les moines qui dédaignent les règles instaurées par Dieu pour le monachisme, et mènent leur vie dans la distraction, l’arbitraire, ou la volupté, c’est-à-dire, qui aiment le monde, seront privés de la réussite. Il en va de même pour tous les chrétiens : ceux qui mènent une vie chrétienne trouvent le salut, mais ceux qui vivent comme des païens sont perdus. Il y avait jadis beaucoup plus de saints parmi les moines et beaucoup plus de sauvés parmi les chrétiens. Mais notre époque connaît un relâchement général dans la foi et la moralité. Cependant, on trouve encore des moines et des chrétiens authentiques. Je répète que s’il existe des moines indignes de leur état et de leur vocation, c’est qu’ils font mauvais usage de l’institution divine. Pourtant, cette institution divine ne cesse pas d’être divine, même si les hommes la bafouent. De la même façon, le Christianisme garde sa grande dignité, en dépit de la vie contraire à l’enseignement du Christ menée par de nombreux chrétiens. Il faut donc juger du Christianisme et du monachisme sur les chrétiens ou moines authentiques. Mais ceci n’est pas si facile : la piété et la vertu, comme de chastes vierges, se cachent toujours au fond de cellules ignorées, comme sous le manteau, à l’opposé des femmes adultères qui s’efforcent d’apparaître en public à demi nues. Il arrive souvent que la vie élevée d’un moine soit découverte lors de son décès ou après. Le moine qui participe à la grâce de Dieu est souvent l’objet de la haine du monde, des médisances et des calomnies, car le monde hait l’Esprit de Dieu (Jn.15,18-19). La réussite elle-même a divers degrés, car, comme il a été dit plus haut, la solitude monastique est utile aux forts et aux faibles pour des raisons différentes. Bien entendu, les seconds sont toujours plus nombreux que les premiers.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Après tout ce que vous venez de dire, il convient de montrer que le monachisme est bien une institution divine.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Le Sauveur du monde a indiqué deux voies, c’est-à-dire deux genres de vie, pour ceux qui croient en Lui : la voie qui procure le salut, et la voie qui conduit à la perfection. L’Evangile dit de ceux qui empruntent la seconde voie qu’ils <i style="mso-bidi-font-style:normal">suivent</i> le Christ, car cette voie est l’expression la plus exacte de l’enseignement du Seigneur, et l’imitation du genre de vie qu’Il mena Lui-même pendant Son pèlerinage terrestre. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>Pour obtenir le salut, il faut trois choses : la foi dans le Christ (Jn.3,36 & 17,3), la vie selon les commandements de Dieu (Mt.19,17 & Mc.10,19), et la guérison par le repentir de nos insuffisances dans l’accomplissement des commandements (Luc13,35). Le salut est donc ouvert à tous et accessible à chacun, quelles que soient ses obligations dans le monde, à condition que ces dernières ne soient pas incompatibles avec la loi de Dieu. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>Certains, comme les Apôtres, sont appelés à <i style="mso-bidi-font-style:normal">suivre</i> le Seigneur par le Seigneur Lui-même, mais en général, le Seigneur laisse à chacun la liberté de Le <i style="mso-bidi-font-style:normal">suivre</i>. Ceci apparaît à plusieurs reprises dans l’Evangile. <i style="mso-bidi-font-style:normal">Si quelqu’un veut venir après Moi... </i>(Mt.16,24), <i style="mso-bidi-font-style:normal">Si tu veux être parfait...</i> (Mt.19,21), <i style="mso-bidi-font-style:normal">Si quelqu’un vient à Moi... </i>(Luc26,14), telles sont les expressions que le Seigneur emploie pour parler de celui qui veut <i style="mso-bidi-font-style: normal">Le suivre</i> vers la <i style="mso-bidi-font-style:normal">perfection</i> chrétienne. Si prendre sur soi ce genre de vie est laissé à la liberté de chacun, les conditions en sont fixées par le Seigneur. Il faut accepter ces conditions pour pouvoir Le <i style="mso-bidi-font-style:normal">suivre</i>. Et quelles sont ces conditions ? <i style="mso-bidi-font-style:normal">Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il Me suive ; Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens, et suis-Moi ; Si quelqu’un vient à Moi et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être Mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix pour Me suivre ne peut pas être Mon disciple. Quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être Mon disciple.</i> Voici quelles sont les promesses essentielles du moine. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>Comme nous l’avons dit, le monachisme à ses débuts n’était rien d’autre qu’une vie solitaire, éloignée du bruit, menée par les chrétiens qui visaient vers la perfection. Ainsi ces chrétiens d’Alexandrie qui suivaient dans la périphérie de la ville les recommandations du Saint Evangéliste Marc. Le Saint Apôtre Paul dit à tous les chrétiens qui désirent entrer en communion plus étroite avec le Seigneur : « nous sommes le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu l’a dit : <i style="mso-bidi-font-style: normal">J’habiterai au milieu d’eux et J’y<span style="mso-spacerun:yes"> </span>marcherai ; Je serai leur Dieu et ils seront Mon peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et tenez-vous à l’écart, dit le Seigneur. Ne touchez rien d’impur, et Moi, Je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant</i> » (2Cor.6,16-18) Saint Jean Climaque attribue cette vocation-là aux moines (2,15) et l’Eglise primitive comprenait ces paroles du Seigneur de la même façon. Saint Athanase le Grand rapporte sur Saint Antoine la chose suivante : encore adolescent, Saint Antoine entra dans une église pour prier. Ce jour-là, on lisait la péricope de l’Evangile de Saint Matthieu concernant l’homme riche qui questionne le Seigneur sur le salut et la perfection. En entendant ces paroles (« Si tu veux être parfait, vends ce que tu possèdes... »), Antoine, qui était préoccupé par le choix d’un mode de vie, reconnut la réponse du Seigneur Lui-même. Il vendit aussitôt ses biens pour les distribuer aux pauvres, et devint moine. Ces paroles fondamentales du Seigneur sont encore lues de nos jours lors de la prise d’habit monastique. La vie au désert fut donc instituée à la suite de révélations. Dieu appela Saint Antoine à vivre dans le désert profond. Un ange ordonna à Saint Macaire le Grand de s’établir dans le désert de Scété. Un ange ordonna aussi à Saint Pachôme le Grand d’établir sa communauté monastique au désert, à la suite de quoi il lui remit des règles écrites pour la vie des moines. Ces trois saints étaient des hommes remplis de l’Esprit Saint et constamment unis à Dieu. Ils prêtèrent leur bouche à la parole de Dieu, comme jadis Moïse avec le peuple d’Israël, pour édifier les moines. Dans la suite des siècles, l’Esprit Saint n’eut de cesse d’illuminer le monachisme. Cet enseignement de l’Esprit Saint, qui est enseignement du Christ et enseignement de Dieu pour le monachisme, que les pères appellent la science des sciences, fut exposé avec clarté et plénitude par les saints moines dans leurs écrits inspirés par Dieu. Tous témoignent du fait que l’instauration du monachisme, cette vie surnaturelle, n’a rien d’humain : c’est l’oeuvre de Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Certains supposent que la raison d’être du monachisme des trois premiers siècles fut la fuite devant les persécutions suscitées par les païens. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Le raisonnement charnel traite toujours faussement des hommes spirituels. Les moines des premiers siècles avaient soif du martyre, et beaucoup furent couronnés, tels Nikon, Julien, Eudocie, Eugénie, Févronie, et bien d’autres. Dès qu’il en eut l’occasion, le saint ermite Gordius, cité plus haut, se rendit à Césarée de Cappadoce pour dénoncer le paganisme au cours d’une fête populaire, confesser le Christ, et sceller cette confession par le martyre. Quand l’empereur Dioclétien déclencha sa grande et cruelle persécution, Saint Antoine le Grand était déjà moine et ermite. Ayant entendu parler des souffrances des chrétiens, il abandonna sa grotte au désert pour courir à Alexandrie confesser le Christ et se joindre aux martyrs. Le saint fut bien martyr, mais par l’amour et le désir : bien qu’il désirât souffrir pour le Nom du Seigneur, le martyre ne lui fut pas accordé. Déjà le Seigneur avait commencé de remplacer la moisson abondante et sainte des martyrs par une autre moisson, non moins abondante : celle que les moines devaient réaliser dans le champ d’un autre témoignage. Les supplices avaient à peine cessé, le sang chrétien s’était à peine arrêté de couler, que des milliers de moines se précipitèrent vers de sauvages déserts pour y <i style="mso-bidi-font-style:normal">crucifier la chair avec ses passions et ses convoitises</i> (Gal.5,24), et confesser le Christ devant <i style="mso-bidi-font-style:normal">les Principautés, les Puissances, et les Régisseurs du monde des ténèbres</i> (Eph.6,12). Certes, Saint Paul de Thèbes s’éloigna au désert pour éviter la persécution de l’empereur Dèce. Peut-être que d’autres gagnèrent le désert pour les mêmes raisons. Mais ce ne sont que des cas isolés qui ne permettent pas de tirer de conclusion sur l’ensemble du monachisme primitif. La raison première du monachisme n’est donc pas la faiblesse humaine, mais la force de l’enseignement du Christ. Saint Jean Colobos, qui rédigea la <i style="mso-bidi-font-style: normal">vie</i> de Saint Païssios le Grand, écrit dans la préface : « Les biens célestes et éternels suscitent chez ceux qui les convoitent un immense désir. Ils nourrissent le cœur d’une douceur insatiable et divine, entretiennent le continuel souvenir de la béatitude de l’au-delà, de la rétribution des efforts, du lumineux triomphe des ascètes, incitent au mépris de tout ce qui est temporel et vain, et poussent à ne pas épargner la vie elle-même, mais plutôt à l’offrir au Christ, selon la parole de l’Evangile. De tels hommes préfèrent la mort pour le Christ à toutes les jouissances. Mais comme les persécutions font défaut à présent, il devient difficile d’obtenir cette mort si ardemment désirée, c’est pourquoi les ascètes s’efforcent de l’assumer d’une autre façon. Ils instaurent pour eux-mêmes une mise à mort lente et non moins violente. Ils supportent quotidiennement des milliers de maux, jeûnent, accomplissent divers exploits, luttent contre les démons invisibles, forcent sans relâche leur nature charnelle à résister aux ennemis incorporels ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Vous comparez l’exploit du monachisme à celui du martyre ? <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Il s’agit d’un seul et même exploit sous des formes différentes. Le martyre et le monachisme sont fondés sur les mêmes sentences de l’Evangile. Ni l’un ni l’autre n’ont été inventés par des hommes : ils furent donnés à l’humanité par le Seigneur Lui-même. L’un et l’autre ne peuvent être menés à bien qu’avec l’aide toute-puissante de Dieu, et l’intervention de la grâce. Vous en serez assurés en lisant les vies d’Antoine le Grand, de Théodore Studite, de Marie l’Egyptienne, de Jean le Grand Souffrant, de Nikon Soukhoï, et d’autres encore, dont les exploits et les souffrances étaient au-dessus de la nature. Saint Syméon le Nouveau Théologien dit de son maître Saint Syméon le Pieux, moine au Studion, qu’il s’assimila aux martyrs par ses souffrances corporelles. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Expliquez-moi, mon père, quelle est l’importance du célibat et de la non-possession dans l’exploit monastique. C’est difficile à comprendre pour ceux qui vivent dans le monde, travaillent pour le bien de la société, distribuent d’abondantes aumônes, et accomplissent beaucoup de bonnes œuvres, indiquées et approuvées par l’Evangile, et qui, faute d’explications, voient la vie monastique comme une vie oisive et inutile.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Les activités laïques que vous mentionnez accomplissent les commandements de l’Evangile sur un plan matériel : elles sont indispensables au <i style="mso-bidi-font-style: normal">salut</i>, mais insuffisantes pour atteindre la <i style="mso-bidi-font-style: normal">perfection</i>. Rien d’ailleurs ne les freine au milieu des préoccupations et obligations du monde. Au contraire, la réussite terrestre offre la possibilité d’accroître la quantité des bonnes œuvres : c’est ainsi qu’un homme très riche peut distribuer beaucoup d’aumônes aux pauvres, et qu’un puissant seigneur peut mieux défendre les opprimés. Cependant, dans de telles activités, il faut se garder d’agir comme le pharisien de l’Evangile (Cf. le commentaire du Bienheureux Théophylacte de Bulgarie sur Luc18) qui, certes, multipliait les bonnes œuvres, mais portait un regard injuste sur elles. Sa vision de lui-même et de ses proches étant fausse, ses bonnes oeuvres devinrent désagréables à Dieu. L’Apôtre dit que ceux qui accomplissent des bonnes œuvres doivent le faire <i style="mso-bidi-font-style:normal">comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu</i> (1Pi.4,10). Ainsi, que le riche fasse l’aumône de ses biens en considérant qu’ils lui ont été confiés par Dieu ; si un seigneur dispense ses bienfaits, qu’il n’aille pas se vanter de sa position sociale comme si elle lui appartenait en propre, car c’est Dieu qui la lui a procurée. Alors leur regard méprisant sur le prochain n’aura plus lieu d’être. Alors leur conscience commencera à s’interroger sur le sens de leurs oeuvres, comme jadis celle du juste Job. Donnent-elles satisfaction à Dieu ? N’y aurait-il pas en elles de grands ou de petits défauts ? Petit à petit, ces questions finiront par susciter l’idée d’une vie plus parfaite... <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>Reconnaissez que la vie monastique paraît inutile et oisive justement à ceux qui présument de leur activité ! L’indice d’une activité chrétienne juste est l’humilité. Inversement, l’orgueil et la présomption sont les sûrs indices de l’activité injuste, comme l’indique le Seigneur Lui-même. L’opinion que vous mentionnez dénote donc une vue erronée et défigurée du Christianisme. La perfection chrétienne a été proposée par le Seigneur Lui-même à Ses disciples. Elle commence là où les bonnes œuvres prescrites aux laïcs atteignent leur plénitude. Etudiez le Christianisme, apprenez en quoi consiste sa perfection, et vous comprendrez l’importance du monachisme, et l’absurdité des accusations blasphématoire proférées à l’encontre des moines, qui s’efforcent d’accomplir les commandements les plus élevés de l’Evangile, inaccessibles aux laïcs. Ceux qui dénigrent le monachisme dénigrent le Seigneur Lui-même, qui a instauré la perfection chrétienne. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- D’accord, c’est entendu ! Mais montrez-moi clairement la portée de la non-possession et du célibat sur la voie de la perfection chrétienne.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Cette question est extraordinaire. Je vais m’efforcer de vous la rendre accessible. Celui qui distribue ses biens aux nécessiteux pour obéir au Christ et Le suivre <i style="mso-bidi-font-style:normal">entièrement</i>, se fait pauvre pour subir des privations, qui apportent l’humilité en abondance ; cessant de fonder son espoir sur le monde, il le concentre sur Dieu. Son cœur quitte la terre pour le ciel (Mt.6,21). Il commence à naviguer sur l’océan de cette vie soutenu par la foi. Ses soucis sont remis au Seigneur qui, en ordonnant à Ses plus proches disciples de distribuer leurs biens (Luc12,33) et de limiter leurs préoccupations au strict nécessaire pour le corps, a promis que l’indispensable serait accordé par le Père Céleste à ceux qui cherchent le Royaume des Cieux et sa justice (Mt.6,24-33). Des tribulations sont alors permises pour ces serviteurs de Dieu : la providence semble se cacher, le monde acquiert une force toute particulière. Tout ceci est indispensable à l’enseignement de la foi <i style="mso-bidi-font-style:normal">vivante</i> en Dieu : c’est par l’épreuve qu’on est fortifié. L’expérience étale au grand jour l’incroyance, l’éloignement ou le reniement de Dieu, états inhérents à la nature déchue. Quand le cœur faiblit et cesse d’être vigilant, il glisse vers une affligeante cécité, espère en lui-même, compte sur le monde, sur la nature, et s’éloigne de l’espérance en Dieu (Mt.14,28-32). Cette brève explication montre que la privation des biens fait grimper l’ascète du Christ vers un état spirituel élevé qui l’isole des frères qui vivent dans le monde, état que ces derniers ne peuvent connaître par l’expérience. Toutefois, cet état élevé est aussi une souffrance permanente pour le corps et pour la nature déchue. C’est cela que le Seigneur nomme la <i style="mso-bidi-font-style:normal">croix</i>. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>Sur un plan spirituel, la non-possession est comparable au célibat. L’effort engagé pour vaincre la nature déchue conduit à un exploit que ne peuvent imaginer ceux qui n’en ont pas l’expérience. Cet exploit du reniement de la nature est <i style="mso-bidi-font-style:normal">complété</i> par la croix de la non-possession (qui n’implique <i style="mso-bidi-font-style: normal">que</i> le renoncement aux biens). Il conduit à l’abîme de l’humilité, à la foi <i style="mso-bidi-font-style:normal">vivante</i>, à l’action de grâces. Dans cette ascèse, dont témoignent les vies des saints, les esprits des ténèbres coopèrent avec la nature déchue pour maintenir l’homme dans le domaine de la chute. Conformément aux difficultés du combat, la victoire peut être très fructueuse (Echelle 4,47), et procurer le renouvellement de la nature par l’apparition dans le cœur de ce que les saints pères appellent la <i style="mso-bidi-font-style:normal">perception spirituelle</i> (Saint Macaire le Grand 5,7) : la nature reste toujours humaine, mais sa perception change (Saint Isaac le Syrien 43 & 48). Ainsi, le papier imbibé d’huile n’absorbe plus l’eau, non pas parce que sa nature a changé, mais parce que sa soif d’absorption est nourrie par une matière qui n’a pas de parenté physique avec l’eau.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- De nos jours, nombreux sont ceux qui pensent que la vie célibataire est contre nature, impossible, et que fermer la porte à la nature la pousse à chercher des portes illégales.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Chacun parle de sa propre expérience. L’inconnu semble toujours impossible, et ce qu’on a personnellement expérimenté semble être le lot commun. Les pères, qui se sont penchés sur la question, sont unanimes pour dire les choses suivantes : bien que le célibat ne soit pas naturel à l’homme déchu, il était naturel à l’homme avant la chute (Gen.2,25) ; après le renouvellement de la nature opéré par le Christ, la capacité à vivre dans la virginité et le célibat a été <i style="mso-bidi-font-style:normal">rendue</i> à l’homme ; la virginité et le célibat sont supérieurs au mariage, même si la vie de couple est élevée par le Christianisme à un niveau supérieur à ce qu’il était avant l’Incarnation (Eph.5,32). Le Dieu-Homme a mené une vie virginale, la Sainte Mère de Dieu fut et resta vierge, les Saints Apôtres Jean le Théologien, Paul, Barnabé, et sans doute beaucoup d’autres furent vierges. Avec l’avènement du Christianisme apparurent des armées d’hommes et de femmes vierges. Cet exploit était rarissime avant le renouvellement de la nature par le Rédempteur. Avec le Rédempteur, la bienveillance de Dieu s’est déversée sur les hommes, comme l’ont justement chanté les Anges (Luc2,14), et les a sanctifiés par les nombreux dons de la grâce. L’abondance des grâces reçues par les chrétiens est évoquée de façon pittoresque dans l’enseignement que le prêtre doit lire aux nouveaux époux selon la règle de l’Eglise : « Le grand champ de Dieu, ce Grand Propriétaire, est travaillé de trois façons ; c’est aussi de trois façons qu’il se pare de fruits au temps de la récolte. La première partie de ce champ est travaillée par ceux qui aiment la virginité et la gardent incorrompue jusqu’à la fin de leurs jours, rendant au centuple les fruits de la vertu destinés aux greniers du Seigneur. La deuxième partie est travaillée par ceux qui sont tempérants dans le veuvage et portent du fruit soixante fois plus. La troisième partie est travaillée par ceux qui cohabitent dans l’union maritale en menant une vie pieuse, dans la crainte de Dieu, faisant ainsi fructifier le champ trente fois plus. Dans le même champ se trouvent donc différentes sections et différents fruits, qui tous sont bienheureux et louables, conformément à leur destination. Saint Ambroise dit : nous prêchons la virginité de telle façon que les veuves ne soient pas rejetées, et nous honorons les veuves de telle façon que le mariage soit gardé dans l’honneur ».<span style="mso-spacerun:yes"> </span><o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt;tab-stops:18.0pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Comment le chrétien sait-il s’il peut ou non mener la vie célibataire ? A mon avis, cette question doit tracasser tout candidat à la vie monastique…<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Quand on veut, on peut (Mt.19,12). Quand l’homme était pur, il avait la liberté de le rester. Et maintenant, après le renouvellement de sa nature, il décide lui-même de faire sienne la nature renouvelée <i style="mso-bidi-font-style:normal">dans tout son développement</i>, ou d’en profiter <i style="mso-bidi-font-style:normal">seulement dans une certaine mesure</i> nécessaire au salut, ou encore de demeurer dans la chute et de cultiver en lui la nature déchue. Le renouvellement de la nature est un <i style="mso-bidi-font-style:normal">don</i> du Rédempteur. Pour cette raison, toute vertu évangélique est <i style="mso-bidi-font-style:normal">choisie</i> par une bonne disposition mais elle est <i style="mso-bidi-font-style:normal">accordée</i> par le Christ comme un don. La bonne disposition est <i style="mso-bidi-font-style: normal">prouvée</i> par l’effort accompli pour acquérir la vertu, et la vertu est finalement <i style="mso-bidi-font-style:normal">obtenue</i> <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Dieu</i> par une prière assidue et patiente. Aucune des vertus évangéliques n’est <i style="mso-bidi-font-style: normal">propre</i> à la nature déchue : l’ascète devra toujours se forcer, prier, passer par les larmes et l’humilité (Macaire le Grand, 13,1). Comme toutes les vertus évangéliques, le célibat est choisi librement. Comme pour toutes les autres vertus, la bonne disposition devra être prouvée par le combat contre les mauvaises tendances de la nature déchue, par la maîtrise du corps, et les exploits ascétiques. La nature déchue obtiendra le don de la pureté quand elle aura conscience de son impuissance à acquérir cette pureté, et se jettera dans une prière fervente pleine de componction. ( Jean Cassien 4,5 & Barsanuphe le Grand 2,55). Le don est envoyé par la grâce divine, qui vient couvrir de son ombre, changer, et renouveler la nature. Expliquant ainsi l’aptitude de tout homme au célibat, le bienheureux Théophylacte de Bulgarie termine en rappelant <i style="mso-bidi-font-style:normal">que quiconque demande reçoit</i> (Mt.7,8). Examinez les vies des saints, où sont décrits les exploits contre les tendances de la nature déchue, et vous verrez que tous sont passés de l’état ordinaire dans lequel l’homme est incapable du célibat, à l’état dans lequel le célibat devient en quelque sorte une seconde nature, après un combat acharné contre les désirs de la chair. Vous verrez que leurs armes principales sont la prière et les pleurs. Vous verrez des vierges s’éloigner du mariage, des veufs s’abstenir de contracter une seconde union, mais aussi des débauchés, des passionnés, des criminels et des pécheurs impénitents s’élever vers la pureté, l’incorruptibilité, et la sainteté. Je vous le répète : dans l’Eglise du Nouveau Testament, d’innombrables vierges des deux sexes, des veufs et des veuves sans tache, des débauchés et des femmes adultères, prouvent incontestablement que l’exploit de la chasteté n’est ni impossible, ni aussi difficile qu’il apparaît aux yeux des théoriciens qui raisonnent sans expérience, et sans connaître la tradition morale de l’Eglise. Ces gens-là examinent et tirent des conclusion, disons-le ouvertement, comme des dépravés aux préjugés lourds et tenaces, qui haïssent le monachisme et, de façon générale, le Christianisme Orthodoxe. C’est avec justesse que Saint Isidore de Péluse écrivait à Saint Cyrille, Patriarche d’Alexandrie : « le préjugé ne voit pas clair, et la haine est complètement aveugle ». <i style="mso-bidi-font-style:normal">(à suivre)</i><o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-25490105869280516152009-11-18T09:52:00.000-08:002009-11-18T10:02:24.710-08:00VIE DE SAINT SOPHRONE PATRIARCHE DE JERUSALEM<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SwQ2qJkQQoI/AAAAAAAAAkA/gJV6pxGLfME/s1600/11_march_sophronius_of_jerusalem.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 227px; height: 320px;" src="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SwQ2qJkQQoI/AAAAAAAAAkA/gJV6pxGLfME/s320/11_march_sophronius_of_jerusalem.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5405505550501823106" /></a><br /><p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center;text-indent:8.5pt"><b>(Saint Dimitri de Rostov)</b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Saint Sophronios, qui porte le nom de la chasteté, naquit à Damas de parents pieux, chastes, et de bon renom, Plinthos et Myra. Dès l’enfance, il mena une vie conforme à son nom, chérissant la sagesse spirituelle et gardant sans tâche sa pureté virginale. Ces deux vertus, la sagesse spirituelle et la pureté virginale, portent le nom de la chasteté, ou plutôt, comme dit Saint Jean Climaque, la chasteté est le nom de toutes les vertus. Et le chaste Sophronios en fut l’acquéreur zélé.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Il s’attela pour commencer à la philosophie de ce monde, et fit si bien qu’il reçut le titre de sophiste, c’est-à-dire de sage. En ce temps-là, ce titre était extrêmement honorable. Seuls les philosophes les plus éminents, comme jadis Libanius au temps de Saint Basile, étaient habilités à le porter. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Il voulut ensuite acquérir la sagesse spirituelle. Pour cela, il entreprit un interminable tour des monastères et ermitages du désert pour butiner ce qui est utile à l’âme chez les pères agréables à Dieu. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">C’est ainsi qu’il parvint un jour dans la ville sainte de Jérusalem, puis, non loin d’elle, au monastère de Saint Théodose le Grand. Là, il fit la connaissance du moine Jean, surnommé Moschos, homme vertueux et versé dans les deux philosophies, extérieure et spirituelle. Sophronios s’attacha à Jean comme un fils à son père, ou plutôt comme un disciple à son maître, et le servit jusqu’à sa mort. Les deux hommes fréquentèrent de concert les monastères et les déserts. A l’occasion de chaque visite, le bienheureux Jean consignait dans son livre, le<i style="mso-bidi-font-style: normal"> pré spirituel</i>, les exploits des saints pères. Cet ouvrage magnifique fut cité par la suite au Septième Concile Oecuménique. Jean y donne souvent à Sophronios le titre de sophiste, et le considère comme son égal. Parfois même, il l’appelle maître ou père, car il n’était plus pour lui un disciple, mais un ami, un compagnon de route et de travail, un homme qu’il jugeait supérieur à lui-même, et dont il prédisait qu’il deviendrait un grand pasteur et une colonne inébranlable de l’Eglise du Christ. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Avant d’être tonsuré, Sophronios vécut assez longtemps en Palestine aux côtés de Jean, aussi bien dans le monastère de Saint Théodose le Grand, que dans un monastère de la vallée du Jourdain, fondé jadis par Saint Sabbas, qu’on appelait le nouveau monastère. Par la suite, sous la menace de l’invasion perse, les deux amis partirent pour Antioche la Grande. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">A cette époque en effet, le roi des Perses Chosroès le Jeune partit en guerre contre les territoires grecs. Il faut se souvenir à ce propos que Phocas le Bourreau venait de tuer l’empereur Maurice et de ravir son trône. Or Maurice s’était montré le bienfaiteur de Chosroès, en le recueillant quand il avait été chassé de son pays, puis en utilisant les finances et les armées impériales pour le rétablir sur son trône. C’est ainsi qu’une paix forte et durable s’était instaurée entre la Perse et l’empire des Grecs. Apprenant la disparition de son bienfaiteur, Chosroès fut si amer qu’il brisa l’accord de paix, et entreprit de venger l’empereur Maurice. Les armées perses envahirent aussitôt de nombreux territoires comme la Syrie, la Phénicie, et la Palestine, et s’en emparèrent. C’est ainsi que les saints pères qui menaient la vie ascétique dans ces contrées durent abandonner leurs monastères et s’enfuir. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">C’est dans ces pénibles circonstances que Jean et Sophronios quittèrent la ville sainte, juste avant qu’elle ne fût prise par les Perses. Ces derniers emmenèrent pour quatorze années de captivité le Patriarche Zacharie et la précieuse Croix du Seigneur, causant à tous les chrétiens une grande affliction et d’inconsolables regrets.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Dans la région d’Antioche, nos saints pères butinèrent de fleur en fleur, comme des abeilles diligentes, le miel des vertueux pères, récoltant pour le <i style="mso-bidi-font-style: normal">pré spirituel</i> des récits propres à l’édification de l’âme, plus doux encore que le miel. Mais comme là aussi les armées perses approchaient, ils durent s’embarquer pour l’Egypte. Une fois en Alexandrie, ils agirent selon leur habitude, continuant à engranger pour les futures générations chrétiennes de nouvelles récoltes spirituelles, amassées chez des pères qu’ils virent de leurs yeux et entendirent de leurs oreilles.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Au moment de son entrée à Alexandrie, Saint Sophronios n’était pas encore tonsuré, comme en témoigne le soixante-neuvième chapitre du <i style="mso-bidi-font-style:normal">pré spirituel</i>, dans lequel Jean s’exprime ainsi : « Nous arrivâmes, moi et mon frère le Seigneur Sophronios, qui n’était pas encore tonsuré. Nous nous rendîmes chez Abba Palladios, homme vertueux et serviteur de Dieu ». Plus loin, au cent dixième chapitre, il dit : « Moi et mon Seigneur Sophronios, nous allâmes à la Laure qui se trouve à quatre-vingts stades d’Alexandrie, chez un ancien vertueux, et nous lui dîmes :<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Seigneur Abba, dis-nous une parole ! Comment devons-nous vivre l’un avec l’autre, car le Seigneur Sophiste veut renoncer au monde et devenir moine ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Mes enfants, pour le salut de vos âmes, vous faites bien d’abandonner ce qui est du monde ! Restez dans votre cellule, gardez l’esprit dans l’hésychia, priez sans cesse, et conservez l’espérance en Dieu. Il vous donnera l’intelligence, et éclairera votre esprit ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais quelle étonnante vertu chez notre Père Sophronios qui, encore laïc, avait pris sur lui le labeur de voyager longuement de désert en monastère pour rechercher ce qui est utile à l’âme, et s’instruire sur la voie du salut ! Avant même d’être tonsuré, il était déjà un moine accompli dans toutes les vertus ! <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Sophronios fut tonsuré par son maître après une maladie qu’il pensait mortelle, et durant laquelle il eut une vision que raconte Jean au chapitre cent deux : « Mon frère, le sage Sophronios, devait mourir. Comme je me tenais près de lui avec Abba Jean le Scolastique, il nous dit :<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- J’ai vu des vierges devant moi former un choeur et se réjouir en disant : Sophronios est le bienvenu ! Sophronios est couronné ! <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Les vierges se réjouissaient à son sujet en voyant qu’il portait le nom de la chasteté »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Une fois tonsuré et guéri, Sophronios redoubla d’ardeur pour son salut et celui des autres. Comme l’hérésie de Sévère se réveillait en Egypte, il s’opposa farouchement à la fausse doctrine avec son maître, utilisant sa profonde connaissance des Saintes Ecritures pour la controverse et la victoire sur les hérétiques. Pour cette raison, les deux saints étaient très chers au coeur de Sa Sainteté Jean le Miséricordieux, le Patriarche d’Alexandrie, qui les honorait comme des amis sincères et les consolait dans leurs difficultés. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Saint Jean le Miséricordieux avait la pieuse habitude de s’asseoir chaque mercredi et chaque vendredi aux portes d’une église pour écouter les besoins de chacun, apaiser les disputes et les désaccords, et rétablir la paix entre les hommes. Si d’aventure personne ne venait le trouver ces jours-là, le patriarche rentrait chez lui en larmes et disait : « Aujourd’hui, l’humble Jean n’a rien acquis, il n’a rien apporté à Dieu pour ses péchés ! » Alors le bienheureux Sophronios son ami le consolait : « En vérité, aujourd’hui tu devrais te réjouir, père, car tes brebis vivent en paix, sans dispute ni désaccord, comme les Anges de Dieu ! » On voit quel amour régnait entre Sophronios, son maître, et le saint patriarche...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Les deux moines étaient chaque jour en quête d’un enseignement nouveau qui aurait pu faire leur profit. Saint Jean cite cette anecdote : « Moi et mon Seigneur, le Sage Sophronios, nous nous rendîmes chez le philosophe Stéphane, qui demeure près de la route qui mène à l’église de la Toute-Sainte Mère de Dieu, édifiée jadis par le bienheureux Patriarche Euloge à l’orient du grand Tétraphyle. Il était midi lorsque nous arrivâmes à la maison du philosophe. Nous frappâmes à la porte et le portier nous dit : <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Mon maître se repose encore, attendez un peu !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Alors je dis à mon maître Sophronios :<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Allons vers le Tétraphyle et restons-y !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Cet endroit était très honoré des habitants d’Alexandrie. Ils disaient que le grand empereur Alexandre de Macédoine avait rapporté les reliques du Saint Prophète Jérémie et les avait déposées en ce lieu lorsqu’il fonda la ville. Lorsque nous y arrivâmes, nous ne trouvâmes personne hormis trois aveugles. Nous nous installâmes silencieusement auprès d’eux avec nos livres. Ces aveugles parlaient beaucoup :<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Ami, comment es-tu devenu aveugle ? <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- J’étais capitaine de navire dans ma jeunesse. A force de regarder la mer en revenant d’Afrique, une cataracte se forma et je perdis la vue...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Moi j’étais verrier. Un jour, je travaillai sans protection et me brûlai à cause de la force du feu, et je perdis la vue. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- Et moi, quand j’étais jeune, je haïssais le travail, et j’aimais vivre dans la paresse. Comme j’étais voluptueux et que je n’avais pas de quoi me nourrir, j’ai commencé à voler et à faire beaucoup de mal. Un jour je vis un mort qui portait de beaux vêtements : on le conduisait à la tombe. Je suivis les porteurs pour voir où on allait l’enterrer. Le mort fut enseveli près de l’église Saint-Jean. La nuit venue, j’ouvris le tombeau, j’y pénétrai, et je déshabillai le cadavre, ne lui laissant que sa tunique. En sortant du tombeau, ma mauvaise pensée me fit retourner prendre aussi la tunique, qui était fort belle. Misérable que je suis, je laissai le mort complètement nu ! Mais voilà que le mort se releva, s’assit devant moi, tendit ses bras, et m’arracha les yeux de ses doigts... Vous imaginez avec quelle grande difficulté je sortis du tombeau !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ayant entendu cela, mon Seigneur Sophronios me fit signe et nous nous éloignâmes. Puis il me dit :<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">- En vérité, Abba Jean, il n’y pas d’autre chose à apprendre aujourd’hui, si ce n’est que celui qui fait le mal ne peut se cacher de Dieu ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ainsi les deux saints avaient grand soucis de leur profit quotidien... <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">En Alexandrie, Sophronios rédigea le récit des miracles des saints martyrs Cyr et Jean. Il faut dire que ses yeux étant tombés malades, il s’était rendu auprès des reliques des Saints Anargyres pour prier avec foi, et avait obtenu la guérison dans leur église. Par la suite, il les remercia grandement et eut toujours beaucoup de zèle pour eux.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Après quelque temps, les Perses menacèrent aussi l’Egypte. Jean et Sophronios, encore contraints de fuir, entreprirent de le faire en compagnie du Patriarche Jean. Ils s’embarquèrent donc sur un navire. Le saint patriarche, qui était malade, mourut pendant le voyage dans sa ville natale d’Amathonte en Chypre. Sophronios le Sage composa son éloge funèbre, louant sa haute vie et ses aumônes. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Après les funérailles du patriarche, Jean et Sophronios partirent pour l’antique Rome, en compagnie de douze frères qui s’étaient joints à eux. Là ils vécurent plusieurs années, et Jean, qui était déjà avancé en âge, partit vers le Seigneur. Avant de mourir, il recommanda à son disciple bien aimé et fils spirituel de ne pas l’ensevelir à Rome, mais de le conduire jusqu’au Mont Sinaï dans un cercueil de bois. Si les barbares venaient à rendre le voyage impossible, Saint Sophronios avait pour mission de conduire le corps de son père en Palestine, pour l’enterrer au monastère de Saint Théodose, où il était devenu moine. Il en fut ainsi : Saint Sophronios imita le chaste Joseph de l’Ancien Testament, qui avait reconduit chez ses pères le corps de Jacob. Il prit le corps de Jean, et partit pour les terres grecques avec les frères. Parvenu à Ascalon, il entendit qu’il était impossible de se rendre au Sinaï à cause des barbares, aussi prit-il le chemin de Jérusalem, alors au pouvoir des Perses. Il enterra le corps de son père au monastère de Saint Théodose le Grand, et s’installa dans la ville sainte avec sa communauté. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le trône patriarcal était occupé par le Patriarche Modeste, qui remplaçait le Patriarche Zacharie, prisonnier des Perses avec la Sainte Croix. Peu après l’arrivée de Sophronios à Jérusalem, Dieu voulut bien faire revenir le Patriarche Zacharie et la Sainte Croix à Jérusalem. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le général Héraclius venait de tuer Phocas le Bourreau. S’étant emparé de l’empire, il était parti en guerre contre les Perses. Ayant vaincu les nombreuses armées de Chosroès, il occupa les villes perses pendant sept années. Il advint ensuite que Siroès, fils de Chosroès, assassina son père et prit le pouvoir en Perse. Siroès rechercha tout de suite la réconciliation avec l’empereur Héraclius. Dans les accords de paix qui suivirent, l’empereur Héraclius demanda en premier lieu qu’on rendît Jérusalem aux grecs, et avec elle la Sainte Croix et le Patriarche Zacharie. Et ainsi fut fait. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Après un exil de quatorze ans, la Sainte Croix revint à Jérusalem, portée en triomphe sur les épaules de l’empereur lui-même. Sa Sainteté le Patriarche Zacharie retrouva son trône. Quelques années plus tard, la Sainte Croix fut transportée à Constantinople, afin qu’un aussi précieux trésor ne fût pas dérobé une seconde fois aux chrétiens. Comme on le verra plus bas, la ville sainte ne tarda pas à retomber aux mains des barbares. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Après peu de temps, le Patriarche Zacharie émigra vers le Seigneur. Saint Modeste fut de nouveau son successeur, mais pour deux ans seulement. Après la mort de Saint Modeste, Saint Sophronios fut élu patriarche. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">C’est à cette époque qu’apparut l’hérésie monothélite. Les monothélites, qui confessaient bien deux natures, divine et humaine, dans la personne du Christ, ne voyaient en Lui qu’une seule volonté et une seule énergie, niant ainsi que le Seigneur fût parfait dans Ses deux natures. Cette hérésie est décrite amplement dans la vie de Saint Maxime le Confesseur. Elle débuta chez le Patriarche d’Alexandrie Cyrus, qui convoqua un concile local et ordonna à tous de croire ainsi. Le Patriarche Serge de Constantinople l’imita, et après lui le Patriarche Pyrrhus, et d’autres encore, qui persécutèrent tous ceux qui ne voulaient pas adhérer à ce mensonge. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Sa Sainteté Sophronios, Patriarche de Jérusalem, résista beaucoup à cette fausse doctrine. Il convoqua chez lui un concile local, qui maudit l’hérésie monothélite. Puis il envoya partout les actes du concile, qui furent ensuite lus au Sixième Concile Oecuménique, approuvés par les Saints Pères, et acceptés comme dogmes de la Sainte Foi Orthodoxe. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Saint Sophronios composa encore beaucoup d’homélies, d’hymnes, d’enseignements utiles à l’Eglise, et également des vies de saints, comme celle de Sainte Marie l’Egyptienne, qui avait mené au désert une vie surpassant la nature, semblable à celle des anges. Il dirigea comme il convient l’Eglise de Dieu, ferma la bouche des hérétiques, et les chassa loin de son troupeau. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais voici qu’avec la permission de Dieu, une nouvelle invasion barbare s’abattit sur la Syrie et la Palestine. Il ne s’agissait plus cette fois des Perses, mais des Mahométans. Ces derniers s’emparèrent de Damas, puis ils mirent le siège devant Jérusalem, la ville de Dieu (Ceci advint après qu’en Syrie, l’armée grecque eût été vaincue et son général Serge abattu). Devant la menace, Sa Sainteté le Patriarche Sophronios s’enferma dans la ville sainte avec les chrétiens. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">On a conservé l’homélie qu’il prononça le jour de la Nativité du Christ à l’intention des assiégés, dans laquelle, tel un nouveau Jérémie, il pleure la destruction des lieux saints permise par Dieu pour les péchés des hommes, et regrette de ne pas pouvoir célébrer la fête de la Nativité à Bethléem comme à son habitude. Les lieux en effet étaient entre les mains des Agarénéens. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">A la fin de la deuxième année de siège, les chrétiens assiégés furent obligés de se rendre et de faire ouvrir les portes de la ville. Le Saint Patriarche Sophronios envoya une proposition de paix au prince agarénéen Omar, qui comportait comme premier point qu’aucune violence ne fût exercée à l’encontre de la foi chrétienne et de la Sainte Eglise de Dieu. Le prince Omar s’engageant à respecter totalement cet accord, on fit ouvrir les portes de la ville. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais Omar était hypocrite et malin. Il affecta la douceur et l’humilité de l’agneau, lui qui, à l’intérieur, n’était qu’un loup vorace. Revêtu de haillons en poils de chameau, il pénétra dans la ville et demanda tout de suite où se trouvait le temple de Salomon, où il avait l’intention de faire ses prières sacrilèges. Sa Sainteté Sophronios, qui était venu à sa rencontre, vit son accoutrement hypocrite et dit : « Voilà l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint, comme l’a annoncé le prophète Samuel ! » Il pleura beaucoup avec tous les chrétiens, puis il exhorta le prince à quitter ses haillons pour des habits dignes de son rang. C’est ainsi que Jérusalem, la ville de Dieu, fut prise par les Agarénéens. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais les chrétiens ne tardèrent pas à supporter de lourdes charges, car le prince impie ne respecta pas les accords de paix conclus avec Sa Sainteté le Patriarche Sophronios, et commença à les maltraiter. Saint Sophronios pleura beaucoup et pria Dieu d’arracher son âme à la terre des vivants, afin de ne plus voir les malheurs des chrétiens, et l’abomination de la désolation qui souillait les lieux saints. Bientôt entendu, il termina sa vie de tristesse et passa de cette Jérusalem terrestre pleine de larmes à la joyeuse Jérusalem Céleste, où reposent dans l’allégresse tous ceux qui sont avec le Christ Jésus notre Seigneur, à qui revient la gloire dans les siècles des siècles. Amen.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">¤*¤*¤*¤*¤<o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-34164542875189256842009-11-10T11:50:00.000-08:002009-11-10T11:57:19.211-08:00DE L'IMAGE ET DE LA RESSEMBLANCE DE DIEU DANS L'HOMME<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SvnFmAFWFfI/AAAAAAAAAjw/1MRJeWpZKeY/s1600-h/Trinit%C3%A9.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 258px; height: 320px;" src="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SvnFmAFWFfI/AAAAAAAAAjw/1MRJeWpZKeY/s320/Trinit%C3%A9.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5402566484655740402" /></a><br /><p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">(Essai ascétique du Saint Evêque Ignace Briantchaninov)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">« Créons l’homme à Notre image et selon Notre ressemblance ! » Tel est le mystérieux conseil que la Sainte Trinité, notre Dieu, tint <i style="mso-bidi-font-style:normal">en</i> et <i style="mso-bidi-font-style:normal">avec</i> Elle-même avant la création de l’homme. Ainsi, l’homme est image et ressemblance de Dieu ! Ainsi Dieu, qui dans Sa grandeur est inaccessible et au-delà de toute image, S’est représenté dans l’homme, clairement, et avec gloire. Le soleil ne se représente-t-il pas dans une humble goutte d’eau ? <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La nature humaine est <i style="mso-bidi-font-style:normal">à l’image</i> de la nature divine. Ce qui différencie l’homme des animaux, ce qui le rend égal aux anges, c’est son esprit. Les propriétés de l’esprit humain, quand il est encore dans son état de pureté et d’innocence, sont <i style="mso-bidi-font-style:normal">selon la ressemblance</i> avec Dieu. Et pourtant Dieu, qui de Sa droite toute-puissante a tracé dans l’homme cette ressemblance, est <i style="mso-bidi-font-style: normal">au-delà</i> de toute ressemblance et de toute comparaison !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Qu’est donc que l’homme ? Un être parfait, comblé de toute dignité et de toute beauté. Le Tout-Puissant a créé à son intention la nature visible qu’Il a entièrement destinée à le servir, constituant pour lui un environnement merveilleux. Quand Il a tiré du néant à l’existence toutes les autres créatures, Il s’est contenté d’un ordre tout-puissant ; mais quand Il voulut achever la grande oeuvre de la création du monde par la création de la plus fine et de la plus accomplie de toutes les créatures, Il a précédé cet acte d’un <i style="mso-bidi-font-style:normal">conseil</i>...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’imposante matière créée avant l’homme, avec son infinie diversité, n’est rien d’autre (nous osons l’affirmer car c’est la vérité) qu’une création préliminaire. Un roi terrestre a soucis de préparer une salle magnifique pour y exposer son portrait. De la même façon le Roi des rois, le Dieu des dieux, a préparé la nature visible et toute sa beauté, étonnante de magnificence et que tous peuvent admirer, pour y placer Son image, cause ultime de tout ce qui l’avait précédée. D’ailleurs, après la création du monde, Dieu examina ce qu’Il avait créé et <i style="mso-bidi-font-style:normal">vit que c’était bon</i> (Gen.1,25) ; Mais après la création de l’homme, en examinant de nouveau ce qu’Il avait créé, Il trouva Sa créature fine, complète, parfaite, <i style="mso-bidi-font-style: normal">vit tout ce qu’Il avait fait, et voici, cela était <b style="mso-bidi-font-weight: normal">très</b> bon </i>(Gen.1,31).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Homme, comprends donc ta dignité ! Regarde les prés et les champs, les larges rivières, les mers immenses, les hautes montagnes, les arbres magnifiques, toutes les bêtes de la terre, et ceux qui se déplacent sous les eaux, regarde les étoiles, la lune, le soleil et le ciel : tout cela est pour toi, à ton service ! Et de sucroît, en dehors du monde que nous voyons, il y a encore un monde invisible aux yeux du corps, incomparablement supérieur au monde visible : et ce monde invisible est aussi créé pour l’homme !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Comme Dieu a honoré Son image !... Et quel noble destin a-t-Il donc prévu pour elle ? Le monde visible n’est que l’antichambre d’une demeure incomparablement plus vaste et plus belle. L’image de Dieu séjourne dans cette antichambre pour être revêtue des couleurs définitives, pour <i style="mso-bidi-font-style:normal">ressembler</i> le plus possible à son tout-saint et parfait Original : alors elle pourra, par la beauté et la finesse de cette <i style="mso-bidi-font-style:normal">ressemblance</i>, pénétrer dans le palais où l’Original se tient ineffablement, limitant indiciblement Son immensité pour Se rendre accessible à Ses créatures raisonnables et bien-aimées. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’image du Dieu-Trinité est l’homme trinitaire. On trouve dans l’âme de ce dernier trois puissances, qui manifestent cette âme. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Nos pensées et nos perceptions spirituelles manifestent de toute évidence l’existence de la raison, ou intellect, qui est parfaitement invisible et inconcevable. Il convient de préciser que dans l’Ecriture Sainte et les écrits des Pères, le mot esprit désigne parfois l’âme en général, et parfois l’une des puissances de l’âme, l’intellect, ou puissance du verbe. Mais en général, les Pères attribuent à l’âme ces trois puissances particulières : l’<i style="mso-bidi-font-style: normal">intellect</i> (ou raison), la <i style="mso-bidi-font-style:normal">pensée</i> (ou parole, ou verbe), et l’<i style="mso-bidi-font-style:normal">esprit</i>. [C’est ce vocabulaire qui sera adopté plus bas. N.d.T.] L’intellect est la source et l’origine de la pensée, comme de la perception spirituelle. L’esprit désigne la capacité à percevoir spirituellement. (Chez certains auteurs le mot esprit peut remplacer le mot intellect ; on l’emploie aussi pour désigner les esprits créés) <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Par nature, notre âme est à l’image de Dieu. Et même après la chute dans le péché, l’âme reste à l’image de Dieu ! Et même précipitée dans les flammes de l’enfer, l’âme pécheresse reste à l’image de Dieu ! Ainsi l’enseignent les Saints Pères. La Sainte Eglise chante dans ses hymnes sacrées : « Je suis l’image de Ta gloire ineffable, même si je porte les marques du péché ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Notre <i style="mso-bidi-font-style: normal">intellect</i> est à l’image du Père, notre <i style="mso-bidi-font-style: normal">pensée</i> (nous nommons habituellement pensée toute parole qui n’a pas été prononcée) à l’image du Fils, notre <i style="mso-bidi-font-style:normal">esprit</i> à l’image de l’Esprit Saint. De la même façon que dans la Trinité, les Trois Personnes composent sans se confondre ni se diviser un unique Être Divin, dans l’homme trinitaire, ces trois « personnes » composent un seul être, sans se confondre ni se diviser en trois êtres. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Notre <i style="mso-bidi-font-style: normal">intellect</i> fait naître et donne constamment naissance à la <i style="mso-bidi-font-style:normal">pensée</i>. Une fois née, la pensée ne cesse de naître à nouveau, et en même temps elle est déjà née, cachée dans l’intellect. L’intellect ne peut pas exister sans la pensée, et la pensée sans l’intellect. Le commencement de l’un est nécessairement le commencement de l’autre. L’existence de l’un est nécessairement l’existence de l’autre.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">De la même façon, l’<i style="mso-bidi-font-style:normal">esprit</i> procède de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal">intellect</i> et concourt à la pensée. Chaque pensée a son esprit, comme un livre a son esprit propre. Une pensée ne peut pas exister sans son esprit, l’existence de la première est nécessairement accompagnée de l’existence du second. L’existence de l’une et de l’autre manifestent l’existence de l’intellect. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Qu’est-ce que l’<i style="mso-bidi-font-style:normal">esprit</i> de l’homme ? C’est la réunion des sentiments du coeur, qui appartiennent à l’âme raisonnable et immortelle, et qui n’existent pas dans l’âme des bêtes.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le coeur de l’homme se différencie du coeur des animaux par son esprit. L’animal a des perceptions qui proviennent du sang et des nerfs, mais il n’a pas de perception spirituelle. Ce trait de l’image divine est l’apanage exclusif de l’homme. La puissance de l’homme est donc dans son esprit.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Notre intellect, notre pensée et notre esprit, de par la simultanéité de leurs origines et leurs relations mutuelles, sont à l’image du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint, les Trois Personnes coéternelles, sans commencement, égales en honneur, et de même nature. <i style="mso-bidi-font-style:normal">Celui qui M’a vu a vu le Père</i>, annonce le Fils, <i style="mso-bidi-font-style:normal">Je suis dans le Père et le Père est en Moi </i>(Jn.14,9-10). On peut parler dans les mêmes termes de l’intellect humain et de sa pensée. L’intellect, invisible de lui-même, se manifeste par la pensée ; celui qui a pris connaissance de la pensée, a pris connaissance de l’intellect qui a produit cette pensée.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le Seigneur a appelé l’Esprit Saint <i style="mso-bidi-font-style:normal">Puissance d’en haut</i>, <i style="mso-bidi-font-style:normal">Esprit de Vérité</i> (Luc 14,49 & Jn.14, 17). La Vérité, c’est le Fils. L’esprit de l’homme a aussi les propriétés de cette Puissance : il est l’esprit de la pensée de l’homme, fût-elle vraie ou fausse. Cet esprit apparaît dans chaque mouvement secret du coeur, dans la façon de penser, dans chaque acte de l’homme. L’esprit de l’homme manifeste son intellect. Il manifeste aussi, à travers chaque acte, la pensée qui a guidé l’homme dans son action.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le Seigneur miséricordieux a paré chaque homme à Son image et selon Sa ressemblance. Exister à l’image de Dieu, c’est la <i style="mso-bidi-font-style:normal">nature</i> même de l’âme. Mais la ressemblance réside dans les <i style="mso-bidi-font-style:normal">propriétés</i> de l’âme. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Par nature, le Créateur <i style="mso-bidi-font-style:normal">est</i> éternel, sage, bon, pur, incorruptible, saint, étranger à toute passion et à tout péché, à toute pensée et perception du péché. L’homme, quant à lui, <i style="mso-bidi-font-style: normal">fut créé</i> ainsi, à l’image de Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Un peintre habile esquisse d’abord les formes et les traits du visage dont il fait le portrait. Puis il donne au visage et aux vêtements les couleurs de l’original, et ainsi, achève la ressemblance. Après avoir créé l’homme à Son image, Dieu l’a paré de la ressemblance : l’image a donc été dotée <i style="mso-bidi-font-style:normal">en toute chose </i>de la ressemblance à Dieu. Si cela n’avait pas été le cas, le résultat eût été incomplet, indigne de Dieu, et Dieu eût manqué Son objectif.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais hélas, trois fois hélas ! Pleurez les cieux, et toi soleil, et vous, les astres, la terre, et toutes les créatures terrestres et<span style="mso-spacerun:yes"> </span>célestes ! Pleure, nature entière ! Saints anges aussi, pleurez ! Sanglotez amèrement, et soyez inconsolables ! Revêtez les habits de deuil ! Le malheur est accompli, le <i style="mso-bidi-font-style:normal">seul</i> malheur qui mérite vraiment d’être appelé malheur : l’image de Dieu est tombée ! Honoré par Dieu du libre arbitre et séduit par l’ange déchu, l’homme a communiqué avec les pensées des esprits ténébreux et du père du mensonge et de tout mal. Cette communication s’est manifestée par un acte : la rupture avec la volonté divine. Et l’Ecclésiaste dit avec exactitude que <i style="mso-bidi-font-style:normal">ce qui est courbé ne peut être redressé, ce qui manque ne peut être compté </i>(Ecc.1,15).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le dérèglement de l’image et de la ressemblance peut être facilement observé en chacun d’entre nous. La beauté de la ressemblance, qui consistait en l’association de toutes les vertus, fut souillée par les passions ténébreuses et malodorantes. Les traits de l’image sont privés de leur régularité première : leur <i style="mso-bidi-font-style: normal">accord mutuel</i>. La pensée et l’esprit se combattent, ils cessent d’obéir à l’intellect, s’élèvent contre lui. Lui-même demeure dans une constante perplexité, dans une terrible obscurité qui masque Dieu en lui, ainsi que le chemin qui conduit à Dieu, la voie sainte et infaillible.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ce dérèglement de l’image et de la ressemblance est accompagnée d’une terrible souffrance. Il suffit à l’homme de se concentrer assez longtemps sur lui-même dans la solitude pour se convaincre que cette souffrance est permanente, bien qu’elle s’apaise ou se réveille, selon que la distraction l’étouffe ou non.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ô homme ! Ta distraction et tes plaisirs trahissent la souffrance qui couve en toi ! Tu cherches à la noyer dans la coupe des rires bruyants et des amusements sans fin. Malheureux ! Dès que tu trouves une minute de vigilance, tu es de nouveau vaincu par cette souffrance que tu t’efforçais de détruire. Mais sache que la distraction la nourrit et la fortifie. Après s’être reposée à l’ombre du manque de vigilance, la souffrance se réveille avec une force accrue, comme un témoin qui habite l’homme, le témoin de sa chute.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le corps de l’homme est lui aussi marqué du sceau de la chute. Dès la naissance, il connaît l’animosité. Il lutte contre tout ce qui l’entoure et contre l’âme elle-même qui vit en lui. Tous les éléments l’attaquent. A la fin de la vie, épuisé par les combats intérieurs et extérieurs, frappé par la maladie, et opprimé par la vieillesse, il tombe sous la faux de la mort et part en poussière, bien qu’il ait été créé immortel.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais de nouveau se manifeste la grandeur de l’homme image de Dieu ! Elle se manifeste, dans la chute même, à travers l’Instrument qui la soustrait à cette chute : <i style="mso-bidi-font-style: normal">Dieu a prit sur Lui Son image</i>, sur l’Une de Ses Personnes Divines ! Dieu S’est incarné pour arracher Son image à la chute, la rétablir dans sa gloire passée, et <i style="mso-bidi-font-style:normal">plus encore</i>, l’élever vers une gloire incomparablement supérieure à celle qui était la sienne lors de la création ! <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le Seigneur est<i style="mso-bidi-font-style:normal"> juste</i> dans Sa miséricorde. En assurant la Rédemption, Il a honoré Son image <i style="mso-bidi-font-style:normal">plus</i> qu’Il ne l’avait fait lors de sa création, car l’homme n’avait pas <i style="mso-bidi-font-style:normal">lui-même</i> manigancé sa chute : c’est l’ange déchu qui l’avait attiré par envie, et trompé par le mal caché sous le masque du bien.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Chaque Personne de la Sainte Trinité a participé à la grande oeuvre de l’Incarnation, chacune selon Ses propriétés. Le Père demeure Celui qui engendre, le Fils naît, l’Esprit Saint agit. Examinons à nouveau à quel point l’homme est l’exacte image de Dieu. C’est le Fils qui revêt l’humanité. <i style="mso-bidi-font-style:normal">Par Lui</i>, la Sainte Trinité entre en communion avec l’homme. De la même façon, notre pensée revêt le son des paroles et, tout immatérielle qu’elle est, se joint à la matière ; <i style="mso-bidi-font-style:normal">par elle</i>, les hommes entrent en communion avec notre intellect et notre esprit. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le Fils et Verbe de Dieu s’est incarné. Alors notre pensée s’est amendée, purifiée par la Vérité. Notre esprit est devenu capable de communier avec l’Esprit-Saint. Cet esprit, que la mort éternelle avait mis à mort, a été vivifié par l’Esprit-Saint, et notre intellect a eu accès à la connaissance et à la vision du Père. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’homme trinitaire est guéri par le Dieu-Trinité. Par le Verbe est guérie la pensée, qui est transférée du monde du mensonge et du leurre vers celui de la Vérité. Par l’Esprit-Saint est animé l’esprit, qui est transféré des perceptions charnelles de l’âme vers les perceptions spirituelles. Le Père apparaît à l’intellect et notre esprit devient l’esprit de Dieu : <i style="mso-bidi-font-style:normal">nous avons la pensée du Christ</i> (1Cor.2,16) dit l’Apôtre. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Avant la venue de l’Esprit-Saint, l’homme, mort par l’esprit, demandait : <i style="mso-bidi-font-style: normal">Seigneur, montre-nous le Père !</i> (Jn.14,8) Après la réception de l’Esprit-Saint et l’adoption filiale, l’homme, animé d’un nouvel esprit, tourné vers Dieu et son salut, s’adresse au Père sous l’action de l’Esprit-Saint comme à Quelqu’un de connu, et Lui dit : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Abba, Père !</i> (Rom.8,15)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’image déchue est rétablie dans le Saint Baptême. L’homme, par l’eau et l’Esprit, naît à la vie éternelle. A partir du Baptême, l’Esprit, qui s’était éloigné de l’homme lors de la chute, se met à l’assister dans sa vie terrestre. Par le repentir, Il le guérit des plaies que le péché a ouvertes après son Baptême, et rend ainsi le salut accessible jusqu’au dernier souffle.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La beauté de la ressemblance est rétablie par l’Esprit ; elle est développée et perfectionnée par l’accomplissement des commandements évangéliques. Le modèle et la plénitude de cette beauté n’est autre que le Dieu-Homme, notre Seigneur Jésus-Christ. « Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ » (1Cor.2,1), dit l’Apôtre. Par ces mots, il appelle les fidèles à rétablir et à perfectionner en eux-mêmes la ressemblance. Il indique quel est, pour l’homme nouvellement recréé et renouvelé par la Rédemption, le Saint Modèle de la perfection : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ! » (Rom.13,14)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La Sainte Trinité, notre Dieu, par la Rédemption de l’homme, Son image, nous offre<span style="mso-spacerun:yes"> </span>une telle possibilité de réussite dans le perfectionnement de la ressemblance, que cette ressemblance va jusqu’à se transformer en <i style="mso-bidi-font-style:normal">union</i> avec l’Original, union de la pauvre créature avec son Créateur totalement parfait.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Comme l’image de Dieu est admirable et merveilleuse ! Dieu resplendit et agit à travers elle ! L’ombre même de l’Apôtre Pierre guérissait ! Celui qui lui avait menti mourut comme s’il avait menti à Dieu Lui-même ! Les linges mêmes de l’Apôtre Paul accomplissaient des signes ! Les os du Prophète Elisée ressuscitèrent un mort dont le corps avait touché les restes du Pneumatophore, qui gisaient depuis longtemps dans la poussière du tombeau, et ceci par la simple inadvertance des fossoyeurs !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La ressemblance ultime, l’<i style="mso-bidi-font-style:normal">union</i> avec Dieu, s’obtient et se confirme par l’observation des commandements évangéliques. « Demeurez en Moi, et Moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en Moi. Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en Moi, et Moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits » (Jn.15,4-5)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’union bienheureuse est accordée lorsqu’avec une conscience purifiée par l’éloignement de tout péché et l’accomplissement des commandements du Christ, le chrétien communie au très saint corps et au très saint sang du Christ, et donc à Sa divinité, unie à eux. « Celui qui mange Ma chair et boit Mon sang demeure en Moi et Moi en lui » (Jn.6,56).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Image raisonnable de Dieu ! Examine à quelle gloire et à quel honneur tu es appelée et destinée par Dieu ! L’inconcevable sagesse du Créateur t’a permis de disposer à ta guise de toi-même : est-ce possible que tu ne veuilles pas demeurer la digne image de Dieu, que tu veuilles abîmer et détruire la ressemblance, que tu cherches à ressembler au diable et à descendre vers la dignité des bêtes ?<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Dieu n’a pas déversé Ses biens <i style="mso-bidi-font-style:normal">en vain</i>, Il n’a pas accompli la merveilleuse création du monde <i style="mso-bidi-font-style:normal">à tort</i>, Il n’a pas <i style="mso-bidi-font-style:normal">inutilement</i> honoré la création de Son image par un conseil préalable, Il n’a pas racheté <i style="mso-bidi-font-style:normal">inconsciemment</i> cette image après sa chute en s’offrant Lui-même ! Il demandera compte de tout cela, Il jugera comment Ses bienfaits ont été utilisés, comment Son Incarnation a été appréciée, et avec elle le Sang répandu pour notre Rédemption.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Malheur aux créatures qui auront dédaigné les bienfaits de Dieu, leur Créateur et leur Rédempteur ! Le feu éternel, fournaise inextinguible et sans fond, allumé depuis longtemps, et préparé pour le diable et ses anges, attend les images détériorées, devenues inutiles. Là, elles brûleront éternellement, sans se consumer.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Frères ! Tant que nous voyageons sur la terre, tant que nous sommes dans ce monde visible, antichambre de l’éternité, efforçons-nous de rectifier les traits de l’image gravés par Dieu sur nos âmes ! Donnons aux nuances et aux couleurs de la ressemblance beauté, vivacité, et fraîcheur ! Et Dieu, lors de la terrible épreuve, nous rendra dignes d’entrer dans Son palais éternel, dans Son jour éternel, dans la fête et le triomphe éternels !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Reprenez courage, hommes de peu de foi ! Faites des efforts, paresseux ! Cet homme semblable à nous par les passions, qui dans son aveuglement persécuta jadis l’Eglise, qui fut d’abord l’adversaire et l’ennemi de Dieu, fit tant pour redresser en lui l’image après sa conversion, perfectionna si bien la ressemblance qu’il put annoncer à son propre sujet : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ! » (Gal.2,20)<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Que personne ne doute de la véracité de cette voix ! Cette voix était si pleine de la Sainte Vérité, l’Esprit Saint coopérait tellement avec elle, qu’en l’entendant les morts ressuscitaient, les démons quittaient les hommes qu’ils faisaient souffrir et faisaient taire leurs prophéties, les ennemis de la Lumière perdaient la lumière de leurs yeux, les païens rejetaient leurs idoles, reconnaissaient le Christ comme vrai Dieu, et l’adoraient ! <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count: 1"> </span>Amen.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center;text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">-£-£-£-£-£-<o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-36321278585098306912009-10-10T03:30:00.000-07:002009-10-10T03:34:23.172-07:00DORMITION DE LA MERE DE DIEU<a href="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/StBjJ0BEkgI/AAAAAAAAAjo/Hxrgn7Xwq_M/s1600-h/icone_dormition_m.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 244px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5390917774195593730" border="0" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/StBjJ0BEkgI/AAAAAAAAAjo/Hxrgn7Xwq_M/s320/icone_dormition_m.jpg" /></a><br /><div align="justify">LA DORMITION DE NOTRE TOUTE-SAINTE SOUVERAINE, MÈRE DE DIEU,<br /><br />ET TOUJOURS-VIERGE MARIE<br /><br />(Saint Dimitri de Rostov)<br /><br /><br /><br />Après l’accomplissement de tous les mystères de notre Rédemption et l’Ascension du Christ, la toute-sainte et toute-bénie Vierge Marie, Mère de Dieu, vécut encore plusieurs années au sein de l’Eglise des premiers temps. Elle se réjouit de son extension dans tout l’univers et vit la gloire de son Fils et de son Dieu répandue partout. Elle assista de son vivant à l’accomplissement des paroles qui prédisaient que toutes les générations la diraient bienheureuse : en effet, le Christ Dieu fut glorifié partout et Sa Mère toute-pure avec Lui. Enfin, elle s’approcha de sa bienheureuse et toute sainte Dormition, chargée d’années, aspirant à quitter son corps pour aller vers Dieu. Elle était depuis toujours embrasée du divin désir de voir la Face très-douce et tant espérée de son Fils, qui siège au ciel à la droite du Père. Consumée bien plus encore que les Séraphins par la flamme de son amour, déversant de ses yeux très saints les torrents de ses pleurs, elle priait avec ferveur le Seigneur de la prendre avec Lui, de l’ôter à cette vallée des larmes, et de la conduire vers les éternelles et célestes réjouissances. Depuis Sion, où elle habitait la demeure de Saint Jean le Théologien, elle allait souvent gravir le Mont des Oliviers d’où le Christ, son Fils et son Seigneur, s’était élevé vers le ciel. Là, elle répandait ses ferventes suppliques.<br /><br />Un jour qu’elle priait, demandant à être libérée de ce corps pour rejoindre le Christ-Dieu, le Saint Archange Gabriel s’avança, lui qui la servait depuis l’enfance, lui qui l’avait jadis nourrie dans le Saint des Saints, lui qui avait été le messager de l’Incarnation de Dieu, lui qui la gardait sans trêve tous les jours de sa vie. Approchant son visage lumineux, il annonça à la Vierge l’arrivée de la mort, qui devait venir le troisième jour. En prévenant la Toute-Pure de l’heure de sa fin, il s’empressait de la rassurer pour qu’elle n’en fût pas troublée. Aussi se réjouit-elle à l’idée de passer dans la vie éternelle et d’habiter pour toujours auprès de l’immortel Roi de gloire. De la bouche de Gabriel, elle entendit : « Ton fils notre Dieu attend avec les Anges et les Archanges, les Chérubins, les Séraphins, les Esprits célestes et les âmes des justes, pour te prendre, toi Sa Mère, dans Son Royaume Céleste, afin que tu vives et règnes avec Lui dans les siècles des siècles ! »<br /><br />En raison de la victoire du Christ, la mort n’allait pas posséder le corps endormi de celle dont elle n’avait pas su posséder l’âme. La Toute-Pure allait s’assoupir pour un court moment, et se relever, comme d’un songe, pour secouer l’engourdissement du tombeau, comme on chasse la somnolence de ses yeux. Elle allait goûter la vie éternelle et la gloire, dans la lumière de la face du Seigneur. Elle allait passer au son des voix joyeuses.<br /><br />Comme gage de ses promesses, le Messager de la bonne nouvelle offrit à la Toute-Pure un sceptre royal du Paradis, une branche de dattier luisante de la grâce céleste, afin qu’elle fût portée devant sa couche, quand son corps très saint et très pur serait conduit vers l’ensevelissement.<br /><br />Ô, quelle ineffable allégresse gagna la Vierge toute-bénie ! Quelle joie d’être aux cieux avec son Fils et son Dieu, pour jouir toujours de la vision de la Face si chère ! S’inclinant jusqu’à terre, Elle rendit grâce à son Créateur, et dit : « Je n’eusse pas été digne de Te recevoir dans mon sein, Seigneur, si Toi-même ne m’en avais fait la grâce, à moi, Ta servante. J’ai conservé le trésor qui m’a été confié ; c’est pourquoi, ô Roi de gloire, je Te demande de veiller à ce que la géhenne ne me cause aucun tort ! Les cieux et les anges tremblent chaque jour devant Toi, et combien plus l’homme modelé de la terre, qui n’a que ce qu’il reçoit de la bonté de son Seigneur et son Dieu, Lui qui est béni dans les siècles des siècles ! »<br /><br />La toute-pure Souveraine désirait fortement revoir au moment de sa mort les Saints Apôtres qui s’étaient dispersés dans tout l’univers. Elle pria le Seigneur qu’il en fût ainsi. Elle pria également pour ne pas voir à l’heure du départ le Prince des ténèbres et son épouvantable meute, mais plutôt son Fils et son Dieu escorté des Saints Anges, afin qu’Il prît son âme dans Ses saintes mains, comme Il le lui avait promis. Agenouillée sur le Mont des Oliviers, elle adressait suppliques et actions de grâce, inclinée devant son Dieu et son Créateur. Et voici qu’il y eut un signe miraculeux : les oliviers inanimés se courbèrent jusqu’à terre comme des humains, inclinant leur cime pour manifester leur soumission et leur vénération à la Mère de Dieu. Et voici qu’à chaque prosternation de la Toute-Sainte, les arbres l’accompagnaient.<br /><br />De retour chez elle, il advint que tout se mit à trembler sous l’effet des forces divines qui l’entouraient invisiblement, et de la très sainte gloire qui émanait de sa personne. Bien sûr son très saint visage luisait toujours sous l’effet de la grâce, plus que celui de Moïse au Sinaï quand il parlait avec Dieu. Là pourtant, il s’illumina d’une gloire indicible.<br /><br />La Toute-Pure entreprit de préparer son départ. Elle commença par annoncer la nouvelle à Jean, le Disciple bien aimé, qu’elle avait adopté. Elle lui montra le sceptre lumineux de l’ange et lui recommanda de le porter devant sa couche mortuaire. Elle avertit de son départ imminent tous ceux qui servaient dans sa maison. Elle prépara la chambre et la couche, déposa du parfum dans les encensoirs, alluma de nombreux cierges. Elle s’occupa de tout ce qui était nécessaire à l’ensevelissement. Jean envoya sans tarder un message à Saint Jacques, frère du Seigneur et premier Evêque de Jérusalem, ainsi qu’aux parents et aux proches, afin d’annoncer l’imminent départ de la Mère de Dieu et la date de la mort. A son tour, Saint Jacques avertit les fidèles de Jérusalem et des villages environnants.<br /><br />La Toute-Sainte Souveraine fit alors ouvertement connaître les paroles du Saint Archange, le Messager de la bonne nouvelle, et montra la branche de dattier du divin Paradis, qui brillait de la gloire céleste comme un rayon de lumière. Tous ceux qui s’étaient rassemblés autour de la Mère de Dieu se mirent à pleurer en entendant sa bouche toute-sainte parler de sa mort, de sorte que la maison fut remplie de cris, de pleurs, et de sanglots. Tous prièrent leur très miséricordieuse Souveraine et Mère de ne pas les laisser orphelins. Mais elle leur intima de ne pas pleurer et de se réjouir de sa mort. Elle allait en effet se tenir tout près du trône de Dieu, Le voir face à face, et Lui parler toujours, sans intermédiaire. Elle allait pouvoir plus facilement intercéder pour tous, et adoucir encore Celui dont la bonté était déjà si miséricordieuse. Elle promit à ceux qui pleuraient de ne pas les laisser orphelins. Elle s’engagea à les visiter après sa mort, et avec eux le monde entier, et d’apporter son aide à ceux qui se trouvent dans le malheur. Ces paroles pleines de consolation ôtèrent la tristesse des coeurs, séchèrent les larmes, et apaisèrent les sanglots.<br /><br />Elle légua ses deux tuniques à deux pauvres veuves qui la servaient depuis toujours avec amour et zèle, et recevaient d’elle leur subsistance. Elle voulut qu’on ensevelît son saint corps à Gethsémani, au pied du Mont des Oliviers, non loin de Jérusalem. Là se trouvaient les sépultures de ses parents, saints Joachim et Anne, ainsi que celle du juste Joseph, le divin fiancé, tout près de la vallée de Jehoshaphat [contraction de Jéhovah shaphot, qui signifie Dieu juge. C’est la vallée du Cédron où se tiendra le Jugement Dernier] qui sépare Jérusalem du Mont des Oliviers et sert de lieu de sépulture à tous les pauvres de la ville.<br /><br />Comme elle donnait ses directives, il y eut un grand bruit, comme un fort coup de tonnerre. Des nuages s’amoncelèrent autour de la maison. Sur un ordre de Dieu, les Anges venaient de ravir les Saints Apôtres aux confins de l’univers pour les conduire à Jérusalem sur ces nuées, jusqu’au Mont Sion, devant les portes de la maison de la Toute-Sainte Mère de Dieu. S’apercevant les uns les autres, ils se réjouirent, se demandant pour quelle raison le Seigneur les avaient réunis. Alors Saint Jean le Théologien sortit à leur rencontre, les embrassa, versa des larmes de joie, et leur annonça que le moment du départ de la Toute-Sainte était proche. Les Saints Apôtres comprirent que le Seigneur les avait rassemblés à Jérusalem depuis les extrémités de la terre pour assister à la mort de Sa Mère très pure et ensevelir dignement son corps très saint. Une grande tristesse s’abattit sur eux à l’idée de cette séparation.<br /><br />Ils pénétrèrent dans la maison, trouvèrent la Mère de Dieu assise sur sa couche, débordante d’allégresse spirituelle, et l’embrassèrent.<br /><br />- Tu es bénie par le Seigneur Qui créa la terre et le ciel !<br /><br />- Paix à vous, frères élus du Seigneur ! Comment êtes-vous venus ici ?<br /><br />Ils racontèrent comment l’Esprit de Dieu les avaient ravis et conduits sur des nuages. La Toute-Pure glorifia Dieu d’avoir écouté sa prière. Le Seigneur avait donc réalisé son désir de revoir les Saints Apôtres avant sa mort !<br /><br />- Le Seigneur vous a conduits ici pour la consolation de mon âme, qui doit quitter ce corps selon la loi de la nature déchue. L’instant arrêté par mon Créateur s’est approché.<br /><br />- Ô notre Souveraine ! Tant que tu demeurais dans le monde, nous nous réjouissions comme si nous avions devant nos yeux notre Seigneur et Maître. A présent, comment nos coeurs attristés supporteront-ils le chagrin d’être privés de ta présence parmi nous sur la terre? Mais puisque par la volonté du Christ Dieu que tu as enfanté tu vas partir pour le ciel, nous nous réjouissons de Son dessein à ton sujet. Mais nous nous attristons de rester orphelins, car nous ne te reverrons plus, Toi notre Mère et notre Consolatrice !<br /><br />Et les Saints Apôtres fondirent en larmes.<br /><br />- Ne pleurez pas, disciples amis du Christ ! Ne troublez pas ma joie par vos larmes ! Réjouissez-vous plutôt avec moi ! Je pars vers mon Fils et mon Dieu... Vous prendrez mon corps tel que je l’ai disposé sur cette couche, vous l’emporterez à Gethsémani, vous l’ensevelirez selon la loi de la nature, puis vous vous remettrez de nouveau au service de la Parole, comme il convient. Et si c’est la volonté du Seigneur, vous pourrez me revoir après mon départ.<br /><br />Pendant cette conversation, le divin Paul, le Vase d’élection, arriva à son tour. Il salua la Mère de Dieu, et tomba à ses pieds. Ouvrant la bouche, il déversa devant elle les torrents de ses louanges.<br /><br />- Réjouis-toi, Mère de la Vie et Objet de ma prédication ! Je n’ai pas joui de la vue du Christ mon Seigneur avant Son Ascension, mais il me semble Le voir en Te regardant !<br /><br />Aux côtés de Saint Paul se tenaient ses disciples Saint Denis l’Aréopagite, l’admirable Hiérothée, Timothée, et d’autres Apôtres du groupe des Soixante-Dix. L’Esprit Saint les avait jugés dignes de recevoir l’ultime bénédiction de Marie, la Vierge toute-bénie, et de procéder à ses funérailles dans une plénitude d’honneur. Les appelant chacun par leur nom, elle les bénit, louant leur foi et le labeur qu’ils déployaient pour prêcher le Christ. Elle souhaita à chacun la béatitude éternelle et pria Dieu pour qu’Il protège le monde et lui accorde la paix.<br /><br />Le quinzième jour du mois d’août arriva, et avec lui la troisième heure du jour. C’était le moment prévu pour la mort de la toute-sainte Mère de Dieu. Les Saints Apôtres allumaient de nombreux cierges, en glorifiant le Seigneur. La Vierge toute-pure était étendue sur sa couche, parée pour l’occasion, prête pour le bienheureux départ. Elle attendait l’arrivée tant désirée de son Fils et Seigneur.<br /><br />Soudain, la demeure fut embrasée de la lumière ineffable de la gloire divine, qui assombrit la clarté des cierges. Les disciples s’effrayèrent de cette splendeur descendant du ciel. Et voici que le Christ s’avança, le Roi de Gloire, entouré d’une foule innombrable d’Anges, d’Archanges, de Puissances Célestes, d’âmes de Justes, saints Ancêtres, et Prophètes, qui jadis avaient parlé de la Toute-Sainte Vierge. Le Seigneur s’approcha de Sa Mère. Voyant son Fils, la Toute-Pure Lui adressa ce chant coutumier :<br /><br />- Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, car Il a jeté les yeux sur l’humilité de Sa servante !<br /><br />Se relevant de sa couche, elle alla promptement à la rencontre de son Seigneur et s’inclina devant Lui. Il la regarda de Ses yeux aimants et dit :<br /><br />- Viens, ma toute-proche ! Viens, ma colombe ! Viens, ma perle de grand prix ! Entre dans la demeure de la vie éternelle !<br /><br />S’inclinant de nouveau, elle répondit :<br /><br />- Béni est Ton Nom de gloire, Seigneur mon Dieu ! Tu as bien voulu me choisir, moi Ton humble servante, pour accomplir le Mystère ! Souviens-Toi de moi dans Ton Royaume éternel, ô Roi de Gloire ! Tu sais combien je T’ai aimé de tout mon coeur. J’ai conservé le trésor que Tu m’avais confié. A présent, reçois mon âme dans la paix, et protège-la du monde des ténèbres ! Qu’elle n’ait pas à redouter les attaques de Satan !<br /><br />Le Seigneur la rassura de Ses douces paroles, l’enjoignit de pas craindre la puissance de Satan qu’Il avait piétiné, et l’invita à monter hardiment de la terre vers le ciel. Elle répondit joyeusement :<br /><br />- Mon coeur est prêt, ô Dieu, mon coeur est prêt !<br /><br />Puis, pour la seconde fois, elle dit : « Qu’il me soit fait selon Ta parole ! » Ensuite elle s’allongea sur sa couche, et se réjouit beaucoup de voir la Face lumineuse de son Fils, notre Seigneur bien-aimé. Brûlant d’amour et de joie spirituelle, elle remit son âme entre Ses mains, sans souffrance, comme en sombrant dans un très doux sommeil. Celui qu’elle avait engendré sans corruption et enfanté sans douleurs prit tendrement son âme très sainte, et ne permit pas à son corps de voir la corruption.<br /><br />Aussitôt retentit joyeusement le chant si doux des Anges, qui reprenait souvent les paroles de Gabriel : « Réjouis-Toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec Toi, tu es bénie entre toutes les femmes ! » Solennellement accompagnée de tous les ordres célestes, l’âme très sainte fut conduite au ciel dans les mains du Seigneur.<br /><br />Les yeux des Apôtres furent dignes de cette divine vision, eux qui jadis avaient contemplé avec attendrissement l’Ascension du Seigneur sur le Mont des Oliviers. Après le premier effroi, les disciples s’inclinèrent devant le Seigneur qui enlevait au ciel l’âme de Sa Mère. Entourant la couche et versant des larmes, ils virent le visage de Marie la Toute-Sainte rayonner comme le soleil. Le corps très pur exhalait un indicible parfum surpassant toutes les senteurs de ce monde. Ce parfum, aucune langue humaine ne saurait le décrire. Tous embrassèrent le saint corps avec crainte et révérence, le vénérant avec honneur, se sanctifiant à son contact, et percevant dans le coeur l’ineffable joie spirituelle qui émanait de la toute-sainte Mère de Dieu. Au seul contact de la Toute-Pure, les malades recouvraient la santé, les yeux des aveugles s’éclairaient, les oreilles des sourds s’ouvraient, les pieds des boiteux s’affermissaient, les esprits impurs s’enfuyaient, et tout mal disparaissait.<br /><br />Après tous ces événements merveilleux, on mit en branle le cortège qui devait conduire au tombeau le corps de Marie, si agréable à Dieu. Tout d’abord, Saint Pierre, Saint Paul et Saint Jacques, suivis des autres Coryphées, soulevèrent la couche sur leurs épaules. En tête, Saint Jean le Théologien portait le sceptre rayonnant et royal. Le reste de l’assemblée marchait autour des saints Apôtres avec des cierges et des encensoirs, rythmant le chant funèbre. Saint Pierre entonnait, et tous suivaient en parfait accord. On chanta le psaume de David, « quand Israël sortit d’Egypte », ponctuant chaque verset d’un Alléluia. Puis on ajouta d’autres psaumes et chants solennels d’action de grâce, guidé par l’Esprit Saint qui dirigeait les lèvres des chanteurs. Le corps agréable à Dieu de la Vierge toute-pure fut porté glorieusement à travers Jérusalem, de Sion jusqu’à Gethsémani. Un cercle de nuages s’était formé au-dessus de la couche, telle une grande et claire couronne auréolée d’une lumière peu commune. Au dessus de cette nuée se faisait entendre un chant très doux, que tous pouvaient percevoir. La nuée accompagna la Toute-Sainte jusqu’au tombeau.<br /><br />En cours de route, un événement affligeant eut lieu. Le peuple de Jérusalem, constitué en majorité de juifs incroyants, fut alerté par ces chants inconnus. Voyant le cortège, il sortit des maisons, s’étonnant qu’une telle gloire et qu’un tel honneur fussent accordés à la Mère de Jésus. Apprenant cela, les grands prêtres, ivres de jalousie et de colère, dépêchèrent leurs serviteurs, leurs soldats, et toute une foule brandissant des armes et des pieux, afin de disperser ceux qui portaient le corps de Marie, de tuer les disciples de Jésus, et de brûler leurs dépouilles. Quand ceux qui se préparaient à ce méfait s’approchèrent avec fureur, armés pour le combat, le cercle de nuage qui couronnait la couche mortuaire s’abaissa jusqu’à terre, protégeant les saints Apôtres et ceux qui les accompagnaient. Ainsi, le chant funèbre était perçu de tous, mais ceux qui cherchaient à nuire ne pouvaient rien voir. Les Saints Anges, qui se tenaient invisiblement au-dessus du très saint corps et du choeur des fidèles, frappèrent de cécité les méchants qui se cognaient contre les murs de la ville, cherchant des mains secourables.<br /><br />Il arriva cependant que par un dessein mystérieux, Dieu voulut accomplir un plus grand miracle. Un des grands prêtres vit le nuage se soulever, dévoilant la multitude des fidèles portant des cierges autour des Apôtres, et la couche de la Toute-Sainte. Renouant en lui-même avec l’ancienne jalousie à l’égard de notre Seigneur, il se dit : « Quel honneur pour ce corps qui as enfanté le menteur, qui a détruit la Loi de nos Pères ! » Profitant de sa forte corpulence, il se précipita avec fureur sur la couche pour renverser le corps très-pur de notre Souveraine. Mais lorsque les mains insolentes atteignirent leur but, elles furent tranchées par un ange, qui brandissait l’épée invisible de la vengeance de Dieu, et pendirent lamentablement à la couche. Le grand prêtre s’écroula. Puis, prenant conscience de son péché, il s’écria tristement :<br /><br />- Malheur à moi !<br /><br />Et se tournant vers les Apôtres, il ajouta :<br /><br />- Ayez pitié de moi, serviteurs du Christ !<br /><br />Le Saint Apôtre Pierre ordonna l’arrêt du convoi et dit :<br /><br />- Tu as eu ce que tu voulais ! Comprends donc que le Seigneur est le Dieu des vengeances ! Le Dieu des vengeances va agir avec hardiesse ! Nous ne pouvons guérir ta blessure. Et notre Seigneur, contre lequel vous vous êtes injustement élevés, et que vous avez tué, ne voudra t’accorder la guérison que si tu crois en Lui de tout ton coeur, et si ta bouche confesse Jésus comme Messie et Fils de Dieu !<br /><br />Aussitôt le grand prêtre s’écria :<br /><br />- Je crois qu’Il est le Christ, le Sauveur du monde, annoncé par les Prophètes ! Nous aussi, nous avions commencé par croire en Lui, mais par jalousie, nous sommes tombés dans les ténèbres de la méchanceté, et nous n’avons pas voulu confesser la grandeur de Dieu. Nous avons injustement comploté Sa mort. Mais par la puissance de la Divinité, Il est ressuscité le troisième jour, nous couvrant tous de honte, nous qui L’avions haï. Nous nous sommes efforcés de cacher Sa Résurrection en soudoyant les gardes, mais nous n’avons pu y parvenir, car le bruit s’était répandu partout.<br /><br />Après cette confession brûlante de repentir, les saints Apôtres et les fidèles se réjouirent avec tous les anges, car il y a de la joie pour un seul pécheur qui se repent. Pierre commanda au grand prêtre d’appliquer ses bras au bout des mains tranchées qui pendaient sur la couche, et d’invoquer le nom de la Toute-Sainte Mère de Dieu. Ayant ainsi fait, le grand prêtre fut guéri sur-le-champ. Ses membres redevinrent sains. Seule une sorte de fil rouge indiquait le passage du glaive. Le nouveau converti se prosterna devant la couche, adora le Christ Dieu né de la Vierge toute pure, et magnifia longtemps celle qui L’avait enfanté, offrant de généreuses louanges tirées des prophéties la concernant, ou concernant le Christ son Fils. Tous furent émerveillés de la guérison, et de ces paroles très sages qui chantaient la gloire du Christ, et louaient la toute-pure Mère de Dieu.<br /><br />Le grand prêtre se joignit aux Saints Apôtres et accompagna le cortège jusqu’à Gethsémani. Nombre de ceux qui avaient été aveuglés prirent conscience de leur péché et montrèrent du repentir. Guidés jusqu’à la Mère de Dieu pour toucher avec foi sa sainte couche, ils retrouvèrent la vue et la santé des yeux de l’âme.<br /><br />Les Apôtres et la multitude des fidèles parvinrent au village de Gethsémani. Ils déposèrent près du tombeau la couche portant le corps très saint. Alors s’élevèrent de nouveau les cris et les lamentations du peuple. Tous pleuraient d’être orphelins. Tous pleuraient d’avoir été privés d’un tel bien. Chacun se prosternait devant le corps de la toute-sainte Mère de Dieu, l’embrassait, l’arrosait de ses larmes, et lui donnait un dernier baiser. C’est à grand peine qu’on parvint à la mettre au tombeau le soir venu. Et lorsqu’une grande pierre vint sceller la sépulture, la foule ne put s’éloigner, tant l’amour l’attachait à la Mère de Dieu.<br /><br />Les Saints Apôtres s’attardèrent trois jours durant au village de Gethsémani, chantant et psalmodiant nuit et jour sur le tombeau de la Vierge toute-pure. Pendant ces trois jours, on pouvait entendre dans le ciel les voix très douces des armées célestes, qui chantaient et louaient Dieu, et magnifiaient Sa Mère.<br /><br />Par un décret de la providence, il advint que l’Apôtre Thomas était absent lors de l’ensevelissement glorieux de la Vierge toute-pure. C’est seulement le troisième jour qu’il arriva à Gethsémani. Il fut fort triste de n’avoir pas été digne, comme les autres Saints Apôtres, de la dernière bénédiction et de l’ultime baiser de la toute-pure Mère de Dieu. Il s’attrista aussi de n’avoir pu voir la gloire divine, et les admirables mystères qui survinrent lors de la Dormition de la Toute-Sainte, et sur le chemin qui avait conduit son corps au tombeau. Les Saints Apôtres, compatissant à sa douleur, se consultèrent, et décidèrent d’ouvrir le sépulcre, afin de lui permettre de voir le corps de notre Souveraine la Mère de Dieu, de se prosterner devant lui, et d’embrasser ses lèvres pour soulager sa peine et trouver un remède à sa tristesse. Lorsqu’ils soulevèrent la pierre, ils furent effrayés, car la tombe était vide. Le corps de la Mère de Dieu n’y reposait plus. On ne pouvait y voir que le linceul, qui exhalait un parfum sublime et puissant. Les Apôtres étaient dans la plus grande perplexité. Ils embrassèrent avec révérence le linceul, versèrent des larmes, et prièrent de concert le Seigneur de bien vouloir leur révéler ce qui était advenu du corps très pur. Parvenus au soir, ils s’assirent et se fortifièrent par un peu de nourriture.<br /><br />Notre toute-sainte Souveraine, notre Mère à tous, avait jadis apporté la joie à tout l’univers, lors de sa Nativité. Lors de sa Dormition, elle ne voulut peiner personne. Bien plus, elle entendait consoler chacun par sa miséricorde, même ses ennemis, elle qui est la Mère miséricordieuse du Roi de bonté.<br /><br />Au moment du repas, les Apôtres avaient adopté une pieuse coutume : ils laissaient parmi eux une place vide, dont l’emplacement était marqué par la présence d’un coussin. Ils déposaient sur ce coussin un morceau de pain, dénommé la part du Seigneur. Après le repas, ils se levaient, rendaient grâce, élevaient la part du Seigneur en glorifiant le Nom de la très-sainte Trinité, et terminaient leur prière en disant : « Seigneur Jésus-Christ, aide-nous ! » Puis ils mangeaient la part du Seigneur comme une bénédiction. Ils avaient cette sainte habitude non seulement lorsqu’ils étaient ensemble, mais aussi quand chacun d’entre eux se trouvait seul.<br /><br />Ainsi ce soir-là, à Gethsémani, alors que leur esprit était tout entier préoccupé de savoir où pouvait bien se trouver le très-saint corps de la Mère de Dieu, la fin du repas arriva. Ils élevèrent comme à l’accoutumée la part du Seigneur, et glorifièrent la très-sainte Trinité. Et voici que retentit dans l’air le chant des anges. Levant les yeux, les Saints Apôtres virent la toute-pure Vierge et Mère de Dieu, qui se tenait, vivante, au milieu d’une multitude d’anges, illuminée d’une gloire ineffable. La Toute-Sainte leur dit : « Réjouissez-vous, car je suis avec vous jusqu’à la fin des jours ! » Remplis de joie, au lieu de prononcer l’habituel « Seigneur Jésus-Christ, aide-nous ! », ils dirent : « Très-sainte Mère de Dieu, aide-nous ! » Et à partir de ce moment-là les Saints Apôtres, et toute l’Eglise avec eux, furent assurés que la toute-pure Mère de Dieu avait été ressuscitée le troisième jour par son Fils et son Dieu, et conduite au ciel avec son corps. S’en retournant au sépulcre, ils prirent la tunique, qui allait devenir une consolation pour les affligés et un témoignage véridique du fait que la Mère de Dieu s’était bien relevée du tombeau.<br /><br />Il ne convenait pas en effet que le Tabernacle de la Vie fût retenu par la mort et laissé dans la corruption des autres créatures, lui qui avait enfanté dans une chair incorruptible l’Auteur de toutes les créatures. Le Législateur n’ignora pas Sa propre loi, et comme un Fils aimant, il honora comme Lui-même Sa Mère sans tache, la ressuscitant le troisième jour pour la conduire dans le monde céleste, suivant la prophétie du divin David : « Lève-Toi Seigneur, pour entrer dans Ton repos, Toi et l’Arche de Ta sainteté ! » Ces paroles prophétiques trouvèrent ainsi un double accomplissement : à la Résurrection du Seigneur et lors de la résurrection de la Mère de Dieu. Comme celui de son Fils, le tombeau de la Mère de Dieu, taillé dans le rocher, est vide jusqu’à aujourd’hui, et offert à la vénération des fidèles. La providence divine fit en sorte que Saint Thomas ne fût pas présent pour la Dormition de la toute-pure Mère de Dieu. Ainsi le tombeau fut ouvert, et l’Eglise assurée de la résurrection de la Toute-Sainte. Ainsi la Résurrection du Christ avait été attestée par le manque de foi de Thomas.<br /><br />Ainsi eut lieu la Dormition de notre Souveraine toute-pure et toute-bénie, la Mère de Dieu. Ainsi fut enseveli son corps immaculé. Ainsi advinrent sa résurrection glorieuse et sa montée au ciel dans la chair. Après ces admirables et divins mystères, les Saints Apôtres s’en retournèrent, emportés sur les nuées, vers les pays de leur prédication.<br /><br />Et maintenant, comment décrire notre Souveraine, la Vierge toute-pure et Mère de Dieu, lorsqu’elle vivait sur cette terre ? Voici ce que dit Saint Ambroise : « Dans sa chair comme dans son esprit, la Vierge était humble. Ses discours étaient sages. Elle était assidue à la lecture, vigilante dans le labeur, lente à parler, et chaste dans sa conversation. Elle s’entretenait avec les hommes comme si elle parlait avec Dieu. Elle n’offensait personne, souhaitait du bien à chacun, ne méprisait aucun homme, fut-il misérable, ne se moquait de personne, et magnifiait tout ce qu’elle voyait. Tout ce qui sortait de ses lèvres était porteur de grâce, ses actes avaient quelque chose de virginal. Sa tenue trahissait la perfection intérieure, la compassion, l’absence de méchanceté ».<br /><br />Mais à côté de ce caractère si saint, quelle était son apparence ? Voici ce que rapportent Epiphane et Nicéphore : « Elle était digne, constante en toute chose, parlant peu, et seulement si c’était nécessaire, se contentant plutôt d’écouter. Elle n’en était pas moins éloquente, et savait rendre à chacun honneur et vénération. Elle s’adressait à tous sans rire ni trouble, et, mieux encore, sans colère. Sa taille était moyenne. Son visage avait le teint d’un grain de blé, ses cheveux étaient châtains, son regard perçant, et ses prunelles comme les fruits de l’olivier. Ses sourcils étaient inclinés et bien noirs, son nez assez grand, sa bouche comme la fleur de seigle, pleine de douces paroles. Son visage, ni rond ni pointu, était légèrement allongé. Ses doigts étaient très longs. Elle était étrangère à toute vantardise, simple, incapable de simuler quoi que ce soit, sans mollesse aucune, d’une grande humilité. Ses vêtements étaient simples, confectionnés dans une étoffe naturelle, comme le montre aujourd’hui encore son saint voile. Une abondante grâce divine accompagnait chacun de ses actes ».<br /><br />Et comment est-elle à présent, dans les cieux, à la droite du trône de Dieu ? Il faudrait entendre à ce sujet les bouches des anges, des archanges, et des justes, qui se tiennent devant elle, et se rassasient de la Face de Dieu et de son doux visage ! Ceux-là peuvent parler d’elle suivant leur dignité. Et nous, qui glorifions le Père, le Fils et le Saint Esprit, Dieu unique dans la trinité des personnes, glorifions aussi la toute-pure Mère de Dieu, et vénérons-la avec ferveur, elle qui est glorifiée et magnifiée par toutes les générations dans les siècles, amen !<br /><br />Tout ce qui concerne le début de la vie de la toute-pure Vierge et Mère de Dieu a été décrit en partie dans les homélies sur les autres fêtes : la Conception, la Nativité, l’Entrée au Temple, l’Annonciation, la Nativité du Christ, et la Sainte Rencontre. Nous ajouterons ici, après le récit de sa Dormition, quelques mots sur la vie de notre Souveraine après l’Ascension du Christ.<br /><br />Saint Luc écrit dans les Actes des Apôtres qu’après l’Ascension du Seigneur, Ses disciples quittèrent le Mont des Oliviers pour Jérusalem, et pénétrèrent dans la Chambre Haute où s’était tenue la Sainte Cène. Là, dans un même esprit, ils persévérèrent dans la prière et les suppliques en compagnie des femmes, et de Marie, la Mère de Jésus. Après le départ du Seigneur, la Toute-Sainte devint leur unique consolation, leur soulagement dans la tristesse. Elle les affermit et les instruisit dans la foi. Tout ce qu’elle avait gardé dans son coeur des paroles et des miracles, depuis la bonne nouvelle de Gabriel concernant la conception sans semence et la naissance du Christ de son sein virginal, en passant par la petite enfance du Seigneur, jusqu’à Sa vie avant le baptême de Jean, tout cela, elle le fit savoir aux aimables disciples de son Fils. Comme elle tenait de l’Esprit Saint des révélations élevées sur la divinité du Christ et sur le sens de Ses oeuvres, elle put faire le récit détaillé des actes accomplis par la puissance de Dieu avant que le Seigneur ne se fît connaître au monde. Et tout cela fortifia grandement la foi les Apôtres.<br /><br />Ils priaient donc ensemble dans la Chambre Haute, attendant la venue de l’Esprit Saint que le Seigneur avait promis d’envoyer du Père, et se préparaient à en recevoir les dons. Dix jours après l’Ascension du Christ, quand eut lieu cette descente du très saint Esprit comme des langues de feu sur les Saints Apôtres, le Consolateur commença par reposer sur la très-digne et très-précieuse Vierge, qui était déjà pour Lui une demeure aimée et agréable, un séjour permanent. La Vierge toute-bénie reçut une plus grande part de l’Esprit Saint que les Apôtres. Plus grand est le vase, plus il peut contenir. Comme le proclame l’Eglise, la Vierge toute-pure est pour l’Esprit Saint un réceptacle plus grand que tous les autres, plus grand encore que les Apôtres, les Prophètes, et les Saints : « En vérité, tu es plus élevée que tous, ô Vierge Pure, car tu as contenu, bien plus que tous, les grâces de l’Esprit Saint ! »<br /><br />Dès que le Seigneur eut dit sur la Croix « Voici ton fils ... voici ta Mère », la Vierge toute-pure s’installa dans la maison du Saint Apôtre Jean le Théologien, sur le Mont Sion. Le disciple la prit chez lui et la servit comme sa propre mère. Après avoir reçu l’Esprit Saint, les Apôtres ne se dispersèrent pas aussitôt dans le monde entier, mais demeurèrent longtemps à Jérusalem, comme en témoignent les Actes. Après la mort du premier martyr Stéphane, il y eut une grande persécution contre l’Eglise de Jérusalem. Les Apôtres mineurs et les fidèles partirent dans toute la Judée et la Samarie, laissant les chefs des Apôtres. Protégés par Dieu, ces derniers restèrent près de dix ans dans la ville sainte, jusqu’au moment où le roi Hérode leva la main pour persécuter l’Eglise. Si certains Apôtres quittaient momentanément Jérusalem, ( Pierre et Jean partirent pour la Samarie ; Pierre guérit Enée le paralytique à Lydda, ressuscita Tabitha à Joppé, baptisa le centurion Corneille à Césarée, fonda le premier trône apostolique à Antioche ; Jacques, frère de Jean, se rendit en Espagne ) ils y revenaient toujours pour le salut du peuple israélite et l’affermissement de la première des Eglises, leur Mère à toutes. Comme le chante Saint Jean Damascène : « Réjouis-toi, Sainte Sion, mère des Eglises, demeure de Dieu, toi la première à recevoir la rémission des péchés ! » Mais les Apôtres retournaient aussi à Jérusalem pour y rencontrer la toute-sainte Vierge et Mère du Seigneur et entendre ses divines paroles. Ils voyaient en elle le représentant du Christ, et contemplaient son digne et très-saint visage comme s’il eût été le visage du Sauveur Lui-même. Ils écoutaient ses douces paroles remplies d’une ineffable joie spirituelle, oubliant leurs peines et leurs malheurs. Leurs coeurs jouissaient du miel des discours de la toute-sainte Mère de Dieu.<br /><br />Une foule de nouveaux baptisés, venant de pays lointains, s’empressait à Jérusalem pour voir la Mère de leur Dieu et entendre ses très-saints discours. Comme celle du Christ-Sauveur, la gloire de Sa Mère immaculée atteignit les extrémités de la terre, comme en témoigne l’épître de Saint Ignace le Théophore, envoyée d’Antioche à Saint Jean le Théologien : « Nous avons ici de nombreuses femmes qui désirent voir la Mère de Jésus, et tentent chaque jour le voyage pour lui rendre visite, toucher les seins qui ont allaité le Seigneur Jésus, et apprendre d’elle certains mystères. Sa renommée de Vierge et Mère de Dieu, comblée de toutes grâces et de toutes vertus, est parvenue jusqu’à nous. On dit qu’elle traverse gaiement les persécutions et les malheurs, qu’elle ne s’afflige ni de la pauvreté ni de la privation, qu’elle ne s’irrite pas contre ceux qui lui font du mal mais leur dispense plutôt davantage ses bienfaits, qu’elle est douce lors des événements heureux, miséricordieuse à l’égard des pauvres qu’elle aide comme elle le peut. Quand des gens se montrent hostiles à notre foi, elle sait leur résister avec vigueur. Elle enseigne aux fidèles la piété nouvelle, la révérence, et les bonnes oeuvres. Elle aime par dessus tout les humbles et se montre humble elle-même à l’égard d’autrui. Tous ceux qui l’ont vue la louent beaucoup. Elle reste patiente quand les chefs des juifs et les pharisiens se moquent d’elle. Des hommes dignes de foi nous ont rapporté que chez Marie la Mère de Jésus, la sainteté unit la nature humaine à celle des anges. Tout ceci suscite chez nous le vif désir de voir cet étonnant et céleste miracle ». Dans une autre épître destinée à Saint Jean le Théologien, Saint Ignace le Théophore écrit : « Si cela m’était possible, je voudrais venir chez toi voir les fidèles rassemblés là-bas, et surtout la Mère de Jésus. On dit que tous la trouvent étonnante, digne, et très aimable. Tous désirent la voir. Qui ne voudrait voir cette Vierge et s’entretenir avec celle qui a enfanté le vrai Dieu ? »<br /><br />Ces lettres montrent le grand désir des saints de voir la sainteté de Marie, la Vierge toute-pure. On comprend que ceux qui en furent dignes pouvaient se dire bienheureux. En vérité, bienheureux sont les yeux qui l’ont vue, après le Christ-Sauveur, et les oreilles qui ont été dignes d’entendre les paroles vivifiantes sortant de sa bouche inspirée ! De quelles consolations et de quelles grâces ne furent-ils pas remplis !<br /><br />Notre Seigneur a laissé Sa Mère vivre sur la terre, afin que par sa présence, ses conseils, ses enseignements, et ses prières ferventes à son Fils et son Dieu, l’Eglise combattante se multiplie, s’affermisse et acquière la hardiesse de résister jusqu’au sang pour son Seigneur. La Mère de Dieu apportait à chacun force et consolation de l’Esprit Saint ; elle priait pour tous. Lorsque les Saints Apôtres furent arrêtés, elle adressa à Dieu une prière pleine de componction, et un ange du Seigneur fut envoyé la nuit pour ouvrir les portes de la prison. Quand le premier martyr Stéphane fut conduit à la mort, elle suivit de loin la foule. Alors qu’on le lapidait dans la vallée de Iosaphat, près du torrent du Cédron, elle était avec Jean le Théologien sur une colline proche, et priait ardemment le Seigneur pour qu’Il fortifiât le Protodiacre dans les souffrances, et reçût son âme entre Ses mains. Quand Paul s’acharna sur l’Eglise, elle adressa de si ferventes prières à Dieu pour le persécuteur, qu’Il changea le loup sauvage en doux agneau, l’adversaire en apôtre, le persécuteur en disciple et docteur de l’univers.<br /><br />Et quels autres bienfaits l’Eglise primitive n’a-t-elle pas reçus de la toute-pure Mère de Dieu, tel un petit enfant de sa mère ? Quelle grâces n’a-t-elle pas puisées dans cette source intarissable, jusqu’à ce qu’élevée par le renfort de la grâce, elle eût atteint l’âge mûr et se fût tellement affermie que les portes de l’enfer ne pouvaient plus rien contre elle ? La Mère de Dieu était remplie de joie, comme une mère qui se réjouit pour ses enfants (Ps.112,9). Tous les jours, elle voyait la multiplication des enfants de l’Eglise : au début, la prédication de Pierre gagna trois mille âmes, puis ce fut cinq mille, puis des multitudes... Plus tard elle apprit que l’Eglise du Christ gagnait tout l’univers. Ceux qui s’en retournaient à Jérusalem après la prédication venaient tout lui raconter. Comme elle se réjouissait de ces bonnes nouvelles, louant son Fils et son Dieu !<br /><br />Mais voilà qu’Hérode déclencha une persécution contre l’Eglise, et fit décapiter Jacques, le frère de Jean, qui rentrait d’Espagne. Il se saisit aussi de Pierre, qu’il mit en prison en lui réservant le même sort. Après la libération miraculeuse du Prince des Apôtres, les premiers parmi les Apôtres décidèrent à leur tour de quitter Jérusalem pour fuir les juifs. Ils se dispersèrent dans le monde entier, après avoir tiré au sort les pays de mission. Avant leur départ, ils composèrent le symbole de la foi, afin que tous plantent dans leur coeur d’une même voix la sainte foi dans le Christ. Ils partirent tous pour ces contrées lointaines, sauf Saint Jacques, le frère du Seigneur, qui avait été nommé premier évêque de Jérusalem par le Christ Lui-même.<br /><br />Saint Jean le Théologien quitta Jérusalem avec la toute-pure Mère de Dieu, s’éloignant momentanément pour fuir les malheurs que provoquaient les juifs jaloux, et cédant la place à la colère, à la cruelle persécution, et aux martyrs. Pour ne pas rester inactifs, ils partirent pour Ephèse, que Jean avait tirée au sort. Il existe une épître destinée au clergé de Constantinople et rédigée lors du Troisième Grand et Saint Concile Oecuménique, qui se tint à Ephèse contre Nestorius. Elle contient les phrases suivantes : « Nestorius, auteur de cette hérésie impie, convoqué par les Saints Pères et Evêques du Concile à Ephèse, où jadis demeurèrent Jean le Théologien et la Sainte Vierge et Mère de Dieu Marie, s’exclut lui-même, troublé par sa mauvaise conscience, et n’osa pas venir. En raison de quoi, après avoir été convoqué trois fois de suite, il fut condamné par le juste jugement du Saint Concile et des divins Pères, et fut déchu de toute dignité sacerdotale »<br /><br />La Vierge toute-pure se rendit à Ephèse et dans d’autres villes et contrées pour visiter les nouveaux baptisés. Elle alla à Antioche pour rencontrer Saint Ignace le Théophore, comme elle le lui avait promis par écrit : « Je viendrai jusqu’à toi avec Jean, afin de te voir, toi et ceux qui sont avec toi ». Il est dit qu’elle alla aussi à Chypre pour rendre visite à Lazare, le ressuscité du quatrième jour qui était évêque du lieu, et sur le Mont Athos. Rapportons ici le récit du moine Stéphane l’Athonite :<br /><br />« Après l’Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ, les disciples étaient réunis à Sion avec Marie, la Mère de Jésus, attendant le Consolateur, selon l’ordre du Seigneur qui leur avait prescrit de ne pas s’éloigner de Jérusalem et d’attendre la réalisation de Sa promesse. Plus tard, ils tirèrent au sort les pays dans lesquels chacun d’entre eux allait prêcher l’Evangile de Dieu. La Toute-Pure dit alors :<br /><br />- Je veux moi aussi tirer au sort avec vous, afin de ne pas rester démunie du pays que Dieu voudra bien m’accorder.<br /><br />Les Apôtres acquiescèrent avec crainte et révérence à la parole de la Mère de Dieu, et le sort lui désigna la terre d’Ibérie. La toute-pure Mère de Dieu reçut la nouvelle avec joie. Aussitôt après avoir reçu l’Esprit Saint sous la forme d’une langue de feu, elle voulut s’en aller sur cette terre. Mais l’ange de Dieu lui dit :<br /><br />- Ne t’éloigne pas de Jérusalem pour le moment, mais restes-y pour un temps ! Le sort s’éclaircira dans les derniers jours ! Pour un temps, il te faudra peiner sur une terre que Dieu voudra bien t’indiquer.<br /><br />Et la Toute-Pure demeura un long moment à Jérusalem. Or Lazare, le ressuscité du quatrième jour, résidait dans l’île de Chypre où il avait été sacré évêque par l’Apôtre Barnabé. Dans son grand amour, il souhaitait revoir la Mère toute-pure de notre Seigneur qu’il n’avait pas vue depuis longtemps, mais il n’osait se rendre à Jérusalem par crainte des juifs. Ayant compris cela, la Mère de Dieu lui écrivit pour le consoler, et lui commanda de lui envoyer un bateau afin qu’elle pût venir à Chypre lui rendre visite. A la lecture de la lettre, Lazare se réjouit beaucoup. Touché d’une telle humilité, il s’empressa d’envoyer vers elle un bateau et un courrier. La toute-pure Marie s’en fut sur la mer en compagnie de Jean, le disciple vierge, et d’autres frères qui les suivaient avec révérence. Le navire appareilla pour Chypre. Mais soudain, un vent contraire se leva, et le navire fut détourné de sa route vers une crique abritée du Mont Athos. Ceci fut pour la Mère de Dieu la petite peine que l’ange avait prédite.<br /><br />La Sainte Montagne était alors pleine d’idoles ; on y trouvait un grand temple et un sanctuaire d’Apollon. Là s’accomplissaient divinations, magies, et autres artifices démoniaques. Les grecs révéraient beaucoup ces lieux, où ils venaient de fort loin pour adorer le dieu, et recevoir une réponse des devins qu’ils consultaient. Lorsque la Mère de Dieu accosta, un grand cri jaillit de toutes les idoles de la péninsule :<br /><br />- Descendez la montagne vers la crique de Clément, vous tous qui avez été séduits par Apollon, et accueillez Marie la Mère du grand Dieu Jésus !<br /><br />C’est ainsi que les démons qui habitaient les idoles, contraints par une force divine, annoncèrent la Vérité contre leur volonté, comme jadis les Gadaréniens qui crièrent au Seigneur : qu’y a-t-il entre nous et Toi, Fils de Dieu ? Es-Tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? Entendant cela, le peuple surpris accourut vers la crique et aperçut le bateau de la Mère de Dieu. Il accueillit la Toute-Sainte avec honneur, lui demandant comment elle avait enfanté Dieu et quel était son nom. Ouvrant sa bouche divine, elle annonça en détails la bonne nouvelle de Jésus-Christ, et tous adorèrent le Dieu qu’elle avait enfanté et la vénérèrent. La Toute-Pure accomplit de nombreux miracles, et le peuple, qui avait trouvé la foi, se fit baptiser. Choisissant un chef parmi ses compagnons de voyage, elle l’établit maître des nouveaux baptisés. Puis, se réjouissant en esprit, elle dit :<br /><br />- Ce lieu, désigné par le sort, m’a été confié par mon Fils et mon Dieu !<br /><br />Puis elle bénit la foule et ajouta :<br /><br />- Que la grâce de Dieu demeure sur ce lieu et sur ceux qui y vivront avec foi et piété en accomplissant les commandements de mon Fils et mon Dieu ! Les biens nécessaires à la vie terrestre seront abondants pour eux, sans qu’il faille fournir trop d’efforts. La vie céleste leur sera préparée. La miséricorde de mon Fils ne tarira pas ici jusqu’à la fin des siècles ! Quant à moi, je serai la Protectrice de ce lieu et son fervent Intercesseur devant Dieu !<br /><br />Ayant dit cela, elle bénit de nouveau le peuple et s’embarqua pour Chypre avec Jean et sa suite.<br /><br />Parvenue dans l’île, elle trouva Lazare dans une grande tristesse. Inquiet du retard de la Mère de Dieu, il craignait que la tempête ne lui eût causé quelque tort. Il ignorait en effet ce qui était arrivé par la providence de Dieu. Mais la présence de la Mère de Dieu eut tôt fait de changer son affliction en joie. La Toute-Sainte lui offrit une omophore et des manchettes qu’elle avait confectionnés elle-même pour l’occasion, et lui annonça tout ce qui était arrivé à Jérusalem et au Mont Athos, remerciant Dieu pour tout. Elle séjourna quelque temps à Chypre, consola et bénit l’Eglise du lieu, puis reprit la mer pour Jérusalem ».<br /><br />Dans la ville sainte, la Mère de Dieu habita de nouveau la maison de Jean à Sion, protégée par la toute-puissante main de Dieu des synagogues jalouses et déicides, qui ne cessaient de combattre le Fils de Dieu et ceux qui croyaient en Lui. En aucune façon, ces méchants juifs n’auraient supporté que la Mère de Jésus restât en vie si la Providence ne l’avait protégée, et ils se seraient certainement évertués à la faire périr. Mais les infidèles ne purent mettre la main sur le Tabernacle de Dieu, comme jadis à Nazareth sur son Fils Lui-même, lorsqu’Il fut conduit par une foule pleine de fureur au sommet de la montagne sur laquelle la ville était sise, pour être précipité du haut de la falaise. Passant au milieu d’eux, Il s’était éloigné sans que les juifs furieux ne pussent poser sur lui leurs mains de bourreaux. Ils ne purent toucher Celui que leurs yeux voyaient, car ils étaient retenus par la force invisible de Dieu. Son heure n’était pas encore venue... La Vierge toute-pure vécut donc au milieu d’un grand nombre d’ennemis haineux comme une brebis parmi les loups, comme un lys au milieu des ronces, en répétant fort à propos les paroles de son ancêtre David : le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte ? Le Seigneur est le protecteur de ma vie, devant qui tremblerai-je ? Si une armée campe contre moi, mon coeur ne craindra pas, si un combat s’engage contre moi, alors même je garderai l’espérance ! et encore : si je vais au milieu des ténèbres de la mort, je ne craindrai aucun mal car Toi, mon Fils et mon Dieu, Tu es avec moi.<br /><br />Saint Denis l’Aréopagite, qui avait été baptisé à Athènes par le Saint Apôtre Paul et était demeuré auprès de lui pendant trois ans, vint aussi à Jérusalem visiter et vénérer la Mère de Dieu, avec la bénédiction de son maître. Ayant vu celle qu’il avait tant désiré rencontrer, il fit part de sa joie spirituelle au Coryphée des Apôtres dans une lettre : « Il me semble impossible, et je le confesse devant Dieu, ô mon guide et mon excellent maître, qu’en dehors du Dieu très-haut, on puisse trouver plus de force divine et d’admirable grâce, d’ailleurs inconcevables par l’esprit de l’homme, qu’en cette personne, que j’ai vue non seulement des yeux du corps, mais aussi de ceux de l’âme. J’ai vu de mes yeux la Mère du Christ Jésus notre Seigneur : elle est, à l’image de Dieu, plus sainte que tous les esprits célestes. La grâce de Dieu, la magnanimité du Prince des Apôtres, et la bonté indescriptible de la Vierge miséricordieuse elle-même, m’ont permis de la voir. Je confesse devant la toute-puissance de Dieu, devant la grâce du Sauveur, devant la dignité glorieuse de la Vierge Sa Mère, que lorsqu’aux côtés de Jean, Prince des Evangélistes et des Prophètes, qui, tout en demeurant dans la chair, rayonne comme le soleil dans le ciel, je fus introduit devant la face de la Vierge toute-sainte, créée à l’image de Dieu, une lumière vive et sans borne m’illumina non seulement extérieurement, mais aussi et surtout intérieurement, me remplissant de parfums si dignes et admirables que mon faible corps et mon esprit ne purent supporter les signes et les prémices de toutes ces béatitudes et gloires éternelles. Mon coeur et mon esprit s’épuisèrent devant cette grâce et cette gloire divines. Je témoigne par Dieu, qui vécut dans le sein virginal, que si je n’avais pas eu en mémoire dans mon esprit nouvellement éclairé tes divins enseignements, j’aurais pensé qu’elle était le vrai Dieu, et je l’aurais adorée comme il convient de L’adorer. Aucune gloire, aucun honneur, ne peut être conçu dans l’esprit d’un homme glorifié par Dieu, à la mesure de la béatitude que j’ai goûtée en cet instant-là, moi l’indigne. Comme je fus fortuné et bienheureux d’avoir été rendu digne de ce moment-là ! Je remercie pour cela le Dieu très-haut et très-bon, la Vierge divine, l’extraordinaire Apôtre Jean, ainsi que toi, Prince de l’Eglise et maître victorieux, de m’avoir manifesté avec miséricorde un tel bienfait ! » On comprend à la lecture de ces lignes quelle grâce divine émanait du visage de notre toute-pure Souveraine lorsqu’elle vivait sur la terre, et combien s’illuminaient les âmes et se réjouissaient les coeurs de ceux qui la voyaient dans la chair. Une multitude innombrable de nouveaux baptisés hommes et femmes, convergeait vers elle de tous les horizons, recevant ses dons, comme d’une vraie mère, de manière égale et impartiale. Sa grâce réjouissait et enrichissait chacun, guérissant les malades, affermissant les faibles, consolant les affligés, fortifiant la foi, apportant l’assurance de l’espérance, la douceur divine, l’amour, et l’amendement des pécheurs.<br /><br />La Vierge toute-pure sortait souvent de la maison de Jean pour visiter les lieux que son très-aimable Fils avait sanctifiés de Sa présence et de Son sang. Elle visitait Bethléem où Il était né d’elle d’une manière ineffable, sans briser le sceau de sa virginité. Elle faisait le tour de tous les lieux où souffrit volontairement notre Seigneur, les arrosant des larmes abondantes de son amour maternel, et disant : « Là fut tué mon Fils très-aimable, là Il fut couronné d’épines, de là Il sortit en portant Sa croix, là Il fut crucifié ». Près du sépulcre, gagnée par une joie indicible, elle disait : « Là, Il fut enseveli, et ressuscita glorieusement le troisième jour ».<br /><br />Et il est encore écrit ceci : certains juifs haineux annoncèrent aux grands-prêtres et aux scribes que Marie, la Mère de Jésus, se rendait chaque jour au Golgotha et au sépulcre où son Fils avait été déposé, pliant les genoux et s’affligeant. Aussi plaça-t-on une garde près du tombeau pour en interdire l’accès aux chrétiens. Il est manifeste que la pieuse coutume de visiter les lieux saints et d’y adorer le Christ Dieu qui voulut souffrir pour nous avait été instaurée par la Mère de Dieu elle-même, bientôt suivie par les fidèles. Une garde fut donc placée par les scribes et les grands-prêtres, qui respiraient encore la menace et le meurtre, afin d’interdire à tous l’accès du sépulcre de Jésus et de tuer Sa Mère Marie. Mais Dieu aveugla les yeux des gardes afin qu’ils ne voient pas Marie. Elle continua donc selon son habitude à se rendre en ces lieux, sans que les gardes ne pussent pas la voir, elle ou ses compagnons. Après quelque temps, ils allèrent jurer aux grands-prêtres et aux scribes que personne ne venait plus visiter le sépulcre.<br /><br />La Mère de Dieu se rendait aussi fréquemment sur le Mont des Oliviers, d’où notre Seigneur était monté au ciel. S’agenouillant, elle embrassait les empreintes que les pieds du Christ avaient laissées sur la pierre. Elle priait là son Fils et son Dieu qu’Il voulût bien la prendre avec Lui, elle aussi, car bien plus encore que Saint Paul, elle voulait être délivrée de la chair et vivre avec le Christ. Souvent elle répétait les paroles de David : Quand irai-je et paraîtrai-je devant la Face de Dieu ? Mes larmes ont été mon pain jour et nuit (Ps.41,3-4), quand verrai-je mon Fils tant aimé, quand irai-je vers Celui qui est assis à la droite du Père, quand me présenterai-je devant le trône de Sa gloire, quand pourrai-je me rassasier de la vue de Sa face ? Ô mon doux Fils, ô mon Dieu ! Il est temps d’être miséricordieux pour Sion, il est temps d’être miséricordieux pour Ta mère, qui s’attriste dans cette vallée des larmes, privée de la vue de Ta très-sainte face ! Fais sortir mon âme de la prison de ce corps ! Comme le cerf languit auprès des eaux vives, ainsi mon âme Te désire, ô Dieu ! (Ps.41,2) Que je sois rassasiée lorsqu’apparaîtra Ta gloire !<br /><br />La Vierge toute-pure avait pris l’habitude de s’attarder sur le Mont des Oliviers, dans le village de Gethsémani, sur le flanc d’un petit coteau planté d’un verger, dont Zébédée avait jadis fait l’acquisition, et qui était désormais l’héritage de Saint Jean le Théologien. Notre Seigneur avait prié et transpiré le sang dans ce verger avant Sa passion volontaire, et Il y était tombé à genoux sur Sa face devant Son Père céleste. Par la suite, c’est dans ce même verger que Sa Mère toute-pure répandait ses ferventes prières, à genoux aussi, face contre terre, inondant le sol de ses larmes. C’est là qu’elle fut informée, par l’intermédiaire de l’ange, de son transfert imminent vers le ciel, et fut consolée. Avant sa mort, la Vierge toute-pure eut deux apparitions de l’ange, selon le récit de l’historien de l’Eglise, Georges Kedrinos : la première fois, quinze jours avant sa Dormition, et la seconde, trois jours avant. C’est à cette dernière occasion qu’elle reçut la branche du dattier du paradis que Saint Jean le Théologien porta ensuite devant sa couche mortuaire.<br /><br />Certains ont écrit, comme Saint Meliton, évêque de Sardes, que Saint Jean le Théologien était à Ephèse avant la Dormition de la toute-sainte Mère de Dieu, et qu’il fut, comme les autres Apôtres, ravi sur une nuée pour assister aux funérailles de la Toute-Pure. Mais d’autres, comme Métaphraste et Sophronios, affirment avec assurance que Saint Jean ne s’était pas éloigné de la Mère pleine de grâces, dont il était devenu le fils adoptif, et qu’il la servit toujours comme un fils sincère sert sa mère, la gardant dans sa maison jusqu’à sa mort bienheureuse. Il lui arrivait cependant de s’éloigner pour de courtes périodes dans les villes environnantes comme en témoignent les Actes, mais il le faisait toujours avec l’accord et la bénédiction de la Mère de Dieu. Pendant ses brèves absences et jusqu’au retour de Saint Jean, c’est Saint Jacques le frère du Seigneur et premier évêque de Jérusalem qui veillait sur la Toute-Pure, lui qui en aucun cas ne quittait son trône épiscopal. Si, selon le récit de certains, le Théologien fut ravi sur les nuées à l’instar des autres Apôtres, c’est probablement depuis quelque ville proche.<br /><br />Qu’on sache également que la Dormition de la toute-pure Vierge et Mère de Dieu doit être fêtée solennellement le quinzième jour du mois d’août ! Cette solennité fut instituée sous le règne du pieux empereur byzantin Maurice. En fêtant ainsi son joyeux transfert vers les cieux, glorifions aussi Celui qui naquit d’Elle et la conduisit au ciel dans la gloire, le Christ notre Dieu, glorifié avec le Père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles, amen !<br /><br />§§§§§§</div>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-5405327533885444432009-10-02T11:38:00.000-07:002009-10-02T11:44:40.482-07:00VIE DE SAINT PAUL<a href="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SsZKEDgh5WI/AAAAAAAAAjE/ZsiQGvuD2tU/s1600-h/paul-icon.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 279px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5388075437717054818" border="0" alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SsZKEDgh5WI/AAAAAAAAAjE/ZsiQGvuD2tU/s320/paul-icon.jpg" /></a><br /><p style="TEXT-ALIGN: center; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal" align="center"><b style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >LAVIE, LES EXPLOITS ET LES SOUFFRANCES DU SAINT<span style="mso-spacerun: yes"> </span>ET GLORIEUX APÔTRE PAUL,<?xml:namespace prefix = o /><o:p></o:p></span></b></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: center; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal" align="center"><b style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >DIGNE DE TOUTES LOUANGES<o:p></o:p></span></b></p><br /><p style="TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" ><span style="mso-spacerun: yes"></span>(Synaxaire de Saint Dimitri de Rostov - 29 juin)<o:p></o:p></span></i></p><br /><p style="TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" ><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Avant qu’il ne devînt Apôtre, Saint Paul s’appelait Saul. Né à Tarse en Cilicie, il était de race juive et appartenait à la tribu de Benjamin. Ses nobles parents vécurent d’abord à Rome et vinrent ensuite s’établir à Tarse, avec le titre honorifique de citoyens romains. C’est pourquoi par la suite, Paul reçut le qualificatif de <i style="mso-bidi-font-style: normal">romain</i>. On peut ajouter ici que sa famille comptait le premier martyr Stéphane. Dans sa jeunesse, ses parents le placèrent à Jérusalem pour y faire l’apprentissage des livres saints et de la Loi de Moïse sous la direction du célèbre maître Gamaliel. Au cours de ses études, il avait à ses côtés son ami Barnabé qui devint lui aussi Apôtre du Christ. Ayant bien approfondi la Loi de ses pères, il montra pour elle un zèle ardent, et s’attacha aux pharisiens. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >A cette époque, les saints Apôtres propageaient la Bonne Nouvelle du Christ à Jérusalem et dans les villes et contrées alentour, suscitant de grandes discussions avec les pharisiens, les sadducéens, les scribes et les docteurs de la Loi. Ces prédicateurs du Christianisme furent rapidement haïs et persécutés par tous ces juifs. Saul haïssait également les saints Apôtres, et ne voulait même pas les entendre prêcher le Christ. Il se disputait avec Barnabé, devenu Apôtre, et ne cessait de blasphémer la Vérité. Quand son parent, Saint Stéphane, vint à être lapidé par les juifs, non seulement il ne montra aucun regret en voyant versé le sang innocent de sa propre famille, mais il approuva le meurtre, et garda les vêtements des juifs qui frappaient le martyr. Ayant par la suite reçu pleins pouvoirs des sacrificateurs et des anciens, Saul persécuta l’Eglise du Christ, faisant irruption dans les maisons des fidèles, traînant hommes et femmes en prison. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Non content de persécuter les fidèles de Jérusalem, il se rendit à Damas avec des lettres du Sacrificateur. Respirant menace et carnage, il avait l’intention de débusquer les hommes et les femmes croyant au Christ, de s’emparer d’eux et de les conduire dans les liens à Jérusalem. Ceci se passait pendant le règne de l’empereur Tibère. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Alors que Saul s’approchait de Damas, une lumière venant du ciel brilla soudain autour de lui. Il tomba à terre et entendit une voix lui dire : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Saul, Saul, pourquoi Me persécutes-tu ? Saisi d’effroi, il répondit : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Qui es-Tu, Seigneur ? <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons ! Tremblant d’épouvante, Saul ajouta : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Seigneur, que veux-Tu que je fasse ?<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Relève-toi, entre dans la ville et l’on te dira ce que tu dois faire ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Les soldats qui accompagnaient Saul furent effrayés d’entendre cette voix sans voir personne. Quand Saul se releva, il ne voyait plus rien. Ses yeux charnels étaient frappés de cécité, mais ses yeux spirituels commençaient à s’ouvrir. On le conduisit par la main à Damas où il demeura trois jours, constamment en prière, sans voir, ni manger, ni boire. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >A Damas vivait le Saint Apôtre Ananie. Le Seigneur lui apparut dans une vision, lui ordonnant d’aller trouver Saul dans la maison d’un certain Judas, pour rendre la lumière à ses yeux charnels par l’imposition des mains, et à ses yeux spirituels par le baptême. Ananie répondit toutefois : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Seigneur, j’ai entendu beaucoup de monde parler de cet homme et dire tout le mal qu’il a fait à Tes saints à Jérusalem. Il est ici avec pleins pouvoirs des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent Ton Nom ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Va sans crainte, car il est le vase que j’ai choisi pour porter Mon Nom devant les nations païennes, les rois, et les fils d’Israël. Je lui dirai ce qu’il aura à souffrir pour Mon Nom ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Obéissant à l’ordre du Seigneur, Ananie s’en alla trouver Saul et lui imposa les mains. Des sortes d’écailles tombèrent de ses yeux. Baptisé sur-le-champ, il fut rempli de l’Esprit Saint qui le sanctifia pour le ministère apostolique. Son nom fut changé en Paul. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Paul prêcha aussitôt Jésus Fils de Dieu dans les synagogues. Tous ceux qui l’entendaient s’étonnaient : « N’est-ce pas celui qui, à Jérusalem, persécutait ceux qui invoquent le Nom de<span style="mso-spacerun: yes"> </span>Jésus ? N’était-il pas venu ici pour les lier et les conduire devant les principaux sacrificateurs ? » <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Avec le temps, Paul prenait de plus en plus d’assurance et troublait les juifs de Damas en leur démontrant que Jésus est le Christ. Au comble de la colère, ils se concertèrent pour le tuer et firent garder nuit et jour les portes de la ville afin qu’il ne pût leur échapper. Mais Ananie et les disciples de Damas eurent vent du complot. Ils le conduisirent de nuit sur les remparts de la ville et le firent descendre le long de la muraille dans une corbeille. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Paul quitta Damas pour l’Arabie, ainsi qu’il l’écrivit<span style="mso-spacerun: yes"> </span>plus tard aux Galates : « Je ne consultai ni la chair, ni le sang, je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent Apôtres avant moi, mais je partis pour l’Arabie. Puis je revins encore à Damas. Trois ans plus tard, je remontai à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre ». <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >A Jérusalem, Paul souhaitait rencontrer les disciples du Seigneur, mais ceux-ci le craignaient, ne pouvant croire qu’il fût des leurs. Finalement,<span style="mso-spacerun: yes"> </span>il rencontra le Saint Apôtre Barnabé qui comprit sa conversion, se réjouit de ce revirement, et le conduisit chez les Apôtres. Paul leur raconta comment il avait vu le Christ sur le chemin de Damas, ce qu’Il lui avait dit, et comment il s’était enhardi pour le Nom de Jésus. Son récit emplit les Apôtres d’une sainte joie et ils glorifièrent le Seigneur Christ. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >A Jérusalem, Saint Paul engagea la controverse avec les juifs et les grecs. Un jour qu’il se tenait en prière dans le temple, il eut une extase et vit le Seigneur qui lui dit :<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Hâte-toi de sortir de Jérusalem car ils ne recevront pas ici ton témoignage sur Moi !<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Les juifs savent bien que je faisais mettre en prison ceux qui croyaient en Toi, et que je les faisais frapper dans les synagogues. Ils savent aussi que lorsqu’on répandait le sang de Stéphane Ton témoin, j’étais présent, j’approuvais le meurtre et je gardais les vêtements de ceux qui le tuaient !<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Va, Je t’enverrai au loin vers les nations ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Après cette vision, bien qu’il eût aimé rester encore quelques jours à Jérusalem pour jouir de la vue et de la conversation des Apôtres, Paul dut partir, car ceux avec qui il avait argumenté sur le Christ étaient furieux et cherchaient à le tuer. Les frères le conduisirent donc à Césarée d’où il partit pour Tarse.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" ><span style="mso-spacerun: yes"></span>Paul prêcha la Parole de Dieu dans cette ville jusqu’à l’arrivée de Barnabé qui le conduisit à Antioche. Il y resta une année entière à enseigner dans l’église, et convertit au Christ beaucoup de gens, à qui il donna le nom de <i style="mso-bidi-font-style: normal">chrétiens</i>. Après cette année, Paul et Barnabé revinrent en Palestine pour annoncer aux Saints Apôtres que la grâce de Dieu agissait à Antioche, ce qui réjouit fort l’Eglise de Jérusalem. Ils ramenaient avec eux les nombreux dons des fidèles d’Antioche pour les frères pauvres ou infirmes de Judée. En effet, selon la prophétie de Saint Agabus, (un des Soixante-Dix) une grande famine s’était déclarée sous le règne de l’empereur Claude. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Par la suite, Paul et Barnabé quittèrent de nouveau Jérusalem pour Antioche où ils vécurent un certain temps dans le jeûne et la prière, célébrant la Divine Liturgie et prêchant la Parole de Dieu, jusqu’à ce que l’Esprit Saint les envoie prêcher aux nations. L’Esprit Saint déclara en effet aux anciens de l’Eglise d’Antioche : « Mettez-moi à part Barnabé et Saul pour l’oeuvre pour laquelle Je les ai appelés ! ». Après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent donc les mains et les laissèrent partir. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Poussés par l’Esprit Saint, ils descendirent à Séleucie et s’embarquèrent pour Chypre. A Salamine, ils annoncèrent l’Evangile dans les synagogues. Ayant traversé l’île jusqu’à Paphos, ils rencontrèrent un magicien et faux prophète juif dénommé Elymas ou Bar-Jésus, qui vivait aux côtés du proconsul Sergius Paulus, un homme avisé. Ce proconsul fit appeler Paul et Barnabé et manifesta son désir d’entendre la Parole de Dieu. Ayant écouté les Apôtres, il crut. Mais Elymas le magicien s’interposa et chercha à le détourner de la foi. Alors Paul, empli du Saint Esprit, regarda le magicien et dit : « Ô, homme plein<span style="mso-spacerun: yes"> </span>de toutes espèces de ruse et de fraude ! Fils du diable ! Ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur ? Voici que maintenant la main du Seigneur est sur toi, tu seras aveugle, tu ne verras plus le soleil pour un temps ! ». Obscurité et ténèbres tombèrent sur le magicien qui chercha à tâtons quelqu’un pour le guider. Voyant cela, le proconsul fut frappé de l’enseignement du Seigneur. De nombreuses personnes crurent à sa suite et l’Eglise du Christ s’agrandit. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Paul et ses compagnons s’embarquèrent à Paphos pour Pergé de Pamphylie d’où ils partirent pour Antioche de Pisidie (qu’il ne faut par confondre avec Antioche-la-Grande de Syrie). Là ils prêchèrent le Christ. Comme de nombreuses personnes croyaient, les juifs envieux poussèrent les anciens de la ville (qui vivaient dans l’impiété grecque) à chasser sans égards les Saints Apôtres de la ville et de ses limites. Ces derniers, secouant la poussière de leurs pieds, se rendirent à Iconium où ils prêchèrent avec assurance,<span style="mso-spacerun: yes"> </span>amenant à la foi une multitude de juifs et de grecs, non seulement par leurs paroles, mais aussi par les signes et miracles que leurs mains accomplissaient. C’est là qu’ils convertirent Sainte Thècle la vierge pour la fiancer au Christ. Les juifs incrédules incitèrent de nouveau les grecs et leurs chefs à rejeter les Apôtres et à les lapider. Cependant ces derniers eurent vent de l’affaire et purent s’enfuir en Lycaonie, à Lystres, à Derbé et leurs environs où ils prêchèrent. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Il y avait là un boiteux de naissance qui ne pouvait aucunement marcher. Par le Nom du Christ ils le mirent sur ses pieds et d’un bond, il marcha. Devant ce miracle le peuple proclama haut et fort en langue lycaonienne : « Les dieux sont descendus parmi nous sous forme humaine ! ». Ils appelèrent Barnabé Zeus et Paul Hermès, et des jeunes gens amenèrent taureaux et couronnes pour leur offrir un sacrifice. Voyant cela, Paul et Barnabé déchirèrent leurs vêtements et crièrent à la foule : « Pourquoi agissez-vous ainsi ? Nous sommes des hommes de la même nature que vous ! ». Et ils leur parlèrent du Dieu unique, Créateur de la terre et de la mer, qui offre les pluies du ciel et les saisons fertiles, qui donne la nourriture en abondance, et remplit de joie le coeur des hommes. Mais c’est à grand peine que ces paroles les empêchèrent de leur offrir un sacrifice.<span style="mso-spacerun: yes"> </span><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Alors qu’ils demeuraient à Lystres, des juifs vinrent d’Iconium et d’Antioche pour inciter la foule à s’écarter des Apôtres en les accusant de mensonge. Ils firent si bien qu’ils poussèrent les habitants à un mal plus grand encore : ils lapidèrent Paul, qui détenait la Parole, et le laissèrent pour mort à l’extérieur de la ville. Il put cependant se relever, retourner dans la ville et retrouver Barnabé, avec lequel il partit le lendemain matin pour Derbé. Après y avoir prêché la Bonne Parole et instruit de nombreuses personnes, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie, fortifiant les âmes des disciples et les exhortant à demeurer fermes dans la foi. Priant et jeûnant, ils nommèrent des anciens pour chaque Eglise et les recommandèrent au Seigneur en Lequel ils avaient cru. Ensuite, ils traversèrent la Pisidie pour se rendre en Pamphylie, annoncèrent la Parole du Seigneur à Pergé, puis descendirent à Attalie. De là, ils s’embarquèrent pour Antioche de Syrie où l’Esprit les avait envoyés au début de leur ministère pour prêcher la Parole du Seigneur. A Antioche, ils rassemblèrent l’Eglise et racontèrent ce que Dieu avait fait d’eux et des païens qu’ils avaient convertis au Christ. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Peu de temps après, les juifs convertis et les grecs d’Antioche eurent une discussion sur la circoncision. Les uns disaient qu’il était impossible d’être sauvé sans être circoncis, les autres trouvaient la chose trop pénible. Paul se rendit à Jérusalem avec Barnabé pour traiter de cette question avec les Apôtres et les anciens, et leur annonça comment Dieu avait ouvert aux païens les portes de la foi, nouvelle qui réjouit beaucoup tous les frères de Jérusalem. Les Saints Apôtres et les anciens se réunirent donc et décidèrent d’abroger la circoncision de l’Ancien Testament, désormais inutile devant la grâce. Ils commandèrent de s’abstenir de la viande sacrifiée aux idoles et de l’impudicité, et de n’offenser en rien le prochain. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Après cela, ils renvoyèrent Paul et Barnabé à Antioche avec Jude et Silas, où ils demeurèrent assez longtemps avant de se séparer de nouveau pour aller vers les païens. Barnabé se rendit à Chypre avec Marc son parent. Quant à Paul, il choisit Silas et partit dans les villes de Syrie et de Cilicie pour y fortifier les Eglises. Parvenu à Derbé et à Lystres, il dut circoncire son disciple Timothée à cause des murmures des juifs. De là, il gagna la Phrygie et la Galatie, puis traversa la Mysie jusqu’à Troas, avec l’intention de gagner la Bithynie, ce que l’Esprit Saint ne lui permit pas de faire.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Alors que Paul se trouvait à Troas avec ses disciples, il eut une vision nocturne : un homme qui avait l’apparence d’un Macédonien se tint devant lui pour le prier de venir aider son pays. Paul comprit que le Seigneur l’y appelait à prêcher la Bonne Nouvelle. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Ayant quitté Troas avec ses disciples, Paul atteignit Samothrace, puis, au matin, Néapolis. Il atteignit ensuite la ville de Philippes, en Macédoine, où vivaient des romains. Il y baptisa une marchande de pourpre dénommée Lydie, après lui avoir enseigné la foi au Christ. Elle l’invita à demeurer dans sa maison avec ses disciples. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Un jour, alors que Paul se rendait à l’église avec ses disciples pour la prière, une jeune fille vint à leur rencontre. Cette jeune fille était possédée d’un esprit malin divinateur duquel ses maîtres tiraient grand profit. Suivant Paul et ses compagnons, elle criait sans relâche : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Tout-Puissant qui nous annoncent la voie du salut! » Elle harcela Paul de cette façon pendant de nombreux jours. Celui-ci, excédé, finit par se retourner et chasser l’esprit en invoquant le Nom du Christ. Les maîtres de la jeune fille, voyant s’évaporer la source de leurs gains, se saisirent de Paul et de Silas et les conduisirent devant les princes et les stratèges en disant : « Ces hommes troublent notre ville ! Ce sont des juifs qui enseignent des coutumes que pour nous, romains, il ne convient ni d’accepter ni de suivre ! » . Les stratèges arrachèrent leurs vêtements et les firent bastonner, leur<span style="mso-spacerun: yes"> </span>occasionnant de nombreuses blessures, puis ils les firent jeter en prison. Vers minuit, alors qu’ils priaient, la prison trembla, ses portes s’ouvrirent et les liens des prisonniers furent rompus. Voyant cela, le geôlier crut au Christ et conduisit les prisonniers chez lui, lava leurs plaies, et se fit baptiser avec toute sa maisonnée. Ensuite, il leur prépara un repas, après quoi ils retournèrent tous dans la prison. Au matin, les stratèges se repentirent d’avoir fait battre des innocents et ils envoyèrent des hommes les libérer, leur donnant la possibilité de partir où ils le souhaitaient. Mais Paul leur dit : « Après nous avoir battu publiquement et sans jugement, nous qui sommes citoyens romains, ils nous ont jetés en prison ! Et voilà que maintenant, ils nous en font sortir secrètement ! Il n’en sera pas ainsi ! Qu’ils viennent eux-mêmes nous mettre en liberté ! » Les messagers s’en retournèrent auprès des stratèges pour leur rapporter les paroles de Paul. Ceux-ci eurent peur en apprenant que les prisonniers qu’ils avaient battus étaient des citoyens romains. Ils vinrent donc les supplier de quitter la ville. Quittant leur cellule, Paul et ses compagnons se rendirent à la maison de Lydie où ils avaient séjourné à leur arrivée : ils y consolèrent les frères qui y étaient rassemblés et les embrassèrent. Puis ils partirent pour Amphipolis et Apollonie. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Par la suite, ils parvinrent à Thessalonique où ils convertirent une grande multitude de gens en prêchant la Bonne Parole. Les juifs jaloux rassemblèrent quelques méchants hommes et attaquèrent la maison de Jason où habitaient les Apôtres. Ne les ayant pas trouvés, ils s’emparèrent de Jason et de quelques autres frères, et les traînèrent devant les magistrats. Ils les accusèrent de s’opposer à César en invoquant un autre Roi dénommé Jésus. Jason eut bien du mal à se libérer de cette calamité. De leur côté, les saints Apôtres s’étaient cachés en attendant de pouvoir quitter la ville de nuit pour se rendre à Bérée. Mais là aussi, la méchante jalousie des juifs ne laissa pas Paul en paix. En effet, les juifs de Thessalonique apprirent que Paul prêchait aussi la Parole de Dieu à Bérée, et ils vinrent y soulever le peuple contre lui. Le Saint Apôtre dut de nouveau prendre la fuite en direction de la mer, non qu’il eût peur de la mort, mais parce que les frères le priaient instamment de préserver sa vie pour le salut d’une multitude. Silas et Timothée restèrent à Bérée pour affermir la foi des prosélytes, car les juifs en voulaient uniquement à la tête de Paul. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Paul s’embarqua sur un navire en partance pour Athènes. Constatant que cette ville était pleine d’idoles, il fut irrité de voir tant d’âmes se perdre. Il se mit donc à débattre avec les juifs dans les synagogues, et avec les grecs et leurs philosophes sur les places publiques. Ces derniers le conduisirent à l’Aréopage (c’est ainsi qu’on appelait le lieu situé près du temple d’Arès où l’on prononçait les condamnations à mort). Certains avaient dans la tête d’entendre des nouveautés mais d’autres, comme l’a dit Saint Jean Chrysostome, attendaient l’occasion de le livrer au jugement, aux souffrances et à la mort, au cas où ils viendraient à entendre de sa bouche quelque chose qui méritât le châtiment. Il entama son discours par une allusion à un autel d’Athènes dédié à un Dieu inconnu, et leur parla du vrai Dieu qu’ils ne connaissaient pas en disant : « Le Dieu que vous révérez sans le connaître, c’est Celui-là que je vous annonce ! ». Et il leur présenta le Dieu qui avait créé le monde entier. Puis il aborda le sujet du repentir, du jugement et de la résurrection des morts. En entendant parler de résurrection des morts, certains se moquèrent, mais d’autres voulurent en savoir davantage... A l’issue de ce discours, Paul quitta l’Aréopage sans condamnation, et la Parole de Dieu s’appropria quelques âmes : quelques hommes s’attachèrent en effet à l’Apôtre, dont Denis l’Aréopagite, une femme honorable dénommée Damaris, et d’autres qui demandèrent à recevoir le baptême.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Paul quitta ensuite Athènes pour Corinthe où il demeura chez un juif dénommé Aquilas. Timothée et Silas vinrent de Macédoine le rejoindre et c’est ensemble qu’ils servirent la Parole. Aquilas et sa femme Priscilla étaient fabriquants de tentes. Paul apprit leur métier et put ainsi gagner sa nourriture et celle de ses compagnons par le travail de ses mains. Comme il le dira plus tard aux Thessaloniciens : « Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne. C’est dans le travail et la peine que nous avons été nuit et jour à l’oeuvre, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous » (2Thes.,3,8). Chaque samedi, il discutait avec les juifs dans les synagogues, démontrant que Jésus est véritablement le Christ, le Messie. Mais les juifs contestaient et l’injuriaient, si bien qu’il finit par secouer ses vêtements et dire : « Que votre sang retombe sur votre tête ! J’en suis pur ! A présent, je vais chez les païens ! » Comme il s’apprêtait à quitter Corinthe, le Seigneur lui apparut de nuit dans une vision et lui<span style="mso-spacerun: yes"> </span>dit : « Ne crains point car Je suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal car J’ai un peuple nombreux dans cette ville ! ». C’est ainsi que Paul demeura un an et six mois à Corinthe et y enseigna la Parole de Dieu aux juifs et aux grecs. De nombreuses personnes se firent baptiser, notamment Crispus, le chef de la synagogue, qui crut au Seigneur avec toute sa famille. Mais certains juifs s’accordèrent pour attaquer Paul et le traîner au tribunal du frère du philosophe Sénèque, le proconsul Gallion, qui déclara : « S’il avait commis quelque injustice je l’aurais jugé, mais je ne veux pas prendre parti dans les controverses sur les paroles de votre loi ! ». Et il les chassa du tribunal sans juger Paul. Celui-ci demeura encore assez longtemps à Corinthe, puis il embrassa les frères et s’embarqua pour la Syrie avec ses compagnons. Aquilas et Priscilla le suivirent, et ils accostèrent à Ephèse. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Là, ils prêchèrent la Parole de Dieu. Paul accomplit de nombreux miracles, non seulement en imposant les mains aux malades, mais aussi par l’intermédiaire de linges imbibés de sa sueur. On appliquait ces derniers sur des malades qui étaient ainsi guéris de leurs maux ou bien délivrés des démons. Voyant ceci, quelques exorcistes juifs ambulants décidèrent d’invoquer à leur tour le Nom de Jésus pour délivrer une personne possédée par des esprits malins. Ils dirent : « Nous vous conjurons par ce Jésus que Paul prêche ! ». Mais les esprits malins répondirent : « Nous connaissons Jésus et nous savons qui est Paul, mais vous, qui êtes-vous ? » Et le possédé se jeta sur eux, les maîtrisa, les battit, et les blessa de telle manière qu’ils s’enfuirent nus. Cette anecdote fut connue de tout Ephèse, semant la peur chez les juifs, si bien que le Nom de Jésus fut magnifié et que de nombreuses personnes crurent en Lui. Il se trouva même un certain nombre de ceux qui avaient pratiqué l’art de la magie pour venir à la foi : ce faisant, ils rassemblèrent leurs livres de magie et les brûlèrent<span style="mso-spacerun: yes"> </span>aux yeux de tous. Or, la valeur de ces livres fut estimée à cinquante mille pièces d’argent. Ainsi, la Parole de Dieu croissait en puissance.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Après cela, Paul conçut le projet de partir pour Jérusalem et précisa :<span style="mso-spacerun: yes"> </span>« Quand je m’y serai rendu, il conviendra que je voie aussi Rome ! ». Il quitta donc Ephèse après un séjour de trois ans, qui se termina par d’importants désordres provoqués par les adorateurs d’Artémis. Puis il se rendit à Troas avec ses compagnons et y resta sept jours. Alors qu’ils étaient dans cette ville, les disciples se rassemblèrent le premier jour de la semaine pour rompre le pain, après quoi Paul entreprit avec eux un long entretien qui se prolongea jusqu’à minuit. La chambre dans laquelle avait lieu la réunion était fortement éclairée ; un jeune homme s’endormit sur le bord d’une fenêtre, tomba du troisième étage et mourut. Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit : « Ne vous troublez pas ! Son âme est en lui ! ». Il remonta dans la chambre et on ramena le jeune homme vivant. L’entretien se poursuivit jusqu’à l’aube et Paul partit après avoir embrassé les fidèles. Parvenu à Milet, il envoya chercher les anciens de l’Eglise à Ephèse, car il ne voulait pas y retourner lui-même pour ne pas retarder davantage son arrivée à Jérusalem. Comme les anciens arrivaient, il leur dit : « Prenez garde à vous-mêmes, veillez sur tout le troupeau sur lequel l’Esprit Saint vous a établi évêques, et paissez l’Eglise que le Seigneur s’est acquise par son propre sang ! ». Et il leur prédit que des loups cruels s’introduiraient parmi eux après son départ. Il leur parla également du voyage qu’il projetait d’entreprendre : « Je vais à Jérusalem, lié par l’Esprit Saint, sans savoir ce qui m’attend. L’Esprit Saint m’a seulement prévenu que des liens et des tribulations m’attendent. Je ne considère cependant pas ma vie comme précieuse, l’essentiel étant que j’accomplisse avec joie ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur ! » Et comme il ajoutait : « Maintenant, voici que je m’en vais et qu’aucun d’entre vous ne verra plus mon visage ! »,<span style="mso-spacerun: yes"> </span>tous fondirent en larmes, se jetèrent à son cou, l’embrassèrent, s’affligeant de ce qu’il avait dit qu’ils ne reverraient plus jamais son visage, et l’accompagnèrent jusqu’au navire. Il donna à chacun un dernier baiser et commença son voyage. Après avoir traversé de nombreuses villes et régions côtières et avoir mouillé dans plusieurs îles, il accosta à Ptolémaïs et parvint à Césarée. Il logea là chez le Saint Apôtre Philippe, l’un des sept diacres, où il reçut la visite d’un prophète dénommé Agabus. Ce dernier prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains et dit : « Ainsi parle l’Esprit Saint ! Les juifs de Jérusalem lieront ainsi l’homme auquel appartient cette ceinture ! Ils le livreront aux mains des païens ». En entendant cela, les frères en larmes prièrent Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais celui-ci répondit : « Qu’avez-vous à pleurer et me briser le coeur ? Non seulement je veux être lié, mais je suis prêt à mourir à Jérusalem pour le Nom du Seigneur Jésus ! » Les frères se turent, puis conclurent en disant : « Que la volonté de Dieu soit faite! ».<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Sur ce, Paul monta à Jérusalem avec ses disciples, parmi lesquels se trouvait Trophime d’Ephèse, un grec converti au Christ. A Jérusalem, Paul fut reçu avec amour par le Saint Apôtre Jacques, frère du Seigneur, et par tous les fidèles de l’Eglise. Ces jours-là, des juifs d’Asie vinrent à Jérusalem pour la fête. Ils haïssaient Paul et s’étaient élevés partout contre lui en Asie. L’ayant aperçu en ville en compagnie de Trophime d’Ephèse, ils allèrent trouver les grands sacrificateurs, les scribes et les anciens, l’accusant de détruire la loi de Moïse en ordonnant de ne pas se faire circoncire et en prêchant partout le Christ crucifié. Ils s’excitèrent ainsi les uns les autres pour se saisir de lui. Le jour de la fête, les juifs d’Asie le virent dans le temple, l’accusèrent, soulevèrent le peuple contre lui et se saisirent de lui en criant : « Peuple israélite, au secours ! Voici celui qui prêche partout contre notre peuple, contre la loi, contre ce lieu, et qui blasphème ! Il a même profané ce lieu saint en y introduisant des grecs ! » Ils pensaient en effet que Paul était entré au temple avec Trophime. Toute la ville s’agita, les gens accoururent et se saisirent de Paul, le traînèrent hors du temple et fermèrent les portes derrière lui. Leur intention était de le mettre à mort à l’extérieur pour ne pas souiller le lieu saint. A ce moment-là, le tribun de la cohorte qui gardait la ville apprit que tout Jérusalem s’était soulevé. Il accourut avec ses soldats et les centurions. Voyant les soldats et le tribun, les gens cessèrent de frapper Paul. Le tribun ordonna qu’on se saisît de lui, le fit lier par deux chaînes de fer et lui demanda qui il était et quel mal il avait commis. Le peuple criait de le tuer. Le tumulte était tel que le tribun ne put comprendre la faute de Paul. Il fit donc conduire le prisonnier dans la forteresse. Les soldats s’exécutèrent, traversant cette multitude qui réclamait la mort. Alors qu’ils arrivaient sur une hauteur, Paul demanda au tribun l’autorisation de dire quelques mots au peuple, et le tribun la lui accorda. Paul s’adressa au peuple en langue hébraïque en disant : « Frères et pères ! Ecoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense !... ». Et il leur parla de son zèle de jadis pour la Loi de Moïse. Puis il raconta comment, sur le chemin de Damas, il fut illuminé par une lumière céleste et vit le Seigneur qui l’envoya vers les païens. Mais le peuple ne voulut pas écouter plus longtemps et cria au tribun : « Ote de la terre un tel homme ! Il n’est pas digne de<span style="mso-spacerun: yes"> </span>vivre ! » Ils poussèrent des cris, jetèrent leurs vêtements, lancèrent de la poussière en l’air et exigèrent avec fureur la mort de Paul. Le tribun fit entrer ce dernier dans la forteresse et il lui fit donner le fouet pour savoir pour quel motif le peuple criait ainsi contre lui. Pendant qu’on le fouettait, Paul s’adressa au centurion qui se tenait à ses côtés : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Vous est-il permis de battre ainsi de verges un citoyen romain qui n’est même pas <span style="mso-tab-count: 1"></span>condamné ? <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >A ces mots, le centurion s’approcha du tribun et lui dit : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Regarde ce que tu vas faire ! Cet homme est citoyen romain ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Le tribun s’approcha de Paul et lui dit :<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Es-tu romain ?<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Oui !<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de citoyenneté !<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Moi, c’est de naissance !<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Sur ce, le tribun fit délier Paul. Le lendemain matin, il convoqua les principaux sacrificateurs et les anciens et fit appeler le prisonnier. Fixant le sanhédrin du regard, Paul dit : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Frères ! C’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >A ces mots, le souverain sacrificateur Ananie ordonna à ceux qui se tenaient près de Paul de le frapper sur la bouche. Alors Paul lui dit : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger suivant la loi et tu <span style="mso-tab-count: 1"></span>violes la loi en ordonnant de frapper un innocent ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Paul comprit que cette assemblée était composée en partie de pharisiens et en partie de sadducéens, c’est pourquoi il s’écria devant le sanhédrin : <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >- Frères ! Je suis pharisien et fils de pharisien ! C’est à cause de l’espérance dans la <span style="mso-tab-count: 1"></span>résurrection des morts que je suis mis en jugement ! <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Lorsqu’il eut dit cela, une vive discussion s’éleva entre pharisiens et sadducéens et l’assemblée se divisa. Les sadducéens disaient qu’il n’y a pas de résurrection, pas plus que d’ange ni d’esprit, alors que les pharisiens affirmaient le contraire. Une grande clameur ne tarda pas à s’élever, car les pharisiens avouaient ne trouver aucun mal en cet homme alors que les sadducéens pensaient le contraire, et ce fut la discorde. Le tribun, craignant<span style="mso-spacerun: yes"> </span>que Paul ne fut mis en pièces, ordonna de le faire sortir et de le conduire dans la forteresse. La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit : « Prends courage ! De même que tu as témoigné de Moi à Jérusalem, il faut que tu Me rendes témoignage à Rome ! ». <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Le jour suivant, certains juifs ourdirent un complot et firent voeu de s’abstenir de nourriture et de boisson jusqu’à ce qu’ils aient tué Paul. Ils étaient en tout plus de quarante hommes. Ayant eu vent de l’affaire, le tribun envoya Paul sous bonne escorte à Césarée chez le gouverneur Félix. Les principaux sacrificateurs, aussitôt avertis, se rendirent à Césarée pour calomnier Paul devant le gouverneur. Pourtant, ils ne parvinrent pas à obtenir sa mort, car aucune faute justifiant une telle sentence ne pouvait lui être imputée. Toutefois, le gouverneur garda Paul en prison pour être agréable aux juifs. Deux ans s’écoulèrent ainsi, jusqu’à ce que Félix fût remplacé par Porcius Festus. Les principaux sacrificateurs demandèrent au nouveau gouverneur d’envoyer Paul à Jérusalem, en préparant un guet-apens pour le tuer en chemin. Festus demanda à Paul s’il voulait se rendre à Jérusalem pour y être jugé et celui-ci répondit : « Je me trouve ici devant le tribunal de César où je dois être jugé. Si j’ai commis quelque crime méritant la mort, je ne refuse pas de mourir. Mais si on ne trouve pas en moi ce qui a poussé ceux de Jérusalem à me calomnier, alors personne ne pourra me livrer à eux car j’en appelle à César ». Sur ce, Festus délibéra avec le conseil puis déclara à Paul : « Tu en as appelé à César, tu iras devant César ! ». <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Quelques jours plus tard, le roi Agrippa arriva à Césarée et demanda à voir Paul. Une fois devant lui et Festus, Paul parla du Seigneur Christ, et leur raconta comment il avait été amené à la foi. Comme Agrippa lui disait : « Encore un peu et tu vas faire de moi un chrétien ! », Paul rétorqua : « Qu’il s’en faille de peu ou de beaucoup, plaise à Dieu que non seulement toi, mais tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui deviennent tels que je suis moi-même, à l’exception de ces chaînes ! ». Sur ces paroles, le roi, le gouverneur et leur suite se retirèrent en se disant les uns aux autres : « Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la<span style="mso-spacerun: yes"> </span>prison ! ». Agrippa dit à Festus : « Cet homme aurait pu être relâché, s’il n’en avait pas appelé à César ! ». C’est ainsi qu’on décida d’envoyer Paul à Rome devant César et qu’il fut remis avec d’autres prisonniers entre les mains du centurion Julius de la cohorte Augusta. Ils embarquèrent sur un navire et le voyage commença. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >La route ne fut pas sans difficultés, à cause des vents contraires. Parvenus en vue de la Crète et d’un lieu dénommé <i style="mso-bidi-font-style: normal">Bons-Ports</i>, Paul devina l’avenir et suggéra de s’arrêter là pour passer l’hiver. Mais le centurion préféra écouter l’avis du timonier et de l’armateur, et ils continuèrent leur route. De nouveau en pleine mer, une tempête très violente s’éleva. On ne vit ni le soleil ni les étoiles pendant deux semaines, au point de perdre toute idée de l’endroit où l’on se trouvait. Malmenés par les vagues, désespérés, les voyageurs ne mangeaient rien, attendant la mort. Le navire comptait en tout deux cent soixante-seize âmes. Une nuit Paul les consola : « Mes amis, il aurait fallu m’écouter et ne pas quitter la Crète ! Toutefois, je vous exhorte à ne pas perdre courage car aucun de vous ne périra. Seul le navire sera perdu. Cette nuit, un ange de Dieu m’est apparu et m’a dit : <i style="mso-bidi-font-style: normal">Ne crains pas, Paul, il faut que tu comparaisses devant César et voici que Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi</i>. C’est pourquoi, mes amis, rassurez-vous ! J’ai confiance en Dieu qu’il en sera ainsi ». Puis il les exhorta à prendre un peu de nourriture et ajouta : « Ne craignez pas, car pas un cheveu de vos têtes ne sera perdu ! ». Ayant dit cela, il prit du pain, rendit grâce à Dieu et mangea. Tous, réconfortés, prirent un peu de nourriture. Comme le jour se levait, ils aperçurent la terre sans toutefois savoir de quel lieu il s’agissait. Ils dirigèrent le navire vers la côte. Parvenu près du rivage, le navire s’échoua. La proue, prise sur un récif, s’immobilisa, tandis que la poupe se brisait sous la violence des vagues. Les soldats se concertèrent pour tuer les prisonniers afin qu’aucun d’eux ne s’enfuît, mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les empêcha d’exécuter leur dessein et ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter à l’eau les premiers pour gagner la terre. Les autres quittèrent le navire à leur suite, qui sur des planches, qui sur des débris flottants. Tous atteignirent vivants la terre. Ils apprirent que l’île sur laquelle ils avaient échoué s’appelait Malte. Les barbares qui peuplaient l’île leur témoignèrent beaucoup de bienveillance. Ils firent un grand feu à cause du froid et de la pluie qui tombait, pour permettre aux naufragés de se réchauffer. Comme Paul ramassait des broussailles pour alimenter le feu, une vipère, réveillée par la chaleur, se suspendit à sa main. Quand les barbares virent le serpent suspendu à la main de Paul, ils se dirent : « Assurément, cet homme est un meurtrier puisque la justice de Dieu n’a pas voulu le laisser vivre après qu’il eût été sauvé de la mer ! » Mais Paul secoua le serpent dans le feu sans subir aucun mal. Les gens pensaient le voir enfler et mourir sous l’effet du venin. Après avoir attendu longtemps sans que rien ne se produisît, ils changèrent d’avis et pensèrent qu’ils avaient affaire avec un dieu.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Le personnage principal de l’île, un certain Publius, reçut les naufragés et s’occupa d’eux pendant trois jours. Son père, souffrant des intestins et de la fièvre, était alité. Entrant chez lui, Paul pria le Seigneur, lui imposa les mains et le guérit. Là-dessus, les autres malades de l’île accoururent et furent tous guéris par Paul. Ils séjournèrent trois mois dans l’île, puis prirent un autre navire qui les conduisit à Syracuse, et de là à Rhegium (Reggio) et à Puteoli (Pouzzoles), après quoi ils atteignirent Rome.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Apprenant l’arrivée de Paul, les frères de Rome vinrent à sa rencontre jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois-Cavernes. Paul se réjouit en les voyant, et rendit grâce à Dieu. A Rome le centurion qui accompagnait les prisonniers depuis Jérusalem les remit au stratège, qui permit à Paul d’habiter seul, sous la garde d’un seul soldat. Paul résida ainsi à Rome deux ans, recevant tous ceux qui venaient lui rendre visite et prêchant le Royaume de Dieu et tout ce qui concerne notre Seigneur Jésus-Christ, sans obstacle et avec grande audace.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Tout ce que nous avons raconté jusqu’ici de la vie et des labeurs de Saint Paul nous vient des actes des Apôtres écrits par Saint Luc. Il parle lui-même de ses souffrances ultérieures dans l’épître aux Corinthiens : « Pour les travaux, bien plus, pour les coups bien plus, pour les emprisonnements, bien plus. Souvent en danger de mort; cinq fois j’ai reçu des juifs quarante coups moins uns, trois fois j’ai été battu de verges, une fois lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme, et souvent j’ai cheminé sur les routes ». De même qu’il avait arpenté la terre et la mer dans toutes ses dimensions au cours de ses voyages, il contempla l’Auteur Divin en étant ravi jusqu’au troisième ciel. Car le Seigneur, pour consoler son Apôtre des pénibles labeurs supportés en Son Nom, lui révéla les biens célestes que l’oeil n’a point vus, et lui fit entendre des paroles ineffables qu’il n’appartient pas à l’homme de rapporter.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Eusèbe de Pamphylie, évêque de Césarée de Palestine, a copié les actes de l’Eglise. Il nous a laissé le récit des derniers exploits du Saint Apôtre Paul. Il raconte qu’après avoir été incarcéré deux ans à Rome, il fut finalement déclaré innocent et libéré. Par la suite, il prêcha la Parole de Dieu tant à Rome que dans d’autres régions d’occident. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Saint Siméon Métaphraste rapporte qu’après son emprisonnement, Saint Paul resta encore quelques années à Rome pour y prêcher le Christ, puis quitta la capitale pour entreprendre des voyages en Gaule, en Espagne et en Italie, éclairant de la lumière de la foi les nombreux païens qu’il tirait du leurre des idoles. Alors qu’il était en Espagne, une femme noble et riche qui avait entendu parler de la prédication des Apôtres voulut le voir, et exhorta son mari Probus à inviter le saint chez eux. Alors que Saint Paul entrait dans leur demeure, cette femme, dénommée Xanthippe, vit sur le front de l’Apôtre cette inscription en lettres d’or : <i style="mso-bidi-font-style: normal">Paul, Apôtre du Christ</i>. Ayant vu ce que personne d’autre ne put voir, elle se jeta avec crainte aux pieds de l’Apôtre, confessa le Christ comme seul vrai Dieu, et demanda le baptême. Elle<span style="mso-spacerun: yes"> </span>le reçut donc, suivie de son mari Probus, de toute leur maison, du gouverneur de la ville, et de nombreuses autres personnes. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Après avoir visité ces pays occidentaux et les avoir éclairés de la lumière de la sainte Foi, Paul revint à Rome d’où il écrivit une lettre à son disciple Timothée en disant : « Je sers déjà de libation et le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais m’est réservée la couronne de justice que le Seigneur me donnera ce jour-là ! ». <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Le supplice du Saint Apôtre est décrit de manières différentes par les divers auteurs ecclésiastiques. Nicéphore Kalliste dans son livre d’histoire écclésiastique, ch.56, écrit que Saint Paul souffrit la même année et le même jour que le Saint Apôtre Pierre en aidant ce dernier à vaincre le mage Simon. Saint Siméon Métaphraste rapporte, quant à lui, que Saint Paul souffrit plusieurs années après la mort de Simon le mage, pour avoir converti deux concubines de Néron à une vie pure. D’autres auteurs disent bien que les deux Apôtres souffrirent le même jour, un 29 juin, mais à un an d’intervalle, Paul l’année qui suivit celle où Pierre fut crucifié. On raconte aussi que Paul fut mis à mort pour avoir exhorté les femmes et les vierges à mener une vie chaste et pure. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Quoi qu’il en soit, comme Saint Paul et Saint Pierre vécurent plusieurs années ensemble à Rome et en occident, il est tout à fait possible que Paul soit venu aider Pierre à Rome dans son combat contre le mage Simon au cours de son premier séjour à Rome, puis, au cours d’un second séjour, l’ait de nouveau aidé dans son oeuvre de salut en enseignant aux hommes ainsi qu’aux femmes à mener une vie chaste et pure. Ces exhortations rendirent furieux l’empereur Néron, homme impie et mauvais, si bien qu’il fit rechercher les deux Apôtres pour les mettre à mort. Pierre, en tant qu’étranger, fut crucifié, et Paul, en tant que citoyen romain, fut condamné à avoir la tête tranchée, car il ne convenait pas qu’il mourût de manière honteuse. On ne sait pas s’ils moururent la même année, mais en tout cas, leurs morts eurent lieu toutes les deux un vingt-neuf juin. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Quand la sainte tête de Paul fut tranchée, il en coula du sang et du lait. Les fidèles prirent son saint corps pour le déposer au même endroit que celui de Saint Pierre. C’est ainsi que mourut le vase élu du Christ, le maître des païens, le prédicateur universel, le visionnaire des hauteurs célestes et des biens du Paradis, offrant aux anges et aux hommes un spectacle étonnant. Grand ascète et grand-souffrant, Paul porta dans son corps les marques de son Seigneur, lui le prince des Apôtres, et fut de nouveau placé, cette fois-ci sans son corps, au troisième ciel, pour y être présenté à la Lumière Trinitaire avec son collaborateur et ami, cet autre prince des Apôtres, le Saint Apôtre Pierre. Ils quittèrent ainsi l’Eglise qui crie vers Dieu pour l’Eglise victorieuse, et fêtèrent dans les acclamations et la joie du témoignage et de la glorification, le Père, le Fils et le Saint Esprit, Dieu Un dans la Trinité, auquel il convient que nous pécheurs, nous offrions honneur, gloire, adoration et gratitude, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.<span style="mso-spacerun: yes"> </span><o:p></o:p></span></p><span style="FONT-FAMILY: 'Times New Roman'; FONT-SIZE: 12pt; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-: FRfont-family:'Times New Roman';font-size:10;" >@#@#@</span>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-21114908634756661552009-09-28T10:31:00.001-07:002009-09-28T10:52:46.897-07:00LE CHEMIN<a href="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SsD36K76nCI/AAAAAAAAAio/bC3BDNTnELw/s1600-h/Mandilion.jpg"><img style="MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 262px; FLOAT: left; HEIGHT: 320px; CURSOR: hand" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5386577733075246114" border="0" alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SsD36K76nCI/AAAAAAAAAio/bC3BDNTnELw/s320/Mandilion.jpg" /></a><br /><p style="TEXT-ALIGN: center; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal" align="center"><span class="Apple-style-span" style="font-size:15;">(Article extrait du <i style="mso-bidi-font-style: normal">Trésor spirituel</i> de Saint Tikhon de Zadonsk)<span class="Apple-style-span" style="font-size:16;"> </span></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Chrétiens ! Notre vie est comme un chemin, qui relie un village à un autre, une ville à une autre. Notre vie est un chemin que nous suivons en permanence. Que nous dormions ou que nous veillions, nous le suivons toujours. Nous l’empruntons à notre naissance et nous le quittons à notre mort. Pour certains, ce chemin est très long, pour d’autres il est très court, mais quoi qu’il en soit, sa fin n’est connue de personne. Nous ne savons pas quand nous atteindrons le terme de notre route. Ainsi en a décidé le Seigneur qui pourvoit à tout, afin que nous soyons toujours dans l’attente de la fin, et que nous nous y préparions. <?xml:namespace prefix = o /><o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Certains chemins sont larges et spacieux, d’autres étroits et resserrés. Il en va de même du chemin de notre vie. Mais examinons ce que sont ces chemins, spacieux ou étroit, et nous comprendrons vers quel terme l’un et l’autre conduit.<o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Sur le chemin spacieux se trouve l’incroyance, sur le chemin étroit se trouve la foi vivante. Sur le chemin spacieux l’absence de crainte, sur le chemin étroit la crainte de Dieu. Sur le chemin spacieux la volonté propre et la désobéissance, sur le chemin étroit la soumission et l’obéissance. Sur le chemin spacieux l’amour de soi sans limite, sur le chemin étroit l’amour de Dieu et du frère. Sur le chemin spacieux l’amour des vanités du monde, sur le chemin étroit la fuite de ces vanités. Sur le chemin spacieux la recherche des honneurs, de la gloire et des richesses, sur le chemin étroit le mépris de toutes ces choses. Sur le chemin spacieux le luxe et la concupiscence, sur le chemin étroit la tempérance, le jeûne, et l’abstinence. Sur le chemin spacieux l’orgueil et le faste, sur le chemin étroit l’humilité. Sur le chemin spacieux les péchés et les iniquités, sur le chemin étroit les vertus. Sur le chemin spacieux la dépravation, l’adultère et toutes les impuretés, sur le chemin étroit l’innocence et la pureté. Sur le chemin spacieux l’ivrognerie et l’indécence, sur le chemin étroit la sobriété et la décence. Sur le chemin spacieux le vol, le rapt, le pillage, la violence et toutes les injustices, sur le chemin étroit l’éloignement de tout cela et l’accomplissement de la justice. Sur le chemin spacieux la colère, la fureur, la rancune, la vengeance en actes et en paroles, sur le chemin étroit le mépris de la vengeance, la douceur et la patience. Sur le chemin spacieux la dureté, la férocité et la cruauté, sur le chemin étroit la miséricorde et la compassion. Sur le chemin spacieux la calomnie, le mépris, le jugement et les outrages infligés au prochain, sur le chemin étroit l’abstention de tout cela et un silence raisonnable. Sur le chemin spacieux le mensonge, la malignité, la ruse et l’hypocrisie, sur le chemin étroit la candeur et des paroles qui correspondent aux pensées. Sur le chemin spacieux les paroles, les actes et les pensées contraires à la volonté de Dieu, sur le chemin étroit le repentir sincère et ses fruits, les bonnes actions. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Tu vois donc, chrétien, comment sont les chemins de nos vies ! Le chemin spacieux, contraire à Dieu, Lui est désagréable. Le chemin étroit en revanche, Lui est agréable, car il s’accorde à Sa sainte volonté. Le chemin spacieux conduit l’homme à la perdition, tandis que le chemin étroit le conduit à la vie. <o:p></o:p></span></p><br /><p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 8.5pt; MARGIN-LEFT: 8.5pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-SIZE: 12pt;font-size:10;" >Satan attire et conduit chacun d’entre nous vers le chemin spacieux, mais le Christ Sauveur, qui a souffert et est mort pour chacun d’entre nous, nous rappelle sur le chemin étroit.<span style="mso-spacerun: yes"> </span>Réfléchis ! Qui faut-il écouter, le Christ, ou Satan ? Quel chemin faut-il suivre ? le chemin spacieux qui mène à la perdition, ou le chemin étroit qui conduit à la vie ? Le Christ notre Seigneur veut te conduire à la vie éternelle, Lui qui t’aime et t’a libéré. Mais Satan, ton ennemi, veut te conduire avec lui à la perdition. Ecoute les paroles de ton Sauveur, qui méritent l’attention, retiens-les dans ton coeur, et instruis-toi auprès d’elles ! Sois attentif à toi-même, ainsi qu’à ce qu’elles disent : <i style="mso-bidi-font-style: normal">Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il y en est beaucoup qui s’y engagent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent.</i> (Mt.7,13-14) Et le Saint Apôtre ajoute à cela :<i style="mso-bidi-font-style: normal"> Il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume des Cieux. </i>(Act.14,22) <i style="mso-bidi-font-style: normal">Conduis-moi, Seigneur, dans Ta voie, et je marcherai dans Ta vérité ; que mon coeur trouve sa joie à craindre Ton Nom. </i>(Ps.85,11) Et qu’enseigne à son tour le Psaume 118 ? Il nous enseigne comment prier, afin que le Seigneur nous enseigne Lui-même Sa voie, nous y maintienne, et nous conduise toujours sur elle.<o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-86268932321072691502009-09-14T10:52:00.000-07:002009-09-14T10:58:24.319-07:00L’ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU "DE JERUSALEM"<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/Sq6EOPCclwI/AAAAAAAAAig/zVA_rjp0VuM/s1600-h/DSC00112.JPG"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 240px;" src="http://1.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/Sq6EOPCclwI/AAAAAAAAAig/zVA_rjp0VuM/s320/DSC00112.JPG" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5381383984844150530" /></a><br /><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://4.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/Sq6D91xMClI/AAAAAAAAAiY/jcHzRNNrsPY/s1600-h/Dsc00111.jpg"><br /></a><br /><p class="MsoTitle" style="margin-left:8.5pt"><br /></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="margin-left:8.5pt;text-align:center; text-indent:8.5pt"><b><br /></b></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">D’après une pieuse tradition, le prototype de l’icône de la Mère de Dieu <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> a été peint par le Saint Apôtre Luc à Gethsémani quinze ans après l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’empereur Léon le Grand fit transporter l’icône à Constantinople, afin de l’installer dans l’église consacrée à la Mère de Dieu <i style="mso-bidi-font-style:normal">de la Source</i>. Plus tard, au temps de l’empereur Héraclius, Constantinople fut attaquée par les Scythes, et le salut de la ville fut obtenu par les prières du peuple grec devant l’icône de la Mère de Dieu <i style="mso-bidi-font-style: normal">de Jérusalem</i>. Après cette manifestation miraculeuse de la miséricorde de la Reine des Cieux, le pieux empereur ordonna que la sainte icône fût transportée dans l’église des Blachernes, où elle demeura près de trois cents ans.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Au début du X<sup>ème</sup> siècle, les russes firent campagne contre Constantinople et emportèrent l’icône de la Mère de Dieu <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> à Cherson. Par la suite, après son baptême dans cette même ville, le prince Vladimir emporta l’icône à Kiev. Plus tard, les habitants de Novgorod reçurent la foi chrétienne, et le grand prince leur envoya l’icône comme bénédiction. Elle résida plus de quatre cents ans dans la cathédrale Sainte-Sophie.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Au milieu du seizième siècle, Novgorod tomba entre les mains du tsar Ivan le Terrible qui fit transporter l’icône <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> à Moscou, où elle fut déposée dans la cathédrale de la Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Lors de l’invasion des français en 1812, l’icône fut volée et emportée à Paris. On suppose qu’elle se trouve aujourd’hui à la cathédrale Notre-Dame.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="margin-left:8.5pt;text-align:center; text-indent:8.5pt"><b style="mso-bidi-font-weight:normal"><i style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La copie de Moscou</span></i></b><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">On garde à Moscou, dans la cathédrale de la Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu, une copie de l’icône <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> qui provient de l’église de la Nativité de la Mère de Dieu </span><i style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-family:Cyrillic;font-size:10.0pt;">yf</span></i><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-family:Cyrillic;font-size:10.0pt;"> <i style="mso-bidi-font-style: normal">ctyz</i></span><i style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">x</span></i><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">. Sur les côtés de cette copie sont représentés les Saints Apôtres Pierre, Paul, Luc, Simon, Philippe, Mathieu, Marc, Jacques, Thomas et Barthélémy, ainsi que les saints martyrs Procope, Georges et Mercure.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="margin-left:8.5pt;text-align:center; text-indent:8.5pt"><b style="mso-bidi-font-weight:normal"><i style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La copie de Constantinople</span></i></b><i style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p></o:p></span></i></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Une autre copie de l’icône <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> fut transportée de Jérusalem à la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople, où elle demeura du XII<sup>ème</sup> au XV<sup>ème</sup> siècle. Selon certaines sources, une église consacrée à cette icône existait dans la ville aux XI<sup>ème</sup> et XII<sup>ème</sup> siècles. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="margin-left:8.5pt;text-align:center; text-indent:8.5pt"><b style="mso-bidi-font-weight:normal"><i style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La copie de Krivoezerskaïa Poustynia,<o:p></o:p></span></i></b></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="margin-left:8.5pt;text-align:center; text-indent:8.5pt"><b style="mso-bidi-font-weight:normal"><i style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>dans le gouvernement de Kostroma<o:p></o:p></span></i></b></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le monastère Krivoezersk fut fondé en 1644, au temps du patriarche Joseph. Il fit parler de lui en 1709 et dans les années qui suivirent, quand fut peinte l’icône miraculeuse de la Mère de Dieu <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i>. Cette icône resta dans le monastère par la suite.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">En cette année 1709, plusieurs amateurs de solitude et d’exploits ascétiques vinrent s’établir au monastère, et parmi eux Cyrille Oulanov, iconographe du tsar, qui y fut tonsuré sous le nom de Corneille. Avant son arrivée, le père Corneille avait déjà le désir de faire une copie de l’icône miraculeuse <i style="mso-bidi-font-style: normal">de Jérusalem</i> de la cathédrale de la Dormition de la Mère de Dieu à Moscou. Aussi se mit-il tout de suite au travail. Ecoutons le récit de l’higoumène Léonce :<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">« Comme je vivais à Pérerva, village situé dans un méandre de la Moscova, dans le monastère consacré à la Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu et à Saint Nicolas, la pensée me vint de procurer une perle de grand prix, un riche trésor au monastère de Krivoezersky, situé près de Iourevets-Polosk : je désirais convaincre un bon iconographe de réaliser à Moscou une copie de la très glorieuse et miraculeuse icône <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> de notre Tout-Puissant Intercesseur, la Protectrice des chrétiens, la Toute-Pure Souveraine, la Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie. J’étais poursuivi par ce désir tenace qui malmenait mon âme, et je me rendais fréquemment à la cathédrale de la Dormition de la Mère de Dieu pour vénérer avec componction l’icône miraculeuse. J’élevais vers notre Toute-Pure et miséricordieuse Protectrice des prières ardentes afin qu’Elle eût pitié de nous et qu’Elle voulût bien donner à Son monastère de Krivoezersk la même image divine que celle de la cathédrale de Moscou, par le moyen qu’Elle et son Fils choisiraient.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Je ne sais comment cela se fit, mais un an plus tard, sans doute par la volonté de Dieu et de Sa Mère, j’avais totalement oublié ce désir, et sa pensée n’effleurait même plus mon esprit.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">En 1709, je vivais toujours au monastère Saint-Nicolas de Pérerva. Un beau jour, j’entendis des habitants de Iourevets raconter qu’un certain Cyrille Oulanov, originaire de Moscou et pieux iconographe du tsar, venait d’être tonsuré au monastère Krivoezersky sous le nom de Corneille. On disait qu’il avait peint une icône <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> de notre Toute-Sainte Souveraine, la Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie pour la cathédrale du monastère, dédiée à la Sainte et Vivifiante Trinité. L’icône, de dimensions légèrement moindres que celle de Moscou, était, disait-on, très belle, et tout à fait étonnante. En entendant ce récit, je m’étonnai de la miséricorde de Dieu et de la bienveillance de la Reine des Cieux. Je me remémorai mon désir passé de voir peinte une copie de l’icône de Moscou pour le monastère Krivoezersky. Dans une joie ineffable, je me précipitai à Moscou pour vénérer l’icône de la cathédrale de la Dormition de la Mère de Dieu, et rendre grâce à la Protectrice des chrétiens et à son Fils notre Dieu. Dieu avait manifesté Sa bienveillance à l’égard du monastère de Krivoezersk ! Plus tard, j’entendis que le père Corneille avait quitté le monastère de Krivoezersk peu de temps après avoir peint l’icône ! Tout s’était donc passé comme s’il avait été envoyé dans ce monastère uniquement pour accomplir cette oeuvre ! Ce fut pour moi une nouvelle occasion de glorifier Dieu et notre Très Sainte Souveraine.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Il faut dire qu’à cette époque, je n’avais nullement l’intention de m’établir au Désert de Krivoezersk. Je ne caressais d’ailleurs pas plus l’espoir de voir la divine icône qui venait d’y être peinte. Je me disais seulement à moi-même : Gloire à Dieu et à Sa Mère ! Par la providence divine, un trésor a été offert à ce monastère !<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">En 1711, il advint que la volonté de Dieu et la demande des moines du monastère me placèrent au poste d’higoumène de Krivoezersk. A peine arrivé de Moscou, j’entrai dans l’église pour voir ce divin trésor que j’avais tant désiré, cette gloire et cette joie des chrétiens, l’icône <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> de notre Souveraine et Mère de Dieu. Comme mon âme se réjouit alors d’avoir été digne de la voir et de la vénérer ! <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’icône fut solennellement bénie cette année-là, le 20 août, peu après la Dormition, et une fête spéciale fut instaurée en son honneur. L’higoumène et toute sa communauté promirent à Dieu de renouveler cette vénération solennelle chaque année, en souvenir du don de Dieu. On souhaitait ainsi rendre grâce à notre Dieu glorifié dans la Trinité et à Sa Mère miséricordieuse pour l’attribution au monastère de cette perle sans prix, et pour l’élan inconcevable de leur bienveillance.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Il n’est pas inutile de dire ici deux mots sur le moine Corneille. A peine tonsuré, il se mit très vite à peindre l’icône de notre Souveraine, la Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie, portant dans ses bras divins son Enfant, son Fils et son Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ. Comme il convient aux moines nouvellement tonsurés, il vivait dans la piété, la crainte, et la tempérance, respectant la tradition des Saints Pères qui commande de jeûner pendant quarante jours. Par l’intercession de la Toute-Pure Mère de Dieu, Dieu lui accorda une telle componction que ses larmes coulaient en permanence tandis qu’il peignait les traits doux et divins de la Reine des Cieux et de son Fils, le Très-Doux Jésus. Il s’abstenait de toute conversation pendant son travail, et priait constamment notre Protectrice d’avoir pitié de lui, afin que son oeuvre le conduisît avec tout le monastère à la joie et au salut. Cette componction animait toutes ses prières, de jour comme de nuit. Avec l’aide de Dieu et de Sa Mère Toute-Pure, il termina la divine icône. Le résultat fut si beau, si inattendu, qu’il en fut surpris et saisi de crainte. Il glorifia Dieu et Sa Mère Toute-Pure pour leur miséricorde. Avant même la fin de la période de quarante jours suivant la tonsure, les hiéromoines du monastère purent venir chercher l’icône achevée dans sa cellule, et la porter<span style="mso-spacerun:yes"> </span>joyeusement à l’église. Aujourd’hui encore, lorsqu’il pense au temps où il peignit cette icône, son âme se remplit de mansuétude et de joie.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Il <i style="mso-bidi-font-style:normal">faut </i>donc croire que cette icône miraculeuse de la Toute-Sainte Mère de Dieu <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> a été peinte par un effet tout particulier de la providence de Dieu et de Sa Mère Toute-Sainte ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">A partir de 1711, à la suite d’une demande des habitants de la région qui la vénéraient beaucoup, on prit l’habitude d’amener l’icône dans les églises paroissiales et chez les habitants pour des offices d’actions de grâce. Cette coutume fut confirmée en 1720 par Monseigneur Pitirim, archevêque de Nijni-Novgorod.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">La première glorification attestée de la sainte icône eut lieu en 1781. Le 22 décembre de cette année-là, un grand incendie éclata au monastère. Il gagna rapidement tous les édifices, en particulier l’église en bois de Saint Nicolas et son clocher. Puis il atteignit l’église en pierre dédiée à la Sainte Trinité et son clocher, sous les yeux des frères impuissants à maîtriser les éléments déchaînés. C’était avec horreur qu’ils regardaient des morceaux</span><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-family:Cyrillic;font-size:10.0pt;"> </span><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">de l’église s’embraser et partir en fumée. L’incendie gagnait tout l’édifice, exposant la sainte icône à une inévitable destruction. Pourtant, bien que le feu eût pénétré à l’intérieur, l’église resta entière. Les icônes furent endommagées et couvertes de suie, les peintures boursouflées, mais l’icône <i style="mso-bidi-font-style: normal">de Jérusalem</i> fut épargnée, demeurant aussi lumineuse, claire et propre qu’auparavant. On put seulement observer sur le poignet de la main gauche de la Toute-Pure la cloque d’une brûlure, qui s’atténua avec le temps tout en restant visible, comme pour attester que la main avait souffert.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le 4 juillet 1859, à onze heures, un incendie se déclara chez un habitant de Iourevets-Polosk, dénommé Alexandre Lougovsky, à cause de l’imprudence d’un ouvrier. Comme un vent fort soufflait à ce moment-là, le feu se propagea sur les demeures environnantes, et quatorze propriétaires perdirent leur maison et leurs biens. Il semblait inévitable que l’incendie gagnerait les autres maisons et les trois églises proches, car le vent attisait le feu et projetait des étincelles au loin. Les toits de certains bâtiments commençaient d’ailleurs à prendre feu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais voici que le Seigneur Dieu voulut bien manifester Sa miséricorde aux pécheurs. Il se trouvait qu’en ce temps-là la cathédrale de la ville accueillait la précieuse icône de la Mère de Dieu <i style="mso-bidi-font-style:normal">de Jérusalem</i> du monastère de Krivoezersk. Les habitants de Iourevets avaient en effet réclamé la sainte et très vénérable icône pour une procession autour de la ville. Tous les moyens déployés contre l’incendie s’avérant inefficaces, les habitants demandèrent au recteur de la cathédrale de bien vouloir conduire l’icône sur les lieux. Comme on l’apportait avec tous les honneurs qui lui sont dus, le vent tourna du nord-est au nord-ouest et les étincelles cessèrent de pleuvoir sur la ville. Le feu semblant s’apaiser, on rapporta l’icône à la cathédrale. Cependant, à la surprise générale, le vent se remit à souffler du nord-ouest, l’incendie reprit de plus belle, et les étincelles menacèrent de nouveau la ville. Les habitants, mesurant à ce miracle la protection et l’intercession de la Mère de Dieu, firent revenir la sainte icône. Le vent tourna de nouveau. Cette fois, on garda l’icône sur les lieux jusqu’à ce que le feu fût complètement éteint. Les habitants de la ville, tous témoins du miracle, insistèrent pour que celui-ci fût publié, comme témoignage pour les générations à venir. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">L’intercession de la Mère de Dieu ne se limitait pas aux incendies. Elle s’imposa également au cours des épidémies de choléra qui tombèrent sur Krivoezersk et ses environs en 1848 et 1853. Partout où on portait la sainte icône, la contagion cessait, ou bien les effets mortels disparaissaient. Il en allait de même dans les cas d’épizootie, tant au monastère que dans les villages des environs. Il y eut aussi des cas de guérisons de malades, notamment de deux jeunes filles qui participaient à des processions avec l’icône miraculeuse.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="margin-left:8.5pt;text-align:center; text-indent:8.5pt"><b style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-tab-count: 1"> </span><i style="mso-bidi-font-style:normal">La copie du monastère russe<o:p></o:p></i></span></b></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="margin-left:8.5pt;text-align:center; text-indent:8.5pt"><b style="mso-bidi-font-weight:normal"><i style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>Saint-Pantéléimon, au Mont Athos<o:p></o:p></span></i></b></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>Cette sainte icône repose dans un cadre recouvert de verre, situé<span style="mso-tab-count:1"> </span>au-dessus des portes royales de la cathédrale de l’Intercession de la Toute-Sainte Mère de Dieu. On a coutume de la faire descendre à certaines occasions avec le large ruban de velours brodé à son tropaire sur lequel elle est suspendue, pour l’offrir à la vénération. Elle fut peinte en 1825 au monastère Krivoezersky par le hiérodiacre Nikon (Nil dans le grand habit), qui l’envoya en cadeau au monastère Saint-Pantéléimon en 1850. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Sur cette icône, la Toute-Sainte Vierge tient l’Enfant-Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, sur Son bras droit, contemplant Celui qui repose sur elle comme sur un trône de gloire. Le Seigneur bénit de Sa main droite, les doigts repliés formant les lettres IC. Sa main gauche tient un rouleau. Sur les bords de l’icône sont représentés Saint Joachim et Sainte Anne, les parents de la Sainte Vierge Marie. Au verso, on peut trouver une inscription disant que l’icône a été peinte par le hiéromoine Nikon du monastère Saint-Nil-de-la-Sora, qui a voulu, à la suite d’une incitation particulière de la providence, témoigner de son zèle pour le monastère russe du grand martyr et anargyre Pantéléimon, et pour la bienveillance de Dieu et de la Toute-Sainte Mère de Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-left:8.5pt;text-align:justify;text-indent: 8.5pt"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">Dès que l’icône parvint au monastère, on envoya une lettre au hiéromoine Nikon pour lui demander d’expliquer, si possible, quelle avait été cette incitation particulière. Par la lettre du 12 décembre 1852, Père Nikon raconte que trente ans auparavant, alors qu’il était encore hiérodiacre et vivait dans le désert de Krivoezersk, il avait été impressionné par les miracles de l’icône du monastère. Il décida d’en peindre une copie conforme, excepté en ce qui concerne les dimensions. Lors de la bénédiction de l’icône, il y eut un signe, une prophétie qui s’accomplit clairement, et par la suite, d’autres manifestations de la grâce. Plus tard, il partit, selon la volonté de Dieu, s’installer au monastère Saint-Nil, alors presque déserté. L’icône ne le quittait jamais. Elle lui servait de baume pour l’âme et pour le coeur dans les tribulations. La grâce de l’icône guérissait les maladies, protégeait du feu... Il n’avait jamais eu l’intention de s’en séparer, mais la providence de Dieu et de Sa Mère Toute-Sainte en avait décidé autrement. Il priait les pères du monastère Saint-Pantéléimon de le croire, et de ne pas douter que l’icône leur avait bien été envoyée par Dieu et par la bienveillance de la Reine des Cieux. Il demandait aussi qu’on n’exigeât pas de lui plus de détails. Toutefois, afin qu’ils ne se sentent pas offensés, il ajoutait à la fin de sa lettre le récit d’un songe qu’il avait eu deux mois avant l’envoi de l’icône : « Il me semblait voir la Sainte Montagne de l’Athos. Je commençais à en gravir les pentes, accompagné d’une personne qui me servait de guide et prétendait s’être déjà rendue au Mont Athos. Nous nous approchâmes d’un escarpement rocheux ; il n’est pas de mot pour dire combien il était difficile d’en faire l’ascension. Mon compagnon grimpait avec facilité, et moi, avec crainte et force peine. Nous parvînmes toutefois jusqu’en un certain lieu où mon guide devint invisible. J’ai dans l’idée que ce guide n’était autre que mon ancien, Saint Nil de la Sora. Il me paraissait tout à fait impossible de continuer à grimper sur ces rochers. La crainte me gagna. Je poursuivis quand même et parvins sur un promontoire où se tenait une église. Mon âme et mon coeur s’emplirent de joie,<span style="mso-spacerun:yes"> </span>de révérence et de crainte : j’aperçus près de l’entrée de l’église une Femme extraordinairement belle, vêtue d’habits blancs comme la neige. Son regard était amical et tendre. Elle dit, en me voyant : ‘Heureusement, tu es venu vite !’ Puis Elle me donna sur une cuillère un liquide blanc comme le lait, au goût ineffablement doux. « Prends, tu en as besoin, tu es fatigué » Cette Femme divine prononça ensuite des paroles indicibles et m’ordonna d’envoyer ma sainte icône au monastère russe du Mont Athos. Après l’envoi de l’icône, tout ce que la Souveraine m’avait promis s’accomplit : le skite du monastère Saint-Nil-de-la-Sora fut déclaré indépendant, l’église dédiée à Saint Jean le Précurseur sur le lieu où avait vécu Saint Nil fut enfin consacrée après dix ans d’attente, mon désir de recevoir le grand habit et de demeurer près de la dite église dans la cellule de Saint Nil fut comblé, et bien d’autres choses encore ». La lettre se termine par ces mots : « Gloire, grandeur et honneur à la Toujours-Vierge Marie, Mère de Dieu ! »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent">Lors des vigiles des fêtes de la Mère de Dieu, on descend la très sainte icône avec honneur et on célèbre un acathiste devant elle, à la fin duquel l’higoumène et tous les frères la vénèrent, s’inclinent jusqu’à terre et demandent<span style="mso-spacerun:yes"> </span>à la Mère de Dieu son aide et son intercession devant son Fils et notre Dieu. </p> <span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-family:"Times New Roman"; mso-fareast-Times New Roman";mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language: FR;mso-bidi-language:AR-SAfont-family:";font-size:10.0pt;">On fête la sainte icône le 12 octobre. </span>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3868623323790528204.post-12571075673586051042009-09-04T11:50:00.000-07:002009-09-04T11:58:33.321-07:00L'ENTREE DU CHRIST AU TEMPLE<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SqFjUIdD9iI/AAAAAAAAAiA/nmK7fR9GQng/s1600-h/presentation.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 257px; height: 320px;" src="http://3.bp.blogspot.com/_HWVYjFrHd34/SqFjUIdD9iI/AAAAAAAAAiA/nmK7fR9GQng/s320/presentation.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5377688627574994466" /></a><br /><p class="MsoBodyText" align="left" style="text-align:left"><o:p> </o:p></p> <p class="MsoBodyText"><b><br /></b></p><p class="MsoBodyText"><b><br /></b></p><p class="MsoBodyText"><b style="mso-bidi-font-weight:normal">HOMÉLIE SUR LA SAINTE RENCONTE DU SEIGNEUR ET SUR LA PURIFICATION DE LA TOUTE-PURE VIERGE ET MÈRE DE DIEU <o:p></o:p></b></p> <p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center"><i style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt;">(Saint Dimitri de Rostov)<o:p></o:p></span></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;"><o:p> </o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Quarante jours s’étant écoulés après la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, le temps de la purification imposé par la Loi fut révolu, et la Vierge-Mère, toute-pure et toute-bénie, quitta Bethléem avec Saint Joseph son fiancé, portant dans ses bras le Christ. Elle fit route pour Jérusalem, afin d’accomplir deux ordonnances du Seigneur : obtenir, par les prières du prêtre et l’offrande d’un sacrifice à Dieu, la purification consécutive à l’enfantement, et consacrer son petit Enfant premier-né au Seigneur en versant la somme dictée par Dieu à Moïse. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">En effet, comme le prescrit la Loi pour la purification de la mère, <i style="mso-bidi-font-style:normal">lorsqu’une femme sera enceinte et enfantera un mâle, elle sera impure pendant sept jours. Le huitième jour, l’enfant sera circoncis. Elle restera encore trente trois jours à se purifier de son sang. Pendant ce temps, elle ne touchera aucune chose sainte et n’entrera pas dans le sanctuaire, jusqu’à ce que les jours de sa purification soient accomplis. Lorsque les jours de sa purification seront accomplis, elle offrira un agneau en holocauste, et un jeune pigeon ou une tourterelle pour le sacrifice d’expiation. Si elle n’a pas de quoi se procurer un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, un pour l’holocauste, l’autre pour le sacrifice d’expiation. Le prêtre priera pour elle et elle sera pure</i>. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Sur la présentation de l’enfant premier-né au Seigneur, il est dit : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Consacre-Moi tout mâle premier-né (...) Tu Me donneras le premier de tes fils</i>. Ce don fut prescrit aux Israélites en remerciement d’un grand bienfait reçu en Egypte, où Dieu fit périr les premiers-nés des égyptiens, mais fit grâce aux premiers-nés d’Israël. Depuis cette époque, les Israélites conduisaient leur fils premier-né au temple pour le consacrer à Dieu comme tribut légal, et le Lui rachetaient contre un montant fixé, appelé <i style="mso-bidi-font-style: normal">argent du rachat</i>. Cet argent revenait aux lévites qui officiaient au temple du Seigneur. Selon une coutume instaurée dans le quatrième livre de Moïse, l’argent du rachat se montait à cinq sicles du sanctuaire, à vingt guéras le sicle (Nb.3,47).<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ainsi, la Mère de Dieu se rendit au temple pour se soumettre à la Loi du Seigneur, portant dans ses bras le Législateur Lui-même. Immaculée, sans souillure, incorruptible, et toute-pure, elle venait demander la purification, bien qu’elle n’en eût aucunement besoin. Comment celle qui avait conçu sans volupté et sans le concours d’un époux, qui avait enfanté sans souffrance, qui avait conservé intacte la pureté virginale sans subir la souillure des femmes en couches, qui avait donné naissance à la Source de toute pureté, aurait-elle pu être impure ? D’elle naquit le Christ ! Le fruit n’est pas gâté par l’arbre, l’arbre n’est pas souillé par le fruit : la Vierge sainte resta pure et immaculée après la naissance du Christ, son Fruit béni. Il la traversa comme le rayon de soleil pénètre le cristal, sans la briser ni la ternir. Bien plus, Il rehaussa sa pureté. Le Soleil de justice ne porta pas atteinte à la virginité de Sa Mère toute-pure. L’habituel épanchement de sang ne souilla pas la Porte scellée, marquée du sceau de la pureté. Dépassant la loi naturelle, le Seigneur franchit cette Porte, que gardait la virginité, et en accrut la pureté en la sanctifiant par Son passage, en l’inondant de la lumière divine de la grâce.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Le Dieu-Verbe ayant été enfanté sans corruption, aucune purification n’était nécessaire. Toutefois, celle qui est éternellement pure et sans tache vint la demander, afin de se montrer en toute chose obéissante à la Loi. L’humilité ne souffre pas de s’enorgueillir de sa pureté incorruptible. C’est donc comme une impure que la Toute-Sainte voulut se tenir à l’endroit réservé aux nouvelles mères, devant les portes du temple du Seigneur. Elle attendit là, sans montrer le moindre dédain à l’égard des impures, ou des pécheresses.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Elle offrit le sacrifice, non pas comme les riches, avec un agneau d’un an, mais comme les pauvres, avec une tourterelle ou deux jeunes pigeons, montrant là aussi, comme partout ailleurs, humilité et amour de la pauvreté. Elle repoussa l’orgueil de la richesse, gratifiant les pauvres et les malheureux de l’or des rois mages,<span style="mso-spacerun:yes"> </span>n’en gardant que la moindre part pour son voyage en Egypte. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ayant offert le couple d’oiseaux, elle présenta son Fils premier-né au Seigneur, remettant à Dieu ce qui est à Dieu, selon la Loi. S’agenouillant devant le Créateur, elle Lui tendit l’Enfant avec grand respect : « Voici Ton Fils, ô Père Eternel, voici Celui que Tu as dépêché ici-bas afin qu’Il s’incarne de moi pour le salut des hommes ! Voici Celui que Tu as engendré sans mère avant les siècles, Celui que par Ta bienveillance, j’ai enfanté sans père à la fin des temps ! Voici le Premier-Né de mes entrailles,<span style="mso-spacerun:yes"> </span>le Fils conçu en moi par Ton Esprit Saint, et sorti de moi ineffablement, comme Toi seul le sais ! Voici mon Premier-Né, voici Celui qui T’est consubstantiel, et qui, sans commencement, ne revient qu’à Toi seul, puisqu’Il est venu de Toi sans quitter Sa divinité ! Reçois ce Premier-né avec qui Tu créas les siècles et fis la lumière ! Reçois Ton Verbe, incarné de moi, avec qui Tu affermis les cieux, fondas la terre, et rassemblas les eaux ! Reçois de moi Ton Fils en vue du dessein essentiel que Tu as organisé pour Lui et pour moi comme Tu le sais, pour racheter par Sa chair et Son sang le genre humain! ». <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Ayant prononcé ces paroles, la Vierge-Mère déposa son Enfant bien aimé dans les bras du grand prêtre, le représentant de Dieu, comme entre les mains de Dieu Lui-même. Puis elle Le racheta pour le prix mentionné plus haut ; cinq sicles préfigurant les cinq plaies que le Christ subit sur la Croix pour racheter le monde entier de la malédiction de la Loi et de l’oeuvre de l’ennemi.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Selon Saint Grégoire de Nysse, Saint Cyrille d’Alexandrie et Saint André de Crète, le Saint Prophète Zacharie, père du Précurseur, voyant la Vierge toute-pure s’avancer avec l’Enfant du côté des femmes impures pour la purification, la plaça parmi les vierges, là où nulle épouse ne doit se tenir. Les scribes et les pharisiens s’indignèrent aussitôt, mais Zacharie résista, faisant savoir que cette Mère, en dépit de l’enfantement, était toujours vierge et pure. Devant leur scepticisme, il rappela que si toute créature est soumise à la loi de la nature, elle l’est davantage encore au Créateur de cette loi, à qui il revient d’organiser Sa création par Ses mains puissantes, et de faire en sorte, si bon Lui semble, qu’une vierge enfante et demeure vierge après l’enfantement. C’est pourquoi, conclut-il, il n’avait pas exclu la Mère toute-sainte du rang des vierges, elle, la Vierge par excellence.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Sur les entrefaites, voici qu’entra dans le temple, poussé par l’Esprit Saint, Saint Syméon, vieillard juste et pieux, qui attendait la consolation d’Israël en la personne du Messie. Connaissant la prophétie du patriarche Jacob, il savait que le Christ s’approchait, puisque le sceptre de Juda était passé entre les mains d’Hérode. En effet Jacob avait prophétisé que le sceptre ne s’éloignerait pas de Juda que ne vienne la consolation d’Israël, le Christ Seigneur. De surcroît, voici qu’avaient pris fin les soixante-dix semaines de Daniel, annonçant la venue du Messie. L’Esprit Saint avait promis à Syméon qu’il ne goûterait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Et, de fait, quand le vieillard remarqua la Vierge toute-pure, et l’Enfant dans ses bras, quand il perçut la grâce de Dieu qui les entourait tous deux, l’Esprit Saint lui révéla qu’il avait devant lui le Messie attendu. Aussi s’approcha-t-il avec empressement pour Le prendre dans ses bras. C’est avec une joie ineffable, avec crainte et révérence, qu’il rendit grâce à Dieu. Puis il chanta, comme le cygne avant la mort, couronné de ses cheveux depuis longtemps blanchis : « <i style="mso-bidi-font-style:normal">Maintenant, Maître, Tu peux laisser Ton serviteur s’en aller en paix selon Ta parole !</i> Nulle paix n’habitait mes pensées. Chaque jour j’attendais en priant Ta venue. A présent je T’ai vu, et j’ai trouvé la paix. C’est libéré de toute tristesse que je m’en vais porter la joyeuse nouvelle à mes pères. Je m’en vais annoncer Ta venue dans le monde à Adam notre ancêtre, à Abraham, à Moïse, à David, à Isaïe, et aux autres pères, les saints prophètes. Je vais déverser une joie indicible sur ceux qui, jusqu’à aujourd’hui, n’avaient connu que tristesse ! Laisse-moi partir sans tarder, afin qu’ils se réjouissent en Toi, leur Libérateur ! <i style="mso-bidi-font-style:normal">Laisse partir Ton serviteur,</i> qui se languit du repos dans le sein d’Abraham, après ses longues années de labeur ! J’ai vu <i style="mso-bidi-font-style:normal">Ton salut, préparé pour tous les hommes !</i> <i style="mso-bidi-font-style:normal">Mes yeux ont vu</i> la Lumière destinée à chasser les ténèbres, <i style="mso-bidi-font-style: normal">à éclairer les nations</i> par la révélation de mystères divins encore inconnus. Mes yeux ont vu la Lumière qui a jailli <i style="mso-bidi-font-style: normal">pour la gloire de Ton peuple Israël !</i> Comme l’a promis en Ton Nom le prophète Isaïe : <i style="mso-bidi-font-style:normal">Je mettrai Mon salut en Sion et Ma gloire sur Israël</i> <i style="mso-bidi-font-style:normal">!</i> »<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">En entendant les paroles que le saint et juste vieillard prononçait sur l’Enfant, Joseph le Fiancé et la Vierge Toute-Pure s’émerveillaient. Syméon parlait à l’Enfant comme à un vieillard, il Le priait comme on prie Dieu, qui règne sur la vie et sur la mort, qui peut sans délai laisser partir un vieillard vers l’autre vie, ou bien le retenir encore dans celle-là. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Après son discours, Syméon bénit l’Enfant, puis il glorifia et loua cette Mère tout-immaculée, à qui il avait été donné d’enfanter le Dieu-Homme. Il magnifia aussi Joseph, père adoptif, et digne serviteur d’un tel mystère. Contemplant de ses yeux clairvoyants la Mère Inépousée, c’est à elle, et non à Joseph, qu’il dit encore : « Voici Celui qui est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël. La chute de ceux qui ne voudront pas croire Ses paroles, et le relèvement de ceux qui recevront avec amour Sa sainte prédication. La chute des scribes et des pharisiens aveugles de méchanceté, et le relèvement des pécheurs simples et ignorants. Voici Celui qui choisira les insensés pour confondre les sages de ce monde, qui provoquera la chute de la synagogue des juifs de l’Ancienne Alliance, et instituera l’Eglise de la grâce. Voici Celui qui sera un signe de contradiction. On prononcera sur Lui beaucoup de jugements. Les uns Le diront bon, les autres L’accuseront de tromper le peuple. Il sera, comme dit le prophète Jérémie, une cible pour les flèches. On Le suspendra à la Croix, les clous et la lance Le blesseront. Et toi-même, Ô Mère Inépousée, le glaive de la tristesse transpercera ton âme et ton coeur, lorsque tu verras Ton Fils cloué sur la Croix. C’est avec grande douleur du coeur et force sanglots que tu accompagneras à la porte de ce monde Celui que tu enfantas sans souffrance pour le bien de l’humanité ».<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Mais voici qu’à ce moment-là se trouvait dans le temple la prophétesse Anne, fille de Phanuel de la tribu d’Aser, veuve avancée en âge. Elle avait vécu seulement sept ans avec son mari depuis sa virginité, et, après son veuvage, elle avait passé tous les jours de sa vie dans le temple à plaire à Dieu, Le servant jour et nuit dans le jeûne et la prière, jusqu'à ses quatre-vingt-quatre ans. Venue elle aussi assister à cette Sainte Rencontre, elle prophétisa sur ce petit Enfant qu’on venait de conduire au temple du Seigneur, s’adressant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Témoins de toutes ces merveilles, les scribes et les pharisiens étaient courroucés. Ils reprochaient à Zacharie d’avoir enfreint la Loi en plaçant une Mère qui venait demander la purification à l’endroit réservé aux vierges. Ils nourrissaient aussi du ressentiment à l’égard de Syméon et Anne pour leur témoignage concernant l’Enfant, si bien qu’ils ne surent pas garder le silence, et allèrent annoncer à Hérode tout ce qui s’était passé au temple. Celui-ci fit aussitôt rechercher ce Christ, cet Enfant divin, pour Le tuer. Mais il lui fut impossible de Le trouver car, sur un ordre d’en haut, un ange apparut en songe à Joseph, qui prit avec lui l’Enfant et la Mère de Dieu, et les conduisit en Egypte, après un détour par leur ville de Nazareth en Galilée. L’Enfant, quant à Lui, croissait et se fortifiait en Esprit et en sagesse, et la grâce de Dieu était sur Lui.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">La fête de la Rencontre du Seigneur fut instaurée sous le règne de l’Empereur Justinien. L’événement était célébré auparavant par l’Eglise, mais d’une façon moins solennelle. C’est ce pieux empereur qui ordonna de l’inscrire au rang des grandes fêtes du Seigneur et de la Mère de Dieu. Voici comment ceci advint...<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Sous le règne de Justinien, Constantinople et les régions environnantes connurent une épidémie de peste qui dura plusieurs mois. La maladie apparut dans les premiers jours d’octobre. Au début, on recensait quotidiennement entre cinq et dix mille morts. Il était impossible d’ensevelir tous les cadavres, même ceux des gens riches et honorables, puisque les serviteurs aussi mourraient. A Antioche, le châtiment de Dieu fut plus terrible encore. A la peste s’ajouta, pour les péchés des hommes, un terrible tremblement de terre qui abattit les grandes demeures, les hauts édifices, et les nombreuses<span style="mso-spacerun:yes"> </span>églises. Une multitude de gens périt sous les décombres. L’évêque de la ville mourut sous les ruines de sa cathédrale. Pompéopolis en Mysie fut également détruite, et tous ses habitants engloutis par la terre. En ces temps terribles de mort et de perdition, un homme agréable à Dieu eut la révélation qu’il convenait de célébrer l’Hypapante, c’est-à-dire la Sainte Rencontre du Seigneur, au rang des autres grandes fêtes du Seigneur et de la Mère de Dieu.<o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Quand vint le 2 février, jour de la Sainte Rencontre, on célébra des vigiles. Comme on sortait les croix en procession, l’épidémie de peste cessa, et avec elle le tremblement de terre. On loua fort la miséricorde de Dieu et les prières de Sa Mère toute-pure. <o:p></o:p></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt;">Qu’au Christ notre Dieu soient rendues louange et adoration et à Sa Mère, honneur et gratitude, dans les siècles des siècles, amen !<o:p></o:p></span></p>Père Nicodèmehttp://www.blogger.com/profile/09550592111990586149noreply@blogger.com0